Des centaines d’agriculteurs de la région de l’oriental sont en colère car le rat des champs a envahi leurs terres cette saison et redoutent que les dégâts soient considérables. Toutefois, des responsables de la protection végétale rassurent.

En effet, outre les 50.000 hectares de parcours infestés dans les hauts plateaux, quelques 150.000 hectares agricoles sont envahis depuis septembre 2009 par la mérione de Shaw, rongeur agreste très redouté par les agriculteurs pour sa grande capacité de nuisance. Au fait, ce rat des champs, réservoir de la LEISHMANIOSE cutanée, est nuisible et à la santé de l’homme et à l’agriculture notamment les céréales mais aussi les maraîchers et l’arboriculture surtout l’olivier, l’amandier et le prunier.

 C’est une bête noire pour les agriculteurs car ses prélèvements en végétaux, surtout les céréales ; ses mets préférés, sont considérables, souligne Driss Boukheffa, chef de service de la protection des végétaux Oujda. Les dégâts causés ne se limitent pas à la consommation mais ce rat qui détruit plus que ce qu’il consomme, détruit aussi les céréales le long du cycle végétatif (du semis jusqu’à la récolte) et contamine les cultures par ses urines, ses excréments et ses poils. Ce rongeur peut aussi stocker dans son terroir 3 kg d’orge, selon des études effectuées par le laboratoire national des rongeurs.  Les dégâts subis sont encore accentués par son pouvoir exceptionnel de reproduction. Ce rat champêtre est aussi redouté par les agriculteurs du fait qu’il ronge les conduites d’irrigation (goutte à goutte).

Cette pullulation que connaît l’oriental est attribuée, selon D. Boukheffa, aux conditions climatiques favorables (précipitations exceptionnelles en 2008 et importantes en 2009), au couvert végétal restitué grâce aux pluies et aux conditions édaphiques (sols meubles). Autre facteur de pullulation est la réduction notoire des prédateurs potentiels du rat des champs sous l’effet de la chasse abusive. La belette prédatrice (fart al -khayl), le renard, les reptiles, les rapaces se font de plus en plus rares, précise notre interlocuteur.

Cette pullulation est due aussi à certains agriculteurs et éleveurs qui n’ont pas voulu traiter leurs jachères et parcours

Face à cette situation, les responsables ont mobilisé d’importants moyens humains et matériels pour avoir raison  de ce fléau agricole. A ce jour,  le service de protection des végétaux Oujda a utilisé prés de 18 tonnes de  blé empoisonné à la strychnine pour traiter 90.000 hectares  dans la préfecture d’Oujda et les provinces de Berkane, Taourirt et Jerada, soit 50 % de la superficie totale infestée. L’opération de lutte contre ce rongeur qui se poursuit, a concerné 17.000 agriculteurs. Des quantités importantes d’appât empoisonné ont été aussi acheminées vers les provinces d’Al-Hoceima et de Taza, ajoutent nos sources.

Les efforts déployés commencent à diminuer la pullulation et les dégâts, rassurent les responsables, baisseront en conséquence.

Nonobstant l’importance de cette campagne de lutte,  des centaines de  foyers de la mérione shawi restent à identifier et à détruire,  déclarent des agriculteurs à CHALLENGE..