2- Lecture critique des nouveaux programmes de français des troncs communs (suite)
2- L’équipe pédagogique chargée de la conception des programmes de français des troncs communs, intitulé majestueusement « Enseignement-Apprentissage du Français au Cycle Secondaire Qualifiant », composée de professeurs et d’inspecteurs reconnus pour avoir des qualifications les ayant mandatés à entreprendre la rude tâche de couper et de tailler l’habit du savoir et de la connaissance à la mesure et à la convenance de ceux à qui il est destiné. Le marché du savoir et de la connaissance, qui ne manque d’ailleurs pas d’étoffes, offre à sa clientèle un large éventail de modèles, de couleurs, de tailles, et de motifs riches et variés. S’il en est ainsi, l’équipe pédagogique composée de vieux routiers de la profession n’aurait donc aucune peine à choisir, à isoler et à s’approvisionner en produits et en articles qui entrent dans la confection des programmes des troncs communs dans un marché où les étals sont lourdement chargés de marchandises destinées à la consommation et à l’utilisation. Cependant, en dépit de l’abondance des produits qu’offrent les médias en journaux, brochures, magazines, revues… les librairies en livres de tous genres, l’internet et son large éventail, le choix de l’équipe pédagogique s’est arrêté de manière inexplicable et injustifiée sur un genre qui, frappé par le sceau de la désuétude, est, hélas ! dans sa phase de déclin et d’agonie. En effet, tous les efforts des concepteurs des programmes ont porté sur le genre journalistique auquel ils ont accordé une lourde enveloppe horaire de tout un semestre.
Pour rapprocher les lecteurs et les intéressés du contenu des nouveaux programmes des troncs communs, je leur propose de contempler le sommaire du semestre 1 tel qu’il est inscrit sur les pages 3 et 4 du Livret de l’élève et 9 du Guide pédagogique du professeur :
Séquence 1 : Elaborer la maquette d’un cyber journal
Séquence 2 : Rédiger l’éditorial du cyber journal
Séquence 3 : Élaborer la rubrique ‘’Environnement’’ du cyber journal
Séquence 4 : Produire des reportages pour le cyber journal.
Les élèves des troncs communs et leurs professeurs de français seront donc condamnés pour un long et fastidieux semestre à souffrir le martyre avec le vocabulaire technique du journal comme s’ils étaient dans un institut de journalisme et non dans une école publique qui dispense un enseignement général, et moi à subir les assauts dudit Dekhissi Abdellah, membre de l’équipe pédagogique, comme si j’étais un vulgaire personnage et non un ancien professeur qui a derrière lui 39 ans de pratique pédagogique. Que ledit Dekhissi Abdellah me fasse donc comprendre, à moi dont le discours est marqué par ‘’l’insolence gratuite’’, quel est l’objectif que l’équipe des concepteurs des programmes des troncs communs veut faire atteindre chez les élèves des troncs communs en leur faisant produire la maquette de la une d’un journal qui est curieusement composée d’éléments métaphoriques comme ‘’le cheval, l’ oreille, le ventre, le pied, la tête, le chapeau … ? ( Livret de l’élève pages 16 et 17). Quel est l’intérêt d’un programme dont la moitié de l’année scolaire est consacrée au journal ? Est-ce que les élèves des troncs communs doivent impérativement faire leur entrée dans le lycée par la prise de connaissance du journal, du vocabulaire et du style journalistiques? Est-ce l’urgence des besoins des élèves qui a motivé le choix des concepteurs des programmes pour avoir accordé tout un semestre au journal ? Est-ce le niveau des élèves qui a exigé un passage obligé par le journal, ses composants, ses formes, son style, son vocabulaire ?…
Il faut signaler que toutes les activités scolaires hebdomadaires, de la réception et production de l’oral, aux travaux encadrés, à la réception et production de l’écrit, se rattachent au journal, à ses formes et à ses composants. Que mes lecteurs me pardonnent le supplice que je leur fais endurer en leur soumettant quelques unes des activités et taches que les élèves doivent accomplir pendant le semestre 1 de leur année scolaire (cf Sommaire, pages 2 et 3 du Livret de l’élève) :
– Etablir les raisons et les rapports d’un cyberjournal ;
– Concevoir et produire une maquette du cyberjournal ;
-S’approprier les fonctions et les propriétés de formulation d’un titre d’un éditorial ;
-S’approprier les spécificités d’un éditorial ;
-Rédiger un éditorial qui présente le cyberjournal ;
-S’initier à la construction et au développement d’une interview ;
-Réaliser une interview orale authentique… ;
-Construire un scénario pour réaliser un reportage ;
-Rédiger un article en respectant la structure.
