LA RADICALISATION EN EUROPE

Par BELHALOUMI Abdelrhani -Bruxelles
Une tentative de décoloniser l’imaginaire de la pensée dominante
La radicalisation a rongé l’Europe depuis la nuit des temps, les guerres de religion, les colonisations, les deux guerres mondiales et les idéologies totalitaires nées dans le creuset de ces évènements. Le terrorisme est né en Europe avec l’IRA catholique en 1916, l’ETA laïque en 1959, les Brigades Rouges 1970, Blood and Honour 1987, CasaPound , Hitler, Staline, Caecescu, Karadzic, Mladic etc…. Les musulmans ont été les premiers à combattre le fascisme en Lybie (Quatrième rivage de l’Italie :Quarta sponda), puis les tirailleurs sont venus se battre pour la liberté de l’Europe et combattre le nazisme en Europe. La radicalisation a causé le génocide juif (la Shoah), le génocide des musulmans à Srebrenica, les massacres des falaises de Korićani, de Barimo, d’Ahmići, de Tuzla , de Wola en Pologne , de Baugnez en Belgique et bien d’autres. L’histoire de l’humanité nous montre que l’extrémisme violent aux facettes multiples, est multi-dimentionnel, et affecte groupes et individus et embrasse toutes les idéologies et religions. Le terrorisme est apparu dans les pays musulmans avec la destruction de l’Irak par Bush en 2003 et le mensonge sur la présence d’armes de destruction massive. Bush a parlé de croisade ’crusade,’ a détruit l’humain, a tenté d’opposer les civilisations en toute impunité. C’est l’une des plus grandes catastrophes culturelles de tous les temps : des écoles et bibliothèques détruites et musées saccagés ou bombardés. Le patrimoine de l’Irak, berceau de l’humanité, déjà gravement endommagé par la 1ère « guerre du Golfe » de Bush père et par treize années d’embargo, a subi des pertes irréparables et a ouvert la voie au terrorisme. La torture pratiquée par la CIA comme le montre le rapport du Sénat américain, a aggravé encore à la situation. L’idéologie de Bush a eu un impact négatif sur les musulmans. L’apparition des termes islam-isme (1) (contraction de islam et terrorisme) et jihad(2)-isme auraient été lancés par un néo-nazi, et utilisés même par des médias respectables. Médias qui ont abandonné les termes exacts, précis et objectifs, tels que terroristes, groupes armés ou résistants ; suivant le cas, sont tombés dans le piège des démagogues. Car, la violence commence par la violence des mots. La justice, ne repose t-elle pas sur la justesse des mots ? S’attaquer à une religion ne peut aider ni à édifier la paix , ni une culture de paix ni à assurer et pérenniser l’amitié entre les peuples . C’est pourquoi, l’Union européenne doit réagir et vite. L’UE a fait avancer la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme en Europe. Elle a joué un rôle stabilisateur, qui a su transformer la plus grande partie du continent européen, marqué par la guerre, en un continent de paix. Il est vrai, sans jamais vaincre la radicalisation. La preuve, en 2014, au Parlement européen 140 députés sur 751 sont des populistes, europhobes, islamophobes ou des néonazis ayant récolté des millions de voix. Une vraie menace pour la cohésion sociale, le pluralisme, les Droits de l’Homme, la démocratie et pour les musulmans qui ont combattu les pères du fascisme et du nazisme. 3 exemples pour illustrer cela :
1) le ministre autrichien de l’Intégration Sébastien Kurz tente de sorti une loi anticonstitutionnelle sur l’islam. Un islam arrivé en Autriche au xvie siècle, sous le règne de Soliman le Magnifique, à un moment où ailleurs en Europe, se déroulaient des massacres : celui de Mérindol perpétré par les troupes royales françaises, de Cholula par les conquistadors espagnols et de Tlatelolco par Antoine II de Lorraine où 20 mille protestants avaient péri. Et juste à côté de l’Autriche,, Christian II de Danemark décapitait une centaine de Suédois. L’islam a été accepté en Autriche lors du Sultanat des femmes ottomanes au VII siècle. Une loi accordant un statut à l’islam existe depuis 1912, soit l’année de l’intégration de la Bosnie-Herzégovine à l’Empire austro-hongrois . Carla Baghajati, actuellement porte parole de la Communauté musulmane d’Autriche (IGGIÖ) se dit inquiète.
2) En 2011 Anders Behring Breivik, un terroriste norvégien, qu’on a tenté de faire passer pour un loup solitaire, a abattu 77 personnes à Oslo.
3) En 2007, le député européen Maciej Giertych, l’un des fondateurs du parti d’extrême droite polonaise (LPR) a utilisé le logo et les infrastructures du Parlement Européen, a publié , présenté et distribué le livre Civilisations at War in Europe, , en marge d’une session plénière, affirmant que la «civilisation juive» n’a pas sa place en Europe.
