Enseignement supérieur
Controverse autour des conditions d’accès
Une circulaire du ministère supprime l’examen oral, passage jusque-là obligé pour accéder à certaines filières
Tollé du syndicat des enseignants

Masters, masters spécialisés et licences professionnelles… faut-il un entretien oral pour être admis à ces formations universitaires? Dans un contexte où l’université connaît une dégradation de la qualité de ces formations notamment lorsqu’il s’agit de l’intégration de ses lauréats dans le marché du travail, le choix reste délicat. Souvent, les responsables de recrutement évoquent le manque de communication comme critère parmi d’autres de non- sélection de ces jeunes. «L’oral est l’occasion idoine pour que l’étudiant prouve ses connaissances et justifie sa motivation», explique un  professeur universitaire. Il fait partie aussi des aspects à développer chez ces futurs responsables. Cependant, la circulaire du 7 juin du ministère de l’Enseignement supérieur précise désormais que la sélection pour les concours d’accès se fera sur dossier et examen écrit.
La raison avancée pour la suppression des examens oraux est  d’établir un système d’égalité de chances et de démocratie lors des sélections, tout en évitant la corruption du corps enseignants selon la circulaire ministérielle du 7 juin. «Mettre fin aux examens oraux est un moyen pour garder une bonne image de transparence et de fiabilité du système universitaire», confirme Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur. La tutelle considère que de toutes les manières les candidats sont tenus de subir des examens pendant leurs formations.

. et que par conséquent, il existe un filtrage a posteriori. Cette décision a été contestée par le Syndicat national de l’Enseignement supérieur (SNE
Sup). Le 14 septembre dernier, le bureau national du SNE
Sup s’est réuni et a adressé un communiqué à la tutelle où il exprime son désaccord avec la décision d’annulation des examens oraux.
Le syndicat insiste sur le fait qu’une telle décision relève de la fonction de la Commission nationale de coordination de l’enseignement supérieur (CNCES). Celle-ci est chargée de l’accréditation des filières de formations universitaires. Dans ce sens, le 18 septembre, le MES a établi une circulaire ayant pour objet la modification de celle du 7 juin. Les conditions d’accès aux formations universitaires notamment aux  masters, masters spécialisés ainsi qu’aux licences professionnelles doivent être mises en place par l’équipe pédagogique chargée de la filière. Il faut aussi préciser que permettre à l’étudiant de passer un entretien oral est non seulement une expérience mais représente aussi un début pour pouvoir s’exprimer. «D’ailleurs, parmi les conditions d’accréditation d’une filière, l’instauration de 2 à 3 modules complémentaires. Il s’agit notamment de la langue et communication», souligne Abdelkrim Madoun, enseignant- chercheur en histoire contemporaine.

    Un contre-avis

    «Pour les ENCG par exemple, quelqu’un qui veut faire la comptabilité n’a pas besoin de savoir communiquer. Il peut même être muet!», a affirmé Lahcen Daoudi lors d’un entretien avec L’Economiste (voir notre édition N° 4106 du 5 septembre dernier). La décision d’annulation des examens oraux a fait réagir le corps de l’Enseignement supérieur ainsi que les professionnels notamment dans le domaine de la comptabilité. Selon eux, un comptable est censé maitriser non seulement le côté technique mais aussi l’art de communiquer les résultats. De plus, un étudiant ayant un bac+5, quelle que soit sa spécialité, peut avoir un poste de responsabilité rapidement. Ce qui nécessite une aisance dans la communication orale ou écrite. D’où l’importance de passer des entretiens oraux afin de leur donner dès le départ une plus grande aisance.

Rajaa DRISSI ALAMI / L’economiste