La civilisation,ma mère (Hommage)
Houcine mestour
Contrairement à mon père qui était plutôt branché sur la modernité,ma mère,elle,n’en portait pas quelques aspects dans son coeur.
Ainsi quand nous déménagêames de la banlieu vers le centre-ville ,la première acquisition de mon père était un gros poste- radio.Il l’installa dans sa chambre et ne dormit la nuit qu’après avoir fait le tour de ses stations préférées:la guerre d’Algérie faisait rage,le Moyen-Orient était sur une poudrière et la guerre froide atteignait son paroxsme.De mémoire d’enfant,je ne vis jamais ma mère s’approcher un jour de cette radio , l’allumer pour savourer le plaisir d’écouter une chanson ou suivre une émission particulière.Cela la laissait froide,indifférente et préférait rester en compagnie de ma grand-mère paternelle qui représentait pour elle une mine de récits,de contes ,d’anecdotes de la vie d’autrefois et de maximes de sagesse.
La même attitude,celle de l’indifférence, ma mère l’avait envers la TV couleurs quand elle fit son entrée chez nous après avoir accepté à contre-coeur la TV en noir et blanc.Ma mère avançait qu’une TV couleurs était un privilège réservé pour les gens aisées et ne la regardait que dans ses moments de grande sérénité. Elle préférait suivre’sur sa télé .en noir et blanc, ses series libanaises dont certains la faisait frémir de peur et augmenter son adrenaline Aussi voyait-elle la TV couleurs comme un moyen de « déviation ».Pour elle,les présentatrices ;les actrices trop maquillées étaient des provocatrices et de ce fait,elles devaient modérer leurs looks .Ma mère ne s’adapta à la TV couleurs que sous la contrainte de sa longue et pénible maladie qui l’obligea à être allongée devant cette télé.
Pour ma mère le télphone ne devait en aucun cas remplacer le parler direct .En effet , elle disait que le téléphone transmettait les paroles mais jamais les sentiments.
» Le jour où tu veux avoir de mes nouvelles ,ne le fais pas par téléphone » me reprochait-elle un jour.
Reste un quatrième de ces aspects civisationnels à savoir le port du Haik. Avec l’ouverture de notre milieu oujdi ,conservateur durant des siècles, il fallut pour ma mère beaucoup de temps et d’efforts continus de la part de mes soeurs pour qu’elle tronque enfin son Haik pour une djellaba. Le Haik l’avait accompagné durant toute une vie et ce ;je crois, depuis le jour de son mariageElle ne voulut jamais s’en détacher.Pour elle, le Haik est un couvre-corps respectable,un des constituants de l’identité de la femme oujdie.Ma mère sans son Haik se sentait une femme sans âme ! Personnellement,je ne reconnaissais ma mère qu à travers son Haik blanc.
Issue d’une famille concervatrice,éduquée dans la pure tradition oujdie populaire; ma mère vécut sa vie,très arrêtée sur certains principes.Elle ne lâchait prise, parfois; que par la force des contraintes.
Prenez soin de vos ‘mamans’ !!…..
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