Une affaire de « bébés volés » entre le Maroc et l’Espagne
Une affaire de « bébés volés » entre le Maroc et l’Espagne
La Garde civile espagnole a annoncé mercredi avoir découvert un réseau de « bébés volés » nés au Maroc ou dans l’enclave espagnole de Melilla. Ils étaient vendus entre 1 200 et 6 000 euros.
L’enquête a permis d’identifier 28 cas de « bébés volés ». Nés dans les années 1970 et 1980 au Maroc ou dans l’enclave espagnole de Melilla, ils étaient revendus en Espagne à de riches familles ne pouvant pas avoir d’enfants, a indiqué ce mercredi 8 mai le ministère de l’Intérieur espagnol.
Au total, 31 « personnes impliquées dans le trafic sont soupçonnées de divers délits, dont fausse déclaration de paternité, détention illégale ou falsification de documents publics ». Douze d’entre elles, la plupart âgées, sont décédées, dont une religieuse et trois membres du personnel sanitaire. « D’autres, d’un âge très avancé ou en mauvaise santé », n’ont pas été placées en détention.
Des femmes vulnérables
C’est une plainte déposée à Valence, en novembre 2011, par Anadir, une association de défense de victimes de « bébés volés » en Espagne, qui a déclenché l’ouverture d’une enquête. Les trafiquants profitaient de femmes sans ressources à Melilla, une enclave espagnole située à la pointe nord du Maroc, ou au Maroc même. Certains femmes espéraient une « vie meilleure » pour leur enfant et acceptaient de le vendre.
Nombre de ces femmes ont accouché à des domiciles particuliers de Melilla ou au Maroc, « sans aucune aide sanitaire et sans enregistrement officiel du nouveau né ».
Les filles vendues plus cher que les garçons
Au Maroc, le réseau « bénéficiait de contacts avec le personnel sanitaire et les employés des hôpitaux des localités de Oujda ou Nador, qui permettaient le transfert à Melilla de nouveaux-nés », précise le ministère. Parallèlement, le réseau contactait en Espagne des familles aisées qui ne pouvaient pas avoir d’enfants.
Il leur proposait de se rendre à Melilla pour leur vendre un bébé entre 1.200 et 6.000 euros, en fournissant de faux certificats de naissance afin qu’ils puissent l’enregistrer comme leur enfant biologique. Les filles étaient vendues le plus cher que les garçons, « car il y avait une plus forte demande de la part des acheteurs », précise le ministère.
L’enquête, qui se poursuit, rappelle le vaste scandale des « bébés volés du franquisme » en Espagne qui a éclaté fin 2010. Selon les associations, près de 1 500 plaintes ont été déposées.
rtl.fr
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