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Le Coronavirus, la religion et le civisme

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Mohammed MRAIZIKA

Les instances religieuses musulmanes ont pris ces dernières 24 heures, à l’instar des autorités françaises, des mesures de bons sens, en particulier la fermeture des lieux de culte à partir du Lundi 16 mars. Les consignes données aux cadres religieux et aux associations gestionnaires des mosquées appellent à l’effort individuel et collectif et à la responsabilité de tous afin d’éviter le pire.

Au début de la propagation du Coronavirus (Covid-19), des inepties, des idées surréalistes et des conseils d’un autre âges, l’âge de pierre, se sont propagés à travers les réseaux sociaux, pour donner aux croyants l’impression qu’ils sont invincibles. Des recettes miraculeuses et des ‘’remèdes’’ magiques sortis de nulle part leur ont été prodigués pour se protéger du virus. On pouvait y lire des affirmations insensées qui montrent à quel point l’esprit et la raison de leurs auteurs sont affectés par une autre maladie plus ancienne et plus répandue : la bêtise humaine.
Il est vrai que les ablutions qui précèdent les cinq prières quotidiennes constituent l’une des barrières les plus sûres conseillées par les scientifiques pour éviter la transmission. Mais la vigilance de tous les instants et l’hygiène du corps, des lieux de vie et de travail et des espaces de rencontre, doivent être la règle. Il est vrai aussi que les pratiques culturelles et sociales habituelles, en particulier les embrassades et les accolades, remplissent des rôles sociaux indéniables. Il n’est donc pas facile de les délaisser du jour au lendemain. Mais, comme le stipule un vieil adage, « à la guerre comme à la guerre ». Tout ce qui peut être entrepris et mis en œuvre dans les espaces privés et publics pour contrer la transmission et la propagation du virus doit être fait sans louvoyer ou perte de temps.

Ceux qui disent aux musulmans « n’ayez craintes Allah est avec nous’’ (Allah maâna) commettent en réalité une bourde monumentale. L’Iran, pays musulman par excellence, est l’un des premiers pays touchés par le virus et l’un des plus importants foyers de la contagion (3ème après la Chine et l’Italie). Le Coronavirus ne fait de distinction ni entre le Mollah et le Ministre ni entre le croyant et le non-croyant. Les lieux saints de l’Islam sont eux-mêmes mis en quarantaine. Le Vatican et le mur des lamentations sont confinés.
Ceux qui critiquent la fermeture des mosquées en prétendant que ‘’Rabù l-bayti yahmih’’ se trompent de siècle. Le Covid-19 est plus coriace qu’Abraha al-habachi (Ethiopien) qui a tenté de détruire la Kaâba au VIIe siècle. Ce virus n’a que faire des croyances religieuses, des Dieux et des Saints ou des considérations ethniques ou raciales. Il n’a que faire des frontières et des barrières naturelles. Son invisibilité et sa rapidité de propagation, qui font sa force, déconcertent les scientifiques et surprennent les pouvoirs politiques qui semblent en plein désarroi.

Dans une telle circonstance, ce n’est pas la croyance et la foi des individus qui fait la différence. C’est la citoyenneté et le civisme qui doivent être sollicités d’abord et pratiqués sans réserve. Il en va de la santé de tous et du destin des individus et des collectivités humaines. Les scientifiques et les médecins ont identifié des gestes simples mais qui sont aujourd’hui les seuls armes disponibles pour se protéger efficacement contre le virus, à savoir :
– Se laver les mains plusieurs fois par jour ;
– Se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude en cas de toux ou d’éternuement ;
– Se moucher dans un mouchoir à usage unique ; le jeter ensuite dans les endroits indiqués ;
– Eviter de se toucher le visage : le nez et la bouche
Et quand on est malade :
– Rester chez soi, limiter les sorties, contacter le médecin si besoin
– Porter un masque, notamment lorsqu’on est en contact avec des personnes fragiles ;
– Éviter les contacts directs non protégés avec les animaux vivants.
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), le fait de se laver les mains régulièrement protège mieux contre la COVID-19 que le port de gants en caoutchouc. Le virus peut se trouver sur les gants et il y a un risque de contamination si vous vous touchez le visage avec les gants, précise l’OMS.
Par conséquent, l’observation de ces consignes et le respect des gestes que les médecins conseillent en guise de bouclier de protection contre les virus, ne doivent pas être pris à la légère, mais devenir des réflexes naturels d’un comportement citoyen profitable à tous.

Paris le 14 mars 2020
Mohammed MRAIZIKA
Docteur en Histoire, Consultant en Ingénierie Culturelle,
Ecrivain et conférencier.

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