NADOR : L’espace de projets de Aïn Zohra-Hassi Barkane
L’espace de projets de Aïn Zohra-Hassi Barkane
Cet espace de projets correspond à la partie méridionale de l’actuelle province de Nador, comprise entre la Moulouya, à l’est, et les montagnes d’Aknoul, de Tizi Ousli et de Mazguitam, à l’ouest. Il s’étend sur une superficie de 1620 km2 environ et se compose de quatre communes rurales qui sont celles de :
Aïn Zohra et Oulad Boubkere, à l’ouest
Afsou et Hassi Barkane, à l’est.
1. Problèmes et potentialités de développement
1.1. De grandes déficiences économiques et de graves difficultés sociales
L’espace de projets de Aïn Zohra-Hassi Barkane souffre de nombreux problèmes et de grandes insuffisances, pratiquement à tous les niveaux, qui constituent autant d’entraves et d’obstacles à son développement. Ces derniers sont de tous ordres, parmi lesquels on soulignera ceux qui suivent, et qui handicapent sérieusement le processus de développement local :
· L’aridité qui représente ici un problème structurel de taille. Elle est d’autant plus accusée que l’essentiel de cet espace se trouve en position d’abri par rapport aux influences relativement humides qui proviennent de l’ouest, du nord et surtout du nord-est en face desquelles se dressent les barrières montagneuses du Rif Oriental, des Bni Znassene et des Kabdana. Ainsi, même les hauteurs qui composent les massifs de Masgout et des Bni Bou yahi reçoivent peu de précipitations et se trouvent souvent dénudées, ne portant qu’une maigre végétation, avec de rares formations de matorral. Les parties basses se présentent sous forme de bassins relativement fermés (Aïn Zohra, Garrouaou, Hassi Barkane), avec un faible drainage superficiel.
La rareté de l’écoulement et la récurrence des sécheresses dans ce milieu aride (200-250mm/an en moyenne), expliquent la faiblesse de l’activité agricole, dominée par une maigre céréaliculture en bour. L’élevage ovin extensif concerne tout cet espace, majoritairement steppique, où seules quelques rares sources ou des initiatives locales de pompage d’eau permettent l’éclosion de petits périmètres irrigués qui se présentent comme de véritables oasis. L’apparition de l’élevage camelin, notamment dans la commune d’Oulad Boubkere, souligne bien le caractère fort aride de cet espace.
· Le sous-équipement en infrastructure sociale, au niveau de l’enseignement, de la santé et des services de base. Ceci est attesté par un taux de scolarisation particulièrement bas et un niveau d’alphabétisation scandaleusement élevé, touchant la majorité des hommes et presque l’ensemble des femmes. En dehors d’une faible proportion des résidents des petits centres ruraux, notamment Aïn Zohra et Hassi Barkane, la population manque d’alimentation en eau potable et d’électricité. Le manque d’établissements d’enseignement secondaire (collège, lycée) condamne les jeunes à s’exiler vers les centres urbains de Midar, Driouch et autres plus éloignés, pour suivre leurs études, ou y renoncent bien souvent, fautes de moyens.
· Un enclavement prononcé, par manque de voies de communications, puisque cet espace n’est traversé que seulement par deux routes de liaison extra-régionale, qui sont la N15 et la R511, alors que le reste du territoire est très difficilement et partiellement accessible, par de rares voies en état fort dégradé.
· Une dégradation fort avancée du milieu naturel, due à la combinaison de trois facteurs défavorables : l’aridité, les sécheresses répétées et souvent très accentuées, la prédominance de l’activité pastorale. Le couvert végétal, initialement maigre, est ainsi sévèrement malmené, pour des raisons naturelles et anthropiques sévères, notamment les défrichements et le surpâturage.
· La faiblesse du phénomène urbain est réduit ici à sa plus simple expression, puisque seules les agglomérations de Hassi Barkane et surtout celles de Aïn Zohra, présentent certaines caractéristiques de petits centres perdus au sein d’un espace presque exclusivement rural et steppique. Ce déficit urbain représente un handicap sérieux pour l’encadrement économique et social de la zone, d’autant plus qu’elle se trouve relativement excentrée par rapport aux villes du Kart situées au nord.
· Une situation foncière critique, puisque la propriété du sol est globalement régie par le régime problématique du khalifien.
