IL Etait une fois un café Maure
Etant au seuil du mois sacré du Ramadan, je vous souhaiterais chers lectrices et lecteurs, de vivre d’excellents moments de recueillement et une bonne lecture de cet article que j’ai le plaisir de vous livrer.
Après avoir parcouru LA UNE parue sur notre portail un samedi et après avoir fini de lire un article intitulé CAFE COLOMBO…. , où son auteur avait choisi de s’installer à la terrasse de ce salon de thé pour répondre un petit moment à un besoin physique imposé à sa volonté et prendre un café noir, et non un café d’une autre couleur comme il l’avait précisé, ceci afin de répondre à sa particulière envie, il m’a envoyé dans un autre contexte assez diffèrent de celui dans lequel il s’est fait piégé pour repartir déçu, pour ne pas dire écœuré. Par sa façon de traduire ses sentiments envers tout ce qu’il a découvert de déplaisant dans un contexte ayant subi de négatives métamorphoses, il a déclenché en moi cette envie de décrire de vieilles petites images folkloriques et diversifiées sauvegardées dans ma mémoire et que voici :
Ce café maure (ou arabe), avec son immense portail à deux battants en vieux bois massif, tombants de part et d’autre sur les flancs de son entrée sous forme d’arcade, fortement badigeonné par une sorte de peinture offrant un aspect beige pour le faire protéger contre la corrosion, se faisait distinguer et se montrait voyant. Ce portail était muni de fortes charnières( BIZGRAT) et d’un verrou (ZOUKROUM), les deux étaient majuscules.
LE DIT CAFE POURRAIT ETRE LA CONSTRUCTION QUI EST A DOITE
SUR L’IMAGE CI-DESSUS.
Il donnait sur une grande place appelée PLACE SIDI ABDELWAHAB où s’entremêlait et se confondait une population dense et brusquée par les moyens de locomotion et de transport d’autrefois venant de toute part et allant dans tous les sens (vieux bus , petits taxis type Simca 1000 et Fiat 1100, camionnettes type Renault à cabine coupée, triporteurs, bicyclettes, charrettes tirées par des ânes ou des mulets portant à l’arrière train des petites plaques d’immatriculation…). Du côté Nord cette place était limitée par La JOUTIYA (marché aux puces), tandis que du côté Ouest des baraques de vendeurs d’épices, d’herbes médicinales et de produits cosmétiques traditionnels la limitaient. Au Sud, une plateforme où se tenaient les HALQA (cercles) animées par de divers artistes populaires, des CHYOUKHS et des humoristes dont le plus célèbre fut FEU Abdallah L’MAGANA, un BOUZEGGAOUI Tancherfiste de la fraction des MAALMINES (travailleurs de fer) dont le nom est devenu une légende. Delà les remparts avec deux entrées : une grande et une petite qui nous introduisaient au souk et à l’ancienne Medina.
Le dit café était non seulement connu par la population locale, mais réputée dans tout le Maroc Oriental. Il fut un lieu de loisir pour les citadins des quartiers périphériques voisins et celui de rencontre et de repos pour les campagnards de la région.
Il recevait ses clients qui se rendaient sur la terrasse en forme de large couloir de ce fameux « PALACE » qui fut jadis une tannerie et souk des peaux et du cuir donnant sur la place citée plus haut , devenu un café maure meublé d’abord en nattes d’alfa avant qu’il ne le soit en tables et bancs en bois. Ils emmenaient avec eux RBITA NAANAE B’DORO (petite botte de menthe à un rond qui était cinq ctmes) de chez le légumier trouvé à l’entrée de la vieille Medina du côté des bouchers. Ce dernier serait dans l’attente d’écouler sa superbe herbe bio et nutritive, mise à part, à l’ombre et à la portée des clients dans un couffin couvert d’une aile de sac pour pain de sucre BOUNMER (le tigre) bien humidifié pour sauvegarder la fraicheur et la verdure de la plante attirante par sa forte odeur. Ensuite ROBOE SOKKOR (250 gr de sucre) et OUQIYA THEY( quantité sans pesage et insignifiante de thé vert) de chez le petit épicier du coin ; les deux empaquetés avec soin, chacun dans un papier qui leur est spécifique et payés à SATTACH N’DORO( 80 ctmes : 60+20). Le thé sera remis au cafetier sans le sucre. Le reste de la préparation de la boisson chaude et succulente, la boisson préférée par tous les marocains qui donne du charme à une rencontre d’amis ou à une festivité quelconque, sera réalisée et devra être finie (YQOM ATAY) soit même à la réception dans les règles de l’art : le finisseur prendra tout son temps à remuer (YAGLAB W’YCHAQLAB) pour diluer le sucre, à gouter, à ajouter du sucre s’il le faut, à laisser réagir pour que le résultat de la symbiose des trois composantes arrive à terme afin d’aboutir à un gout superbe de la boisson. Elle est caractérisée par les trois H : (H)AMI, (H)MAR W’(H)LOU – AKHALLI A-TAYEB ATAY W’NAANAE YATAARFOU!!! Vous rappellerait l’un de vos compagnons.