Comme les lecteurs peuvent le constater, tout le semestre 1 est consacré au journal, ses formes, ses composantes, son vocabulaire, comme si tous les élèves des lycées marocains étaient destinés à la carrière de journaliste dès les troncs communs ou comme si leur réussite scolaire en dépendait.
D’un autre côté, les préparateurs des programmes de français des troncs communs- il me semble que le mot concepteurs est inapproprié- n’ont pas pris en considération le passé culturel des élèves, leurs acquis, leur niveau scolaire actuel, ce qu’ils ont appris au collège, ce qui leur reste à apprendre au lycée, les déperditions constatées lors de leur passage du cycle collégial au cycle qualifiant, les manques ou les insuffisances des programmes du cycle collégial et comment y remédier avant de s’engager dans la confection d’un programme qui doit aller de l’avant en innovant sans reproduire le passé, ni rompre avec le présent. Mais j’ai personnellement constaté qu’ils ont à la fois reproduit le premier et rompu ave le second.
Pour ce qui est du premier point, les préparateurs des programmes des troncs communs ont reproduit le programme de la deuxième année secondaire du cycle collégial. En témoigne le programme de la 2ème année du cycle collégial tel qu’il figure sur ‘’PARCOURS ; séquences d’apprentissage du Français ; Livre de l’élève’’ où les préparateurs du programme de français du tronc commun ont largement pioché. La table des matières du livre de l’élève affiche les contenus du premier semestre à la page 8 comme suit :
-Séquence 1 : reconnaître et classifier les différents médias ;
-Séquence 2 : Identifier et analyser les caractéristiques générales d’un texte journalistique ;
-Séquence 3 : reconnaître et expliquer les différentes formes d’écrit dans un journal ;
Puis, Parcours propose à la page 41 la maquette de la une d’un journal identique à celle du Livret de l’élève des troncs communs.
Le semestre 1 de la 2ème année du cycle collégial(Parcours) est consacré au journal tout comme le semestre 1 des troncs communs du cycle qualifiant.
Je me demande s’il s’agit là d’une coïncidence, d’une reprise, d’une exportation, d’un emprunt, d’un pastiche, d’un transfert, ou bien de ‘’toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé est purement fortuite’’.
A suivre…
4 Comments
Bonsoir !
Questions pour des lecteurs avertis :
1. Identifiez les figures de styles dans les phrases suivantes :
– [ …] Intitulé majestueusement » Enseignement- apprentissage du français au Cycle Secondaire qualifiant »
-Un genre frappé par le sceau de la désuétude.
-Et moi à subir les assauts dudit Dekhissi Abdellah.
-Que mes lecteurs me pardonnent le supplice que je leur fait endurer en leur soumettant quelques une des activités et taches que les élèves doivent accomplir.
-Parcours[…] où les préparateurs du programme de français du tronc commun ont largement pioché.
– Je me demande s’il s’agit d’une coïncidence […] , ou bien » de toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé est purement fortuite ».
2. Dégagez les termes ou expressions appartenant au champ lexical du préjugé dans le texte.
3. Quelle différence faites-vous entre préparateurs et concepteurs ?
4.
a. Montrez que l’auteur du texte s’érige en victime dans la phrase suivante: « Et moi à subir les assauts dudit Dekhissi Abdellah, membre de l’équipe pédagogique, comme si j’étais un vulgaire personnage et non un ancien professeur qui a derrière lui 39 ans de pratique pédagogique »
b. Pensez-vous que la compétence et le mérite se mesurent au nombre d’années ?
Salam Si Abdellah;
Je considère les commentaires signés de votre nom comme reflétant le point de vue commun de toute l’équipe, dont vous faites partie, qui a contribué de manière commune, à la préparation des programmes des troncs communs et par conséquent son niveau à soutenir un débat d’idées. Je considère également que, comme vous vous êtes mis à plusieurs pour préparer ces programmes, vous vous êtes mis à plusieurs pour rédiger les commentaires, avec leur force et leur faiblesse, qui suivent mes articles.
