Lettre (10) Synthèse : Si c’est tard pour notre Climat, ce n’est jamais trop tard pour notre Santé !
Lettre (10) Mohammed DIOURI (Physicien)
Cette dernière lettre sur le Réchauffement Climatique comporte deux parties : La première présentele RC et l’état actuel des émissions des GES et leurs effets avec un rappel du modèle de RC. La deuxième propose quelques solutions pour que notre planète retrouve son évolution naturelle avec un bref historique des efforts entrepris jusqu’à maintenant par les instances internationales et notamment le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat GIEC (en anglais IPCC Intergouvernemental Panel of Climate Change).
90L’établissement du bilan radiatif terrestre (lettre 8) montre bien que notre terre absorbe de la chaleur IR de façon nette « c’est-à-dire non réémise par le système » de l’ordre de 0,6 W/m2 qui représente une diminution de l’albédo terrestre traduisant ainsi un réchauffement du système. Ce réchauffement est bien ressenti et donne lieu à une croissance des températures moyennes enregistrées ces dernières décades (Figure 36. Cycle saisonnier des variations des températures, NASA, Sep.2016) et une diminution drastique du glacier de l’Arctique observée par satellite (Figure 37. Comparaison des images de l’arctique, NASA, Oct.2016). Notre terre vie bien une tendance de croissance accélérée du Réchauffement Climatiquedue principalement aux émissions des GES induites par la consommation d’énergie de plus en plus importante (Figure 38. Répartition des émissions de GES par secteur économique, FAO et IEA) et partiellement aux transformations effectuées par les EH au niveau de la surface terrestre (surtout Autoroutes et Barrages hydrauliques de surface cumuléetrès absorbante du rayonnement, assez émettrice de GES et très grande comparable à la superficie de l’Afrique du Sud) qui ont engendré aussi et surtout la diminution de l’albédo terrestre. Les changements climatiques naturels demeurent comme un bruit de fond négligeable devant ceux introduits par l’activité humaine, les EH occupent ainsi la dimension centrale du modèle de représentation du RC (Figure 39. Schéma du modèle de représentation du RC, juin 2016)
Figure 36. Cycle saisonnier des variations des températures, NASA, Sep.2016
Figure 37. Comparaison des images de l’arctique, NASA, Oct.2016
Figure 38. Répartition des émissions de GES par secteur économique, FAO et IEA
Figure 39. Schéma du modèle de représentation du RC, juin 2016
91 Le forçage radiatif(FR) globalest une grandeur physique qui indique à tout instant la contribution d’un facteur donné à la perturbation du bilan radiatif global. L’estimation de la moyenne de cette grandeur relativement aux émissions anthropogéniques basée sur des mesures directe montre une augmentation de près de 83% entre 1980 et 2011 et une contribution de près de 80 % en 2011 des émissions CO2 avec un niveau de confiance très élevé (Figure 40. Tableau des Forçages radiatifs présenté à la Conférence Internationale sur les Aérosols en 2014) en complet accord avec l’augmentation vertigineuse de la concentration en CO2 atmosphérique (qui a atteint 400 ppm en 2015) enregistrée à l’observatoire Mauna Loa de l’océan pacifique avec en plus des variations toujours supérieures à 400 ppm depuis 2015 !! (Figure 41. Variations mensuelles de la Concentration CO2, LabMauna Loa Scripts Institute for Oceanography)
Figure 40. Tableau des Forçages radiatifs, IAC2014
Figure 41. Variations mensuelles de la Concentration CO2,LabMauna Loa Scripts Institute for Oceanography
92 Les dix premiers « parties » émettrices de GES, hormis l’Arabie Saoudite, ont décidé la réduction des émissions des GES (Figure 42. Tableau des émissions des 10 premiers « parties » et indication des réductions). La Chine qui se présente première émettrice avec 9,135Gt en 2014 (Première consommatrice de charbon) compte réduire ses émissions de 26 % à l’horizon 2020 suivie des USA avec 5,176 Gt qui prévoient une diminution de 9,2 % et de l’Union Européenne, avec 3,160 Gt et une réduction prévue de 21 % (source IEA). La Fédération de Russie (5ème position) est la mieux placée avec un objectif de réduction de l’ordre de 32 %