Ainsi, défavorisées par la nature, en raison de l’aridité, de la rareté de l’écoulement superficiel et la pauvreté des sols, ces collines figurent parmi les espaces les plus déprimés économiquement dans la Région de l’Oriental. Ceci se manifeste par la prédominance d’une économie agro-pastorale très extensive basée sur une céréaliculture sporadique, un élevage ovin, caprin et même camelin médiocre. Il en résulte une pauvreté accusée, ces communes figurant parmi les 45 communes les plus démunies de la Région de l’Oriental. Ceci explique l’importance d’une émigration prononcée à la fois vers des espaces plus cléments, et surtout à l’étranger, d’où le poids des transferts monétaires des MRE dans les revenus des ménages et le mode de vie des populations locales.
1.2. Des perspectives démographiques modestes
L’évolution de la population qui s’est produite dans cet espace, depuis l’indépendance du Maroc, montre qu’il y a eu un accroissement assez important durant les décennies 60 et 70 (35 % entre 1960 et 1971, puis 18 % entre 1971 et 1982) soit une augmentation de près de 60 % en 22 ans (1960-1982). Toutefois, la détérioration continue du climat, d’un côté, la permanence d’un état d’équipement social déficient et d’une situation économique médiocre, de l’autre, ont entraîné l’accélération de l’émigration, ce qui fit glisser la zone vers une phase de stagnation de l’effectif de population autour de 32 000 personnes. Le recensement de 1994 a donné un nombre de résidents pratiquement égal à celui de 1982.
Evolution récente de la population de l’espace Aïn Zohra-Hassi Barkane
ANNEE 1960 1971 1982 1994
POPULATION 20 204 27 316 32 131 32 455
Cette stagnation démographique constitue un indicateur particulièrement éloquent qui renseigne sur la situation de crise dans laquelle se trouve la zone, se traduisant par une forte émigration interne et externe qui emporte pratiquement l’équivalent de tout le croît naturel annuel. Cette situation de marasme global se ressent également dans l’absence de centres urbains capables de retenir ou d’attirer la population et de dynamiser l’économie.
Si la situation qui a prévalu jusqu’à présent se maintient, il faudra s’attendre à une régression démographique importante, pouvant ramener l’effectif des habitants en deçà de 25.000 habitants, voire moins, vers 2020-2025. Cette évolution tendancielle n’est ni souhaitable ni acceptable, notamment si on l’insère dans le contexte de la stratégie du SDAR qui préconise un développement équilibré de l’ensemble des composantes de l’espace régional, afin d’en éviter l’hémorragie humaine et le déclin socio-économique.
Dans des conditions d’aménagement volontaire, la population totale de l’espace de projets ne connaîtra pas un tel déclin démographique puisque les transformations de l’économie locale, d’une part, et la promotion de certaines localités urbaines, d’autre part, pourront permettre une diminution sensible de l’émigration et, partant, un léger accroissement démographique, pour se maintenir au niveau de 35 000 à 40 000 âmes vers 2025-2030.
Perspectives démographiques (2000-2025)
Milieu Années
2000 2005 2010 2015 2020 2025
Rural 31 000 30 000 29 500 28 500 27 500 26 000
Urbain (centres émergents) *1 500 **3 000 **4 000 **5 500 *7 000 **9 000
Total 32 500 33 000 33 500 34 000 34 500 35 000
Taux d’urbanisation (%)
5
9
12
16
20
26
* Population des centres de Aïn Zohra et Hassi Barkane
** Population des centres de Aïn Zohra, Hassi Barkane, Afsou et Oulad Boubkere
Les petites localités actuelles de Aïn Zohra, Hassi Barkane, Afsou, Oulad Boubkere mériten d’être érigées assez rapidement en centres urbains et équipées en conséquence pour leur permettre de remplir les fonctions urbaines nécessaires et incontournables pour le développement de cet espace de projets.
