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La rue, la nationalisme arabes …!!!

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La rue, le nationalisme arabe … !!!

Mohammed YOUSFI

La rue arabe s’est manifestée. La rue arabe a manifesté. Sit-in, marches, manifestations, slogans, banderoles … ont permis au citoyen arabe lambda d’exprimer sa détresse et d’extérioriser sa colère. La rue arabe, si elle existe réellement, a-t-elle un quelconque impact sur le déroulement des événements ? Peut-on encore parler de nationalisme arabe ?
Une certitude : la rue arabe existe toujours. Elle se mobilise quand il le faut à propos de sujets importants qui touchent le monde arabe. Ceux qui pensaient qu’elle était passée de vie à trépas l’ont vue renaître des cendres de Gaza. Ceux qui estimaient qu’elle était disloquée et qui parlaient de rues arabes au pluriel l’ont vue adopter le même credo. En effet, une analyse des banderoles et des slogans permet de dégager une uniformité réelle dans le discours et une convergence des points de vue. C’est la preuve tangible de sa survie et de son identité, une rue avec une âme et qui prend conscience de soi quand elle est touchée dans son corps indivisible, et qui s’enfièvre en conséquence pour répondre aux agressions externes. Toutefois, et malgré ce souffle de vie, il est très difficile de dire qu’elle a eu un rôle vraiment déterminant, et ceci pour au moins 5 raisons.

En premier lieu, les citoyens arabes qui se sont sentis directement concernés et qui ont pris le flambeau du militantisme ne constituent qu’une minorité ; la plupart, par fraternité, ont sympathisé avec les palestiniens et ont vécu l’agression dans la douleur, mais il est évident que cela ne constitue qu’un minimum malheureusement bien inefficace sur le plan pratique.
En second lieu, de peur que les manifestations dégénèrent et se transforment en émeutes ou en champs de luttes aux conséquences désastreuses, les autorités ont souvent enjoint aux forces de l’ordre d’étouffer dans l’œuf toute tentative de déstabiliser les pouvoirs en place. Ce sont les partis islamistes qui se sont trouvés en confrontation directe avec la police, surtout dans des pays qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël. Par conséquent, les manifestations montrées à la TV ont été le plus souvent autorisées à des organisations ou associations de la société civile ou à des partis de droite et/ou de gauche qui se sont portés garants pour les encadrer dans le calme. C’est une manière bien light de laisser la population se défouler et extérioriser sa colère en brûlant des drapeaux et en scandant des slogans désapprobateurs tout en la surveillant de loin pour éviter toute dérive. C’est davantage un moyen de contrôler la foule par une décompression intermittente de son exaspération montante en lui accordant régulièrement des moments ciblés de «soutien citoyen et pacifique» aux victimes de Gaza.
En troisième lieu, cette mobilisation de la rue, même avec tous ces appels à ouvrir les frontières pour le jihad, à boycotter les produits israéliens ou américains, à fermer les ambassades et à chasser les ambassadeurs israéliens ou encore à mettre les armées arabes sur le pied de guerre, n’a été vraiment et directement profitable pour les populations de Gaza pendant l’agression même, que lorsque le citoyen arabe a mis la main à la poche ou s’est engagé en personne dans le territoire assailli. Des médecins, des urgentistes, des secouristes… arabes ont en effet défié la mort et la machine de guerre israélienne pour apporter de l’aide humanitaire à nos frères Gazaouis et leur porter secours. Ils sont malheureusement peu nombreux, de même que les associations dont l’action s’est concentrée sur la collecte de dons (aide matérielle, médicaments, couvertures, sang …).
En quatrième lieu, pour absorber l’explosion parfois agressive de la rue qui place la barre de ses revendications très haut et qui les accuse d’inanité, les pouvoirs en place jouent la carte de l’aide humanitaire officielle. Il est incontestable que la satisfaction engendrée par de telles actions chez les citoyens, et c’est le revers de la médaille, donne l’impression que l’essentiel a été fait et provoque une sorte de passivité ou de relâchement militants.
En cinquième lieu, après le cessez-le-feu, une décontraction de la rue arabe et de ses revendications est prévisible, comme si tous les problèmes ont été résolus. Cette attitude inconséquente fait baisser progressivement la tension et entraîne un effritement rapide des avantages éventuels à tirer, si un niveau de mobilisation populaire convenable est maintenu.
Pour toutes ces raisons réunies, il est possible d’affirmer que la rue arabe a réellement exercé une pression sur les pouvoirs en place, néanmoins sans les bousculer sérieusement, car ces derniers sont toujours parvenus, parfois en la réprimant de façon violente mais le plus souvent en l’apprivoisant sans hostilités, à rationner son action et à réduire son rôle.
La rue arabe renaît des cendres de Gaza et avec elle peut-être le nationalisme arabe ? Oui, car même avec sa force déficiente ou tranquille, elle a influencé, et pour la première fois, une réunion au sommet des chefs d’Etats arabes qui commencent à craindre les débordements et appellent en substance à une prise de décision qui soit en concordance avec les exigences des peuples arabes.

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1 Comment

  1. T F
    23/01/2009 at 00:53

    bravo …

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