Les professeurs par contrat : la grogne des ‘‘admis’’ et des ‘’recalés’’
Il n’est plus bruit, sur l’espace bleu, ces derniers temps, que des manifestations et des sit in des professeurs contractuels. Leur mot d’ordre est leur titularisation ou leur intégration dans la fonction publique à l’instar de leurs collègues d’avant 2016.
Avec le nouveau régime de recrutement fondé sur le contrat, un nouveau langage a fait son apparition parmi les contractuels pour légitimer les actions de grève, les manifestations et les sit in. Deux types de revendication animent les contractuels : le droit à la sortie avec succès des CRMEF et le droit à la titularisation.
Les professeurs non admis, malheureusement, à l’examen de sorite des CRMEF se font appeler, curieusement, ‘’ professeurs recalés’’. La forme passive de cette qualification peut être comprise que leur échec n’est nullement tributaire de leur niveau, ni de leurs compétences mais de l’intention malhonnête du système à les faire recaler (échouer). Ils seraient donc victimes d’une manipulation ou d’une conspiration montée contre eux par le système. Mais comme le système n’est pas une personne physique qu’ils pourraient décrier ou traduire en justice, ils ont constitué une coordination, qui les a bien vite largués, car leur nombre ne fait pas le poids dans le cahier de charge des revendications. Ils sont restés seuls à bivouaquer devant les portes des différentes académies du pays, et ils n’ont trouvé personne qui pourrait leur offre son soutien. A titre d’exemple, sur une classe de 25 élèves-professeurs, 5 stagiaires ont échoué à l’examen de passage de la première année à la deuxième année, et renvoyés illico, sans tambours ni trompettes (CPR Oujda, promotion 79-81). Ces élèves-professeurs n’avaient nullement accusé le système de leur échec. Au contraire, ils avaient honte d’avoir manqué l’embarquement.
Les professeurs admis à l’examen de sortie des CRMEF, en principe, plus chanceux et plus heureux que les premiers, se disent être victimes, quant à eux, d’un contrat qui leur aurait été imposé. Il y aurait eu donc usage de force de la part du système pour leur faire signer un document par lequel ils reconnaissent avoir été engagés par contrat. Si l’on veut bien admettre la chose comme telle, Ils auraient été égarés, innocents ou naïfs qu’ils étaient. Aussi, pour faire valoir ce qu’ils disent leurs droits, ils ont constitué une Coordination Nationale ( CNPCC). Si les candidats de la première promotion (2016) se sont fait avoir en ayant accepté, à bon ou à mal escient, un recrutement par contrat, ceux des promotions 2017 et 2018 ne peuvent pas, quel que soit leur quotient intellectuel tomber dans la même erreur et se faire avoir comme leurs collègues de 2016, si toutefois ceux-ci s’étaient fait avoir, comme ils le font valoir à cris et à corps, sans jamais être entendus. Les candidats à la promotion de 2019 se préparent déjà au concours d’entrée aux CRMEF, et sans doute déjà ils se préparent à s’engager dans la CNPCC pour grossir les rangs des autres promotions. Et on entend déjà certaines voix extrémistes s’élever pour une école sans professeurs et par conséquent pour une année ‘’blanche’’ pour eux mais d’une autre couleur pour les apprenants. L’année scolaire en cours s’accroîtra encore plus en professeurs contractuels et par conséquent encore plus en protestataires et en protestations.
Cette année ne sera donc pas différente des autres années. Les candidats se présenteront au concours d’entrée aux CRMEF comme si de rien n’était. Les admis d’entre eux signeront le contrat avec des clauses bien définies. Ils suivront des cours de pédagogie et de didactique pendant un certain temps. Ils passeront un examen de sortie. Les ‘’recalés’’ bivouaqueront devant les portes des académies pour réclamer leur admission, à l’instar des ‘’admis’’ et les ‘’admis’’ rejoindront ceux des autres promotions devant le parlement, sur les places publiques, devant les portes des CRMEF ou des académies pour réclamer leur intégration à l’instar des promotions antérieures à 2016.
A tout cela, le gouvernement répond par le silence, un silence qui en dit long sur la politique de notre pays.
Zaid Tayeb
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