LA DESUETUDE AU CARREFOUR DES SAVOIRS THEME D’UN COLLOQUE ORGANISE A L’UNIVERSITE MOULAY ISMAIL DE MEKNES
Comme annoncé en son temps, L’Université Moulay Ismail en collaboration avec l’Université de Lorraine, l’Association Marocaine des Etudes Lexicographiques et le concours de l’Ecole Supérieure de Technologie avec l’Ecole Normale Supérieure de Meknès a organisé jeudi et vendredi 28-29 octobre derniers, son Colloque international sous le thème de « La désuétude au carrefour des savoirs » à la salle des conférences du la Présidence de l’UMI à Meknès.
Initié dans une perspective pluridisciplinaire, ce colloque international a réuni des chercheurs de différentes disciplines, intéressés par les problématiques gravitant autour de « la désuétude » venant de différentes universités marocaines et notamment de France, d’Italie, du Liban, du Sénégal et de la cote d’Ivoire entre autres.
Quatre grands axes de discussions ont retenu l’attention des participants à savoir : L’Axe lexical qui a permis d’interroger principalement les dictionnaires et lexiques (arabes, français ou d’autres langues) contemporains afin de voir comment ont-ils traité les mots dépassés ? Les ont-ils consignés ou définitivement écartés du corpus officiel ?
L’Axe terminologique qui a traité de la désuétude des vocabulaires de spécialité (termes) face aux différentes métamorphoses du monde et où les propositions de contribution ont concerné tous les domaines de connaissance qui relèvent des sciences exactes et des technologies. Les études ont porté sur les dictionnaires spécialisés, les banques de données terminologiques, les classifications avec les thesaurus, les dictionnaires informatiques (CD/DVD) et les glossaires informatiques.
Le troisième Axe culturel quant à lui a abordé la désuétude d’un référent/un objet/ ou un acte qui n’existe plus/a cessé d’être fabriqué/utilisé/ connu, et ce à l’instar la désuétude des habitudes alimentaires, la désuétude des représentations sociales, la désuétude des méthodes pédagogiques et de l’enseignement, la désuétude des lois dans le domaine juridique et leur expression terminologique et enfin, la désuétude des habitudes vestimentaires et de la mode …
Un quatrième Axe formel aussi avait traité des procédés linguistiques et cognitifs, plutôt formels, des stratégies implicites de la traduction des mots désuets, celles de la restitution de sens, dans une
langue étrangère, des grilles psychosociologiques qui interviennent pour rendre une pratique, une habitude, une représentation, un mot désuets et des conditions linguistiques (lexicales, sémantique, phonétiques, morphologiques…) psychologique, sociologique, juridique et politique qui favorisent ce phénomène.
Pour Pr Sahbi Hassane, président de l’Université Moulay Ismail de Meknès, La tenue du Colloque International sur « la désuétude au carrefour des savoirs » en présentiel montre à quel point les chercheurs et les étudiants-chercheurs sont liés à leurs domaines de recherche. Ils témoignent aujourd’hui d’une volonté de participer à cet évènement malgré la conjoncture spéciale que traverse le monde en ce moment.
La thématique choisie par le comité d’organisation de ce colloque a-t-il ajouté, et qui a permis de faire intervenir plusieurs établissements, notamment l’Université de Lorraine, la Faculté des Arts, des Lettres, et des Langues de Nancy, l’ENS et l’EST entre autres, s’impose avec acuité ces temps-ci, surtout actuellement, on parlera dorénavant d’une vie sociale avant et après Covid 19, d’un système éducatif avant et après pandémie.
Pour lui, le Coronavirus Covid-19, était bel et bien un facteur de désuétude de tant d’habitudes sociales, de méthodes pédagogiques et d’enseignement ; et même dans le domaine législatif et juridique.
Ce virus a-t-il précisé, a eu aussi un impact sur les habitudes sanitaires, vestimentaires et communicationnelles (mode de salutation, lavage et désinfection des mains et port de masque…). On assiste actuellement à la désuétude de la notion de propreté ou même de la liberté avec le pass-sanitaire qui s’impose progressivement sur le territoire national afin de protéger la santé de tous les citoyens.
Selon Pr Sahbi, le processus de désuétude a, le plus souvent, des origines obscures : on ne sait pas pour quelle raison un mot/une pratique tombe définitivement en désuétude et pas d’autres. Ce phénomène pourrait frapper divers secteurs de la société.
Ainsi ajouta-t-il, débattre de tel sujet ne peut que permettre aux chercheurs, de repérer les apports et les limites des différents processus de la « désuétude » ; de comprendre les processus de « mutation » des sociétés du point de vue interdisciplinaire ; de comprendre le changement de la réflexion humaine et par la suite des sociétés ;et pourquoi pas développer de nouvelles méthodes, et des stratégies de revivification et d’exploitation des anciennes habitudes, pratiques… tout en prenant en considération les mutations des sociétés.
Pour Pr Nejmeddine Khalfallah Représentant l‘Université de Lorraine en France, la cinquantaine de chercheurs et chercheuses participants à cette rencontre internationale ont débattu tout au long de ces deux journées passionnantes de la question de la désuétude qui signifie la sortie d’usage d’un terme, d’une pratique culturelle, d’une notion ou d’un concept.
Ces chercheurs avait-il précisé, ont exposé leurs travaux avec des illustrations empreintées à plusieurs champs des sciences humaines concernant notamment la sociologie, l’anthropologie mais fondamentalement la linguistique.
Suite à ce colloque a-t-il ajouté, il y’aura la publication de deux ouvrages qui porteront une sélection des meilleures contributions.
Pour sa part, Pr Nadia Ben Elazmia du comité d’organisateur enseignante à l’UMI, cet événement vient dans une conjoncture internationale vraiment spéciale, nous assistant aujourd’hui à un facteur qui nous pousse à laisser tomber tant d’habitudes avec ce coronavirus qui est un facteur vivant qui nous a imposé de laisser tomber ces habitude et aussi, tant de représentations même au niveau de la notion des libertés puisqu’on parle aujourd’hui de Pass vaccinal ce qui nous pousse à poser tant de questions pour savoir quels sont ces facteurs qui interviennent pour laisser tomber des idées, des idéologies, des système scolaires notamment.
Mohammed Drihem
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