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Syndrome sec La sécheresse des muqueuses touche 25% des plus de 60 ans

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Syndrome sec

La sécheresse des muqueuses touche 25% des plus de 60 ans

Publié le : 10 juin 2014 – Priscilla Maingre, LE MATIN

 

La sécheresse des muqueuses et de la peau, appelée syndrome sec, se définit par une diminution des sécrétions de certaines glandes, surtout buccales et lacrymales, mais touchant aussi d’autres organes tels que la peau, les bronches, le nez, ou le vagin. Elle se traduit par un ensemble de manifestations : bouche sèche, soif accrue, sensation de sable dans les yeux, rougeur conjonctivale, irritation nasale et bronchique, toux sèche persistante… «Ce phénomène n’est jamais anodin, car ces sécrétions jouent le rôle de première barrière de défense contre les bactéries : leur défaut va laisser la porte ouverte à toutes sortes de pathologies (inflammations oculaires, caries, aphtes, mycoses, infections digestives…) qui altèrent la qualité de vie du patient», informe le Dr Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS).

 

Ces troubles, minorés au Maroc, sont pourtant largement répandus. Leur fréquence augmente en raison des conditions qui les favorisent : climatisation, atmosphère non humidifiée, pollution, sans oublier le travail sur ordinateur. Le vieillissement physiologique fait aussi qu’un quart des personnes de plus de 60 ans en est atteint.

 

Traitements

 

Le traitement oculaire repose sur l’emploi de larmes artificielles. À ce sujet, des études ont démontré que plus de la moitié des personnes concernées n’observent pas les bonnes précautions d’emploi. «Lorsqu’on utilise un collyre, il faut veiller à se laver soigneusement les mains à l’eau et au savon préalablement, bien agiter le flacon avant l’application, tirer la paupière inférieure et instiller les gouttes dans le cul-de-sac conjonctival en relevant la tête pour regarder vers le haut et de préférence en position allongée. Ne surtout pas toucher l’œil ou la paupière avec l’embout du flacon afin d’éviter toute contamination.

Fermer les paupières près d’une minute, afin d’améliorer l’absorption du produit et enfin ne jamais prêter son collyre (risque de contamination)», conseille la spécialiste. On veillera par ailleurs à prévenir les facteurs d’irritation (exemple : positions du corps, exercices oculaires et pauses pour le travail sur ordinateur). «La cadence du clignement de l’œil tombe en effet rapidement (3 à 4 fois par minute contre 15 en moyenne normalement), ce qui fragilise le film lacrymal» poursuit la même source.

Pour la sécheresse buccale, on utilise des salives artificielles, des médicaments augmentant la sécrétion salivaire. À noter que la salive (composée d’eau à 99%, de protéines et de minéraux) assure différentes fonctions de lubrification, d’aide à la mastication, à la déglutition, à l’élocution et au nettoyage des tissus buccaux. Elle initie également le processus de digestion des aliments, protège contre les infections, la carie et participe à la reminéralisation des dents. Sont préconisés également le masticage appuyé des aliments, la prise de boissons répétée et en petite quantité, le brossage régulier des dents, ou encore des contrôles dentaires…

 

Origine

 

L’origine du syndrome sec s’explique par la prise de médicaments (plus de 400 provoquent des sécheresses), ainsi que par certaines maladies, dont le syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS) qui est l’une des plus sérieuses. Le SGS fait partie des pathologies auto-immunes où le système immunitaire, chargé normalement de nous défendre des infections, s’attaque à notre organisme. Outre les symptômes du syndrome sec, le malade présente généralement d’autres manifestations, parfois potentiellement graves, comme une fatigue intense, des atteintes articulaires, musculaires, neurologiques, pulmonaires, rénales…

 

Le diagnostic du SGS n’est pas toujours aisé, et il peut en outre s’associer à d’autres troubles auto-immuns : polyarthrite rhumatoïde, lupus, maladie cœliaque, affections de la thyroïde, du foie, du sang… «Le Gougerot-Sjögren touche entre 0,2 et 0,5% de la population, soit près de 150.000 personnes au Maroc, dont 9 sur 10 sont des femmes. De plus, il augmente les risques de survenue de cancers de quarante fois et l’éventualité d’une altération du cœur du fœtus en cas de grossesse», souligne le Dr Moussayer. Le Gougerot-Sjögren n’est pas curable, mais fait l’objet de traitements de fond anti-inflammatoires
et/ou immunodépresseur pour amoindrir ou enrayer les conséquences de ses attaques. Des espoirs cependant se font jour avec l’essai de nouvelles molécules issues des biotechnologies, les biothérapies.

 

 


Explications

 

Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS)

 

«Beaucoup de personnes vivent avec le syndrome sec sans en mesurer les conséquences»

 

Qu’est-ce que la sécheresse des muqueuses ?
Cette sécheresse, encore appelée syndrome sec, est un ensemble de symptômes et de manifestations, principalement buccales et oculaires, dus à une diminution des sécrétions des glandes des diverses muqueuses du corps. Cette pathologie peut être associée au Gougerot-Sjögren, une maladie auto-immune qui présente outre les symptômes du syndrome sec, d’autres manifestations comme un épuisement, des douleurs articulaires et musculaires.

