«Notre souci majeur était d’impulser un nouveau souffle au raï»
Interview avec Mohamed M’Rabet, président de l’Association Oujda Arts
«Notre souci majeur était d’impulser un nouveau souffle au raï»
La 5e édition du Festival international du raï qui démarre aujourd’hui se poursuivra jusqu’au 23 juillet. Le président de l’Association revient sur cet événement, le plus en vue de la région.
Le Matin : Quel bilan faites-vous des cinq années du festival international du Raï ?
Mohamed M’rabet : Du côté du public, après 4 éditions, le festival est devenu une référence nationale. A l’international, il a également conquis nos MRE sachant que la plus grande communauté des Marocains résidant à l’étranger est issue de la région de l’Oriental. Au fil des éditions, le FIR est devenu le rendez-vous maghrébin incontournable des grandes stars régionales et internationales. Un repositionnement du genre musical Rai est d’actualité au travers aussi de nos projets portés par nos artistes marocains, maghrébins et internationaux.
Comment décidez-vous de la programmation de cette manifestation ?
En décidant de la programmation, notre souci majeur était d’insuffler une nouvelle dynamique et d’impulser un nouveau souffle au Raï qui connaissait un certain déclin. Pour y parvenir, nous avons inclus dans le programme de nouveaux projets musicaux qui intègrent le Raï à travers Chico et les Gypsies, projet de fusion musicale avec Latino Groove Project. Autre préoccupation de la programmation, révéler de nouveaux talents et préparer la relève. Depuis son lancement, le festival est, en effet, ouvert aux jeunes espoirs régionaux, en vue d’assurer la continuité de l’ouverture de la musique Raï sur notre propre patrimoine musical national et sur celui mondial (musique marocaine, ballets d’Aix, etc.)
De quelle manière œuvrez-vous pour toujours insuffler à ce festival un nouveau souffle pour qu’il ne tombe pas dans la routine et la répétition ?
Nous essayons d’y arriver en nous appuyant sur une réelle ingénierie et sur un travail en amont avec tous les artistes. En fait, nous exigeons d’eux des projets musicaux susceptibles d’enrichir le genre musical, tels que les fusions. Nous œuvrons également pour la recherche de talents confirmés d’origine maghrébine, la donne MRE est importante, c’est leur genre musical par excellence. En plus, le Raï est étroitement lié à l’immigration à travers son histoire. Nous veillons enfin à nous ouvrir sur notre pays comme sur le reste du monde. La musique n’a pas de frontières !
Pensez-vous que la programmation telle qu’elle est conçue, promeut vraiment le patrimoine culturel de la région de l’Oriental ?
Nous y croyons fortement. La preuve en est que le travail que nous effectuons depuis une année porte ses fruits. Nous avons, ainsi, pu sortir de grands projets Raï par des stars mondiales (Chico et les Gypsies, Latino Groove Project, etc.) et permettre la production massive des stars locales et régionales en leur offrant un espace et des conditions scéniques professionnelles ainsi qu’une forte mobilisation auprès des stars du Raï pour apporter de nouveaux projets. En termes d’image, à l’instar des festivals régionaux dont nous sommes fiers (Timitar et Gnawa), le FIR place la ville d’Oujda et la région comme la capitale de la musique Raï au Maroc. Un positionnement aussi bien unique que légitime.
Qu’est-ce qu’il y a de plus difficile dans l’organisation d’un tel festival ?
L’organisation d’un festival n’est pas une chose aisée. Il n’y a pas de place pour l’improvisation. C’est un savoir-faire à part entière. Qui plus est, quand il s’agit d’un festival international, le standard est plus élevé. Les conditions scéniques sont d’une importance capitale pour que le choix judicieux de la programmation puisse être au rendez-vous. A côté de cela, tout est important et difficile à la fois ; la billetterie en haute saison, trouver les tarifs les moins chers, pallier aux retards des avions, assurer les transferts et l’hébergement dans des conditions optimales. Chaque détail est à la fois important et difficile et le paramètre temps n’est jamais à notre avantage car «le show must go on» le jour J et à l’heure H dans des conditions optimales (qualité et prix).
Quels sont vos meilleurs souvenirs du festival ?
J’ai beaucoup de beaux souvenirs. Avant d’être président du festival, j’ai l’honneur d’être d’abord un des membres fondateurs. Mais le souvenir qui m’a le plus marqué, c’est le passage de Hamid Kasri l’année dernière en interprétant l’hymne national ainsi qu’une série de chansons patriotiques (Kassam Al Massira et l’Ayoun Iniya) avec 250.000 spectateurs, d’une seule et unique voix.
Comment voyez-vous l’évolution de cet événement ?
Il est évident que le FIR constitue pour la population locale une véritable opportunité pour fêter leur région aux rythmes du Raï. De plus, un tel évènement est susceptible de devenir, à terme, un réel moteur économique et social à travers la promotion culturelle et artistique de la ville. La philosophie du FIR réside dans le rapprochement de l’espace intermaghrébin et de la région de l’Oriental avec la ville d’Oujda comme capitale porteuse des valeurs de fraternité et de paix.
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Sous le signe du renouveau
«Cette année, le FIR annonce le come-back de Cheb Mami dont la première sortie pour un festival international se déroulera à Oujda. Mami se produira avec Samira Bensaid en clôture. Ce duo est chargé d’une forte symbolique pour la région», souligne le président du FIR. Autre nouveauté, la présence de Chico & the Gypsies feat. Cheb Aissa qui vont présenter leur nouvel album (Gypsy Raï), une fusion avec Chico fils de la région et Chab Aissa d’Algérie. Pour sa part, Bilal présentera ses nouvelles chansons et de nouveaux visages Raï animeront les soirées du festival. Il s’agit notamment de Sami Raï et Rachid Kasmi, des talents confirmés qui ont un grand avenir devant eux. Le programme est également riche en nouveautés, le Groupe mythique RainaRai ,les Ghiwanes du Raï de Sidi Belabbas, Stati, qui se produira pour la 1ère fois à Oujda, Lamine, star algérienne qui a le plus de duos avec les artistes marocaines, fera découvrir au public son nouvel album «Lalla Fatima». L’édition 2011 du FIR verra aussi la création d’une nouvelle scène à Saidia. A découvrir.
Par Kenza ALAOUI | LE MATIN
1 Comment
drôle de zizique de zouzous déboussolés.