Pour qui sont ces drapeaux qui dansent sur nos têtes ? Mais c’est un festival ! Que dis-je, un festival ? une ode, un chant, un cri…IL VIENT…Il vient parce
qu’Oujda l’appelle à grands cris. La belle oubliée, la fille pauvre, la galeuse, autant dire, à enfin trouvé des yeux doux pour la regarder avec tendresse. Alors
les drapeaux sont comme des étoiles filantes qui annoncent Monsieur La Lune. (l’Astre de la nuit est masculin en langue marocaine) . Alors,
d’un coup, Oujda la sale est propre, Oujda la vacillante se tient debout, Oujda notre village monté en graine devient une belle ville du Maroc.
Evidemment la dame qui travaille chez mes voisins peste car toutes les routes sont bloquées; la dame qui travaille chez mes voisins dit qu’en
attendant ses cousins ont faim; la dame qui travaille chez mes voisins trouve que les travaux n’avancent pas vite et les salaires non plus… ‘’Ce
n’est pas faux, ce n’est pas faux ‘’ répond le petit caillou étranger que je suis, mais que dire ? Puisqu’il est vrai que, pour l’instant, le statut
d’étranger reste un peu plus simple à vivre à Oujda, que celui d’Oujdi. Mais il faut bien commencer par quelque chose, et ça, Monsieur La Lune
l’a bien compris, et, ça fait bien un peu de poussière, c’est un fait. On essaie d’oublier alors… On laisse son esprit voler avec les banderoles
rouges et vertes, on s’étonne de ces palmiers centenaires fraichement plantés, on admire la lente sortie de la chrysalide… et l’on pense, en tant qu’Oujdi:’’
Merci, Monsieur La Lune, merci….et reviens vite

Zelliges & Mosaïques 04/2008