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Les vertus de la lecture de romans

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Zaid Tayeb


J’ai lu un petit texte en arabe sur la lecture des romans dont voici les principaux points :

1« -Ceux qui lisent les romans le font par simple divertissement.

2-Celui qui lit un roman n’est pas bien différent de celui qui lit un journal bien que dans le journal il y ait des faits qui ne se trouvent pas dans le roman

3-La lecture des romans n’apporte au lecteur ni produit scientifique, ni cognitif ni même culturel.

4-Ceux qui croient qu’ils vont s’approprier un certain pouvoir de la langue par le biais de la lecture de romans sont dans l’erreur.

5-Celui qui affirme que la lecture de livres scientifiques ne l’intéresse pas, qu’il lit des romans parce qu’il y trouve son plaisir, nous lui disons que dans le livre scientifique il y a le plaisir et la science.

6-Se laisser emporter par le tourbillon du roman, c’est se laisser emporter par la paresse vis-à-vis de la connaissance et c’est une manière de fuir la richesse des livres scientifiques. »

Voilà donc en résumé, et mal traduits de l’arabe dans laquelle ils ont été rédigés, quelques griefs de bas-reliefs adressés au roman. Je ne puis que dire que je n’ai jamais lu d’aussi débile que ces allégations épinglées sur le mur de l’un de mes camarades, qui, hélas ! n’a pas trouvé meilleure marchandise pour l’exposer sur son étal que ces clichés qui puent l’ignorance et la stupidité !

1-La lecture est un divertissement, cela est certainement vrai pour ceux qui savent lire ce qui est dit et en dégager l’alternance entre les moments forts et les moments de détente, et ce qui n’est pas dit mais qui est à dire et qui exige un autre niveau de lecture. Le dit avec ses écarts par rapport à une norme commune à tous, ses faits de style variés et leurs multiples figures qui produisent plaisir, ré-créativité et divertissement. Le dire ou le non dit qui permet de découvrir ce que la langue ne dit pas ou feint de dire sans dire et qui demande une lecture-décryptage et un lecteur averti.

2-La comparaison entre la lecture d’un roman et celle d’un journal est tout à fait fallacieuse. Il n’y a rien de commun entre ce qui est de l’univers de l’élevé, du noble, du sublime et ce qui est de tous les jours, le banal, le bas et le trivial qui sert plus à faire briller une glace après usage qu’à instruire et mettre sur une étagère d’une bibliothèque.

3-L’écrivain est témoin de son époque. Ce qui est vrai. Quand je lis, à titre d’exemple, Quatre-vingt Treize de Hugo, je suis de plain-pied dans la révolution française avec Robespierre, Danton, Marat et bien d’autres révolutionnaires. ‘’La Planète des Singes’’ de Pierre Boule me fait réfléchir sur la théorie de la relativité, la théorie de l’évolution et le réflexe conditionnel de Pavlov. Ainsi parlait Zaratoustra me renvoie au culte du surhomme repris par Hitler sous la forme de la race aryenne. Quel autre roman dois-je encore citer pour convaincre l’auteur de ces débilités des richesses qu’offre le roman et la lecture du roman.

4-La première Sourate du Coran nous somme de lire et par l’évocation du kalam (la plume) d’écrire. L’écriture et la lecture sont deux activités inséparables. Ce sont les sœurs jumelles de l’apprentissage et de la diffusion du savoir et de la connaissance. Nous apprenons peu à peu à lire en allant du plus facile et du plus simple vers le plus difficile et le plus complexe. Plus nous lisons, plus nos acquis se consolident et nos connaissances se raffermissent. La connaissance de nouveaux outils de la langue et de nouveaux emplois de mots ou de tournures se font par le biais de la lecture de romans. Notre champ de référence s’élargit et s’approfondit.

5-dans le livre scientifique, il y le plaisir et la science, il n’y a pas de doute à cela. Dans le roman, il y a le témoignage de l’auteur sur son temps : histoire, géographie, philosophie, sciences, politique, économie…alors que dans le livre scientifique il n’y a qu’un seul thème : mathématiques, physique, chimie, sciences de la vie…. Que l’on lise des romans ou des livres scientifiques, il y a toujours un plaisir et un intérêt à en tirer.

6-La lecture de romans à caractère littéraire ou de livres scientifiques est du pareil au même. Ce n’est pas par goût que le lecteur peut opter pour la lecture des uns ou des autres, mais par intérêt et par formation. La lecture de ‘’Psychanalyse du Feu’’ de Bachelard ou ‘’le Pain Nu’’ de Choukri, les ‘’Essais’’ De Montaigne ou ‘’le Prince’’ de Machiavel, ‘’L’Origine de la Famille, de la Propriété et de l’Etat’’ de Engels ou ‘’Au nom des Nôtres’’ de Lorenzo Silva, relève des compétences, de la formation et des centres d’intérêt que chaque lecteur a ou vise à en avoir.

En conséquence, seuls les paresseux ne lisent pas ou lisent peu et comprennent mal ou de travers et en fin de compte énoncent des absurdités de la taille des griefs portés contre le roman et les lecteurs de romans.

 

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