Depuis que l’examen blanc a été instauré comme outil de contrôle qui aurait pour objectif premier de préparer les élèves aux examens régional et national et de permettre aux professeurs de réajuster leur enseignement aux besoins des élèves en fonction des résultats obtenus, nous assistons à une vraie mascarade dont les victimes innocentes sont les élèves et les dindons de la farce les professeurs.

Les élèves sont les victimes puisqu’ils subissent l’examen blanc sans qu’ils aient la parole pour dénoncer sa programmation dans un agenda plein à craquer de cours à achever, de contrôles continus à passer. L’association des parents d’élèves dont le devoir est de défendre les élèves contre le système qui se joue de leur avenir en leur retranchant une semaine de leur calendrier et par conséquent des cours dont ils ont grand besoin pour achever le programme, se terre, si elle se manifeste c’est pour faire payer aux parents les cotisations annuelles ou de mettre un élève sur le dos de son professeur, qui est, lui aussi, parent d’élève, au lieu de défendre l’élève contre la mascarade de l’examen blanc.

Les professeurs, eux, sont, une fois, les dindons de la farce dans la mesure où, disons-le tout crûment, l’on se fout de leur gueule et de la manière la plus abjecte et la plus dégradante : Ils subissent les prises de décision les concernant sans être invités à y prendre part. En dehors des conseils d’enseignement qui sont devenus des conseils où l’on ressasse de manière répétitive ce qui a été dit et redit depuis qu’ils sont en usage, les professeurs filent l’échine basse car ils ont préféré la misère de leur condition à l’action d’œuvrer pour faire entendre leur voix, de réfléchir sur le système éducatif et scolaire avec ses programmes, ses examens, ses contrôles, sur les besoins des élèves et de l’école. Une autre fois, les complices malheureux des responsables puisqu’ils jouent au jeu que tout va bien : ils jouent au jeu de surveiller les candidats à l’examen blanc le temps que ceux-ci rentrent dans la salle d’examen et en sortent dix minutes plus tard; ils jouent au jeu de corriger des copies blanches ! Ils jouent au jeu de se réunir autour d’un conseil d’enseignement auquel ils font semblant de croire.

Les responsables, faut-il le leur rappeler, doivent savoir que la semaine consacrée à la passation de l’examen blanc brise l’élan des professeurs et des élèves qui se trouvent sur la dernière ligne droite, un œil sur la date d’examen, l’autre sur le programme. L’examen blanc n’est rien d’autre qu’une suspension des cours d’une semaine, qu’ une pause de sept jours, à un moment où le temps manque le plus.

 Les responsables qui ont programmé l’examen blanc à cette période de l’année témoignent de leur ignorance totale de la réalité du terrain, vu que, d’un côté, le découpage de l’année scolaire en deux semestres d’inégales moitiés faisant que la seconde est beaucoup plus courte que la première, de l’autre, la semaine consacrée à l’examen blanc est un manque à gagner en temps sur l’accomplissement des programmes qui sont plus quantitatifs que qualitatifs, plus larges que profonds et demandent par conséquent un surplus de temps et non du temps en moins.

En conclusion, ce qui manque aux professeurs, malheureusement, c’est la volonté et le courage de dire leur mal, celui de leurs élèves, celui de leur école, celui qui menace le système éducatif et scolaire dans son existence. Quand il s’en trouve un qui  clame leur mal, et le sien s’entend, ils lui font le reproche qu’il n’est pas leur tuteur et que personne ne l’a habilité à parler en leur nom.