Actuellement, crise oblige, le Maroc traverse une période de turbulence. Mais que cache cette turbulence ? Un orage, une tornade, une tempête de longue haleine structurellement chronique ou une bourrasque éphémère et passagère. Personne ne peut prédire l’avenir mais, vu les prémisse actuelles l’euphorie n’est certainement pas de mise et, malgré lui le Maroc se trouve bel et bien dans la tourmente. Restons quant même optimistes et disons à haute voix « On ne sait jamais » et, espèrons que le Maroc s’en sortira indemne sinon avec peu de dégâts.

En tout cas, parmi les pays en voie de développement, le Maroc a été un très bon élève. Malheureusement, malgré les multiples proclamations officielles prodiguées par des éminences grises que, le Maroc n’est pas touché par la crise, on constate aujourd’hui avec amertume qu’il est aussi sinistré que l’Espagne. La crise qui secoue l’économie mondiale n’épargnera pas les petits pays et, le Maroc dont l’économie est basée principalement sur l’exportation d’agrumes et l’importation des devises des MRE n’échappera pas à la crise. Les transferts ont atteint 14,52 milliards de DH à fin avril contre 16,93 milliards à la même période en 2008 soit une baisse de plus de 14% et à titre d’exemple, fin juillet 2007, les recettes MRE se sont chiffrées à 30.753,7MDH.Cependant, d’après les statistiques qui ont été présentées jeudi 28 mai à Casablanca à l’issue d’une conférence, en 2008 le montant des transferts  des MRE est estimé  à 53,65 milliards de dirhams, soit une baisse de  2,4% par rapport à 2007 dont le montant a été de  57 milliards de dirhams

Malgré la crise mondiale, la morosité des marchés économico-monétaro-financiers, malgré les reculs des exportations, l’économie nationale au Maroc a réalisé en 2008 un taux de croissance de 5,6 % contre 2,7 % en 2007, selon le Haut commissariat au Plan (HCP). Qu’on le veuille ou non, le Maroc n’a pas les mêmes moyens pour se défendre comme le Japon ou l’Allemagne, au contraire:

    * Avec un SMIG de moins d’1 euro par heure,
    * avec un taux de chômage (officiel) de 10% de la population active,
    * avec 16.307 médecins, soit 54 médecins pour 100.000 marocains et seulement 126 hôpitaux,
    * avec une scolarisation défaillante et un analphabétisme quasi généralisé surtout en milieu rural,
    * avec un PNB (produit national brut) pour la période 1998-2006 qui avoisine les 4,4% (d’après le Haut Commissariat au Plan),
    * avec une agriculture qui dépend principalement des conditions climatiques,
    * avec une industrie qui peine à émerger,
    * avec un secteur minier morose à cause de la baisse de production et la baisse des prix. Les ventes à l’étranger de phosphates marocains et dérivés ont chuté de 61,6% à fin avril 2009.
    * avec un produit intérieur qui recule, il a enregistré pour l’exercice 2008, des pertes colossales surtout à cause de la facture énergétique et enfin les touristes qui boudent le Maroc qui tarde à s’adapter aux nouvelles exigences du marché.

Heureusement que les banques marocaines ont toujours joué le Win Win et ne s’étaient jamais laissé tenter par les fameux « actifs toxiques » américains qui ont empoisonné les pays riches. Alors, à qui incombe la responsabilité de la crise ? Les uns disent à cause des exportations, qui ont reculé et des importations qui ont  augmenté. D’autres disent, c’est la cause du dérèglement du commerce mondial, des dernières agitations et soubresauts de la finance internationale. Néanmoins et quoi qu’on dise, notre pays avec une économie faible, une monnaie faible, un marché faible (à peine 30 millions) ne peut que subir les méfaits de la crise.

De mon point de vue, d’un côté le Maroc est une victime d’une crise importée et imposée par les pays riches, d’autant plus injuste que les réformes un peu timides qu’il avait entamées ces dernières années sont devenues complètement obsolètes, justement à cause de cette crise dictée par l’extérieur et du manque de rigueur de l’intérieur. De l’autre côté, le Maroc est gangrené par:

    * une corruption généralisée et banalisée,
      (le mode de fonctionnement de la société marocaine est centrée sur le bakchich)
    * une économie parallèle, du travail en noir en exploitant les enfants
    * toutes sortes de commerce illicites
    * la contrebande, le trafic et la fraude.

Au pays des merveilles, les choses ne sont pas si simples, au contraire, côté cour la Chine et les pays de l’Asie émergente qui produisent à bon marché, et côté jardin la productivité marocaine déjà peu compétitive le Maroc a souffert énormément et cela même avant la crise. Cependant, dans un pays où la protection sociale n’est pas assez généralisée , et est surtout assurée par la famille..

Comme à chaque crise économique cyclique, les méfaits du néolibéralisme sauvage précipite le monde entier dans une crise profonde et l’indifférence des pays riches les poussent au protectionnisme et chacun pour soi en aggravant encore plus la panne économico-monétariste en expédiant les pays en voie de développement dans les profondeurs de l’abîme pour les subordonner, les culpabiliser et les asservir afin qu’ils sauvent le monde capitaliste et qu’ils paient la facture comme lors de l’époque de la domination du colonialisme.

Auteur : Sarie Abdeslam
Bruxelles, le 7 juin 2009