1.3. Principaux atouts et potentialités de développement
Des ressources non négligeables et des atouts remarquables peuvent être mis à contribution pour promouvoir le développement économique et social de cet espace :
des ressources en eau certes limitées, mais pouvant être grandement augmentées, représentées par les sources existantes qui peuvent être mieux exploitées pour étendre l’espace irrigué afin d’améliorer la production agricole, notamment le maraîchage, l’arboriculture et l’élevage bovin,
l’existence de petits bassins intérieurs qui, en plus de la terre arable, peuvent receler des eaux souterraines à mobiliser,
l’extension de parcours pour l’élevage ovin mais aussi camelin. Cette dernière activité semble bien réussir dans la commune de Oulad Boubkere,
les possibilités de développer les activités touristiques dans les secteurs de montagne proches (gîtes, chasse….),
la disponibilité de ressources financières importantes générées par l’émigration à l’étranger qui concerne la quasi-totalité des ménages,
la localisation intermédiaire entre des zones qui affichent un dynamisme économique relatif, notamment celle de Taza-Garcif-Taourirt au sud, liée au grand couloir de communication Fès-Oujda, d’un côté ; la plaine du Kart, au nord, animée par un réseau urbain actif, ainsi que la zone irriguée des périmètres de rive gauche de la Moulouya, au nord-est, de l’autre,
la possibilité de tirer profit des grands axes de communication qui traversent la zone (RN 15 ; RR 511 et la nouvelle route Taourirt-Nador, sans oublier l’éventuelle voie ferrée qui devra relier ces deux dernières agglomérations dans un avenir plus ou moins proche).
2. Actions d’aménagement et projets de développement
L’ensemble des atouts et potentialités dont dispose la zone sont loin d’être mis en valeur, en raison des multiples handicaps précités, dont les plus saillants sont le foncier, la mobilisation de l’eau, l’aménagement des centres urbains et la capitalisation des transferts des MRE.
Pour s’inscrire dans le cadre de ces options, il est nécessaire d’articuler l’action d’aménagement et de développement autour des trois axes suivants :
l’amélioration et le renforcement du réseau routier afin de désenclaver la zone et l’ouvrir sur les grandes artères de communication et sur les marchés intérieurs et extérieurs;
la protection et la préservation des ressources naturelles qui représentent le support de tout développement économique local, à savoir l’eau, les sols et le couvert végétal,
l’aménagement de petits centres urbains capables de fixer les populations et d’insuffler le dynamisme souhaité à l’économie locale, tout en encadrant la population sur le plan social et culturel (services administratifs, établissements d’enseignement, de santé, de culture et services financiers…).
2.1. De l’eau pour les hommes, le cheptel et les cultures
La fourniture de l’eau en quantité suffisante et de bonne qualité est la condition de base pour assurer la promotion de cette zone, en raison de son climat aride accusé et des sécheresses graves qui l’atteignent de façon répétée, et ce en dépit de sa situation septentrionale, à la latitude d’Oujda.
L’alimentation en eau potable
L’adduction d’eau potable est un facteur déterminant pour le développement des futurs centres urbains. Les estimations établies à ce sujet indiquent la nécessité de fournir un volume de l’ordre d’un demi-million de m3 d’eau par an pour satisfaire les besoins des quelque 10.000 personnes qui peupleront les petits centres de la zone, notamment Aïn Zohra, Hassi Barkane, Afsou et Oulad Boubkere à l’horizon 2025.
Pour satisfaire cette demande potentielle, il est nécessaire de procéder à la mobilisation de certaines ressources locales, représentées par quelques sources qu’il faudra aménager, tout en explorant les possibilités d’utiliser les eaux souterraines.
Toutefois, la contiguïté de cet espace par rapport au barrage de Machraa Hammadi, l’habilite à recevoir une bonne partie de sa dotation d’eau à partir de ce grand réservoir qui sera alimenté copieusement par les eaux retenues par le barrage de Laghrass.
L’eau agro-pastorale
La valorisation des terres arables, qui se trouvent essentiellement dans les bassins et cuvettes de cette zone, passe, en grande partie, par l’adduction d’eau d’irrigation à la fois pour étendre les rares petits périmètres actuels, d’un côté, et pouvoir créer de nouveaux, de l’autre. Les voies qui s’offrent dans ce domaine ne sont pas nombreuses. On peut indiquer celles qui doivent polariser l’attention des responsables locaux, provinciaux et régionaux :
mise en œuvre d’un programme de recherche et d’exploitation systématique des eaux souterraines ;
modernisation du système d’irrigation traditionnelle en vigueur dans les petits périmètres actuels avec l’appui aux agriculteurs pour favoriser leur reconversion à l’irrigation localisée, dans le cadre de coopératives d’équipement et de services ;
édification de petits barrages sur les cours d’eau qui descendent les massifs montagneux environnants et qui charrient parfois des volumes hydriques importants qui, faute d’ouvrages de retenue, sont inutilement perdus et pour l’AEP et pour l’activité agro-pastorale. La mobilisation de ces eaux de ruissellement, tout à fait vitale pour la zone, requiert, parallèlement, la mise en œuvre de programmes de reboisement des montagnes et des versants en vue de lutter contre l’érosion des sols et l’envasement des barrages éventuels ;
extension vers le sud de la grande irrigation qui a déjà atteint la plaine de Tiztoutine, pour concerner les zones de Hassi Barkane et Afsou notamment ;
aménagement de points d’eau pour l’alimentation du bétail et l’appui de l’élevage, spéculation fort importante dans cet espace.
