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Hommage au professeur Michel MERCARDIE ancien Professeur au lycée abdelmoumen oujda par CHENNOUFI Benaissa – VIDEO

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Hommage à Michel Mercadié

1- permettez- moi de vous dire combien je suis heureux et ému de partager avec vous cette très belle rencontre. Je le suis d’autant plus que je m’apprête à y rendre hommage à quelqu’un qui compte beaucoup pour moi ; quelqu’un qui, en réalité, représente, bien plus qu’un ancien professeur!
Mais avant d’y venir et avec ta permission, Michel, je voudrais dire quelques mots de la rencontre de ce soir et du sens qu’elle prend à mes yeux !
Pour moi, cette rencontre a quelque chose des grands jours ; de ces jours qui vous gratifient de plusieurs raisons de réjouissances et de satisfaction :
–  Nous lui devons ces belles retrouvailles que nous célébrons à cet instant- même: retrouvailles avec et autour de M.Mercadié, pour lui signifier que son nom et le souvenir de son enseignement n’ont pas été oubliés. Mais aussi, retrouvailles avec vous tous, et plus particulièrement avec les anciens camarades de classes, perdus de vue depuis longtemps ou carrément depuis le lycée! C’est donc, une belle occasion pour raviver la flamme de l’amitié et de retisser du lien entre nous. Ce qui a beaucoup de sens, compte tenu de l’âge vénérable qui est le nôtre désormais, et aussi, lorsque on veut lutter contre le temps qui passe et contre l’oubli !
–   Nous lui devons également, cette belle occasion de remonter le temps et de renouer avec notre histoire partagée. Celle de l’époque glorieuse ou laborieuse du lycée et plus particulièrement, celle des classes où, hier encore, un certain, M.Michel Mercadié, pontifiait devant le parterre des meilleurs élèves du Lycée Abdelmoumen! Pour autant, M. le Proviseur, il n’est nullement nécessaire d’aller vérifier dans les archives si nous étions vraiment les meilleurs élèves du lycée, car, la chose n’est pas du tout certaine; mais peu importe, j’avais juste envie, pour ce soir et devant notre professeur, de faire un peu d’autosatisfaction et d’autocélebration !
Je crois que nous pouvons, en remercier M. Mercadié, car, c’est par lui finalement, que ce petit miracle des retrouvailles est arrivé ! Miracle, qui, il est vrai, n’a pu s’accomplir que grâce à l’intercession et aux initiatives de certains de mes amis, que je veux, ici, remercier :
Il s’agit tout particulièrement de mes deux complices, qui ont porté avec moi ce projet d’hommage depuis au- moins deux ans : d’une part, Noureddine Boulouiz, parti à la recherche des anciens élèves de M.Mercadié; et je le sais, la tâche n’a pas été aussi facile qu’on aurait pu l’imaginer (beaucoup de nos camarades s’étant évanouis dans la nature) ! Et d’autre part, Mehdi Salmouni, qui, en vérité, a été le principal artisan de l’organisation de cette rencontre; il est en outre, notre hôte et notre maître de cérémonie pour ce soir; nous apprécions son hospitalité et sa sollicitude !
Je vous demande de les applaudir chaleureusement, tous les deux !
Pour moi, ce n’est pas la peine d’applaudir, je ne recherche aucune reconnaissance, car pour moi, ce soir, ce doit être le privilège exclusif de notre invité de marque !!!
-Cher Michel, j’ai une autre raison, plus personnelle, celle-là, de me réjouir de l’opportunité de cette rencontre ! Car elle me donne la possibilité de te rendre, enfin, hommage ! Certes, j’ai souvent porté ton nom au pinacle et dit tout le bien que je pensais de toi dans mes cercles d’amis ou de collègues! Mais je ne t’ai encore jamais rendu hommage, ni en public, ni même entre quatre yeux, considérant sans doute, qu’elle allait de soi et qu’elle n’avait besoin, ni d’être démontrée, ni encore moins, d’être démonstrative ! J’avais tort ! Car, on sait tous, selon une formule bien connue « que même lorsqu’une chose est évidente, c’est encore mieux, en le disant» ! Il était donc, temps pour moi de le reconnaître et d’y remédier, comme il était temps pour toi, de l’entendre et d’y trouver un juste retour des choses ! Selon l’expression d’une romancière et nouvelliste anglaise, (W. Stern), « une reconnaissance en silence ne sert à personne »!
De surcroît, en unissant ma voix à celles de mes amis, ici présents, j’aime à penser que l’écho que prendrait mon présent hommage, serait encore, plus retentissant ! Il parait que les paroles dites en chœur, touchent davantage les cœurs !
Alors, de vive voix et devant témoins, je veux saluer en toi, tout à la fois, le professeur exceptionnel que tu as été, mais aussi, l’ami et l’exemple formidables que tu n’as jamais cessé d’être !
2- Mais, ce soir, c’est au professeur que nous rendons hommage et c’est à son propos que je voudrais faire quelques évocations, ayant conscience que je ne ferai qu’effleurer une personnalité aux qualités professionnelles et humaines, des plus riches et des plus nobles !
Je ne retiendrai que deux traits de caractère ; mais ils me paraissent parfaitement emblématiques de ce que furent ton enseignement, et dans son prolongement, certaines de tes actions. Le premier trait, illustre ce feu sacré qui semblait se dégager de ta personne et irradier toute ta fonction; c’est pour moi, l’incarnation de la figure « du professeur passionné » ! Le second trait, plus intimiste et plus personnel, met en lumière ce supplément d’âme qui, quelques fois, a révélé ta nature foncièrement généreuse, en particulier a l’endroit de certains de tes élèves; c’est, l’expression d’une figure aussi rare qu’admirable, celle « du professeur humaniste » !
2. 1- Pour l’évocation de la figure du professeur passionné, chacun, je crois, a pu remarquer, les qualités indéniables du passeur, du pédagogue ou du formateur que tu as été; mais ce que, moi, je voudrais souligner, c’est cette part de « passion » que tu as manifestée, pour ainsi dire, dans tous les registres de ton art : passion pour exercer ton métier, passion pour transmettre ton savoir et surtout, passion pour faire aimer la chose enseignée, à tes élèves !
