La Ville d’Agadir accueille Le Troisième Séminaire Régional de Haut Niveau sur la Conservation et la Restauration de la Mégafaune Sahélo-saharienne
Mohammed DRIHEM
Mardi 14 Mars dernier, le Directeur Générale de l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF) Abderrahim Houmy a présidé la cérémonie d’Ouverture des travaux du troisième séminaire régional de haut niveau sur la conservation et la restauration de la mégafaune sahélo-saharienne, organisé par l’ANEF, du 14 au 16 mars 2023 à Agadir, en collaboration avec le Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur les espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS).
70 participants représentant plus de 24 pays dont 16 de la région du Sahara et du Sahel, participent à cet évènement qui vise à adopter un plan d’action pour la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne et de ses habitats, tel que mandaté par la COP13 de la Convention CMS qui sera présenté lors de la COP 14 prévue du 23 au 28 octobre 2023 à Ouzbékistan.
Participerent également à cet évènement des organisations et ONG internationales impliquées dans la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne venant de plusieurs pays intéressés notamment les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni et la Suisse.
Dans son allocution d’ouverture, le DG de l’ANEF a souligné que la conservation et la restauration de la mégafaune sahélo-saharienne sont des enjeux environnementaux cruciaux pour la préservation de la biodiversité dans cette région ; elle comprend des espèces emblématiques où plusieurs espèces sont menacées d’extinction. Et d’ajouter que les sujets sur lesquels les participants a cette rencontre vont échanger durant ces trois jours soulignent encore une fois les enjeux stratégiques de la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne et rappellent avec insistance la nécessité de sa conservation et de sa restauration.
Les huit espèces de l’Action concertée ‘ avait-il ajouté, ont toutes connu un déclin significatif de leur aire de répartition et de leur nombre. Elles sont, toutes, classées comme menacées sur la Liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Pour Abderrahim Houmy, la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne est essentielle pour maintenir l’équilibre écologique de cette région et pour préserver la diversité biologique. En protégeant ces espèces, nous pouvons également préserver leur habitat naturel et les écosystèmes qui les soutiennent, ce qui peut avoir des effets bénéfiques sur les communautés locales qui dépendent de ces ressources naturelles avait-il ajouté.
Cependant précisa-t-il, la conservation et la restauration de cette mégafaune sont confrontées à de nombreux défis, notamment le braconnage, la perte d’habitat due à la désertification et aux changements climatiques, les conflits et la pauvreté. Pour relever ces défis, il est nécessaire de mobiliser des ressources et des partenariats internationaux pour soutenir les efforts de conservation et de restauration.
Pour le Maroc selon le DG de l’ANEF, les espèces migratrices de la faune sauvage constituent une part importante de sa diversité biologique. En effet, la mégafaune sahélo-saharienne est une composante essentielle de l’écosystème du Maroc caractérisé par des paysages arides et semi-arides où la présence de grands mammifères tels que les gazelles et les antilopes est essentielle pour maintenir l’équilibre écologique.
A cet effet, avait-il souligné, notre pays ne cesse de déployer les efforts nécessaires pour concilier les exigences du développement économique et humain avec le souci permanent de conserver et de protéger sa biodiversité et de réhabiliter les équilibres écologiques des espaces naturels, en adéquation avec les recommandations des conventions internationales en la matière.
Dans ce cadre, le gouvernement marocain a établi plusieurs aires protégées pour la conservation de la biodiversité, notamment le Parc National de Souss-Massa, le Parc National de Toubkal, le Parc National de Talassemtane et le Parc National de Khnifiss. Ces aires protégées offrent un refuge à la mégafaune sahélo-saharienne et permettent de préserver les habitats naturels de ces espèces.
