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Des observations sur le projet de l’école publique pionnière

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Khalid Barkaoui


Après avoir rendu publique le contenu de la feuille de route 2022/2026 relative à la réforme de l’éducation qui vise à instaurer le socle d’une école de qualité pour tous, place aujourd’hui à la mise en place d’un dispositif exhaustif pour implémenter les dispositions de ladite feuille.
Force est de noter que cette feuille renferme 12 engagements qui concernent l’élève, l’enseignant et l’établissement scolaire afin de doubler le taux des élèves maîtrisant les compétences de base, doubler le taux des apprenants bénéficiant des bienfaits des activités parascolaires et, in fine, réduire le taux de la déperdition scolaire.
Pour réaliser ces objectifs, le ministère table sur des axes d’amélioration qui se déclinent comme suit :
L’adoption de pratiques pédagogiques efficaces en vue d’aider les apprenants en situation d’échec scolaire à surmonter leurs lacunes.
La mise en place d’une formation qualifiante et professionnalisante.
La mise à disposition des cadres pédagogiques porteurs du projet d’une valise complète renfermant un ordinateur, un datashow…
Une école moderne et hautement équipée afin de créer les conditions attractives et optimales à l’élève et à l’enseignant pour réussir cette tâche de grande envergure.
La réussite de ce chantier de la réforme pédagogique passe inévitablement par ceci :
L’adhésion des acteurs de l’établissement.
L’engagement de toute l’équipe et leur responsabilisation : les enseignants, la direction administrative et les inspecteurs pédagogiques, chacun est appelé à s’approprier la philosophie de la réforme selon son niveau.
La motivation, la formation et l’évaluation objective.
A partir de février 2023, le déploiement de ce dispositif touchera une pléiade d’établissements pionniers/pilotes qui ont la pesante tâche de mettre sur pied la démarche indienne TARL, l’approche de l’enseignant spécialisé, l’adoption de l’enseignement efficace qui a fait ses preuves dans les pays anglo-saxons et enfin le label qualité.
Ce premier déploiement donnera une image claire sur la nature de ce à quoi va ressembler notre nouvelle école publique dans quelques années, dans tous les aspects : activités scolaires et parascolaires, le soutien et remédiation, l’évaluation, la labellisation, les méthodes d’enseignement et les mesures des apprentissages…Il est vrai que tout est à réinventer car l’image de notre école nationale est ternie et peu reluisante. Nous avons donc réellement besoin d’un électrochoc pour peaufiner la qualité des apprentissages destinée à nos apprenants.
Pour enseigner des contenus ajustés et accessibles à nos écoliers, le ministère table sur une approche innovante du soutien pédagogique qui a montré son efficience en Inde, mais aussi en Afrique et en Amérique Latine.
Le département ministériel parie sur le professeur spécialisé doté d’une formation continue de qualité, qui dispose du matériel approprié et qui est motivé sur le plan moral et pécuniaire avec à la clé une indemnité annuelle de l’ordre de 10000 dirhams.
Les effets positifs seront ressentis au cours de l’année prochaine 2023/2024 à l’issue du premier déploiement dans le réseau des établissements pilotes.
Ceci est extrêmement important pour atteindre un modèle pédagogique moderne et efficace et gagnerait à être généraliser à l’échelle nationale.
Je pense que l’implémentation de cette réforme buttera sur un certain nombre d’écueils qu’il faut juguler comme préalable pour assurer la réussite de ce dispositif :
Il urge d’aplanir les contraintes à travers la mise sur place d’un statut unifié équitable et égalitaire.
Ce statut doit répondre aux doléances de tous les acteurs y compris les enseignants contractuels qui réclament haut et fort leur intégration dans la fonction publique à l’instar des enseignants titulaires.
Ce statut doit s’atteler à répondre à la question de la revalorisation salariale et des conditions optimales pour mieux exercer le métier.
Ce statut doit répondre favorablement à la doléance du grade hors échelle et du nouveau grade à toutes les catégories professionnelles y compris le corps professoral et administratif.
Il faut restaurer la confiance entre les acteurs pédagogiques et administratifs et le ministère de tutelle.
Il est impensable d’inviter des enseignants résolument sous-payés, sous-formés et instables sur le plan psychologique et matériel à s’engager dans une dynamique de refondation structurelle de notre système éducatif.
Sans doute, tous les acteurs ont à cœur cette vocation d’amélioration de notre école publique, mais ces acteurs ont besoin de signes forts et d’un environnement sain qui repose sur le respect, la concertation, l’amélioration des conditions de travail, une formation à la hauteur de leurs attentes, le développement d’un esprit collaboratif, une marge de manœuvre…pour vaquer à leur mission avec professionnalisme.

Khalid Barkaoui
Membre de l’AMEF CP de Boulemane.

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