Question d’écriture et de critique
Zaid Tayeb
Au profane et à l’inculte pour qui mon style est maussade, lugubre et macabre, je lui réponds qu’il n’est pas Sainte Beuve et que je ne suis pas Marcel Proust. Que mes lecteurs disent à ce ‘’contrôleur’’ de la langue française que le pluriel de ‘’bonhomme’’ dans « Les modernistes, pauvres bonshommes » est ‘’bonshommes’’ ( graphie) , [bɔ̃zɔm] (api), bonzomme(prononciation) . En passant, rappelez lui que l’écriture a ses règles, ses outils et ses hommes qui les connaissent, respectent et en font usage: la cohésion, la connexité et l’isotopie. Ce sont là les canons d’une écriture normative. Est-il donné à tout un chacun d’écrire ou d’être écrivain ? Oui, pourvu qu’il respecte ces canons. Non, car le bon écrivain se reconnaît et s’apprécie par les écarts et les infractions aux règles d’écriture. Le beau et l’esthétique est ce qui se distingue du quotidien, du prosaïque, du standard. Le Sainte Beuve de Facebook, dont le rôle était jusqu’alors de servir de relai et de porte voix aux faiseurs de phrases de son espèce, se trouve une nouvelle vocation, celle de critique littéraire. D’hier à aujourd’hui, le voici devenu un autre ! Il abandonne son tandem avec qui il formait équipe pour se lancer dans l’étiquetage des écrivains. Il dit de l’un ‘’Voilà un écrivain dans le sens large du mot. Un romancier, poète, essayiste et zid zid dont il faut être fier de l’avoir sur ta page…’’ ; je ne comprends pas pourquoi il se défait de son Assid dont il disait qu’il est écrivain, penseur, novateur et zid zid. Il dit d’un autre ‘’ Je ne sais pas que cet apprenti-romancier qui a écrit un bouquin ou deux de quelques pages qui ne dépassent pas les 160 pages max, pendant je ne sais combien d’années de labeur, d’écriture, de réécriture et de ratures…’’. Le Sainte Beuve de Facebook, ignore que ces deux écrivains ont écrit, l’un et l’aautrechacun à sa manière, des bouquins, c’est-à-dire des livres, et dans les règles de l’écriture. Le premier, que je ne connais pas et que j’aimerais bien lire, est un romancier-poète-essayiste-et zid zid, doit avoir écrit et publié dans le domaine du roman, de la poésie, de l’essai, et de zid zid (selon les dires de ce bonhomme devenu soudain critique), le second a écrit dans le domaine du roman et de l’explication littéraire. Sainte Beuve de l’espace bleu, s’il s’y connaît en critique littéraire, doit, au lieu de faire l’éloge de manière gratuite et infondée du premier et de blâmer de manière gratuite et infondée du second, présenter un échantillon de l’un et de l’autre et en faire la critique, dans les règles de l’art, car l’écriture et la critique ont leurs outils et leurs hommes aussi. Dire qu’untel est un grand écrivain et que l’autre l’est peu, de manière mauvaise ou ne l’est pas du tout n’entre pas dans la critique mais dans l’éloge injustifiée de l’un et la médisance injustifiée de l’autre.
Je vais vous dire une chose pour conclure. Notre bonhomme qui colporte sa pacotille comme le marchand ambulant de campagne sur un bardot, ferait mieux de débâter sa bête pour la reposer. Il ressemble en gros et dans les détails aux mendiants. Pour gagner leur vie, ceux de chez nous nous montrent leurs tares et leurs difformités alors que ceux des pays développés leurs talents et leurs vocations.
Que nous montre donc notre bonhomme en dehors de ces difformités et de ses tares ?
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