CONSEIL : Vous devrez faire très attention à ce que l’un de vos compagnons ne vous interpelle si vous êtes le finisseur, afin d’éviter de précipiter et de bâcler ce bel acte coutumier et finir par rater le coche – C’est ce que nous appelons dans notre jargon : ANNACHWA- délectation, jouissance…-. Il ne faut pas oublier que la préparation du thé, n’est pas donnée à n’importe qui. Comme tout le monde le sait, c’est une préparation traditionnelle que peu de gens réalisent au gout et à la satisfaction des autres qui, après avoir gouté ils se disent : KAS OUWACH MAN KAS ! (quel verre de thé !). Au cours d’une réception, le préparateur de thé est connu. En ce genre d’occasions, le maitre de la maison vient directement mettre à sa disposition les deux plateaux pour le servir ensuite en eau bouillante. Il est désigné à le faire, volontiers et avec grand plaisir. Cela prend assez de temps…bref, la cérémonie du thé est connue par tous ; passons. Il fut la boisson chaude accompagnée de pain au petit déjeuner chez les citadins et au gouter du soir après la sortie de l’école. Beaucoup de familles ne peuvent actuellement s’en passer. Pour certains, c’est un remède au mal de tête. Rappelons aussi que cette boisson est encore l’un des aliments de base dans nos milieux populaires et ceux des zones reculées pour ne pas le nier.
Il sera recommandé au petit cafetier qui contrôle sa cheminée et sa ZIZWA (grand ustensile pour bouillir l’eau sur un feu de bois) et qui est en même temps serveur, de Y-CHAHHAR L’BARRAD (bouillir la théière sur un feu doux de braises) OUY-ZID CHWIYA F’LGHOUNNAYA (augmenter le son du magnétophone). En plus , à cette exceptionnelle occasion, on lui demande, pour diversifier les airs, de faire suivre la chanson entendue en cours qui peut être l’une de celles de CHIKHA RIMITI accompagnée de deux GSSASBA( joueurs de flutes) : LAHBIB et LAMNAOUAR ou de RAHMA L’AABBASSIYA ou autre, par celle de CHIKH ABDELMOULA AL AABBASSI : » WANA BAYET FI BIT GHIR WAHDI » , un thème qui exprime la solitude, puis par celle de CHIKH L’MADANI où il dialogue avec son cheval : » YA AAOUDI WACH BIK RAK LLA-HANI » et conclure par celle de CHIKHA NORA et OURRAD BOUMEDIENE : « YA BEN SIDI OU-YAKHOUYA OU TALGANI » qui traduit notre milieu social dans sa diversité et, enfin et afin de découvrir la modernité artistique de l’époque, on lui recommande de lancer la chanson de BOUTHELJA : « MILOUDA FINE KOUNTI OU-GOULILI FINE DERTI LOULID », où ce jeune chanteur de l’époque dévoile un tabou.
Assis sur des bancs devant une table en vieux bois massif instables et cloutés, parmi ces clous qu’on remettait celui ou ceux qui osaient ressortir par la force du mouvement des meubles à l’aide d’un petit galet laissé à la disposition des clients pour morceler le sucre, ou à même le sol sur une natte en alfa confectionnée à BENI BOUZEGGOU, parmi les soukiers dans n’importe quel autre café maure de la ville d’Oujda ou de la région de l’Oriental, on vivait la même ambiance. J’ai eu l’occasion de vivre avec les copains de tels moments agréables pour le plaisir quand ça me chantait, ou quand les circonstances me l’imposaient. En optant pour ce choix ou en étant dans l’obligation, on se sent bien dans sa peau et bien imprégné dans une vie sociale qui est la sienne. Ceci en passant.
