Que fait courir les responsables algériens dans la crise libyenne ?
Il est une certitude bien établie est que le marasme dans lequel se débat la Libye n’est point politique mais plutôt sécuritaire en raison de la prolifération des armes et de la tyrannie des truands et des jihadistes de DAESH mais aussi et surtout gazo-pétrolière et ce, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
Il est vrai que, depuis la mort de Kadhafi, la Libye est plongée dans le chaos avec des luttes de pouvoir et des milices armées mais surtout est devenue le théâtre d’une lutte d’influence entre deux camps à savoir celui animé par la Turquie et le Qatar, qui appuient le Gouvernement d’Union Nationale (GNA) de Fayez Al-Sarraj, basé à Tripoli, et de l’autre l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, L’Egypte, la Russie et la France qui offre à minima une caution diplomatique, qui soutiennent les Forces du Maréchal Haftar.
Mais surtout, la Libye, en proie à la lutte armée entre deux pouvoirs rivaux, est devenue un terrain de rivalités internationales, notamment pour le contrôle de la production pétrolifère.
S’agissant de la Turquie, une intervention militaire en Libye lui permettra d’étendre sa zone d’influence et de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientales riches hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l’Egypte, de Chypre et d’Israël.
C’est pourquoi, après le vote, le 02 janvier 2020, d’une motion l’autorisant à envoyer des troupes militaires soutenir le GNA de Fayez Al-Azhar, basé à Tripoli, le Président Turc a annoncé, le 05 janvier 2020, le début du déploiement de soldats turcs en Libye.
Cette décision turque a fait que le Parlement libyen, basé à Benghazi, a annoncé avoir voté la rupture des relations avec la Turquie, une décision qui intervient suite à l’intervention télévisée, le 03 janvier 2020, du Maréchal Haftar appelant à une mobilisation générale contre cette intervention militaire comparée à une recolonisation de la Libye, ancienne province de l’Empire Ottoman.
Une présence militaire turque qui a engendré de nombreuses réactions internationales. Ainsi, la Ligue Arabe a décidé de réunir urgemment pour examiner l’évolution de la situation en Libye et les risques d’escalade pouvant menacer la stabilité de la Libye et de la région alors que l’Union Africain a mis en garde contre les conséquences d’une telle intervention militaire turque dans ce pays.
Pour leur part, l’Union Européenne a fait part de sa grave inquiétude, les Etats-Unis d’Amérique, par la voix de son Président Donald Trump, a mis en garde contre toute interférence étrangère en Libye alors que le Secrétaire Général de l’ONU a alerté contre les dangers de tout soutien étranger aux parties libyennes en conflit.
S’agissant de la réaction des autorités algériennes, force est de contester qu’elles ne souhaitent pas que la Libye puisse à nouveau exporter son pétrole et son gaz. Une éventualité qui ruinerait totalement l’économie algérienne au bord de la faillite et les dirigeants algériens eux-mêmes.
A ce sujet, le Président du Conseil Suprême des Touaregs libyens, connu pour ces accointances sordides avec Alger, a tenu à adresser ses remerciements aux responsables algériens pour leur prise de position relative à la crise libyenne tout en saluant l’envoie d’un soutien humanitaire de 100 tonnes de biens de premières nécessités destiné aux populations déplacées. Des biens, qui auraient fait, sans nul doute, le grand bonheur des populations algériennes, notamment dans les Wilayas du Sud algérien.
C’est pourquoi, les responsables algériens s’activent, tête baissée, à animer les tensions dans les pays de la zone sahélo-saharienne, forte d’une richesse gazo-pétrolière, soi-dit en passant, en animant les multiples actes terroristes qui frappent le Tchad, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie via son larbin le polisario.
Dans ce contexte, le Ministre libyen des Affaires Etrangères, Abdelhadi Al Houij, a fait appel au Roi du Maroc pour sortir son pays de la crise qui le secoue depuis la chute de Mouammar Kadhafi mais également en vue de parrainer un accord de paix, en l’occurrence intitulé « Skhirat II » une fois Tripoli libérée des mercenaires qui sèment le chaos en Libye.
Abdelhadi Al Houij a notamment déclaré que son pays reste convaincu du besoin d’initier un dialogue national et conciliateur, du même type que celui que celui initié par l’Instance Equité et Réconciliation (IER) du Maroc qui avait réconcilié tous les marocains.
Farid Mnebhi.
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