J’en suis convaincu, c’est parce que tu nous as transmis un peu de cette flamme, que nous sommes partis, sans complexes, à l’assaut d’imprenables citadelles ! Je veux parler de la conquête de langue française, de la littérature française et même de la fastidieuse méthodologie, en pensant en particulier, à ce fameux plan qu’il fallait assimiler pour élaborer ce que l’on appelait un « Essai », cette Dissertation simplifiée et qui m’a valu personnellement, bien des points et des louanges par la suite!
Mais, on le sait, la passion est exclusive et exigeante ! À titre d’exemple, celle que tu nous as inspirée pour la langue française, l’était tout particulièrement ! Car, qui voulait convoiter ou apprivoiser la « Langue de Molière », se devait d’en respecter le caractère entier, pur et châtié, sans concession aucune, ni à la familiarité, ni à la vulgarité, ni davantage à l’usage relâché de ses règles académiques ! Ton exigence à cet égard, était des plus grandes ! J’en sais quelque chose ! Je garde en effet, le souvenir de quelques réprimandes singlantes dont une résonne encore en moi, comme ce jour, où tu me lança : « c’est quoi ce charbia, avec, en plus, des fautes d’orthographes ?». Mais, j’avais retenu la leçon, et travaillé pour éviter de pareils revers !
Cette figure du professeur passionné, tu l’as également montrée dans les multiples activités extrascolaires que tu avais pu développer. Et à cet égard, tu étais vraiment, l’un des très rares à t’y consacrer! Valoriser auprès de tes élèves, les dimensions culturelles, d’épanouissement et d’ouverture sur le monde, était en effet, pour toi, une des garanties pour que ton enseignement ne soit pas trop déconnecté de son environnement ou du monde extérieur ! C’est ainsi, qu’on t’a vu t’investir, à notre grande satisfaction, nous élèves, dans des activités tournées vers l’extérieur, comme celles organisées autour du yoga, du théâtre, du ciné-club, des conférences, des visites de sites (je pense en particulier, à celles de Tlémcen, de Oilili, du sud marocain avec un petit groupe), ou encore à celles de ces voyages que je dirais « interculturels » en France, offerts à quelques chanceux dont j’ai fait partie !
2.2 – J’en viens maintenant à l’évocation de la figure du professeur humaniste; elle donne une certaine idée de ta singularité et de ton altruisme.
Pour l’illustrer, je voudrais, chers amis, vous raconter rapidement, une petite histoire ; celle de ma rencontre avec M.Mercadié et qui évoque ces rencontres humaines excéptionnelles qui changent une vie et qui infléchissent un destin !
Mais, je ne saurais le faire, sans associer à cet hommage l’autre protagoniste incontournable de cette très belle histoire partagée, je veux parler de Mme Marinette Mércadié, ton épouse, qui a été mon professeur de français avant toi; je l’ai eue en 4è année pour l’année 68-69, avant d’être ton élève pour les deux années suivantes. Je n’oublie pas que c’est elle, qui, par son enseignement exceptionnel et par sa très grande sensibilité, m’a définitivement plongé dans l’univers de la poésie et de la littérature française ! Je n’oublie pas non plus, les gestes d’empathie et de soutien qu’elle a partagés avec toi à l’endroit de certains de vos élèves communs et dont je suis l’un des exemples !
Alors, je compte sur toi, cher Michel, pour lui remonter ma profonde gratitude et l’assurer de ma fidèle amitié.
J’en viens donc, à mon petit récit de vie, et je le ferai très court pour ne pas trop t’embarrasser, ni trop lasser nos amis :
J’avais, pour ainsi dire, abondonné mes études, en 4 è année au sortir de l’année scolaire de 68- 69. C’était, comme on dit pudiquement, pour des raisons matérielles ! Je venais de trouver un travail dans une pharmacie (la Pharmacie « Seban », vers la Casa d’España pour ceux qui s’en souviennent), et positionné pour devenir «préparateur de pharmacie ». C’est là que M.et Mme Mercadié, apprenant cet abandon, se sont sont manifestés et ont oeuvré pour que je puisse retourner à mes études, disant vouloir éviter un tel gâchis » ! D’où la proposition inesperée qu’ils finiront par me faire et qui consistera à me verser une sorte de bourse, compensant exactement le salaire qui m’avait été attribué à la pharmacie. L’engagement était pris pour deux ans, càd, jusqu’à l’obtention de mon bac. En réalité, cela durera 2 ans et demi… Qui plus est, la proposition de départ, qui m’avait été faite, était assortie d’un voyage de découverte et d’agrément en France ; ce qui pour l’époque relevait de l’exceptionnel ! Ma réponse ne pouvait être que positive et empressée !
Ce geste allait donc, sceller entre nous et définitivement, des liens d’amitié et des liens familiaux, qui, depuis, ne se sont jamais démentis ! Et c’est donc, grâce à ton soutien, à un moment fatidique, que j’ai pu, sans encombre, aller au bout de mes études, et même au bout de certains de mes rêves !
Ce dont témoigne cette évocation, c’est de la rareté et de la beauté du geste dont j’ai pu bénéficier personnellement, tout comme, certains autres de mes camarades; je pense en particulier, à Miloud J., à ces personnes de Naïma dont j’ai oublié les noms… !
Bref, autant d’actions par lesquelles, ton empathie t’a portée au secours de certains de tes élèves, qui sans cela, auraient, tout simplement décroché !
On m’a souvent posé la question de savoir ce qui pouvait motiver une telle attitude de générosité, de ta part ! Je puis témoigner, moi, qui ai eu la chance de te côtoyer que je n’y ai jamais vu, autre chose que ta foi inébranlable, en l’homme et ton sens aigu de la justice sociale. Pour moi, tu avais et tu as, tout simplement, l’humanité chevillée au corps ! Pour Aristote, « l’homme, est celui qui va au bout de son humanité » ! Alors, je ne sais pas si tu as été au bout de ton humanité, mais ce que je sais avec certitude, c’est que tu n’as jamais cessé d’être en chemin dans sa direction ! Ce que je sais aussi, c’est que la bonne fée qui avait oublié de se pencher sur mon berceau à ma naissance, a bien fait de se rattraper en me mettant sur ton chemin ! Car, c’est cette rencontre, qui m’a permis d’infléchir le cours des choses et de me construire, ce que P. Coelho, appelle dans l’Alchimiste, une « légende personnelle »!

