Le manque de la culture du travail collaboratif.
Khalid Barkaoui
Tout le monde s’accorde à dire que notre école marocaine est en déroute. Ce constat amer est corroboré par le dernier rapport international PIRLS 2021. Cette évaluation internationale pilotée par l’IEA depuis 2001 met en relief la crise structurelle des apprentissages de nos apprenants en matière de la compréhension de l’écrit. Les élèves de la 4AEP qui ont pris part à ce test mondial ont du mal à comprendre une série de textes informatifs et narratifs en langue arabe. Le Maroc est en queue de peloton. Parmi 57 pays qui ont participé à cette cinquième édition, notre cher pays est classé 56. Une position déshonorable et dégradante qui nuit à notre histoire ancestrale et porte préjudice à nos réformes successives et incalculables.
Plusieurs experts ont monté au créneau pour mettre en avant les causes profondes qui ont conduit nos élèves à rester en bas du tableau, loin derrière le Singapour, le Hong Kong, la Russie, la Finlande… Malgré les efforts déployés par les acteurs pédagogiques et en dépit de cette réforme initiée par le ministère de tutelle, les résultats conséquents tardent à se faire sentir.
Force est de reconnaître que beaucoup de facteurs expliquent cette tendance baissière et cette chute vertigineuse. Parmi ces facteurs, on peut citer sans risque de se tromper :
– La démotivation des élèves.
– Le surpeuplement des classes.
– Le développement professionnel des enseignants qui demeure le parent pauvre de notre système éducatif défaillant et inefficace.
– L’obsolescence des manuels scolaires.
– Des textes ennuyeux, longs et fastidieux qui ne répondent pas aux attentes des apprenants.
– L’absence de coins de lecture et des bibliothèques scolaires.
– L’adoption de méthodes désuètes.
Néanmoins, là où le bât blesse, c’est le manque de cette culture de l’intelligence collective, de la recherche scientifique et de l’accompagnement.
L’enseignant aussi compétent soit-il, quand il pénètre sa salle de classe, il clôt sa porte et travaille dans sa zone de confort. Il ne daigne pas faire appel aux services des autres collègues afin d’en tirer profit de leurs savoir-faire et de leurs atouts pédagogiques. Même en cas de difficultés ou de troubles d’apprentissage, l’enseignant préconise le travail individuel et l’effort personnel.
Quand le chef d’établissement réunit son personnel en vue de discuter le projet de l’établissement intégré et élaborer in fine un modèle approprié susceptible d’apporter des solutions réalistes et concrètes aux dysfonctionnements qui gangrènent l’école, on s’aperçoit l’adoption d’une certaine réticence et un levier de boucliers incompréhensible de la part de nos acteurs pédagogiques. Il est temps de remettre à plat cette démarche et de prôner un travail coopératif et une mutualisation des efforts.
Sans l’ombre d’un doute, cette culture de travailler en synergie fait cruellement défaut et impacte négativement la concrétisation de bons résultats.
Ceci dit, on peut avancer que le second talon d’Achille de nos établissements scolaires réside dans l’absence de cette culture de la lecture et de la recherche scientifique. La sortie de la crise qui affecte de plein fouet nos écoles passe par la recherche scientifique, l’esprit créatif et l’innovation pédagogique. Tant qu’on n’accorde pas un vif intérêt à cette dimension, la crise persistera et les lacunes s’amplifieront.
Le troisième élément qui renforce cette défaillance de notre système éducatif c’est le manque d’accompagnement et de mentorat. Personne ne peut nier le rôle prépondérant que peut jouer l’inspecteur pédagogique en tant que personne ressource doté de compétences pédagogiques et didactiques pour accompagner le travail du personnel enseignant et l’orienter vers plus d’efficacité et de réussite professionnelle. L’année prochaine nos inspecteurs s’apprêteront à dispenser des sessions de formation continue au profit de nos enseignants à propos de l’enseignement efficace, TARL, l’introduction des activités parascolaires, les activités ritualisées…apprenons donc à travailler ensemble pour sortir de cette ornière qui nous lamine.
Notre pays est appelé à intégrer ces trois éléments incontournables dans sa politique éducative et changer de paradigme pour redorer le blason à notre école.
Khalid Barkaoui
Membre de l’AMEF CP de Boulemane
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