Sahara : La 3e voie et la seule
Les pourparlers informels de Manhasset sur le Sahara se sont achevés sur l’habituelle note ambiguë. A quelques semaines de la réunion du Conseil de sécurité, ils ne nous indiquent pas avec précision leur teneur, ni l’objectif atteint.
Sans doute, un pas a été franchi, selon lequel les parties ont chacune fait un supplément d’effort pour aller dans le sens de l’autre…Il en faudra néanmoins beaucoup pour que le sentiment prévale d’une avancée et d’un progrès substantiel. L’optimisme béat ne saurait dissiper le scepticisme auquel nous ont habitués le polisario et les dirigeants algériens, dont on se demandera d’ailleurs toujours pourquoi ils participent aux négociations, alors qu’ils ne cessent de proclamer haut et fort qu’ils ne sont pas concernés et qu’ils n’ont aucun conflit avec le Maroc.
Mais, c’est l’étrange caractéristique de ce conflit, surgi des décombres d’une décolonisation tardive, en principe définitivement réalisée en novembre 1975 entre le Maroc et l’Espagne, puissance tutélaire qui avait cédé en décembre de la même année le territoire du Sahara à son ayant droit, le Royaume du Maroc.
Comme autrefois, à plusieurs reprises, le Maroc s’est prêté aux discussions de Manhasset sous l’égide des Nations unies avec la ferme volonté de contribuer à une solution juste et durable du conflit. Sa démarche ne s’est jamais départie des recommandations du Conseil de sécurité. En 1981, cédant aux interpellations de pays amis, lors du Sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), réuni à Naïrobi, avait annoncé son accord pour l’organisation d’un référendum au Sahara. L’Europe, les Etats-Unis, les pays arabes, africains et asiatiques avaient applaudi son initiative.
Il ne s’est pas passé plus de quatre ans pour que le gouvernement algérien–qui n’avait pourtant de cesse de réclamer le référendum–le sabote et dresse les obstacles aux efforts onusiens.
La solution référendaire à laquelle le Maroc avait acquiescé tombait en quenouille, ne laissant aucune marge de manœuvre. De nouveau la questions s’est posée en 1991, avec l’arrivée à l’ONU de Perez de Cuellar qui avait réussi à imposer un cessez-le-feu entre les parties. James Baker, devenu représentant personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara, emboîtera le pas aux arguments de l’Algérie et ira même jusqu’à soutenir une « partition du territoire »…Le Maroc y opposa son veto, bien entendu.
En conséquence, la communauté internationale se retrouva devant l’ancien dilemme : le rattachement au Maroc, déjà entériné ou la fictive indépendance ! Autrement dit, les deux voies contradictoires, opposées l’une à l’autre. A présent, alors qu’il n’existe d’autre voie que celle de la négociation, nous sommes interpellés : quelle autre voie reste-t-il ? La seule plausible pour sortir de l’impasse, échapper au cercle vicieux, est celle que le Maroc et que, mezzo voce, une certaine presse algérienne n’hésite pas à reprendre timidement à son compte : l’autonomie élargie. Solution démocratique qui prélude, entre autres, à une solution globale, au niveau des relations bilatérales maroco-algériennes et à celui de la construction du Maghreb ? Elle confère un statut réel aux populations, toutes tendances confondues, du Sahara. Il n’est donc de solution réelle au conflit lancinant que cette 3ème voie, elle reste la seule et unique qui n’ait pas été épuisée…Toutes ont été épuisées, brisées sur le marbre de la Realpolitik algérienne.
source / LE MATIN
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