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« Dames de fraises, doigts de fée » de Chadia Arab, géographe chargée de recherche au CNRS de Paris S’invite à l’Institut Français d’Oujda

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En célébration de la Journée Internationale de la Femme ; l’Institut français d’Oujda, en partenariat avec l’Association Régionale de l’Union Nationale des Femmes du Maroc à Oujda accueille jeudi 07 mars 2019 ; Mme Chadia Arab, géographe chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Paris qui présentera son livre : « Dames de fraises, doigts de fée, les invisibles de migration saisonnière marocaine en Espagne »
Selon les organisateurs de cette rencontre ; cet ouvrage est le fruit d’une longue enquête menée par Chadia Arab qui retrace l’histoire des saisonnières marocaines qui quittent chaque année le Pays pour aller cueillir des fraises dans la province de Huelva (au sud-ouest de l’Espagne). Une migration saisonnière dit-on ; qui s’inscrit dans le cadre d’un programme mis en place par l’Union européenne et le Maroc à la fin des années 2000.
En effet, le livre en question; démontre que le phénomène de la migration circulaire est avant tout l’histoire de femmes ayant la volonté de subvenir aux besoins de leurs familles respectives et son auteur Chadia Arab y raconte ses rencontres avec ces femmes dont certaines seront présentes à la rencontre pour apporter leurs témoignages et raconter leurs vécus.
L’invitée de l’Institut Français d’Oujda ; Chadia Arab, géographe est chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Paris travaille depuis une quinzaine d’années sur les migrations internationales des Marocains, en France, Espagne, Italie et aux Emirats Arabes Unis. Elle analyse les rouages de ce programme de migration circulaire pensé pour répondre aux besoins de la main d’œuvre et réguler les flux migratoires entre le Maroc et l’UE mais dont les femmes sont les grandes oubliées.
En 2009, quand elle est recrutée au CNRS, son projet de recherche porta sur les migrations marocaines des femmes vers les pays du Golfe et plus particulièrement à Dubaï où elle a mené des enquêtes de terrain avec sa collègue anthropologue, Nasima Moujoud. Et s’intéressa également aux saisonnières Marocaines en Espagne.
A rappeler que vers la fin des années 2000, des milliers de Marocaines sont parties travailler à la cueillette des fraises dans la province de Huelva en Espagne. Recrutées directement au Maroc par des contrats saisonniers, ces “Dames de fraises” sont choisies pour la précarité de leur situation familiale.
Selon une note de présentation de l’ouvrage et de son auteur Chadia Aarab élaboré par les responsables de l’IF d’oujda qui accueille cet évènement ; il s’agit là d’un ouvrage sous forme d’enquête de terrain dans lequel l’auteur nous permet de mieux connaître ces femmes et dont la volonté est de montrer à quel point ces femmes qui restent dans le silence sont exploitées, mais aussi courageuses et téméraires. Elles arrivent à faire bouger les lignes, à se changer elles-mêmes tout en impactant leurs familles et leurs villages d’origines.
Cet ouvrage selon notre source d’information ; entend rendre visible une autre image des femmes dans la migration, au-delà de celle de l’accompagnatrice, passive, absente, femme au foyer et analphabète et cherche à déconstruire les représentations sociales encore largement dominantes notamment quand il s’agit des femmes d’Afrique du Nord. Le but est donc de les rendre visibles là où souvent on ne pensait pas les percevoir, comme sur les lieux d’un travail salarié. Oujda
« Dames de fraises, doigts de fée » rassure-t-on ; est le fruit d’une longue enquête menée par Chadia Arab. Elle y retrace l’histoire des saisonnières marocaines qui quittent chaque année le Royaume pour partir à la cueillette des fraises dans la province de Huelva (au sud-ouest de l’Espagne). Une migration saisonnière précise-t-on ; qui s’inscrit dans le cadre d’un programme mis en place par l’Union européenne et le Maroc à la fin des années 2000. Le livre évoque notamment le recrutement exclusif de mères de famille qui a pour but de s’assurer du retour de ces travailleuses saisonnières au Maroc.
Aussi, cette enquête est enrichie de plusieurs témoignages où ces travailleuses parlent de leurs doutes et de leurs appréhensions avant de quitter le Royaume. Certaines d’entre elles se retrouvent changées après leurs voyages, certaines trouvent l’amour loin du Maroc tandis que d’autres veulent s’installer en Espagne à l’issue de leurs contrats.
Dans ce cadre ; il y’a lieu de signaler que l’analyse démontre que le phénomène de la migration circulaire est avant tout l’histoire de femmes ayant la volonté de subvenir aux besoins de leurs familles respectives et Chadia Arab nous raconte ses rencontres avec ces femmes.

