Abdallah Laroui: «La darija ne sera une langue écrite que dans un futur impossible.»
Abdallah Laroui: «La darija ne sera une langue écrite que dans un futur impossible.»
Par N. E.
Dans la 3è partie de l’entretien qu’il a accordé à Al-Ahdath Al-Maghribia, Abdallah Laroui continue: la darija doit être utilisée oralement pour la communication jusqu’à la 3è année de l’enseignement primaire. La langue arabe est irremplaçable dans les années suivantes.
Voici quelques extraits des propos de Abdallah Laroui dans la troisième partie de son entretien:
-Ce genre de problématique ne peut être posé que lorsqu’un peuple fait ses premiers pas dans la culture.
-La question s’est posée au Liban dans les années trente ou quarante, notamment par le grand poète Saïd Akl. Aujourd’hui, elle ne se pose plus, car les niveaux de la darija et de l’arabe se sont rapprochés dans ce pays.
-Les femmes ont suivi des études dans ce pays [le Liban] et elles se sont mises à s’adresser à leurs enfants dans une langue plus élevée. Chaque génération contribue à rapprocher la langue du foyer de la langue de la presse et de la télévision. C’est dans ces médias que s’opère le rapprochement entre la darija et la langue arabe.
-Si dans notre pays, les partisans de la darija nous demandent 100 ans pour faire de la darija une langue écrite, je leur réponds: donnez-moi ces cent ans pour construire la langue arabisée [Abdallah Laroui désigne par ce concept d’arabe arabisé, ou de langue arabisée, une darija qui serait arabisée, c’est-à-dire à mi-chemin entre la darija et la langue arabe écrite et qui serait elle-même susceptible d’écriture et d’enseignement].
De la sorte, il n’y aurait pas de rupture culturelle avec le patrimoine de la culture arabe qui regorge de trésors que la darija ne pourrait jamais remplacer.
-Si tu optes pour la darija au détriment de l’arabe, tu te retrouverais dans la situation de la Hollande. Qui se souciera de toi dans le monde des langues?
-A ceux qui proposent de garder la langue arabe comme langue de la culture et de la littérature tout en utilisant la darija en tant que langue écrite et d’enseignement, je réponds ceci : La cohabitation entre darija et langue arabe est impossible. L’une dominera l’autre.
-Ceux qui lancent des appels en faveur de la darija sont victimes de confusion. D’un côté, il y a l’aspect technique éducatif, et dans ce cadre, ils ont raison de demander que la darija soit la langue de communication pendant les premières années de l’apprentissage à l’école. Et d’ailleurs cela existe, et là où ça n’existe pas, il faut l’instaurer, dans l’enseignement préscolaire et les trois premières années du primaire.
-Par contre, promouvoir la darija au-delà de ces années, en faire une langue écrite, qui produit de la littérature, ne se réalisera que dans un futur impossible.
Une quatrième partie de l’entretien sera publiée samedi.
Nous proposerons ce week end, à nos lecteurs une synthèse, une analyse et des commentaires, au sujet des positions de Abdallah Laroui et de différentes positions qui se sont exprimées au cours des derniers jours.
medias24
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