Figure 42. Tableau des émissions des 10 premiers « parties » et indication des réductions, IEA
93Le RC entrainemanifestement une migration humaine de plus en plus importante,on compte actuellement, plusieurs dizaines de millions de personnes en migration climatiqueavec une croissance atteignant en moyenne une anomalie +1,05 en 2016. « L’estimation des migrations climatiques océaniques est de 1,5 à 5 fois plus rapides que tout ce que nous voyons sur le sol » annoncée parM. Dan Laffoley(congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature, 2016). A côté, au niveau des pays développés, on assiste aux déplacements vers les campagnes (100000 français quittent les villes pour la campagne en 2015 et suivant les sondages 65% ont envie de quitter la ville pour la campagne), à l’inverse pour les pays en développement c’est encore l’exode rural permanent vers les villes avec ses conséquences catastrophiques (Au Maroc, en moyenne régionale plus de 65 % de la population est urbaine)
94De la qualité de l’air au Réchauffement Climatique, l’aérosol atmosphérique joue un rôle très important aussi bien au niveau pollution atmosphérique avec des conséquences sur la santé (Etres vivants et Biens matériels) qu’au niveau évolution atmosphérique (Formation des nuages et atténuation des rayonnements). L’OMS a recensé près de 7 millions de décès en 2012 (nombre double de celui prévu par estimation!) à cause de la pollution de l’air qui est classée première au niveau risque sanitaireet classée cancérigène par l’IARC. L’Asie de l’Est et celle Centrale se présentent comme les zones les plus touchées par les émissions des GES, les nuages ABC et les maladies générées par la pollution de l’air (Figure 43. Image prise en Asie, source journal Le Monde). En Amérique du nord, en plus des émissions des GES, le développement de la fracturation hydraulique détériore l’environnement tout en engendrant des séismes (Près de sept millions d’Américains vivent sous la menace de tremblements de terre à cause de la fracturation hydraulique, révèle un rapport publié par l’United States Geological Survey USGS et The American Institute of Geophysics (source : www.notre-planete.info/actualites/4488)
Figure 43. Pollution urbaine, http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/05/07/la-pollution-de-l-air
95 Autre conséquences du RC l’intensification des phénomènes extrêmes observés ces dernières décades tels que les grandes averses, les canicules (La France gagne chaque dix ans cinq jours de grande chaleur),les tempêtes océaniques et sahariennes, les ouragans, les cyclones de plus en plus dévastateurs. Tout récemment Matthew observé au passage à travers Haiti « More than800 people are dead at last count, after Hurricane Matthew tore throughHaiti. That numberis sure to grow as the water recedes and emergency crewsassess the damage. Tens of thousands of people are nowhomeless, and an epidemic of cholera isclaiming more victims, reports Reuters »(Figure 44. REUTERS, Hurricane Matthew, Sep. 2016)
Figure 44. REUTERS/Andres Martinez Casares Hurricane Matthew, Sep. 2016
96Le RC attaque aussi l’alimentation des EH au niveau mondial et surtout ceux des pays en développement. On estime à plus de la moitié des récoltes les pertes orchestrées par les canicules, les inondations et les maladies au niveau du Soudan du Sud (Figure 45. Marché Akuem au Soudan du Sud, Oct.2016)).Pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) les changements climatiques constituent une menace sérieuse pour les systèmes alimentaires et agricoles partout dans le monde (dernier rapport, oct. 2016)L’adaptation du secteur agricole (systèmes d’irrigation plus efficaces, variétés de cultures améliorées, races animales mieux adaptées, facilités de crédit..) coutera moins cher que l’inaction (perte de production animale et végétale, diminution des rendements due au RC)
Figure 45. Marché Akuem au Soudan du Sud, Oct.2016
http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/10/17/l-agriculture-face-au-rechauffement-climatique