Ce n’est que par une telle stratégie intégrée, explorant les voies potentielles susceptibles de mobiliser l’eau indispensable et facteur de développement incontournable, qu’il sera possible d’enclencher le processus de promotion économique et de progrès socio-culturel de cette zone, pour l’instant bloquée, acculant les populations à tirer des profits dérisoires d’un territoire globalement aride et, donc, à compter beaucoup plus sur des sources de revenu externes, dont essentiellement les transferts qu’offre l’émigration en Europe.
Il faut insister sur le fait que des marges non négligeables peuvent être dégagées en matière de ressources hydriques, en opérant les conversions nécessaires et en adoptant les systèmes d’irrigation appropriés pour réaliser des économies substantielles. Ces dernières peuvent évidemment être versées dans l’alimentation en eau potable, mais surtout pour étendre le terroir irrigué, et aussi accroître et diversifier la production agricole, tout en introduisant un élevage bovin appréciable, pour la production laitière notamment.
2.2. La promotion de l’agriculture et de l’élevage
Il est sûr que le facteur pesant de l’aridité n’encourage guère le développement d’une agriculture et d’un élevage rentables, notamment dans un contexte caractérisé par une situation foncière des plus handicapantes, des structures agraires archaïques et des systèmes de production très peu performants, tournés beaucoup plus vers l’auto-subsistance que vers le marché.
Le déblocage d’une telle situation passe nécessairement par la mise en œuvre de réformes institutionnelles courageuses, et d’actions d’aménagements pertinentes. Nous insistons ici sur les orientations suivantes :
régler la question foncière qui, ici comme partout ailleurs dans le Maroc du nord, s’interpose en tant qu’écran opaque devant l’investissement productif ;
procéder aux aménagements fonciers nécessaires, permettant de constituer des exploitations viables, aptes à opérer la reconversion économique souhaitée ;
faire les aménagements et améliorations nécessaires au niveau des sols, par les opérations d’épierrage, de défonçage, d’amendement,… ;
mobiliser au maximum les ressources hydriques locales, souterraines et superficielles, tout en cherchant les voies et les moyens de bénéficier des réserves d’eau proches que recèlent les barrages de Mohammed Al Khamis et Machraa Hammadi ;
encadrer les agriculteurs locaux, dans le sens de la reconversion des systèmes d’irrigation traditionnels, vers les systèmes d’irrigation localisés, ce qui nécessite l’appui technique et financier, mais aussi les encouragements fiscaux de la part de l’Etat, en ce qui concerne l’achat des équipements nécessaires et l’encadrement des agriculteurs ;
encourager la plantation d’arbres fruitiers, en remplacement d’une bonne partie de la céréaliculture, qu’elle soit en irrigué ou en sec, afin de mieux protéger les sols, d’un côté, d’accroître la production et les revenus, tout en dégageant un surplus pour de petites unités agro-alimentaires locales, de l’autre ;
procéder à l’aménagement des parcours afin d’en améliorer la production fourragère et, donc, l’alimentation du bétail ;
renforcer l’équipement nécessaire pour améliorer la santé du cheptel, tout en aménageant les points d’eau pour l’abreuvement des bêtes ;
veiller à dispenser aux agriculteurs et aux éleveurs, les formations adéquates pour les aider à faire la transition vers une agriculture et un élevage modernes.
2.3. Initiation et consolidation de l’urbanisation
L’un des grands points faibles de cet espace de projet est l’absence de centres urbains véritables, capables d’encadrer les populations rurales et de dynamiser l’économie locale, missions que ne peuvent remplir les rares petits centres ruraux actuels. C’est dans ce sens qu’il est tout à fait nécessaire d’encourager le développement des agglomérations déjà existantes et de promouvoir de nouveaux noyaux afin de doter la zone d’une petite armature urbaine en fonction de laquelle l’articulation de son territoire et le développement de son économie pourront se faire.