 

Quelle est sa prévalence au Maroc ?
La sécheresse des muqueuses est un phénomène fréquent au Maroc et beaucoup de personnes vivent même avec ces troubles sans en mesurer les conséquences : les sécrétions glandulaires jouent en effet le rôle stratégique de première barrière de défense contre les bactéries et leur dysfonctionnement va laisser la porte ouverte à toutes sortes de pathologies (inflammations oculaires, caries, aphtes, mycoses, infections du système digestif…). Le Gougerot-Sjögren touche entre 0,2 et 0,5% de la population, soit près de 150 000 personnes au Maroc dont 9 sur 10 sont des femmes.

 

Comment se manifeste cette maladie ?
La sécheresse buccale (ou xérostomie) se traduit par une sensation de bouche sèche, une soif accrue, des difficultés à la mastication, une ingestion répétée de liquides lors des repas, des problèmes dentaires ou des douleurs de la bouche ainsi qu’une fissuration de la bouche ou des lèvres. La sécheresse oculaire (ou xérophtalmie) présente des manifestations diverses : sensation de corps étrangers, de brûlures, rougeur oculaire, sensibilité à la lumière vive, trouble visuel intermittent ou même larmoiement excessif paradoxal.
Ce déficit en larmes expose même à la survenue de lésions graves (kérato-conjonctivite endommageant la cornée ou apparition d’ulcères cornéens susceptibles de se perforer).

Plus taboue, la sécheresse vaginale qui peut toucher les femmes à différents moments de leur vie. Plus courante durant la ménopause, elle augmente la vulnérabilité aux infections gynécologiques et peut perturber l’harmonie sexuelle du couple se traduisant par des douleurs lors du rapport et une baisse de la libido.

 

Quelles en sont les causes ?
D’abord le vieillissement. En effet, un quart des personnes de plus de 60 ans en est atteint et un autre quart environ en connaît des épisodes passagers. De même, la ménopause est responsable d’un syndrome sec essentiellement vaginal, au caractère plus ou moins prononcé et dû à la baisse des hormones sexuelles – les œstrogènes – pour environ 50% des femmes. Enfin, certains médicaments sont susceptibles de provoquer une sécheresse plus ou moins significative selon les individus et plus fréquemment chez les personnes âgées.
Un trop grand nombre de médicaments consommés quotidiennement élève aussi ce risque. Un changement du médicament ou un moindre dosage suffit souvent pour réduire ou résoudre ce problème. Des substances toxiques comme le tabac et le cannabis présentent aussi des effets délétères sur les sécrétions.

 

 

Quels traitements existe-t-il aujourd’hui ?
Concernant les syndromes secs, les formes légères sont facilement accessibles à des traitements peu lourds (larmes artificielles, gels lacrymaux, lubrifiants…), alors que les formes graves restent parfois peu sensibles aux thérapeutiques.

La prise en charge repose d’abord avant tout sur l’utilisation de substituts lacrymaux et salivaires ou de stimulants des sécrétions. Elle s’inscrit ensuite dans des traitements de fond si on peut en éliminer les causes. Pour les cas sévères, on peut aussi utiliser des lunettes à chambre humide ou se faire une instillation de corps gras au coucher.

Concernant la salive, certains médicaments vont permettre de faire augmenter la sécrétion des glandes salivaires comme le Bromhexine ou l’Anétholthritione. Pour les douleurs ou brûlures linguales : bain de bouche bicarbonaté ou à l’aspirine, gel de polysilane, gel anesthésique.

 


Prudence devant les écrans !

 

Le travail ou les activités de loisirs sur ordinateur sollicitent beaucoup les yeux et il est nécessaire de bien veiller à une bonne installation de son poste de travail ainsi qu’au rythme de travail à observer pour éviter la sécheresse oculaire et/ou les maux de tête. Ainsi, l’écran doit être perpendiculaire à la fenêtre pour réduire les reflets et les différences de luminosité (et en privilégiant toujours un éclairage modéré dans un espace clos), espacé de 50 à 70 cm des yeux et situé plus bas que la ligne d’horizon de l’œil de sorte à toujours regarder vers le bas. De la sorte, les paupières recouvrent une partie de l’œil, réduisant ainsi l’exposition du globe oculaire à l’air ambiant. Enfin, évitez de lire ou d’écrire sur des fonds sombres et préférez les fonds clairs et une grosse taille de caractère. Par ailleurs, il est important de préciser que le taux de clignement des yeux chute drastiquement lors du travail sur écran : sa cadence tombe assez rapidement, et sans même s’en rendre compte (de 3 à 4 fois par minute contre 15 en moyenne normalement, rappelle Khadija Moussayer), ce qui fragilise davantage la qualité du film lacrymal. Or, chaque clignement permet de redistribuer une nouvelle couche de larme à la surface des yeux et d’éliminer par le fait même la vieille couche. D’où l’importance de prendre le temps de cligner des yeux volontairement et de faire des pauses hors écran régulièrement d’au moins 5 minutes chaque heure ou de 15 minutes au bout de deux heures.

 

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