Une nouveauté ! Les autorités algériennes caquettent face à la France.
Farid Mnebhi.
Du jamais vu ! Deux reportages sur le Hirak algérien, diffusés le 26 mai 2020 par les chaînes publiques françaises France 5 et LCP, relayées par France 24, s’en sont pris contre les institutions algériennes et l’Armée Nationale Populaire (ANP).
Les deux documentaires en question titrés « Algérie mon amour » et « Algérie, la révolution jusqu’au bout ? » ont été attaqués par l’agence de presse étatique, Algérie Presse Service (APS) quia pour habitude de faire les choses en grand.
Aussi, dans un papier d’ouverture titré « Le documentaire sur le Hirak » diffusé par des chaînes françaises, largement décrié par les autorités algériennes, explique le 27 mai 2020 que les institutions et le peuple algérien ont été attaqués.
Sur ce, le Ministère algérien des Affaires Etrangères s’est empressé de publier un communiqué courroucé dans lequel il dénonce le caractère récurrent des programmes diffusés par des chaînes de télévision publiques françaises, dont les derniers en date sur France 5 et La Chaîne parlementaire, le 26 mai 2020.
Mieux, les autorités algériennes ont pris la décision de rappeler immédiatement leur Ambassadeur à Paris pour consultations après la diffusion de ces reportages par des chaînes TV publiques françaises sur le Hirak.
Pure gestuelle du régime algérien sans conséquence, puisqu’il est certain que l’Ambassadeur algérien sera de retour à son poste, sans avoir quitté la France, aussi vite qu’une souris et l’affaire sera empaquetée. Au fait, il n’y a pas de vol Paris-Alger en cette période de pandémie du Coronavirus (COVID-19) ! Et, au cas où un avion spécial est mis à sa disposition, qu’il embarque avec lui des algériens bloqués en France. Un beau coup de Pub !
Aussi, ce rappel de l’Ambassadeur d’Algérie en France n’est que gestuelle, une colère feinte et une simple algarade diplomatique orchestrée par les responsables algériens. Un travail d’orfèvre, de la porcelaine politique, un vase de Soissons qu’on casse avec un vrai sens de la mise scène.Un usage fort tactique de l’actualité par un régime algérien en grande difficulté politique et économique.
Le pouvoir algérien tente de faire un excellent usage de certaines séquences des deux documentaires sans pour autant que cela puisse créer une crise diplomatique entre Paris et Alger.
Quant à la réaction vipérine du Ministère des Affaires Etrangères, elle ne peut faire oublier les arrestations qui se multiplient depuis plusieurs mois en Algérie. Des journalistes, correspondants de médias étrangers, ont été arrêtés ou convoqués par les autorités. Il y a peu, El Manchar, l’équivalent du Gorafi, fermait son site, inquiet de la restriction croissante de la liberté d’opinion. Il suffit d’un statut Facebook pour finir au poste de police.
Plus contesté que jamais, le pouvoir se braque. Il sait qu’après la fin du confinement lié au COVID-19 les manifestations reprendront de plus belle et que la crise économique, accentuée par des semaines d’inactivité, aggravera la colère à son égard. D’où cette diversion diplomatique.
Le régime algérien a toujours dépeint le Hirak comme étant noyauté par des entités inconnues ayant des objectifs malveillants qui consacrent de l’argent sale afin d’amplifier le nombre de ces manifestations, en ramenant les citoyens des autres Wilayas en dehors de la capitale. Les autorités algériennes y ont même détecté, selon leurs dires, à de nombreuses reprises « la main de l’étranger » derrière les manifestants qui le contestaient. On devinait l’ombre de Paris dans le regard du militaire algérien. L’incident d’aujourd’hui n’est qu’une continuité de cet état d’esprit.
Si les autorités algériennes ont réagi, ce n’est pas pour la politique extérieure, mais bien pour l’opinion intérieure. C’est du populisme et c’est pourquoi nul ne doit être surpris par cette réaction puérile des responsables algériens qui marque l’extrême fragilité du pouvoir algérien.
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