La valorisation des petits centres actuels
Les deux centres émergents les plus importants sont Aïn Zohra et Hassi Barkane, le premier localisé sur l’aile occidentale de la zone, l’autre sur son aile orientale. Ils bénéficient tous deux d’une situation relativement avantageuse sur un axe routier, beaucoup plus important dans le cas de Hassi Barkane, puisqu’il s’agit de la nouvelle RR 603 reliant Nador à Taourirt, animée par un trafic de plus en plus intense, que dans le cas de Aïn Zohra, qui ne profite que faiblement des RR 508 et 511, nettement moins bien fréquentées. Il est certain que toute amélioration de ces deux derniers axes routiers ne pourra que profiter amplement à Aïn Zohra, en lui donnant le coup de fouet souhaité.
Il faut remarquer que le centre de Aïn Zohra bénéficie d’atouts de développement non négligeables, sur lesquels il peut asseoir son développement :
l’existence d’une agglomération sédentaire relativement ancienne;
la présence de ressources en eau assez substantielles à la faveur desquelles un petit périmètre d’irrigation traditionnelle a été organisé, d’autant plus qu’il s’agit là d’un petit piédmont assez riche en sols ;
l’existence de densités rurales relativement élevées puisque la commune de Aïn Zohra compte quelque 12 000 habitants, avec une moyenne de 42 habitants/km2, alors que la densité ne dépasse guère 15 dans le reste de l’espace couvert par les trois autres communes. Une telle densité est susceptible de renforcer le peuplement de Aïn Zohra, dans le cas où celui-ci verra ses équipements socio-éducatifs et économiques renforcés. Elle constitue également un facteur favorable de dynamisation du centre dans la mesure où elle représente une clientèle potentielle pour les services que Aïn Zohra pourra offrir, tandis que ce centre constituera un marché intéressant pour la production agro-pastorale de son arrière-pays ;
Le renforcement du centre de Hassi Barkane fera de ce dernier une étape importante sur la nouvelle route (R 603), ce qui pourra représenter un atout de taille au niveau du développement de services pour le transport et la circulation notamment. Cette fonction devra se renforcer davantage avec la construction de la voie ferrée entre Taourirt et Nador.
Dans tous les cas, chacune de ces deux agglomérations nécessite, à court terme, l’élaboration d’un plan d’aménagement approprié, qui est l’instrument indispensable pour en organiser la croissance, restructurer le tissu actuel, préparer l’assiette foncière pour accueillir les lotissements d’habitat et les aires d’activités économiques ainsi que les équipements socio-culturels nécessaires.
Parallèlement à l’action de restructuration des tissus et de la lutte contre l’urbanisation anarchique, dispersée et coûteuse, qui souvent grignote un espace agricole déjà fort réduit, l’urgence se fait également sentir, dans ces deux localités, pour en organiser l’assainissement solide et surtout liquide. L’absence des réseaux d’assainissement et le recours aux puits perdus, conduisent à la pollution des nappes et des sources et, donc, à la réduction de la ressource hydrique, globalement rare.
L’organisation de nouveaux noyaux urbains
Si Aïn Zohra et Hassi Barkane pourront ainsi encadrer et dynamiser leurs espaces périphériques respectifs, la partie centrale de cet espace de projets, dépourvue de noyaux urbains, demeurera sans appui, si une action volontaire ne vient pas combler ce déficit. C’est dans ce sens qu’il est nécessaire de procéder à la création concrète et au développement des chef-lieux des communes d’Oulad Boubkere et d’Afsou, ce qui consolidera l’armature des centres et aidera à mieux intégrer cet espace à la fois dans le Rif Oriental et dans le couloir de Taza-Oujda. Ces deux noyaux et bien d’autres, qui émergent au fur et à mesure que l’économie locale sera développée et que les flux d’échange s’intensifieront, nécessitent des documents d’urbanisme pour en maîtriser la croissance et organiser la structure dès le départ.
2.4. Des équipements socio-éducatifs adéquats
L’état d’isolement plus ou moins accusé où se trouvent les populations locales est aggravé par le caractère ténu des équipements sociaux qui leur sont offerts sur place. Les services d’un certain niveau ne peuvent être consommés que dans des villes assez éloignées (Midar, Driouch, Al Aroui, Nador ou Zaïo au nord, Garcif ou Taourirt au sud), ce qui représente un surcoût que les populations ne sont pas toujours en mesure de supporter.