D’un autre côté, Si Abdellah, il y a un peu de vérité dans ce que vous avez dit à mon endroit : ‘’b- Pensez-vous que la compétence et le mérite se mesurent au nombre d’années ?’’ On dit bien dans langue de chez nous qui sait très bien exprimer les choses avec les mots les plus simples ‘’9dim wa ghchim’’.
Je suis, il est bien vrai, hélas ! au crépuscule de ma vie d’homme et d’écrivaillon et d’écrivassier. J’ai déjà le soleil dans le dos alors que vous l’avez en plein dans la face. Profitez de ce que vous offre la vie mais pour cela, il faut auparavant réussir à ses tests et examens. Cela vous sera utile comme conseil venant d’un ‘’chibani’’.
Zaid tayeb
Bonjour Si Tayeb !
Franchement, je respecte ce que vous avez dit. Et je ne cesse d’apprendre même d’un apprenant que j’enseigne . Sachez seulement que je réponds en mon nom uniquement .
Comme je suis très laconique je dirai ceci non pas pour controverser mais pour le plaisir de la conversation :
– Le projet , tel qu’il est élaboré en général par les enseignants , met l’accent sur une succession de contenus purs et simples et non pas sur une compétence tracée au préalable .
– Le point fort du projet tel qu’il a été élaboré par l’équipe c’est qu’il part d’une réflexion axée sur l’ingénierie pédagogique . En amont ; La compétence , le projet pour mettre en place ladite compétence, les capacités à développer chez l’apprenant et les ressources qui vont être déclinées en activités. Cela permet de donner du sens au apprentissages .
– Le choix du cyberjournal n’est qu’un prétexte : on peut penser à une infinité de projets. Il a été dicté par l’actualité et l’intérêt des élèves au monde du numérique . Mais cela s’inscrit bel et bien dans une continuité puisque les élèves ont déjà une idée sur le journal version papier. Autrement dit , il s’agit de travailler en synergie avec les trois cycles pour plus d’harmonie , de rentabilité et d’efficacité.
– Il y a une variété de supports , d’activités innovantes et de scénarios pédagogiques qui font de ce projet , me semble-t-il , une méthode agréable et efficace pour mettre en pratique un enseignement -apprentissage intelligent et rationnel. Et non pas un ressassement de termes relatifs au journal . On a gardé les domaines disciplinaires en y ajoutant les travaux encadrés comme initiation à la recherche documentaire et à l’autonomie. On a lié la langue au discours . On a dit qu’une séance n’est pas forcément lié à une heure de cours mais à plusieurs si le besoin se fait sentir. on a varié les modalités de travail : collectif, en binôme , en groupes … On a mis l’accent sur les tâches et de l’enseignant et de l’apprenant et que sais -je encore?
– Ce qui est intéressant dans l’approche actionnelle ce n’est pas le projet en soi mais le processus d’apprentissage, les modalités de travail, les interactions , l’agir social de l’apprenant et aussi le transfert des apprentissages mais aussi l’apprentissage du transfert.
Finalement , le travail vaut ce qu’i vaut . Nul ne peut prétendre la perfection. Il y aura toujours des retouches à faire et cela implique tout le monde .
Mes amitiés Si Tayeb .
Salam si Abdellah.
Vous avez mal engagé » la conversation » en ayant fait de ma réflexion sur les nouveaux programmes de français des troncs communs , à l’ l’élaboration desquels vous avez contribué , une épreuve de français destinée aux élèves des premières années du bac. C’est une plaisanterie qui nuit à toute l’ équipe dont je réprouve la complicité .
D’ un autre côté, si vous parlez au nom de l’équipe qui a préparé les programmes, et cela va de soi que vous soyez son porte parole, les lecteurs qui nous lisent évaluent son niveau dans la façon de nourrir et d’ entretenir un débat sur un sujet de réflexion. Si, au contraire, vous parlez en votre nom personnel, sans référence au groupe, vous compromettez tout le groupe en l’ engageant sur une plate forme qui l’ incommode et le fragilise.