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ESSAI : POUR UNE AUTODETERMINATION DES PEUPLES ARABES

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ESSAI : POUR UNE AUTODETERMINATION DES PEUPLES ARABES

   Si les peuples arabes sont pour une fois d’accord entre eux- chose qui n’est jamais arrivée dans les annales de leur histoire ancienne et récente-sur leur désaccord persistant avec les pouvoirs en place, à la tête de leurs pays respectifs, c’est, je crois, dû au fait qu’ils n’ont jamais reçu la moindre formation, en tant que peuples instruits  et civilisés, sur ce qu’on pourrait appeler «un accord consensuel »,excepté bien sûr lorsque ce dernier leur est théâtralement proposé par une autorité qui ne lésine sur aucun moyen, humain ou matériel, pour l’imposer manu militari si le besoin s’en faisait sentir.

Doutons de tout. Ne doutons de rien. Déjà, lors de l’ère coloniale, chacun se précipitait, au risque de se casser la figure, vers l’occupant pour lui suggérer sa contribution caractérisée par son originalité, et ses spécificités. La puissance coloniale allait jusqu’à leur demander leur avis sur leur destin, après son éventuel départ, sans point recevoir une réponse quelconque. Comme à leur habitude, ils trouvaient bizarroïde qu’on les consulte sur quoi que ce soit, prétextant toujours se fier à la parole, au point de vue de l’occupant, qui témoigne, selon eux, d’une grande maturité et d’une sagesse supérieure.

Face à leurs hésitations, qui n’avaient rien à voir avec des tergiversations, des familles influentes sautaient sur l’occasion aubaine en vue de servir les intérêts de leurs tribus, tout en étant bien vus par les autorités compétentes.

Au lendemain de l’indépendance octroyée, parce que guère conquise ni arrachée, le même scénario se répète : première étape : on fait semblant de consulter les peuples ; seconde étape : on consulte les familles influentes recommandées ;troisième étape : on annonce, tambour battant, le consensus de la nation en vue de garantir la conditionnalité et l’officialité de toutes les décisions prises tous azimuts.

Ainsi, la majorité des consultations des peuples arabes qui se faisaient, au pif, par le biais de services  de renseignements généraux dans un premier temps, ont connu certes, une certaine évolution formelle, vu que des slogans internationaux de démocratisation, de légalisation, de responsabilisation, d’autonomisation, parvenaient aux populations par différents canaux, d’autant que de nombreux peuples de la planète, avaient pris la décision de mener des luttes armées pour arracher leur libération et se consacrer par la suite au développement durable de leurs pays, pour lesquels ils se sont battus et se sont inconditionnellement sacrifiés.

Alors, en d’autres termes, et sans détours, comment expliquer le fait que les citoyens arabes n’assument pas ou peu leur responsabilité quand les gouvernants daignent leur offrir des occasions comptées sur les bouts des doigts pour donner leurs avis, en s’assumant entièrement ?

Toujours sur la même direction de réflexion, comment comprendre le fait que les peuples arabes rechignent systématiquement, dénigrent constamment, se plaignent régulièrement, de toute initiative prise par leurs gouvernants ?

Le plus  souvent, pour proposer des éléments de réponse à de telles interrogations, on avance un argument récurrent qui ne serait autre qu’un fatal et fatidique manque total de confiance présidant aux relations dialectiques entre gouvernants et gouvernés.

Mais le plus souvent aussi, à aucun moment les gouvernants des Etats arabes n’ont essayé, un tant soit peu, de comprendre les besoins et les préoccupations des peuples au-delà des partis pris, des préjugés, des pré requis, des interprétations hâtives justement condamnables et aux conséquences outrageusement néfastes !

A ce stade de la réflexion, nous pensons pour des raisons que nous osons croire objectives, que les peuples arabes n’ont pas encore été consultés par les pouvoirs en place sur la quasi intégralité des questions chaudes dont dépendent leurs destinées, leurs présents, leurs passés. On a souvent parlé à leur place, comme s’ils demeuraient indéfiniment des mineurs.

Décidément, il serait fort probable que les  personnages politiques du monde arabe souffriraient dangereusement d’anorexie en matière de politique démocratique. Comme il est curieux qu’ils aient obstinément refusé ou ignoré d’invoquer la thèse, pourtant plausible, du fait que depuis la période coloniale jusqu’à nos jours, on n’a pas permis démocratiquement aux peuples arabes de s’autodéterminer librement pour donner leurs opinions personnelles et collectives sur toutes les marmites politiques qui les concernent directement et qu’on prépare le plus souvent à leur insu.

Dans tous les cas de figure, autant se concrétisent et se consolident les principes et les valeurs de la démocratie, de la liberté, de l’égalité et de la justice entre autres, autant se développent des marchés parallèles destructeurs de tous les efforts dispensés à un prix cher de la sueur et du sang derrière lesquels sont mobilisés de malhonnêtes forces occultes qui se soucient avant tout de démultiplier leurs fortunes grâce à la complicité exécrable de personnalités influentes des Etats en question, faisant de la pluie et du beau temps dans les divers rouages des appareils administratifs nationaux.

Un tel jeu, une telle mascarade, un tel climat insoutenable ne sauraient  s’éterniser indéfiniment et impunément. Nous croyons avec une profonde conviction et dans un esprit de citoyenneté agissante et engagée que seules des solutions audacieuses  seraient de nature, sinon à éradiquer pareils maux qui rongent les sociétés arabes du Golfe à l’Océan, du moins en être conscients.

Aussi estimons-nous, en toute lucidité citoyenne que dorénavant il est temps, pour les gouvernants et les peuples arabes, et il n’est jamais trop tard, de prendre des décisions courageuses, d’une extrême rigueur, et de la manière la plus ferme et la plus vigilante , avant que des actions de sensibilisation, de conscientisation, de responsabilisation, ne perdent leur raison d’être et se décomposent  incessamment et  irrémédiablement en se vidant de tout leur sens, tant que les consultations par voie référendaire…tant que le principe d’auto-détermination de ces peuples ne soient opérationnalisés, sur le terrain des réalités, suffisamment et solidement respectés, individuellement et collectivement. Ne nous leurrons pas. Il y va de l’avenir des peuples de la sous région et de la région toute entière. /.

DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui

 

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