Dans ce cadre, Abderrahim Houmy a tenu de préciser qu’au cours de ces dernières années, l’Agence Nationale des Eaux et Forêts a procédé à de nombreuses réintroductions de la grande faune, dont notamment La réintroduction des espèces disparues dans le Sud et le Sud-Est du Maroc tel que l’addax, l’oryx et la gazelle dama mhorr. Ces espèces ont été réintroduites avec succès dans les milieux sahariens où ces espèces ont disparu courant la première moitié du vingtième siècle ; le renforcement des populations sauvages du mouflon à manchettes, de la gazelle dorcas et de la gazelle de Cuvier par des lâchers planifiés sur l’aire de distribution historique où ses effectifs ont connu une régression et le développement de populations semi-captives au niveau d’une trentaine de réserves réparties sur tout le territoire national : ce qui permet de disposer de stocks de sécurité pour la préservation des antilopes sahélo-sahariennes.
Parallèlement à ces actions avait-il conclu, des mesures ont été mise en place pour sensibiliser la population locale à l’importance de la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne à travers des programmes d’éducation et de sensibilisation qui visent à encourager les communautés locales à s’impliquer dans la conservation et la gestion durable de ces espèces.
A préciser qu’au Maroc plusieurs aires protégées et Parcs Nationaux offrent un refuge à la mégafaune sahélo-saharienne et permettent de préserver les habitats naturels de ces espèces. Dans le cadre de la stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 », lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, de nombreuses actions y sont menées pour protéger les espèces menacées d’extinction. Parmi les huit espèces ciblées par l’Action Concertée de la mégafaune sahélo-saharienne de la convention CMS, six sont présentes au Maroc, à savoir l’oryx algazelle, l’addax, la gazelle dama, la gazelle de Cuvier, la gazelle dorcas et le mouflon de Barbarie.
Il est à rappeler aussi, que la région sahélo-saharienne se caractérise par des environnements terrestres arides uniques et une grande diversité d’espèces hautement adaptées et endémiques. Mais les populations de nombreuses de ces espèces ne cessent de décliner en raison des menaces auxquelles cette région est confrontée en raison de la croissance rapide de la démographie, du braconnage, de l’épuisement des terres et des ressources, de la désertification et des autres impacts du changement climatique.
Le 3ème séminaire régional de la convention CMS organisé au Maroc est l’occasion de faire le point sur les travaux relatifs à la mégafaune sahélo-saharienne qui sont en cours, d’envisager l’extension de l’action concertée à d’autres espèces et de discuter des sources de financement durables pour la mise en œuvre du plan d’action.
Il est à rappeler que l’action concertée pour la Mégafaune Sahélo-Saharienne a été adoptée pour la première fois lors de la COP4 en 1994 à Nairobi (Kenya). Depuis cette date, les pays de la région sahélo-saharienne renforcent leurs efforts pour la conservation et la restauration de ces espèces.
Le Maroc, en tant que pays d’escale et de reproduction de plusieurs espèces migratrices de la faune sauvage, est signataire de la Convention CMS depuis en 1993. Il a entrepris à ce titre, plusieurs actions phares relatives à l’application des dispositions de la convention CMS. Ces actions sont menées par l’Agence Nationale des Eaux et Forêts, point focal de la Convention CMS.
A noter enfin que le Maroc dispose actuellement du plus grand effectif de mouflons et de gazelle de Cuvier à l’état naturel, de la plus importante population de gazelle dama en semi-captivité et du plus grand stock d’oryx en semi-captivité dans son aire de répartition. Par ailleurs, le Maroc a effectué le 1er programme de réintroduction de l’addax dans la nature à M’hamid Lghizlane.
En marge de ce séminaire, une visite de terrain est organisée au profit des participants dans le Parc National de Souss Massa créé en 1991. Ce parc, situé entre Agadir et Tiznit, abrite deux réserves animalières importantes aménagées pour l’acclimatation de certaines espèces menacées dont notamment trois espèces d’antilopes sahariennes, la gazelle dorcas, l’addax et l’oryx.
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