PENSONS SURTOUT TOURISME SOLIDAIRE DANS L’ORIENTAL
PENSONS SURTOUT TOURISME SOLIDAIRE DANS L’ORIENTAL !
Le tourisme est une industrie planétaire qui représente aujourd’hui 12 % du Produit Intérieur Brut mondial et 200 millions d’emplois. Cependant, les réalités de l’industrie touristique planétaire révèlent un tourisme marchand tronqué dans sa conception avec une priorité absolue accordée aux impératifs de rentabilité économique et financière, où l’éthique est fréquemment absente. Dans les pays en développement notamment, les structures touristiques se caractérisent par des investissements internationaux normalisés, souvent aux antipodes des préoccupations des populations locales, ne prenant en compte ni leurs modes de vie, ni leur environnement. Et ce n’est pas rare que les bénéfices réalisés soient exportés à l’étranger sans que la population locale n’en tire le moindre avantage…
C’est pourquoi, de plus en plus, des voix s’élèvent et soutiennent la mise en place d’une autre forme de tourisme plus sobre mais plus valorisant pour les ressources humaines et économiques locales, et partant, participant activement aux spécificités de leurs processus de développement.
A cela s’ajoute une conception rénovée du voyage chez des personnes, toujours plus nombreuses, ayant de nouvelles sensibilités touristiques, privilégiant de plus en plus la découverte des réalités sociales des contrées visitées.
Cette nouvelle forme de tourisme est déclarée solidaire et équitable. Son fondement est d’intégrer le principe de solidarité au centre du processus de production, l’homme est ainsi le pivot de l’activité touristique.
Ainsi par exemple, des projets solidaires types peuvent proposer d’offrir toute une panoplie de séjours touristiques respectant des principes éthiques, ouverts aux jeunes et adultes. Les voyages solidaires se déroulent généralement dans des zones rurales, montagneuses ou désertes, souvent d’accès difficile. C’est cet atout qui fait de l’Oriental marocain une plateforme tout à fait adaptée à ce tourisme.
En effet, la région de l’Oriental est sans aucun doute l’une des plus riches du Maroc, par son étendue au sein du territoire national, elle offre une diversité exceptionnelle de l’environnement naturel. L’Oriental est, en effet, divisé en trois grands ensembles du Nord au Sud :
v Le Rif oriental situé sur la rive gauche de la Moulouya, sorte de mosaïque où se relayent plaines, chaînons et massifs parfois élevés pouvant atteindre jusqu’à 1837 m (le Jbel Mazgout).
v Le Seuil oriental au climat méditerranéen semi-aride, ses unités de relief en bandes parallèles au littoral constituent un espace territorial à la croisée des grandes voies de communication régionales (plaine des Triffa, chaîne des Beni Snassen et des Trara, plaine des Angads et celle de Maghnia, chaîne des Horst et monts de Tlemcen).
v Le Sud (le Far East marocain), ses hauts plateaux et terres steppiques parfois à plus de 2000 m (tel le Jbel Bour) présentent un panorama d’une grande beauté. D’ailleurs, cette partie de l’Oriental est déjà marquée par le rayonnement de l’économie oasienne avec les sept Ksours de Figuig, l’oasis le plus proche d’Europe.
Cette diversité de l’environnement naturel de l’oriental (littoral, zones rurales, montagneuses ou désertes) va de paire avec un patrimoine social et culturel d’une richesse incontestable. Et puis, l’intérêt pour cette région ne pourra qu’augmenter avec le positivisme confirmé des habitants de la région.
Non seulement le tourisme solidaire apportera des revenus aux populations des villages les plus défavorisées économiquement, mais il s’engagera dans des projets à plus long terme : préserver l’architecture traditionnelle, protéger l’environnement, aider à la scolarisation des enfants, inciter au reboisement, valoriser le savoir-faire local, développer la capacité d’accueil et sa qualité…
Cette action va permettre de perpétuer les traditions ancestrales et identitaires auprès des nouvelles générations. Sans cette démarche, les villages se dépeupleraient, laissant derrières eux les vestiges d’un capital culturel assez riche mais non entretenu et, encore moins, non valorisé.
Grâce aux fonds collectés des bénéfices issus de ce tourisme, des fonds de développement pourraient être crées et fructifiés localement, permettant ainsi le financement de projets d’intérêt collectif. Il faut prévoir un suivi des projets financés et de leurs modes de gestion à long terme ce qui garantira une optimisation de l’utilisation des fonds. Les voyageurs pourraient aussi apporter d’autres formes de soutiens matériels annexes et facultatifs, mais toujours dans une cadre réglementé et transparent.
Il est clair que le tourisme ne doit en aucun cas devenir l’activité économique principale de ces villages.
En facilitant la rencontre avec l’autre, le rapprochement entre des cultures différentes, un groupe restreint de touristes, souvent des proches, est hébergé chez une famille d’accueil, et est amené à prendre conscience des atouts et contraintes de la vie quotidienne de ses hôtes.
Enfin, en rassemblant et en organisant les acteurs locaux en réseaux d’économie solidaire, il y aura des réseaux qui se tisseront au niveau local entre les communautés qui participent au tourisme solidaire et également au niveau national et international entre les associations partenaires ; ce qui permet de conforter leurs actions.
Participer donc à un séjour solidaire n’est pas seulement aller à la rencontre d’une autre identité culturelle, mais aussi œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie dans le respect et la dignité des habitants locaux et la préservation de leur environnement.
RIFKI Samira
Docteur en Sciences de Gestion
Université Mohammed Premier
FSJES
rifkigestion@yahoo.fr
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