Pour conclure, cher Michel, je veux te dire ceci : que ce soit le professeur, l’ami ou le père spirituel qui ait murmuré à mon oreille, tu peux être sûr, que chacun de tes murmures, tout murmure qu’il est, a eu chez moi, une profonde résonnance ! Et c’est cette résonnance qui, consciemment ou inconsciemment, m’a conduit à marcher sur tes traces !
En regardant mon parcours personnel, je ne peux que constater cette heureuse correspondance avec ton propre parcours, parfois, poussée jusqu’au mimétisme !
Tu as fait Lettres et j’ai fait Lettres ; toi, en Lettres classiques, moi en Lettre Modernes et Sciences du langage. Tu as complété par de la Philo, moi, j’ai biffurqué vers les Sciences sociales (Socio, Histoire sociale et beaucoup de diplômes supérieurs en Travail social). Tu as exercé le métier d’enseignant (de professeur agrégé pour les Terminales et pour les Classes préparatoires d’ingénieurs), j’ai fait de l’enseignement universitaire et de la formation pour les cadres du Travail social à l’IRTS de Franche- Comté. Tu as dirigé des Structures sociales, j’ai dirigé des Etablissements médico- sociaux et deux associations ! Tu es un vieux et chevronné militant associatif, et je suis un vieux militant associatif convaincu, ayant d’ailleurs, partagé avec toi, certaines causes et quelques engagements au sein des mêmes associations… ! Une exception, toutefois, je n’ai jamais souhaité m’engager en politique… !
Sache en tous cas, que toutes les valeurs que tu m’as données en héritage, je les ai, non seulement, portées avec fierté, mais, je pense les avoir transmises à mon tour ! Et lorsque je les vois vivre aujourd’hui, chez les miens ou chez certaines personnes que j’ai pu approcher, je ne peux m’empêcher d’y voir la perpétuation de cette chaîne des solidarités humaines qui porte ton empreinte  et ton aura ! C’est d’ailleurs, cette humanité contagieuse qui m’a conduit à porter en ta compagnie, quelques combats associatifs sur la scène sociale bisontine et dont je continue, après ton départ de Besançon (en 2000), à être l’un des relais assidus!
Cher Michel, tu le sais, sur ces terres marocaines que nous chérissons toi et moi, la tradition islamique locale veut que tout se termine toujours par une prière ! Alors, je veux élever une supplique vers le très haut, et lui demander, non pas de te rendre un peu de ce que tu as donné ! Tu ne demandes rien et tu continues d’ailleurs à donner, mais de faire que dans sa grande clairvoyance, il envoie sur terre bien d’autres Mercadié ! Car, alors, leurs compétences, leur bienvaillance et leurs bonnes influences…feraient à coup sûr, bien d’autres heureux, tel que moi-même, j’ai pu l’être à tes côtés ! Amiin ou Amen, à ta guise ! Il reste à l’écoute de tous les braves !
Très cher Professeur, très cher ami, je te dis ma reconnaissance éternelle et te renouvelle mon amitié fidèle !