ALBERT GONZALEZ FARRAN / AFP
97 l’être humain n’a jamais cessé de modifier son environnement, son activité pouvait produire quelques changements climatiques locaux ou régionaux (Construction de barrages, aménagements du litoral ou déforestation). Actuellement pour la première fois on observe un changement climatique global dans le sens du réchauffement de la planète entière. L’humanité observe et vie ce déséquilibre non naturel puisqu’il n’y a pas de résistance naturelle réelle au RC. Il ne s’agit pas seulement de développer des plans verts, il s’agit de converger vers l’arrêt des émissions qui ont conduit au surplus de GES. Il faut donc réagir dans ce sens par des pas mesurés avec des accords internationaux avec objectifs atteignables au niveau consommation de l’énergie (Remplacement au fur et à mesure des énergies fossiles EF par les ER) au niveau de l’éducation (formation et inspection environnementalistes) et au niveau développement (Développement d’industries et d’agricultures écologiques et convergence vers des villes environnementalistes)
98 Les actions à entreprendre sont multiples et diverses aussi bien pour la limitation des émissions des GES que des rejets dans les océans (Avec les Gt de déchets rejetés, on assiste à l’apparition d’iles flottantes). Pour les cités, les actions doivent être orientées en fonction de l’état des lieux concernés (Les actions pour une mégapole industrielle ne sont pas les mêmes que pour une petite ville) par exemple, obligation d’utilisation de Tramway Electrique pour des cités à population élevée (seuil à définir) et dans l’attente obligation de réduction du trafic urbain (moyens à définir, alternance d’utilisation des voitures et des boulevards…), obligation de la motorisation électrique pour les transports en commun et transport des marchandises par train etc.. Création des espaces verts (Leur FR est négatif), préservation de l’état de santé des EH, des forêts, des montagnes, des lacs, des côtes et des océans.
99Pour garantir la pérennité des actions il est nécessaire de promouvoir l’Education Environnementale à tous les niveaux de formation (Maternelle, primaire, secondaire et supérieure) premier pas vers la convergence vers l’école environnementaliste et en parallèle, la création d’écoles de formation supérieure des inspecteurs de sécurité de l’environnement pour l’application des lois de l’environnement, premier pas vers la convergence vers la sécurité environnementaliste.
100 Pour contrecarrer le RC il faut éliminer le surplus de CO2 émis par l’activité humaine et s’orienter donc vers l’utilisation des ER non émettrices de GES (solaire, éolienne, hydrolienne et hydraulique, géothermique).Les solutions existent, l’orientation écologique est une nécessité tardive car le RC a passé un cap historiquement jamais atteint !!!A priori la période pré écologiqueest passée et nous somme dans la période transitoire(Les principales parties émettrices de GES ont entamé des limitations et des objectifs pour 2020, voir 92) dans laquelle l’accélération des orientations écologiques est recommandée (Poursuite et renouvellement des accords à objectifs plus ambitieux et plus contraignants) pour atteindre rapidement la période écologiquequi pourra garantir un fléchissement de l’évolution de notre planète vers l’équilibre naturel.
101 Ce n’est qu’au début de ce siècle que des équipes d’excellence ont commencé sérieusement le travail de recherche sur l’atmosphère en relation avec la question du RC (monitoring des mesures, expérimentation et modélisation du RC) alors que les premières mesures fiables et continues de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère (Observatoire Mauna Loa à Hawaï) ont commencé en 1958 (Keeling, scientifique à l’Institut Scripts) et la Première conférence mondiale sur le climat s’est réuni à Genève en 1979 avec lancement d’un Programme de recherche climatologique mondial, confié à l’Organisation météorologique mondiale(OMM), au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et au Conseil international des unions scientifiques (CIUS).