Ainsi, pour combler les retards actuels, et surtout pour préparer l’avenir de cet espace de projets, des efforts soutenus devront être déployés pour le doter des équipements socio-collectifs indispensables, en matière d’enseignement, de santé et de culture, notamment :
la construction d’établissements d’enseignement, du niveau collège et lycée, doit être considérée comme prioritaire, afin d’éviter les phénomènes de déperdition et de déscolarisation notoires qui sévissent localement, entravant ainsi la promotion socio-culturelle des jeunes et plus particulièrement des jeunes filles, d’autant plus qu’ils sont souvent tentés par les mirages de l’émigration et l’apport de l’argent facile de la contrebande ;
la formation professionnelle est un passage obligé pour doter cet espace en crise, des compétences techniques et de la main-d’œuvre qualifiée dont l’économie locale a le plus grand besoin ;
pour assurer le développement du secteur artisanal, il est nécessaire de mettre en place des formations appropriées notamment en termes d’apprentissage : bâtiment, travail du bois, du fer, de la laine, des peaux… ;
en matière de santé, le besoin se fait sentir pour doter les dispensaires d’un personnel qualifié, et étendre les activités des centres actuellement en place, avec la création d’unités d’accouchement et de planification familiale dotées de sages-femmes. De même qu’il est tout à fait souhaitable d’encourager l’installation de médecins privés pour appuyer l’action de l’Etat dans ce domaine ;
la construction d’équipement sportifs et culturels pour favoriser le maintien des jeunes sur place : terrains de sport, bibliothèques communales, unités de nouvelles techniques de communication… ;
la création de zones d’activités polyvalentes dans les centres émergents d’Aïn Zohra et de Hassi Barkane sera un facteur de dynamisation de l’agglomération et des communes avoisinantes, dans la mesure où les petites entreprises familiales et les unités d’artisanat y trouveront un environnement propice pour s’épanouir. Cela justifie l’implantation d’organismes de micro-crédits et d’entreprises de commercialisation et de services ;
le réaménagement des souks de la zone devra également contribuer à son intégration dans les circuits commerciaux sous-régionaux et, donc, à l’ouverture de celle-ci sur les espaces environnants, à savoir, les zones de Taza, d’Al Hoceimah, de Driouch-Midar, de Barkane-Zaïo, de Taourirt et de Garcif.
2.5. Des actions de désenclavement indispensables
Le développement du monde rural et la promotion des centres urbains est fortement tributaire de l’amélioration de l’infrastructure de transport et de communication. On insistera ici sur les actions suivantes :
l’élargissement et le renforcement du tronçon de la RN 19, qui relie Salouane à Hassi Barkane vers Taourirt ;
l’élargissement et le renforcement de la RP 511, reliant Driouch à Aïn Zohra ;
la construction de la route reliant Midar à Aïn Zohra;
l’amélioration de la route Aïn Zohra à Msoun par Mazguitam.
2.6. Protection et restauration de l’environnement
Trois grands facteurs ont conjugué leurs effets pour porter atteinte au couvert végétal de la zone :
l’aridification du climat et la succession d’années sèches, dans une zone en position d’abri,
la prédominance d’une économie pastorale extensive vivant essentiellement sur les parcours naturels,
l’action anthropique qui multiplie les opérations de défrichement et de déforestation.
Face à cette situation de plus en plus critique, trois genres d’actions sont absolument indispensables pour alléger la pression sur un environnement meurtri et permettre au couvert végétal de se régénérer partiellement, au moins dans les sites climatiquement les moins défavorables :
maîtriser le mouvement de défrichement et de déforestation qui prend localement des dimensions catastrophiques, activant ainsi les processus d’érosion et certains aspects de désertification,
amélioration des parcours, afin d’augmenter la biomasse et permettre au troupeau d’accéder à une meilleure alimentation. Il est urgent de lancer un programme de régénération de la steppe, à l’instar de ce qui a été pratiqué dans les hauts plateaux du sud de la Région de l’Oriental ;
mener un vaste programme de reboisement, dans les localisations appropriées dans le but de régénérer la forêt et de lutter contre l’érosion des sols, ce qui est également de nature à favoriser l’alimentation des nappes et des sources et, donc, à faire augmenter le potentiel hydrique de la zone.
Des projets spécifiques et concrets ont déjà été identifiés par les services concernés, dont on citera :
le projet de reboisement de 200 hectares dans la commune de Hassi Barkane,
le projet de reboisement de 100 hectares dans la commune de Oulad Boubkere.
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