Les mineurs de Jerada repartent en grève JOUR DE COLERE
sevenire de jerada lehbiba (si long mais ces trés importan a lire)
un trés grand bonjour a tous les verais jeradien,
Jerada est une ville qui doit son existence à la mine. Depuis près de soixante ans, elle vit au rythme de l’extraction du charbon. Pourtant, cette unique activité est menacée. Depuis quelque temps, les mineurs ne sont plus payés que très irrégulièrement. La misère les a poussés à faire la grève. Leurs femmes et leurs enfants, eux, ont manifesté dans leur école et dans la rue. Les forces de l’ordre ont vite fait d’en remettre, de l’ordre. On se demande aujourd’hui ce qu’il restera de Jerada au XXIème siècle.
Par Taïeb CHADI
C’est par une journée printanière d’avril de 1927 que le sort de la ville de Jerada s’est décidé. André Brichaud, jeune belge, galopait dans la forêt de Laouinat dont le père était garde forestier. Soudain, il aperçut un lapin tout noir. Poursuivi, ce dernier s’est réfugié dans un fossé, étrangement noir lui aussi : c’était un gisement de charbon !
À partir de là, trois ans plus tard, la Compagnie Chérifienne marocaine du charbon s’est constituée. Elle devait exploiter cette riche découverte. Plusieurs puits ont été creusés avec des moyens archaïques. Les ingénieurs français de la compagnie ont extrait des quantités énormes de combustibles.
Les années passant, l’entreprise commençait à attirer une foule de population en quête d’un travail. Des familles, venant de toutes les régions pauvres du Maroc, prenaient le chemin de la mine avaleuse de main d’uvres. Le nombre de ces familles ne cessait d’augmenter au point de former une petite ville, baptisée Jerada.
Cette petite ville, 55 ans après, n’a pas beaucoup changé. Les mineurs et leur famille sont toujours là. La mine aussi. Cette dernière est leur unique ressource. Mais, c’est la Compagnie qui l’exploite qui a changé de nom. Elle s’appelle désormais &laqno; Charbonnage du Maroc » (CDM). Jerada vit aux rythmes du chergui et des coups de marteaux lointains qui battent à coups réguliers dans les fosses noires.
Cependant, à Casablanca, Driss Benhima est nommé Directeur de l’Office National de l’Énergie (ONE) en 1994. Dans sa grande opération de restructurer l’office, il commence par le gérer comme une entreprise privée. M. Benhima constate, entre autres, que le charbon acheté de Jerada par son entreprise lui coûte très cher. &laqno; Dans la gestion entrepreunariale, plus d’autres constatations que le gain », stipulent les nouveaux managers de l’office. Il décide alors d’importer le charbon de l’Afrique du Sud. &laqno; Il est moins cher », argumente un responsable à l’office.
Déclin progressif
Déjà, en 1989, la production du CDM avait commencé à fléchir. Et maintenant, la compagnie rencontre de grandes difficultés dans la commercialisation de son charbon. Alors, des mesures palliatives n’ont pas tardé à intervenir. En concertation avec le Bureau de Recherche et de Participation Minière (BRPM) à Rabat, la direction de la CDM a aussitôt procédé à des licenciements, dont le prétexte était la santé de ces chétifs et vieux ouvriers qui crachent et essuient l’écume noire de leurs lèvres. En effet, des centaines de rapports du corps médical collégial de la Compagnie signalent tous que les mineurs sont souvent atteints de la silicose, grave maladie respiratoire professionnelle qui se manifeste chez les personnes en contact permanent avec la silicone. Le charbon est très riche de cette substance. Ceci a eu pour effet de terroriser les autres mineurs, restés eux à la mine.