102Le sommet de la Terre (Rio de Janeiro, Brésil, 1992) reconnaît officiellement l’existence du dérèglement climatique et la responsabilité humaine dans ce phénomène. Il se donne comme objectif la stabilisation des concentrations atmosphériques de GES à un niveau qui empêche toute perturbation humaine dangereuse du système climatique. La Convention-cadre, a été ratifiée par 195 pays « parties », plus l’Union européenne. En 1988, on assiste à la création du GIEC, placé sous l’égide du PNUE et de l’OMM. Le GIEC est chargé du suivi scientifique des processus de réchauffement climatique. Le premier accord international visant à la réduction des émissions des GES est signé le 11décembre1997 (Protocole de Kyoto, Japan est en application jusqu’à 2020). La COP21 (Paris, 2015) ou nouvel accord mondial plus ambitieux sur la réduction, le financement et la justiceest actuellement ratifié par plus de 55 pays représentant au total plus de 55 % des émissions mondiales des GES est en attente de sa entrée en vigueur en 2020.
103Le Maroc organise la COP22 à Marrakech du 7 au 18 Nov. 2016 avec comme objectif l’application de l’accord de Paris et si possible avant 2020. Il est un fait que notre pays est bien placé pour cette organisation, Le Maroc est un bon exemple de pays d’orientation énergétique écologique, il ambitionne d’atteindre 2GW d’origine ER à l’horizon 2020. Le parc éolien de Tarfaya (le plus grand en Afrique) sur la façade atlantique (301 MW, 131 éoliennes) est entré en service en Décembre 2014. La première tranche Noor I (160 MW, miroirs cylindro-paraboliques) de la Ferme solaire Noor Ouarzazate est opérationnelle depuis Février 2016, l’extension de cette dernière programmée en trois étapes, portera sa puissance à 580 MWet en fera le plus grand site de production solaire multi technologique au monde semblable au Solar Star en Californie. Le Maroc vient d’affirmer à la COP21 son objectif de porter la part des ER dans le mix électrique national de 42% en 2020 à 52% en 2030.
104 Un récent rapport de l’IEA, révèle que les émissions de CO2 vont augmenter d’au moins de 60% dans l’atmosphère d’ici 2020, même si les engagements de la conférence de Kyoto sont effectivement appliqués…
« Le monde entier doit s’adapter à l’évolution du climat. Nous n’avons pas le choix. Le système est en proie à une énorme inertie et, quoi que nous fassions aujourd’hui, il nous faut nous adapter au changement climatique, qui est un phénomène inscrit dans la durée. » (Rajendra Pachaury, président de l’IPCC, 11/2005).
« Il faut que l’opinion soit sûre d’une chose. Les scientifiques sont clairs. Il n’existe pas de grosses incertitudes sur le film qui est devant nous. Et les politiques ne peuvent pas s’abriter derrière de prétendues inconnues pour ne pas agir. » (James Hansen, 03/2009).
105 Les pays industrialisés, hautement responsables de cette perturbation planétaire qui touche la stabilité terrestre et celle de l’humanité, enregistrent une lenteur pour l’application des orientations écologiques nécessaires pour la réduction des émissions des GES et les moyens d’adaptation à la mesure des effets inéluctables et déjà visibles. La responsabilité de tous est nécessaire pour une remise au niveau naturelle de l’évolution de notre planète, c’est à nous tous de nous impliquer, même si c’est tard pour notre Climat ce n’est jamais trop tard pour notre Santé.
106A l’ère des cobots (robots intelligents collaborateurs), au moment où on assiste à un progrès du savoir humain sans précédent dans tous les domaines de la vie et particulièrement la communication et l’espace, on se trouve assez partagé entre Inquiétude et Espoir pour l’avenir climatique terrestre ou l’avenir terrestre, que choisir ? Seule la tentation de l’action scientifique qui permet le retour à l’équilibre naturel de notre planète amènera la sérénité, le bienêtre et la confiance. L’adaptation est le maitre mot de l’action pour le présent et le futur. L’adaptation passe d’abord par l’éducation écologique à tous les niveaux de formation depuis la maternelle, ensuite par la politique économique et les choix stratégiques qui concernent d’abord l’énergie, ensuite le mode de vie écologique (cité, ville, pays, zone) avec pour objectif une intégration mondiale rapide de l’écologie dans la compétition actuelle vers la croissance de la fluence annuelle des devises permettant ainsila convergencevers une vie planétaireenvironnementaliste.
Le Réchauffement Climatique est plus qu’une réalité
L’Orientation Ecologique est une nécessité tardive !
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