Benaïssa CHENNOUFI, le 24/04/2018 à Oujda (Maroc)

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3 Comments

  1. Mohammed BOUASSABA
    08/05/2018 at 14:19

    QUELLE RECONNAISSANCE !!

  2. Abdellah El Azzaoui ex.Barbare
    23/05/2018 at 04:57

    Je viens,cher Benaissa,à ma grande surprise,ce soir ramadanesque du 22 Mai,de discuter au téléphone avec un ami oujdi de Mohamedia et m’apprendre qu’il revenaite de la ville d’Oujda. Surpris pour ou par quoi ?Par la nouvelle de la présence de Michel Mercadié à Oujda .Moi,qui,avais fait « des mains et des pieds « dirais-je pour avoir de ses nouvelles ,aussi bien que des tiennes ,toi,mon cher Benaissa!Et ce ,depuis que j’ai commencé à utiliser Facebook ,je ne me rappelle plus quand.

    Ton camarade de classe Abdellah Barbare qui te salue et te dit:enfin,après tant d’années, ..

  3. Mohammed Moumen
    06/05/2022 at 10:01

    Cher Ben Aissa,
    Vous avez parlé pour nous. Bravo et merci.
    Mohammed Moumen. Ancien du Lycée Abdelmoumen. Bac Juin 65.

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