ABOU ZOUHEIR

QUELQUES NOTES SUR LA FICHE DE L’ECTURE
PREPRAREE PAR L’I.F.D’OUJDA

§ Une enquête qui soulève des problématiques peu visibles :
Cet ouvrage permet de mettre en avant des femmes dont on ne parle pas beaucoup. Elles-mêmes ont tendance à ne pas trop s’exprimer et se rendent, par conséquent invisibles. Cet ouvrage met donc en lumière l’histoire de ces femmes courageuses qui partent en silence et laissent leurs enfants derrière elles.
§ Les emplois saisonniers et la migration circulaire entre l’Espagne et le Maroc :
La migration circulaire est un programme dit « éthique », qui devait satisfaire les deux pays : répondre à un besoin de main d’œuvre ponctuel en Espagne tout en luttant contre l’immigration clandestine, et rapporter des devises au Maroc. Le ministère de l’emploi de ce dernier pays réalise, via l’ANAPEC tout le recrutement et l’accompagnement du côté marocain. En Espagne, c’est la mairie de Cartaya qui s’en charge par le biais de la FUTEH (Fundacion para trabajadores de extranjeros en Huelva), qui accompagne cette migration circulaire des Marocaines dans la province de Huelva. D’année en année, le gouffre s’est creusé entre la volonté des femmes de travailler et de continuer à circuler et celle des acteurs Espagnols subissant une crise qui les contraint à diminuer drastiquement le nombre de Marocaines au profit des nationaux. En théorie, la politique migratoire se voulait circulaire, juste et solidaire et la convention se basait sur un système gagnant-gagnant entre le Maroc et l’Espagne. En pratique, elle crée des injustices entre locaux et étrangers. Cette migration circulaire permet aux saisonnières d’améliorer leurs conditions de vie grâce à leurs salaires. L’accès à l’emploi a également un impact sur leur confiance, leur assurance, leur équilibre, leur permettant d’obtenir une forme de reconnaissance. Elles rencontrent toutefois des difficultés sur place notamment en terme de conditions de travail, éprouvantes. Il y a donc à la fois du positif et du négatif, mais selon l’auteur il serait important de réfléchir aux droits de ces femmes et à l’amélioration de leurs conditions de vie de manière globale.
§ Qu’est-ce qu’apporte cet ouvrage sur la dimension « genre » ?
Chadia Arab s’est toujours intéressée aux migrations dans ses objets de recherche, mais elle voulait aussi croiser ces travaux avec le genre. L’objectif de ce livre est de comprendre cette migration féminine, cadrée par un programme de migration circulaire. La particularité de ces saisonnières est d’être directement sélectionnées dans le pays d’origine selon des critères très stricts (être femme, avoir des enfants, venir de milieu rural, être divorcées ou veuves ou si mariées, avoir le consentement du mari). Il s’agissait aussi de mettre en lumière des femmes majoritairement pauvres, analphabètes et rurales dont on ne parle pas ou si peu, ces invisibles de la migration. Les saisonnières en Espagne expérimentent des changements qui favorisent leur autonomie et liberté d’expression. Ces changements s’incarnent notamment à travers leurs vêtements : alors que la majorité d’entre elles portaient la djellaba au Maroc, on les retrouve en Espagne habillées à l’occidentale pour beaucoup d’entre elles. Le vêtement devient alors un élément pertinent pour étudier le genre comme facteur d’émancipation ou d’intégration de la femme.
§ Du Maroc à l’Espagne quels changements ?
Les migrations peuvent offrir aux femmes un plus grand degré d’autonomie économique et/ou sociale et de bousculer les rôles socialement dévolus à leur sexe. Cependant les situations des saisonnières marocaines sont parfois assimilées à l’esclavage. Ces femmes n’ont pas le droit au repos et sont épuisées par leur charge de travail. Ces femmes courageuses migrent pour améliorer leurs conditions de vie, subvenir aux besoins de leur famille, construire une maison, avoir un salaire mais en retour, elles s’épuisent. Ces femmes découvrent une liberté nouvelle que les hommes restés au pays vivent aussi comme une perte de pouvoir et d’autorité qui a pour conséquence un réajustement des rôles au sein de la famille et de la société.

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