Parmi les gens qui envahissent la place, des hommes vagabondent, certains par virilité de caractère, accrochent un MATRAG (canne de bagarreur faite de jujubier) à leur avant-bras en équerre, la main contre le vente en laissant une queue de turban jaune (E’CHACH) mal fait suspendue entre les épaules. Ils sont chaussés en semelles à base de pneu de voiture, la plupart couverts d’une vieille djellaba en laine lissée par le lavage et par le temps, sans faire attention au climat, rodent tout près en faisant un va et vient nonchalant entre la PLACE DU MAROC (ancienne gare routière) et la fameuse place pour ne pas rater le retour par car à BERGUEM (ou BERGUENT : AIN BENI MATHAR actuellement). La plupart des autocars étaient connus sous le nom d’OULED MOUMEN( d’après feu mon père qui fut transporteur de voyageurs dans la région, ces Ouled Moumen, pour attirer la clientèle et affronter la concurrence dans le domaine du transport, ils transportaient durant l’ancien temps gratuitement les passagers en leur offrant comme bonus GARN KHOBZ – un pain du boulanger-). L’un d’entre ces rodeurs pouvant éjecter au passage devant vous et à vos pieds inconsciemment et sans scrupule une bonne bavure provoquée par du tabac à chiquer qu’il venait d’enfouir sous la lèvre inférieure, vient s’installer un moment tout seul dans un petit coin. C’est un MEBLI (un mordu de l’art populaire). Tout en répétant le refrain de la chanson écoutée à travers un BOQ (hautparleur en forme d’entonnoir) hautement accroché au mur et donnant sur la place pour l’animer, vous le voyez exprimer son extase et suivre le rythme en dandinant sa tête. Il laisse errer ces airs pour lui ramener des souvenirs et il repart.
On pouvait y croiser des femmes voilées au HAYEK blanc ne laissant voir qu’un seul petit œil (LAAOUINA) pour voir, d’autres avec un petit voile fin blanc et brodé (L’TAM) cachant le visage et dévoilant les deux yeux, hâtant le pas avec un quelque chose camouflé sous le bras qui ne pouvait être qu’un coupon de tissu ou des pelotes de laine (L’HARARA) . Elles étaient de grandes couturières de la BLOUZA OUJDIYA (robe Oujdie) à domicile, tricoteuses et brodeuses aussi.
De temps à autre , les vieux bus de couleur rouge brique, parqués au milieu de la place, démarrent les uns après les autres et traversent difficilement la place en frayant passage parmi la foule, laissant entendre un bruit assourdissant de vieux moteurs de moulins à grains, fumant, pleins à craquer, perdant des fois l’équilibre aux freins brusques et aux tournants, évitant de justesse des piétons distraits et des cyclistes venant d’en face . Des charrettes chargées et tirées par une bête et auxquelles s’attellent discrètement des mômes, ou poussées par un homme annonçant plusieurs fois BALAK ! S’MAE BALAK ! (enlève-toi !) traversent difficilement. Le porteur d’eau (EL GARRAB) avec sa tunique et son outre en peau de chèvre (L’GARBA) munie d’un petit robinet passe devant vous le buste décoré par ses petites tasses en cuivre luisant en train de vous faire entendre le tintement régulier et discontinu de sa petite clochette vous excitant les tympans pour s’annoncer aux assoiffés. Le vendeur de KARANE (préparation à base de pâté de pois chiches et d’œufs mis au four) poussant hâtivement sa voiturette pour ne pas rater l’entracte de seize heures au cinéma NASR passe inaperçu. C’est une sacrée foire populaire.
On recevait de temps à autre aux narines l’odeur des bêtes parquées au fond de l’écurie située derrière à l’arrière fond avec une issue de l’autre côté, une odeur qu’on trouvait naturelle (qui soulageait les asthmatiques disait-on) en écoutant le MERJOUAE (la chanson des CHYOUKHS) traduit par une voix chaude des célèbres compositeurs algériens, accompagnée de sons musicaux variables et enivrants, produits par deux KHMASSI (GASBA : flûte à 5 orifices, le sixième servant à aggraver le son est rarement utilisé) joués par deux GSSASBIYA et des coups bien pesés et peu dosés du GALLAL(tambourin) joué par L’GANDOUZ (le rythmeur), en dehors des paroles sous forme de prose qui ne fussent « point vers » comme dirait MONSIEUR MOLIERE , des airs que personnellement je qualifierais de GRANDE MUSIQUE.
