Les cours de soutien, un enseignement parallèle
Les cours de soutien se pratiquent à tous les niveaux de la vie scolaire, à tous les âges et dans toutes les matières à fort coefficient et tout au long du parcours de l’élève depuis les classes du primaire jusqu’aux classes préparatoires des grandes écoles. Les cours de soutien sont en passe de devenir un fléau, une gangrène, une catastrophe pour les parents et pour leurs enfants.
Inquiets pour l’avenir de leurs enfants, conscients qu’ils sont peu soucieux de leurs études et de l’intérêt du travail scolaire, les parents veulent remédier à cela par des cours de soutien pour que leurs enfants rattrapent le retard qu’ils accusent dans les matières scientifiques surtout, et en français également mais avec moins d’acuité. Il ne faut pas ignorer que ce sont là des charges économiques supplémentaires, lourdes, auxquelles doivent consentir les parents, à quoi s’ajoute leur mobilisation qui consiste en des va et vient entre le chez soi et le lieu où se pratiquent les cours de soutien qui se donnent le dimanche et à des heures tardives de la soirée les autres jours. C’est un temps à retrancher du repos des parents, faut-il en convenir amèrement . Si les parents consentent le plus souvent à ces sacrifices qui engendrent dépenses et stress c’est parce qu’ils considèrent ce qu’ils font comme un mal nécessaire, qu’il vaut mieux que leurs enfants soient en cours de soutien que devant l’écran d’une télé, d’un ordinateur ou d’une console de jeu. Ce qui est sans doute vrai.
Les enfants, eux, habitués à travailler sous les directives d’un professeur, aussi bien à l’école qu’en cours de soutien, ne peuvent se mettre à la besogne qu’en sa présence. Cours de mathématiques, de physique, de sciences naturelles,de français ou encore d’autres matières, bouffent aux enfants tout leur temps libre qu’ils doivent destiner à des activités ludiques et récréatives nécessaires à l’équilibre psychique ou à des exercices de révision, de consolidation, de fixation utiles à l’apprentissage . Que reste-t-il donc aux enfants de leur temps libre après les heures d’école et celles des cours de soutien? Peu de temps au fait.
Les cours de soutien, pratiquées de manière systématique, génèrent chez les enfants la paresse du cerveau et l’engourdissement du corps, résultat inverse escompté par les parents qui ont investi leurs économies et leur temps dans une opération onéreuse et peu rentable.
Ils tuent l’autonomie et engendrent la dépendance : les enfants ne peuvent plus travailler que sous les directives et l’encadrement d’un professeur.
Ils servent à doper les enfants, le temps de passer leur examen puis l’effet disparaît ou s’atténue presque immédiatement après. Il faut refaire les cours l’année d’après, et celle d’après…
Ils font naître chez les enfants le sentiment de la sous estimation de leur capacité et de leur potentiel individuel.
Ils alourdissent l’emploi de temps des enfants, qui sont déjà trop chargés.
Ils tuent l’initiative, ruinent l’effort, enveloppent l’esprit dans une léthargie moribonde.
Les parents doivent enfin comprendre qu’il faut donner à leurs enfants le temps et l’opportunité de se mettre à l’ouvrage seuls ou en groupe avec des amis, ce qui est da nature à leur permettre de s’exercer de manière individuelle ou de se frotter au groupe pour évaluer leurs forces ou leurs faiblesses et d’y remédier s’il le faut. Quand les enfants peinent seuls et trouvent ce qu’ils cherchent, ils éprouvent du plaisir dans l’immédiat et le besoin de s’y mettre à l’avenir.
Le travail engendre la fatigue, la fatigue se transforme en plaisir et le plaisir en besoin. Voilà donc le cercle vers lequel les parents doivent conduire leurs enfants au lieu de chercher à ce que d’autres résolvent leurs problèmes à leur place ou leur donnent des rudiments à usage unique.
Les enfants doivent enfin comprendre que le travail personnel est plus payant et plus rentable que le travail mené sous la direction d’un professeur des cours de soutien car il s’ancre mieux dans la mémoire et sert de tremplin pour les recherches personnelles.
3 Comments
primo je vous confesse que j’ai bien aimé le thème de votre article,mais malheureusement vous avez opté pr une vision d’analyse qui n’évoque pas les causes de ce fléau qui est devenu formel et systématique et se contenter du coté économique et instructif.bien sur que je partage toutes ses idées mais on remarque le manque de franchise et de pertinence .est-ce que l’élève peut saisir ses cours ds une classe de 50 élèves ?en outre certains professeurs assument une certaine responsabilité quant à la promotion des cours de soutien en gonflant les notes du contrôle continu pour les élèves-clients.je disais que la situation de l’école nationale est plus critique et nécessite d’urgence un débat public sur la question avec la participation de tous les intervenants….en tout cas bonnes vacances et bonne continuation car je savais très bien que tu ne fais pas partie de ce type de professeurs évoqué.
M. Zaid, le diagnostic que vous faites de ce mal du siécle est on ne peut plus objectif et scientifique; cependant, il me semble qu’il est plus facile de déplacer une montagne que d’ôter de l’esprit de certains l’inutilité de ce fameux soutien (qui n’a d’ailleurs de soutien que le nom!) et les certains dont je parle sont aussi bien les élèves que les parents que les enseignants.Il y a à mon avis une solution adéquate: ne plus compter les notes du contrôle continu.D’ailleurs une première lecture des resultats du bac de cette année montre que ce n’est que grâce aux notes de ce contrôle continu(ô combien assez bien arrangées!)que certains ont eu leur bac et de justesse.
Je vous remercie professeur pour cet article, qui traite d’un phénomène qui range aussi bien les parents que leurs enfants.