Maroc : l’Istiqlal bombe le torse face au PJD
Le parti de l’Istiqlal a joué un important coup de poker ce mercredi 1er mai. Le leader du parti historique marocain s’est laissé entraîner dans une incroyable démonstration de force. Il s’en est pris à son principal allié qui paradoxalement est aussi son meilleur ennemi : Abdelilah Benkirane, Premier ministre et secrétaire général du PJD.
L’Istiqlal et l’UGTM, ont misé gros ce mercredi 1er mai à Rabat. Le discours politique de Hamid Chabat, Secrétaire général du parti mais aussi leader de l’UGTM, a pris le dessus sur les habituelles revendications sociales de la fête du Travail. Il a profité de cette occasion pour non seulement prouver sa capacité à rassembler les foules – entre 80 000 à 100 000 participants – mais aussi et surtout pour s’attaquer à son principal rival, le patron du Parti Justice et Développement (PJD), Abdelilah Benkirane, par ailleurs Premier ministre du royaume. Un message fort en symbole adressé à son principal allié/ennemi au gouvernement.
L’apparition de Chabat à Rabat a été marquée de symboles. Le leader de l’Istiqlal est apparu devant les milliers de supporters en tenue traditionnelle des provinces du Sud du pays. L’occasion de lancer une piqûre de rappel sur la position de son parti qui défend la marocanité du Sahara occidental, et même de certains territoires algériens. D’ailleurs, de nombreux habitants du sud-marocain ont fait le déplacement pour manifester sous la bannière de l’UGTM. Après avoir passé en revue le Sahara, Hamid Chabat s’est occupé du PJD avec pour cible principale : Abdelilah Benkirane. Il n’a pas manqué de fustiger le plan économique du gouvernement dirigé par le parti islamiste. Chabat est revenu sur la dernière coupe budgétaire de 15 milliards de dirhams sur les crédits alloués à l’investissement, tout en accusant Benkirane de mener une politique « politicienne et électoraliste ». En cause, l’ajournement de ces 15 milliards de dirhams jusqu’en 2014, année des élections, afin d’investir dans les campagnes électorales histoire de mettre toutes les chances du côté du PJD, selon Hamid Chabat.
Les accusations du leader istiqlalien sont graves et pourraient non pas jeter de l’huile mais de l’essence sur un feu déjà bien attisé entre les deux rivaux. Comme si cela ne suffisait pas, Hamid Chabat a lancé un ultime pic à Abdelilah Benkirane affirmant qu’il n’était pas capable de gérer la crise actuelle. Il a mis en garde le chef du gouvernement contre une réforme basée sur une décompensation des produits subventionnés. Le secrétaire général de l’Istiqlal est même allé jusqu’à faire l’éloge de son prédécesseur à la tête du parti, qui également celui de Benkirane à la tête du gouvernement, Abbas El Fassi, pour avoir augmenté les salaires des fonctionnaires de 600 dirhams. Ce même homme contre lequel Hamid Chabat s’était pourtant heurté lors de l’élection en septembre 2012 du nouveau secrétaire général de l’Istiqlal. Un duel sans précédent qui a mené le plus vieux parti marocain au bord de la scission.
par Fouâd Harit
afrik.com
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