Ce service qui nous offrait un thé préparé dans une théière ayant participé à la guerre 14-18, pris dans des verres HAYATI, enturbanné d’une épaisse écume mousseuse, accompagné des fois de ROBOE QAWQAW ( 250 gr de cacahuètes) qu’on avait acheté à TNACH N’DORO (60 ctmes) et grignoté, coûtait RBAA DORO (20 ctmes), une pièce qu’on laissait au départ sur un plateau en cuivre rassemblant le service de thé et ayant perdu sa forme circulaire et sa platitude par la fréquente utilisation et les différents incidents qui lui auraient survenus durant des années. Ce café s’appelait QAHOUAT OULED BEN TAJ.
Seul le café d’OULED BEN TAJ, celui de L’BADAOUI situé plus haut et leurs semblables étaient à même d’offrir à leurs clients ce type de loisir qui fut un « luxe » et pouvaient être satisfaits de l’existant. Ils avaient aussi participé à l’animation d’une économie locale artisanale en hébergeant les hommes et/ou en parquant leurs bêtes dans leurs fondouks. Ils ont rendu l’âme, que DIEU les garde dans sa grande miséricorde.
Tiens ! Le hasard a fait que je fasse connaissance à Rabat il y a à peu près quatre ans d’un cadre administratif ayant fait une licence et un master en sciences politiques à Paris. Il préparait une soutenance de Doctorat, quand il s’annonça comme descendant de L’BADAOUI au moment où il me détecta à travers mon accent Oriental. Quel plaisir de faire connaissance de nos cadets OULED L’BLED, surtout de ce calibre ! S’il me lit, il s’en souviendra.
Pour commenter votre article, Monsieur ZAID, permettez-moi de le faire brièvement en vous rappelant que tout le monde vit sa vie et toute chose prend sa place et passe son temps. On se métamorphose sans en prendre conscience et on finit par vieillir sans qu’on ne s’en aperçoive puis on disparait, pour ne laisser que des empruntes pas moins que de bons souvenirs, souvent nostalgiques, tel que vous l’avez ressenti à l’égard de vos proches de l’apogée du fameux salon de thé que fut CAFE COLOMBO, on n’a pas le choix…
Je m’ennuyais à mourir, seul chez moi, moment inhabituel vécu exceptionnellement ce samedi-là , quand subitement vous m’avez fait revenir plus d’un demi-siècle en arrière en vous lisant et en m’octroyant l’ultime occasion de m’occuper.
Je vous en remercie, bien que la rédaction de mes petites fables m’ait privé d’une bonne partie de mon sommeil, cela m’a permis de savourer ma retraite en puisant dans ma mémoire afin de lui faire éviter de s’épuiser et éviter à de tels merveilleux moments et à de belles images de tomber dans le creux de mes souvenirs.
Cette envie qui est différente de la vôtre, est celle d’un enfant de l’Oriental resté attaché à ses origines et aux coutumes de ses ancêtres, malgré son départ de son terroir à un jeune âge, un départ motivé après ses études secondaires au LYCEE OMAR IBN ABDELAZIZ à la recherche du savoir et d’un avenir ailleurs pour lequel je remercie le TOUT PUISSANT de m’avoir satisfait.
N’oubliez pas de passer d’agréables soirées sur les terrasses de votre café préféré .
Mohamed BOUASABA /acteur associatif retraité/ RABAT
9 Comments
1/LE DIT CAFE POURRAIT ETRE LA CONSTRUCTION QUI EST A DROITE SUR L’IMAGE CI-DESSUS.
2/BAB SIDI ABDELWAHAB
3/LA PLACE SIDI ABDELWAHAB
REMARQUE : CES TROIS INDICATIONS DOIVENT VENIR EN BAS DES IMAGES CORRESPONDANTES !!!!
-faire fonctionner le zoom si c’est possible. MERCI !
oui sidi Mohammed. J’ai lu votre article sur le café qu’on appelait à l’epoque, je crois, gahwat jloud. Derriere le portail de ce café il y avait une grande place où des hommes et des femmes s’activaient dans le travail des peaux de bêtes. Vous m’avez fait revivre un moment de l’ histoure d’ Oujda.
Merci bien sidi Mohammed et profite bien de ta retraite mais n’ oublie pas de « jeter » de temps en temps un article sur le site.