En 1994, Jerada porte, désormais, le titre de Province. L’idée de cette nouvelle identité administrative était de doter cette ville isolée d’un appareil administratif qui aura la principale &laqno; mission » de diversifier l’activité économique, jusque là 100 % minière. La ville de Jerada, dont la population vit depuis 67 ans des rémunérations maigres et bimensuelles des entreprises qui exploitent la mine, était la première concernée et touchée par le ressourcement du &laqno; moins disant » de M. Benhima. Les licenciements se succèdent et se ressemblent. Les grèves des mineurs aussi. La situation est devenue dramatique.
Depuis huit mois, Le CDM a du mal à payer régulièrement son personnel. Pour pouvoir faire vivre leurs familles, les ouvriers commencent à vendre leurs meubles et appareils électroménagers. &laqno; Ça fait plus de sept mois que je suis en train de vendre les meubles de ma maison. La compagnie a du mal à payer nos quinzaines à temps. Hier, j’ai vendu mon téléviseur Sony de 64 cm à 3500 dh. Je ne peux plus supporter de vivre comme ça », me raconte, les larmes aux yeux, un mineur et père de famille de six enfants.
Le ras-le-bol
Ce mineur et ses camarades sont las des promesses de la direction et de celle du gouverneur de la ville.
Le mercredi 12 novembre, à 6 heures du matin, les ouvriers de la première poste entament un sitting au fond du siège 5. Une nouvelle grève pour réclamer leurs dus. À10h, les enfants se solidarisent avec leurs parents. Les élèves du lycée Zerktouni et du collège Sidi Mohamed Ben Abdellah profitent de la récréation matinale pour scander des slogans dénonçant leur misère. Alertées, les forces de l’ordre se sont vite ruées pour fermer les bouches béantes. Une centaine de Corps Mobiles d’intervention avec les Forces Auxiliaires n’y vont pas par quatre chemin pour convaincre leurs interlocuteurs. Mission accomplie.
A quel prix ? Les petits collégiens et leurs aînés lycéens ont été bien traités : des dizaines de fractures. L’événement fait vite le tour de la petite ville.
A Hassi Blal, 3 km de Jerada, les élèves du lycée Jaber et du collège Imam Boukhari ne savent pas ce qui se passe à Jerada. Et, dans la même impulsion, ils ont scandé les mêmes slogans. Les forces d’intervention répliquent aussitôt. Mais, ce n’est pas fini.
Car les femmes des ouvriers ont, elles aussi, leur mot à dire. Depuis le quartier Massira, elles se dirigent vers le siège du CDM. Pendant leur marche, elles ne laissent pas indifférents les passants.
&laqno; Il a fallu mettre fin à cette manifestation », me confie un agent de la police de passage alors à Jerada. Les forces de l’ordre ont déployé tout l’arsenal qu’il faut. Depuis les matraques jusqu’aux bombes lacrymogènes. En vain. Les manifestants ont fait preuve d’une grande résistance.
Lourd bilan
Pire encore, fous de rage et de faim, ils vocifèrent &laqno; chouf smaa, Jerada katakhlaa ». Ils ont incendié l’agence locale de Régie Autonome de l’Électricité.
Des dégâts matériels notables. Un écolier a été hospitalisé à Oujda, grièvement traumatisé par les coups d’une matraque policière. Plus une dizaine de blessés, heureusement légers. Et d’autres dizaines de grévistes arrêtés. Tous les habitants de Jerada ont vécu, ce mercredi, aux rythmes de la violence et de la grève. Le soir, la ville sent les pneus brûlés. Les mères pansent les blessures de leurs enfants. A défaut de pouvoir être vendu, un million de tonnes de charbon risque d’être brûlé. Si jamais cela se produit, l’environnement écologique et la population de la ville seront menacés.
Le pire est à craindre. On parle déjà de la fermeture de la mine en l’an 2005. Même en Angleterre, le gouvernement de Thatcher a matraqué des mineurs. Il a aussi fermé la mine.
1 Comment
c’est touchant; je suis natif de jerada ou j’y passé la plus belle epoque de ma vie ; de ce fait je lance un appel à tous les jeradiens du monde; jerada a besoin de nous; ses fils ; contacter moi à cet email karroum.ziani@gmail.com