Le Caïd, le Mokhazni et le Chaouch
La grandeur et la décadence d’un pays se reconnaissent à la présence ou à l’absence d’un certain type de ses fonctionnaires et employés dans ses structures administratives les plus en vue et par conséquent les plus populaires. Le nom de caïd, celui de mokhazni et de chaouch sont les noms qui reviennent le plus souvent dans les bouches car ces trois noms semblent faits l’un pour les autres comme s’ils étaient soudés pour n’en faire qu’un. C’est un trio inséparable. Là où il y a un Caïd, il y a inévitablement un mokhazni et un chaouch. Si le chaouch est l’ombre du caïd, le mokhazni en est la force d’intimidation. L’un est le passage obligé avant toute audience. Il est le pont, le point de jonction. L’autre en est l’obstacle, la pierre sur laquelle trébuche toute personne désireuse d’avoir une audience pour quelque affaire avec le caïd .Avant de souhaiter une entrevue avec le caïd, il faut d’abord sympathiser avec le chaouch par de faux semblants, et pactiser avec le mokhazni en mettant la queue entre les pattes.
D’où vient-il que les noms de ces trois personnages soient scellés à tel point que beaucoup d’anecdotes ont été tissées autour d’eux ? Pour essayer de démêler les dessous de cette alliance qui semble due au seul hasard, rien n’est plus simple que de se pencher sur les activités de chacun d’eux.
Le Caïd, à tout seigneur tout honneur, ignore la séparation des pouvoirs longuement défendue par les philosophes des lumières et qui a fait couler beaucoup d’encre et de sang tout au long du XVIII ème siècle. Cela ne vient pas de lui en sa qualité d’homme de loi, mais de la spécificité de son activité. Il remplit à la fois la fonction d’édicter des règles, celle d’exécuter ces règles, celle de régler des litiges. Trois en un. Qui lui a conféré ces trois pouvoirs ? C’est sans doute un héritage de longue date dont le Caïd a de la peine à se défaire, si toutefois il éprouve le besoin de s’en défaire.
La fonction du Mokhazni ne diffère en rien de celle du Caïd, à quelque échelle près, mais plus bas. Tantôt il est de faction avec un policier, tantôt avec un gendarme, tantôt avec un soldat. Le lieu détermine la fonction ; le lieu détermine également le service et la personne à laquelle il sert d’auxiliaire. Est-il dans une ville, c’est en compagnie d’un agent de police qu’il est, est-il dans un village de campagne, il est aux côtés d’un gendarme, est-il enfin de garde à la frontière, il est au service d’un soldat. Dans les trois cas cependant, l’uniforme demeure le même.
Le Chaouch, lui, est le factotum par excellence. Si jamais un lexicographe veut illustrer le sens du mot par un nom de personne, il ne trouverait pas meilleur exemple qui rende l’acception du mot plus juste et plus adéquate que celui de Chaouch, encore faut-il lexicaliser le mot chaouch.
Le chaouch est en effet un homme de peine avant d’être un employé dans quelque service et sous l’autorité de quelque chef de service à qui il sert de portier, de plombier, d’électricien, de réceptionniste, de commissionnaire, de planton, de jardinier, de maçon, de portefaix, et j’en passe pour ne pas lui alourdir les endosses lui qui va depuis longtemps l’échine basse. Il est bon à tout faire, il est selon l’expression de jadis taillable et corvéable à merci. Il travaille plus pour gagner moins. Si dans la plupart des fonctions le salaire est proportionnel à l’effort, chez le chaouch, le salaire et l’effort se tournent le dos pour aller chacun son bonhomme de chemin.
Celui qui est désireux de vouloir trouver un dénominateur commun à ces trois personnes, s’apercevra qu’ils bénéficient d’un large statut qu’il faut appeler l’interférence des fonctions et des activités.
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vraiment le mokhazni et un homme de f a tres serieus mais il il sse merde toujour acouse de ces ressponssable de merde chere ami trouver nous une solution de ce genre de rassiste