II- Enoncé coupé de ( non ancré dans) la situation d’énonciation.

B- L’énoncé est dit non ancré dans (coupé de) la situation d’énonciation quand il ne porte pas en lui les indices de sa production. Dans ce cas, l’énonciateur ne laisse aucune marque de sa présence dans son énoncé.

        a-Les marques de personnes : il ; elle ; on; ils ; elles

        b-Les adjectifs possessifs : sa ; son ; ses ; leur ; leurs

        c-Les pronoms possessifs : le sien ; la sienne ; les siens ; les siennes ; le leur ; les leurs

        d-les pronoms démonstratifs : celui-là ; celle-là ; ceux-là ; celles-là

        e-Les pronoms personnels compléments : le ; la ; lui ; leur

        f-Les indicateurs de lieu : là

        g-Les indicateurs de temps : ce jour-là ; la veille ; l’avant-veille ; le lendemain ; le surlendemain ; cette année-là ; cette semaine-là, etc.…. ;

        h-Les marques de temps : le système verbal : passé simple ; passé antérieur, et tous les autres temps exceptés le présent d’énonciation, l’impératif, le passé composé et le futur.

 Soulignons les marques de l’absence d’ancrage de l’énoncé dans la situation d’énonciation: 

 Couchée sur le flanc, Phyllis regardait l’immensité du monde et se laissait hypnotiser, comme cela lui arrivait souvent, par la situation cosmique du néant.

    Elle sortit soudain de son rêve, fronça le sourcil et se dressa à demi. Un éclair insolite avait traversé ce néant. Elle attendit quelques secondes et perçut un nouvel éclat, comme un rayon se reflétant sur un objet brillant. Le sens du cosmos, qu’elle avait acquis au cours de ses croisières, ne pouvait la décevoir. D’ailleurs, Jinn, alerté, fut de son avis, et il était inconcevable que Jinn fit une erreur en cette matière : un corps étincelant sous la lumière flottait dans l’espace, à une distance qu’ils ne pouvaient encore préciser.

                                              La Planète des Singes ; partie I ; chapitre I ;  Pierre Boulle

(Phyllis ; se ; cela ; lui ; elle ; sortit ; son ; fronça ; se ; dressa ; elle ; attendit ; perçut ; elle ; ses ; la (décevoir) ;Jinn ;fut ;son ; Jinn ; ils)

Remarque : attention à ‘’fît’’ qui est un subjonctif imparfait et non un passé simple (remarquez l’accent circonflexe qu’il porte sur le ‘’î’’)

Exercices d’application

a- Soulignez les marques de ‘’la coupure’’ (l’absence d’ancrage dans) de l’énoncé de la situation

     d’énonciation.

    Les cinq charrettes, escortées de gendarmes à cheval et d’argousins à pied, disparurent successivement sous la haute porte cintrée de Bicêtre ; une sixième les suivit, dans laquelle ballottaient pêle-mêle les chaudières, les gamelles de cuivre et les chaînes de rechange. Quelques gardes-chiourme qui s’étaient attardés  à la cantine sortirent en courant pour rejoindre l’escouade. La foule s’écoula. Tout ce spectacle s’évanouit comme une fantasmagorie. On entendit s’affaiblir par degrés dans l’air le bruit lourd des roues et des pieds des chevaux sur la route pavée de Fontainebleau, les claquements des fouets, le cliquetis des chaînes, et les hurlements du peuple qui souhaitait malheur au voyage des galériens.

                                  Le Dernier Jour d’un Condamné ; chapitre XIV ; V. Hugo

b- Il largua toute la voile, l’offrant tout entière aux rayonnements conjugués des trois soleils. Puis il commença de manœuvrer des leviers de commande, utilisant ses quatre mains agiles, tandis que Phyllis, ayant chassé un dernier doute en secouant énergiquement ses oreilles velues, sortait son poudrier et, en vue du retour au port, avivait d’un léger nuage rose son admirable mufle de chimpanzé femelle.

                                  La Planète des Singes ; troisième partie ; Chap. 12 ; Pierre Boulle

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