Merci ssi Mohammed Bouasaba de nous avoir ramené au bon vieux temps via votre article bien réussi. Je suis moi aussi un retraité ayant vécu une partie de mon adolescence et de ma jeunesse tout prés de ce fameux café » KAHWATE AJJLOUD » appartenant à Oulad Ben Ttaj les mèmes propriétaires de l’actuel « SOUK AL FALLAH » . Mon domicile à « DERB AISSAWA » me permettait de visiter ce fameux café de temps à autre sans nier que la grande partie de mon temps écoulé au café je l’ai passée à un autre café identique » KAHWATE MMISAR » qui était à proximité de notre DERB précité ,et c’était à ce café que j’ai apprit à jouer certains jeux de cartes populaires tel : « RRONDA » » TRONFO » » SSOUPPAGE » « LBY3 WA CHRA » . Une autre fois merci infiniment pour cet article qui m’a fait vivre la nostalgie de » AYYAM ZAMANE AL KHALIDA » oui des souvenirs inoubliables bien gravés dans notre mémoire. Chapeau haut pour le style avec lequel vous nous avez ramené 5 décennies en arrière .
Bjr.si Med. j’ai bien lu et relis ton article,c’est un délice.Bon narrateur et fin observateur,tu n’a laissé aucun coin ou recoin que tu n’a mis en exergue.Ta curiosité et ton attention nous a fait partager et remémorer des souvenirs d’antan.Merci si Med. Ta plume est vouée à un bel avenir crois moi……
Bjr.si Med. j’ai bien lu et relis ton article,c’est un délice.Bon narrateur et fin observateur,tu n’a laissé aucun coin ou recoin que tu n’a mis en exergue.Ta curiosité et ton attention nous a fait partager et remémorer des souvenirs d’antan.Merci si Med. Ta plume est vouée à un bel avenir crois moi……
Source : link to oujdacity.net
TEST
Cher Monsieur Bouasaba,
Votre article m’a ému et beaucoup appris.
Il m’a, d’abord, ému parce que vous faites revivre un endroit attenant au quartier où je suis né (Place Moulay Driss, derrière la Joutia et près de l’Ecole moderne, qui malheureusement vient d’être détruite.). Enfant, il m’arrivait de passer, dans mes pérégrinations avec mes amis, à côté de ce café et, aussi et surtout, de celui de « Cahouat El Badaoui » lorsque nous allions cherché « Karan » ou nous extasier devant les affiches du cinéma Vox et autres. Ces cafés me subjuguaient pour de multiples raisons, le fait qu’ils étaient réservé aux adultes, qui venaient faire emplettes dans les souks voisins, que le cafetier me donnait l’impression de se livrer à des gestes magiques pour faire le thé ou le café (turc), que la musique qui se dégageait des vieux phonos aux disques éraillés semblait provenir d’un autre âge, et bien différente de celle du Gharnati, celui du Cheikh Brahim, auquel mes petites oreilles étaient habituées. J’ai quitté Oujda avec mes parents au lendemain de l’indépendance. J’ai, depuis lors, bourlingué à travers le monde pour faire mes études ou exercer mon métier de diplomate des Nations-Unies et de Professeur d’Université. Mais, mon attache ou plutôt mon amour pour Oujda est resté très profond. Je l’ai abrité dans mes rêves partout où j’ai été car il est le fait de l’enfance, ce moment d’innocence et d’espérance, qui marque pour la vie. C’est cet amour que vous avez aiguisé en moi. Et de quelle manière ! J’aime votre style sobre et épuré, une qualité devenue rare dans notre pays.
