L’Oriental est sorti d’une démarche économique éculée

Toute  vision stratégique de développement est élaborée à partir de réalités territoriales  spécifiées et des programmes clairement définis dans le cadre d’une vision ambitieuse. C’est ce qu’explique Mohammed Brahimi dans une rencontre avec  Aujourd’hui Le Maroc.

ALM : L’Oriental est entrain de connaitre une grande mutation grâce au plan de développement qui a été lancé dans la région.  Quelles sont les grandes lignes de ce projet ?

Mohammed Brahimi : Une stratégie de développement est toujours  prospective mais ancrée dans une réalité territoriale aux contours rationnels et c’est ce qu’a cadré le discours royal du 18 mars 2003. C’est à partir de ce discours fondateur que l’Oriental  est sorti d’une démarche économique éculée pour dynamiser ses potentialités. Les choix économiques qui découlent de ce discours positionnent la région par rapport à un benchmarking  basé sur des pratiques compétitives et performantes. Des approches pour optimiser des choix stratégiques nationaux se rapportant aux  plans Azur, émergence, rawage et  Maroc  vert. Ses plans sont définis comme pôles de croissance pour que l’Oriental se positionne confortablement dans les secteurs où il peut être champion. 

C’est le cas pour le tourisme balnéaire avec Saidia Méditerranéa qui est la plus importante du plan azur avec une capacité litière de 30 000 lits. Cela représente la capacité hôtelière de Marrakech.  Un potentiel touristique de taille pour une région émergente. Ce choix est entrain de donner ces fruits du moment que cette station  livrera sa première tranche de 4500 lits dés le mois de Juin. Elle sera totalement prête avant 2012.  Saidia Méditerranéa est aussi une station dernière génération qui servira de repère pour d’autres projets qui sont en phases d’étude et qui seront lancés incessamment. Un tel élan a encouragé plusieurs  groupes internationaux à proposer leurs services. Une fois les quatre grands projets balnéaires achevés, l’Oriental offrira 100 000 lits. Une première de taille qui concrétise l’intérêt particulier qu’accorde SM Le Roi Mohammed VI à cette région.

De tels projets ne peuvent atteindre les objectifs escomptés s’ils ne sont pas accompagnés d’une véritable modernisation des infrastructures. Qu’en est-il de ce volet ?

Il est inconcevable de développer l’Oriental sans le doter d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aériennes. D’ambitieux programmes ont été lancés. Cela s’est traduit en  termes d’infrastructure par l’autoroute Fès Oujda  qui sera opérationnelle à partir de 2010 (10 MMDH) et la rocade côtière qui reliera  les ports de Beni Nssar  et Tanger en moins de 6 heures au lieu de 9. Ce projet de siècle est déjà opérationnel sur les  196 km qui concernent  l’Oriental (1,4 MMDH). C est un atout considérable pour notre région.

De son coté  la voix express sur la RN2  qui est en cours de réalisation (270 MDH) synchronisera la communication entre les deux métropoles de la région Oujda et Nador. En plus du contournement de Saïdia (47 MDH) et des travaux de réhabilitation et de renforcement de la RN 17 reliant  Oujda à Figuig ainsi que 350 km  de routes sur les hauts plateaux.

Le  ferroviaire boostera le transport terrestre grâce au tronçon Taourirt Nador (2,6 MMDH), qui sera opérationnel dans quelques mois et qui  reliera Nador et le port de Bni Nssar au réseau national. Il permettra à la région d’améliorer sa compétitivité notamment  en fret  vers les zones minières de Jerrada et à l’apport du prochain  port sec de Bni Oukile qui disposera  d’une assiette financière importante pour développer toute une ville logistique de transport.

Au niveau du transport aérien le  nouvel aéroport Oujda-Angad (650 MDH), accueillera ses premiers vols dés l’hiver prochain. Il sera doté d’équipements technologiques de pointe et de services modernes lui permettant d’accueillir 1 250 000  voyageurs par an  dont quelques  700 000 en trafic charter.

Il y’a aussi la réalisation d’une nouvelle piste de l’aérodrome de Bouarfa sur 3km pour 150 MDH afin de booster le tourisme oasien avec l’ouverture de la nouvelle zone touristique de Figuig.  Quant au  port de Bni nssar, il est à l’heure de son désenclavement grâce à ce qui a été réalisé en matière d’interconnexion aux différents réseaux de transport.

On a souvent qualifié l’Oriental de région à vocation agricole qui zappe l’industrie. Y’a-t-il des actions pour développer les autres secteurs ?

La région est entrain d’améliorer son offre industrielle en déclinant le plan émergence en sites innovants dans le cadre du pôle Med-Est. Ce nouveau pôle, lancé dernièrement par le souverain a pour objectif de promouvoir la technopole d’Oujda, l’agropole de Berkane et le site industriel de Salouane. La Technopole sera installée sur une superficie de 800 Ha, avec une première zone sous forme de « Kyoto Parc » chargée de recevoir les entreprises innovantes dans le domaine des énergies renouvelables. C’est aussi la première plateforme nationale réservée aux industries non polluantes avec une zone dédiée  aux nouvelles technologies et l’offshoring. En somme une réalisation vitrine qui assurera quelques 25 000 emplois et qui a nécessité un investissement de 1,2 MMDH. L’agropole de Berkane modernisera la filière  agricole pour qu’elle puisse  capturer la valeur ajoutée par le bais d’une transformation agroindustriel qui  concernera des activités de regroupement, de commercialisation, de transformation et de recherche en matière de développement. Un projet pour  1,3MMDH  et qui créera 5000 emplois.

Quant au parc industriel de Salouane il sera dédié  au manufacturing des PME PMI avec une plateforme logistique qui assurera la formation professionnelle, la  logistique et la maintenance, ainsi que la restauration des entreprises. Il assurera 12 000 emplois   et a nécessité un budget de 4,8 MMDH.

L’effort en matière de croissance passe aussi par l’amélioration du cadre de vie et la mise à niveau urbaine. les budgets alloués  à ce domaine  sont-ils   suffisants ?

Les programmes de mise à niveau sont conçus comme des outils de  requalification des espaces urbains et de valorisation paysagère. L’Oriental fait exception en ce domaine car il est une région qui a le plus profité de cette approche valorisante  qui a concerné l’ensemble de ses villes et localités. 13 villes et 20 petites localités ont bénéficié de la première tranche de mise à niveau prioritaire pour un budget global est de 5,5 MMDH, et ce en plus des 1,70 MMDH pour les infrastructures de base.

Que fait-on précisément dans ce domaine à  Oujda ?

Oujda est entrée dans ce cycle de rénovation urbaine  sur la base d’un programme architecturale  de métropole avec tout se qui se rapporte aux plans environnementaux, lumières et édification verticale  ainsi que  toute une série de galeries, de salles de théâtre, de musées pour donner à la ville un poumon culturel et de ville moderne. A cela s’ajoute un plan vert qui est en phase d’exécution avec  l’implantation de 41 500 arbres dont30 000 arbres forestiers urbains, 150 000 arbustes,  400 000 plantes herbacées, 540 palmiers tout en  gazonnant 15 Ha dans la ville.

  Aujourdhui Le Maroc