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Rouge-gorge

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 L’hippocampe, retiré dans un coin de nos cerveaux ne permettait l’extension de nos rêves et de nos désirs, qui contraints et forcés, se refoulaient, malgré l’effet Papillon, malgré la finesse de nos âmes.

  
    Ce qui nous  assurait, est le fait d’avoir été accroché aux mêmes rêves. En enfants de  chœur  tels des Choristes, en culottes courtes en chantait « Ahfir Eldorado des démunis ».

    Nous étions le prolongement de notre espace ; kiss était ombrageux, poissonneux, contenait des algues (la laine des grenouilles) qui nous servaient de bouche-trous pour aménager des lagons en guise de piscines. C’était bon d’y être, les mômes nageaient comme des petits poissons, éclaboussaient l’eau pour faire fuir les têtards et les nèpes et même les « mouchard des poissons ».

    Tout le long de la rivière, des abris construits de blocs de pierres et de galets arrondis, comme des têtes d’orphelins sortis droit de chez feu Bouarfa ,le coiffeur au fameux  bol. Une coupe et une seule ;aujourd’hui coiffure, devenue mode dernier cri était ,l’unique possibilité,car pour lui ,les têtes ,arrondies ou difformes étaient à pieds d’égalité ;tous des morveux ,et c’est trente ans plus tard que j’ ai pu voir de beaux salons de Chez David ,mais à Paris.

    Ses abris servaient de lieux pour se purifier des péchés et des couches de crasse mêlées aux squames épidermiques ; comme des couleuvres en mue perpétuelle des riverains se lavaient la gueule et l’âme.

    

    Quelques « Banlieusards »  de la microsociété très mal vus ,souvent invisibles, se soûlaient la gueule ;avec du mauvais vin ;Bachir Amar ;Omar ;et d’autres que la caserne avait expulsés,D’ailleurs ils n’ont jamais répondu,même par la fenêtre , car  ils n’ont jamais cru que cette caserne là, pourrait ,à elle seule ,chambouler toute leur existence.

    Ils ne pouvaient devenir ni œnologues ou sommeliers, ni  dégustateurs ; les pauvres, ils n’avaient que du mauvais goût, la mauvaise mine et la mauvaise haleine.

    Tout ce qu’ils ont gagné, ç’est le mauvais sort.

    A même l’ombre des Acacias, on tendait des pièges pour capturer du rouge-gorge et des chardonnerets qui se posaient pour s’abreuver aussitôt  et chanter plus tard, une fois loin des gavroches et des gens de la « race » de Javert.

    Près de l’orangeraie de Kiss on cherchait  des fourmis, volantes, identifiées (des Bourriches) pour leurrer Rouge-gorge et compagnie ; ses bourriches nous disait on, sont des mâles, mais le sexe des anges et des fourmis n’est pas encore déterminé.

    On aura le temps d’en discuter, jusqu’au dernier jour du jugement.

    Tels des agents secrets, nous guettâmes les pauvres volatiles à cœur bon et pur de légèreté.

    Un coup de bec, et ç’est fini.

    Rouge-gorge se débattait, comme un jeune communiste de 17 ans au foulard rouge autour du cou, pris au piège par des serpents venimeux, qui ne reculaient devant aucun supplice ; prêts à couper les ailes, et faire clouer le bec…

    Plus tard Renaud me l’a chanté : rouge-gorge.

    Depuis, je n’ai point péché ou égorgé de chats ; comme chantait Brel et faisait Feu Houssine le dictateur des chats.

    Aujourd’hui  tes seins aquifères ne giclent goutte,

    Les sources tarissent ; plus de « mouchard de poisson », de tortues ou anguilles sous roches ; c’est une autre ère   .

    Tes rives, seraient hantées par des fantômes de la contrebande qui se sont confondus avec leur milieu ; on dirait des phasmes de chaumes aoûtiennes.

    Ces fantômes et ses phasmes ne sont que ces mômes, qui gambadaient ça et là, dans les lagons paradisiaques ; anciens expulsés de la caserne…éjectés comme des pilotes en guerre,ou telles des pelotes de rapace rejetés du haut d’une falaise.

    

    

     O Kiss, source de souvenirs et de drames, garde bien sous tes flancs érodés

    Les larmes et les rires les drames et les souvenirs de tous mes amis, tous ; des deux rives : Souahels ou Bénis Znassen ;

    Monts fleuris, de Ghazouat à Tounane, une symphonie montagnarde,  couleurs de genet sauvage ; jaune et vert.

     Oh que c’est beau !

    Se faufiler entre tes nuances, terre de beauté et de couleurs.

     Tes lieux drapés par le ciel et la mer prolongent mon espace qui commence à suffoquer…

    

    

    

    O Kiss,

    Au nom de tes flots d’antan,

     De tes grenadiers, longtemps gardés par saint Benoît (Sidi Mbarek)

     De tes jins, de tes fantômes, de tes laveuses de laine

     De tes acacias où nidifiaient les huppes de salomon ;

    Garde mes souvenirs dans les recoins de vos méandres hantés,

    Au cœur de tout galet, de tout mystère ; tu les confies.

    

    Le long de ton lit ; même à sec, par un bon vent :

    Ramène moi au Havre, entre tortue grecque et Lion au pays des Gitans.

    Et là au fond des ças où  naissent les vagues et les pulsions.

    Tu me déposeras.

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1 Comment

  1. sanfour ghadbane
    25/09/2010 at 23:01

    voilà que des souvenirs se réveillent, et des colères qui s’agravent, vue se qui se passe dans cette espace saint, au nom de l’économie de la rentabilité du développement, on détruit tous ce que la nature à construit.

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