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SAHARA MAROCAIN ( 3ème partie) QUESTION DE DESTIN

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COLONEL MOHAMED MELLOUKI
LE JOURNAL- LA 2ème LECTURE

SAHARA MAROCAIN ( 3ème partie)
QUESTION DE DESTIN

Franchement, j’ai été surpris d’entendre, le 11 octobre dernier, le Roi, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, tirer la sonnette d’alarme pour ce qui est du dossier du Sahara. Cette attitude a pour la première fois, en la matière, tranché avec la traditionnelle prudence du Palais qui habituellement a tendance à la réserve. Je fus aussi content de constater que ma position sur la question était partagée au plus haut niveau de l’État. Pour Cause : au mois de mai dernier, au lendemain de la réunion consacrée par le Conseil de Sécurité à l’examen de la proposition de la Commission onusienne des droits de l’homme qui s’est soldé par un report de cette proposition à l’échéance prochaine- soit avril 2014- et alors que nos responsables- et moins responsables- ainsi que la quasi-totalité des médias affichaient un optimisme outrancier et incongru, j’ai adopté une position toute contradictoire, appelant plutôt à la vigilance. J’avais l’amère impression que l’État avait complètement disjoncté du sommet du gouvernement à la base de la pyramide étatique, et en premier lieu le ministère des Affaires étrangères. Il me semblait, en effet, évident, que ce département bottait en touche en ressassant le sempiternel refrain des relations séculaires et privilégiées avec les USA comme acquis diplomatique nous épargnant toute inquiétude- et désagréable surprise- sur le dossier saharien. J’ai dit à ce moment qu’il ne nous fallait pas leur faire confiance, et j’en avais donné la raison.

Je fus davantage conforté dans cette pensée depuis que l’administration Obama a démontré dans la crise égyptienne qu’elle était capable de s’allier avec le diable pour des intérêts immédiats ou tout simplement par bêtise, et foncer les yeux fermés dans la plus fantasque aventure que se refuserait d’endosser même un débile. Son revirement dans le dossier syrien ( voir l’article : Poutine ou le retour à la guerre froide) en est un autre exemple de sa myopie stratégique et de sa politique à la petite cuillère.

Comment, dès lors, le Maroc devra-t-il ne compter que sur lui-même pour se désengager de ce carcan saharien qui empoisonne véritablement la vie sociale et grève outre mesure les ressources nationales? La solution adéquate est, d’abord, de ne plus considérer le statut du Sahara comme une exception, et oser lui appliquer la normalité juridique. Dans deux articles antérieurs sur la question respectivement intitulés : ‘Sahara marocain : la nouvelle stratégie, et ‘ Sahara marocain : 2014 sera-t-elle l’année de tous les dangers’, diffusés sur la toile Internet et repris tous les deux dans leur version arabe par le journal AL Ousboue dans ses numéros 739 du 2/5/2013 et 740 du 9/5/2013, j’ai dit que le seul moyen de prévenir une fâcheuse issue dans ce contexte, et aussi des émulations du genre dans d’autres zones du Maroc, consiste à transformer et à appliquer le projet de l’autonomie interne dont l’État veut gratifier le Sahara en un processus de régionalisation globale s’étendant à l’ensemble du pays, et du fait mettre au pied du mur tous les contradicteurs, déclarés et non déclarés, c’est-à-dire, en clair, non seulement l’Algérie et les USA, mais également certains pays européens dont les représentants nous cassent les oreilles avec leurs éloges sur la nature de notre système politique, notre sage approche des problèmes sociaux, et tout le tutti quanti diplomatique, et nous rassurent de leur amitié, mais nous poignardent dans le dos sur la question saharienne.

D’aucuns trouveront que la proposition comporte le risque de rétorsions de la part de l’ONU, notamment l’application de l’article 37. J’ai dit, dans ces mêmes articles, ce que j’en pensais aussi. Il convient de prendre en considération les exemples des défunts Mohamed V quant il a préféré risquer son Trône et l’exil que la soumission, du président Nasser quant il a nationalisé le Canal de Suez, de Sadat dans la guerre de 1973, et aussi du roi Hassan II dans la Marche Verte, qui lui aussi mit en jeu son Trône et prit le risque de voir une partie du monde se braquer contre lui. Tous, en dépit des vicissitudes de leurs régimes respectifs au plan de la gouvernance interne, s’étaient comportés en leaders aux moments des défis engageant les destins de leurs nations. S’ils avaient écouté les indécis et les profiteurs du moment et s’étaient montrés timorés, ils seraient, sûrement, sortis par les égouts de l’Histoire. Tous ces leaders, visionnaires et intraitables sur le principe nationaliste, avaient pour eux la justesse de la cause et derrière eux leurs peuples. Une fois de plus, le peuple marocain saura se montrer à la hauteur du défi.

Et nous avons, depuis, un exemple patent et tout récent en l’intransigeance de l’étoile montante égyptienne, le général Al-Sissi qui, lui aussi, convaincu de la justesse de la cause et fort de l’adhésion populaire, a bravé les principales puissances occidentales et mis en échec le complot ourdi contre son pays, qui a failli démembrer celui-ci et le replonger dans une surréaliste nasse politico religieuse digne du Moyen Âge. Qu’encourt-il à peine quatre mois après ? Toutes les menaces de rétorsions et les pressions qui paraissaient irréversibles se sont révélées de simples sautes d’humeur et se sont diluées devant la fermeté du personnage en tractations diplomatiques tendant maintenant à de plus en plus soutenir sa feuille de route. La visite de John Kerry cette semaine même au Caire en est une parfaite illustration…À suivre.

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