Une Europe qui a confirmé sa détermination à lutter contre Daesh, un groupe terroriste en Syrie et en Irak. C’est le résultat direct de la destruction de l’Irak. Daesh, la quintessence du mal ; une horde de barbares ayant confisqué le nom de l’islam, la religion qui dit que celui qui tue une âme innocente c’est comme s’il avait tué toute l’humanité. Pire, la presse parle de la présence 2000 Européens dans les rangs de ce groupe barbare. Ce qui nous amène à se poser la question suivante : à combien doit-on chiffrer le nombre d’européens ou combattants étrangers partis rejoindre des conflits finis ou en cours comme les guerres : civile géorgienne , d’Abkhazie , en ex-Yougoslavie, de Slovénie, en Croatie, de Bosnie , du Kosovo , civile de Moldavie , en Ossétie du Nord, d’Abkhazie, en Ukraine, en Centrafrique, en Birmanie, à l’Est du Congo et en Israël? Et à ce propos, la Suisse , Etat dépositaire de la IVe Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, vient de convoquer une conférence sur le Proche-Orient en réponse à une recommandation de l’Assemblée générale de l’ONU. L’objectif de la conférence étant de réaffirmer la paix et le droit international humanitaire applicable dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Quant à la Commission européenne, elle a inauguré depuis 2005 des programmes tels que : le réseau européen de sensibilisation à la radicalisation (RSR), la « Radicalisation Awareness Network » (RAN), le pôle européen de connaissance sur l’extrémisme violent ; l’appui aux programmes de repentance, de désengagement et de sortie de la radicalisation. Mais, ils n’ont eu qu’un impact limité vu qu’ils ne s’adressent qu’à une seule composante de l’Union européenne. Cependant, l’approche de dé-radicalisation britannique est différente. Là, la Justice a carrément abandonné en 2012 les poursuites contre John Anthony Downey, ex-terroriste de l’IRA, principal suspect d’un attentat spectaculaire à Londres en 1982, en raison d’une lettre officielle adressée à 200 terroristes en cavale, les « On The Runs », les assurant de ne jamais être poursuivis, dans le cadre secret de l’accord du Vendredi Saint en 1998. Même Gerry Adams ex-président du Sinn Fein n’a pas été condamné pour le meurtre par l’IRA en 1972 d’une mère de famille. Et Martin Mc Guiness, ex-terroriste de l’IRA est devenu aujourd’hui vice-Premier ministre d’Ulster.
Or, pour prévenir la radicalisation, la Commission européenne devrait changer le mode de communication et oser parler de tous les conflits et de tous les « combattants étrangers » et de toutes les barbaries, et lancer un contre –discours à travers une campagne européenne à toute la population. Le but étant de s’adresser à tout le monde afin de promouvoir la paix, la sécurité, la démocratie, la justice et la cohésion sociale au sein de l’Union européenne et sans stigmatisation aucune. N’est-ce pas ?
A propos, que recouvre le mot ‘terrorisme’ ?
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(1) Les extrémistes ont aussi mis au point des termes sales à bannir aussi, tels que
Radical christianniste, radical croisadiste etc…
(2) Ce n’est pas le rôle du législateur ni d’aucun pays de parler du ‘jihad’ dans ses lois
Et sa communication, pour 3 raisons :
1. Le jihad (l’effort) est divisé en 2 parties, le majeur qui englobe tout travail humanitaire, construction d’écoles, aide aux pauvres etc, Et le mineur qui concerne la lutte armée légitime, comme stipulé dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme le 10 décembre 1948
2. Parler de Jihad dans le cas de la Syrie, pays en proie à la guerre civile opposant, un pouvoir totalitaire, des terroristes et une opposition légitime, c’est non seulement une attaque et une stigmatisation de l’islam , mais surtout une volonté d’ induire l’opinion publique et les jeunes en erreur. Considérer des actes barbares comme du Jihad relève de la démagogie, de la mauvaise foi, de l’idéologie véhiculée par Beivik, et prouve une ignorance complète de l’islam et de son message de paix
3. Une loi qui parle du ‘jihad’ exclut du champ de son application tous les autres terroristes et les extrémistes violents de tous bords qui constituent une menace à la société à leur retour.
3 Comments
Bravo, Bravo
Et bravo aussi pour l’intervention formidable
sur la BBC
Bonjour,
Monsieur BELHALOUMI, arrêtez vos invectives sur l’europe. Vous faites des amalgames trop tendencieux et partisants, vous mélanger absolument tout.
Monsieur Belhaloumi a tout simplement relaté des faits
historiques en toute objectivité.
Nous sommes des MRE fiers de ce genre de personnes.
Ses interventions à la TV dans plusieurs langues , son travail
politique et son travail en tant que militant en faveur de la cohésion sociale
et contre le racisme au sein de l’Union européenne est excellent.
Et comme il l’a dit lui-même à la BBC
‘Nobody is perfect’ (=personne n’est parfait)