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Cafés « maures »

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Le délice,les arômes ,les roses,l’Eden,les chemins élyséens ,que de sublimes qualités , se dégageant des noms joliment niellés sur les fronteaux de nos boulevards .

un joli parcours de noms nous rappelant les étapes ,les escales des oasiens,des hommes bleus sentant l’ambre et le mystère .des noms et des noms,   pour qualifier des espaces ,où s’entassent des têtes souvent noires,sirotant des noss-noss(café au lait), fumant en chœur,parlant tous au même temps,faisant pâtir des non fumeurs,qui fument de rage ;la tête entre les mains,pour créer un microcosme de silence,en sifflant une dose de café souvent noir, noir tasse, en essayant d’imiter des têtes blondes , d’être civilisé, branché dans le modernisme . Alors on parle à voix basse en évitant de dévisager les autres par des balayages de 180 degrés.

De temps à autre on voit des têtes blondes ou fausses blondes générées par la teinture et l’eau oxygénée ,pour ressembler à des «  Roumiates » qui seraient venues du nord,

Des fois,on croise des rejetons, d’anciens côlons qui ont longtemps partagé le langage des bougnoules, des mabouls sous le soleil de l’Oranie  où de jolis terroirs se souviennent, du sang du feu, des larmes qui  avaient coulé : déchirement,  déracinement, miroirs identitaires brisés, tant d’histoires inachevées … Yasmina Khadra nous a raconté ce que le jour devait à la nuit, malheureusement Emilie est morte en emportant son chagrin d’amour avec elle. Morte sans raconter à la belle de Saint Jean venue au monde quelques années plus tard les séparations, la rupture qui était un drame nécessaire.

 

Des tables entourées par des carcasses, dégagent la fumée, des palabres, des palabres… Ils cherchent le vide, le néant, passant leur temps à discuter,sans arriver à trancher sur le sexe des anges et celui des fourmis.

Sans raison citoyenne aucune, ils occupent l’espace, le boulevard,  la « Mdina »enfin  le centre ville.

En horde criarde, tape à l’œil, ils envahissent les terrasses des cafés le long du boulevard, encombrent la zone réservée aux piétons qui galèrent pour se faire un chemin entre les chaises, entassées, collées les unes aux autres et les bêtes mécaniques (cyclomoteurs et bicyclettes).la promiscuité  les transforme en une  seule pâte regorgeant de bruit et d’odeur de cigarettes, souvent achetées au détail et grillée, en se concentrant sur une grille de mots fléchés et bien sûr en sirotant la fameuse Noss_Noss.

 

Des discussions oiseuses,des paroles s’entrechoquent, dans un mouvement Brownien attisé par l’effet Aljazira, Messi et les sujets éternels : le crime, le sexe, l’adultère, et les faits divers. Ces discours puisent leur « âme » des journaux trottoir et de l’effet de transmission orale , de l’oralité tant entretenue par nos conservateurs ..

En fait, rien n’a changé, au lieu d’attacher les mules et les ânes  dans la cour carrée  du foundouq, ils le refont avec leurs bêtes mécaniques, ils gênent énormément  le passage.

Quel gâchis !       La vie citadine, la beauté de l’environnement …pour une autre génération, peut –être ?

 Buveurs de noss-noss,fumeurs collectifs, liseurs de journaux ,à l’œil bien sûr , les quotidiens lus et relus à force d’être feuilletés ils deviennent chiffons …

Ils toussent à volonté, éternuent, en prenant soin de tourner la tête vers la table d’à côté pour lâcher la bombe virale de souche automnale sur les voisins … à vos mouchoirs !

Ils s’étirent les mains, derrière la tête comme un pâtre des hauts plateaux tenant sa canne et scrutant l’espace infini couvert de froid et de solitude. En faisant ce geste ils crucifient la liberté des autres.

Par des gestes « raffinés », ils éloignent leurs cigarettes pour enfumer, empoisonner les voisins, ils sont libres ces gens, ils ont payé, drôles de pollueurs payeurs !

Bref, des fumoirs, des parloirs …ces cafés !

Ils s’ameutent par instinct grégaire, mangent des pépites et des cacahuètes en jetant les restes par terre ; tout en tenant leur logorrhée quotidienne.

Les débris des paroles heurtent les tympans, s’enchevêtrent avec la fumée et tapent sur les nerfs, ruinant ainsi toute forme de repos … Ces cafés maures !

A quand naissent des cafés littéraires, philosophiques pour déclasser ces dépotoirs de malaises d’une société atteinte d’un strabisme multidirectionnel : politique, religieux et cultuel   .A quand des espaces non fumeurs, sains, calmes pour guérir les âmes, pour une vraie détente.

 

L’esthétique de l’espace urbain est méconnue, les responsables, font des descentes de temps à autre pour faire reculer les chaises, pour quelques jours, et les pots de fleurs ou caisses joliment fleuris ;hélas, les buveurs de noss-noss ,enfin certains d’entre eux les transforment en crachoirs,ou en cendriers provisoires.

Par un effet miraculeux,l’espace est recolonisé par les mêmes chaises,les mêmes buveurs,les mêmes têtes ,les mêmes fumeurs en chœur qui n’hésitent pas à dévoiler les femmes qui passent devant,et peut être ,ils les déshabilleraient en fantasmant et en mangeant des pépites quel horreur !

Le désordre dans les terrasses ,les rues piétonnes ,,dans une ville que l’entropie croissante l’a transformé en grand village ,en un immense faubourg où les hommes ,les bêtes et les charrettes se côtoient au vingt et unième siècle.

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