Votre article m’a, ensuite, beaucoup appris. Parce que vous m’avez fait entrer dans ces cafés magiques alors que mon âge d’enfant ne me le permettait pas. Ce faisant, vous m’avez fait découvrir tout un monde que j’ignorais, un monde truculent et coloré, ayant ses traditions et ses règles, ses rituels et habitudes, ses musiques et ses rythmes, ses odeurs et ses parfums, etc. A la vérité, vous faites œuvre sociologique car vous montrez, comme aurait pu le faire un Bourdieu ou un Ibn Khaldoun, avant lui, comment fonctionnait un pan de notre société, cette société oujdie connue pour la sobriété, la simplicité et l’honnêteté de ses gens. Il y a aussi un charme qu’exerce vos propos sur le lecteur, et qui ne tombe jamais, même lorsque ce dernier apprend, comme moi, que les ingrédients du thé devaient être ramenés par le client lui-même et que le rôle du cafetier était, combien précieux, de les transformer en un breuvage magique. Le charme s’accroit encore plus lorsque vous nous faites découvrir les stratagèmes auxquels avaient recours certains jeunes, notamment avec leur « Matrag » et aussi cette manière spéciale de le porter et de l’exhiber, dans le but d’attirer l’attention sur eux comme le feront plus tard les zazous ou les jeunes d’aujourd’hui avec leurs extravagants vêtements et coiffures. Et que dire de votre façon amusante de décrire le chiqueur qui sans gêne éjecte les restes de son « tranquillisant » dans l’espace public, de la manière bien délicate et respectueuse avec laquelle vous rendez compte de la pudeur des femmes oujdies, qui étaient nos mères ou nos grandes sœurs, de leur façon porter leurs hayaks et de cacher leurs trésors de guerre des regards indiscrets, ces beaux tissus qu’elles allaient ramener de ces cavernes d’Ali Baba qu’étaient les boutiques de la rue Sabouni, après avoir durement travaillé chez elles dans la journée, etc.? Sans excès de langage de ma part, en plus du sociologue historique de nos manières de vivre, d’être et de paraitre, il y a aussi chez vous le compteur qui fait revivre, avec humour et je dirais aussi une joie complice, ces manières bien de chez nous. Je pourrais continuer indéfiniment à évoquer les précieuses richesses que recèle votre papier, qui ne laisse personne indifférent, comme on peut constater à travers les nombreux commentaires qu’il suscite
Encore une fois, merci pour le plaisir que vous m’avez donné. Permettez-mo aussi, à travers vous, puisque vous l’évoquez avec une certaine affection, rendre hommage à Monsieur Zayed Tayeb pour son bel article sur cet autre monument d’Oujda, le café Colombo, qui est représentatif de la modernité, bien tangible et réelle, de ce qu’ a pu être notre ville chérie, bien avant beaucoup d’autres. N’en déplaise à ma ville adoptive, Casablanca.
Abdelhamid El Ouali
Aux Oujdis : Messieurs ZAID, BOUJMEN et EL OUALI qui ont fait preuve de leur identité avec attachement, amour et fierté envers leur ville à travers leurs commentaires qu’ils m’ont en quelque sorte offerts comme cadeaux et pour lesquels je dois les remercier, j’avoue que j’ignorais au préalable si mon modeste article, assaisonné de fantaisie, allait toucher leurs cœurs et réveiller leurs sentiments et éventuellement ceux d’autres lecteurs (trices) qui l’auraient aussi lu et apprécié. J’en suis très heureux.
Monsieur EL OUALI, par son expression communicative et sa dextérité du Professeur et du Diplomate, a non seulement commenté en analysant mon article, mais il l’a complété par des plus-values psycho littéraires et des signes humanistes très touchants, prononcés d’une façon où se confondent nostalgie et romantisme. Je me félicite d’avoir gagné sa sympathie et mon écrit une valeur ajoutée.
A ceux-là, je demanderais de bien vouloir me faire part promptement de leurs coordonnées, je serais ravi de faire leur connaissance. Cela nous permettrait de fructifier le dialogue.
Je reviens à Monsieur ZAID, particulièrement, suite à sa timide demande, pour lui dire que je n’en manquerai pas et que tout retraité qui est à même de manier une plume ou de bien taper sur un clavier est de son devoir de participer à la construction de l’instruction et du savoir, non seulement de communiquer et de s’exprimer mais de faire une prise de conscience dont on a drôlement besoin, de défendre la liberté et nos valeurs puisque cette haute technologie nous le facilite et nous le permet, comme il le fait lui-même fréquemment d’une façon ou d’une autre sur ce site. Je le remercie de me lire et de vouloir le faire…
A Ssi Mohamed EL GUIR, l’enfant de ma ville, je le remercie pour son encouragement quant à me projeter sur la grande écriture et le salue affectueusement du haut de la colline du ZA et lui promettrais et à OULED LABLAD leur part du gâteau très prochainement sur ce site.
ADDITIF A L’ARTICLE : quand c’est un bus que vous voyez penché du côté du conducteur, sachez que ce dernier ne pourra être que HMIDA L’FORMA et non un amortisseur détérioré.
Mohammed BOUASSABA
e.mail : angadprojets@gmail.com ou bien sur Facebook : Mohammed BOUASSABA (au profil un pilonne en acier planté à l’extrémité-Est de la colline du ZA).
GSM : 06 64 96 77 44
Ça c’qu’on peut appele la nostalgie