NADOR : L’espace de projets de Dar Kabdani
LA ZONE DU RIF ORIENTAL
L’espace de projets de Dar Kabdani
L’espace de projets de Dar Kabdani
1. Caractéristiques générales
Sur le plan administratif, cet espace se compose de cinq communes rurales dont :
Trois communes littorales qui sont, d’Est en Ouest : Amejjaou, Dar Kabdani, et Tazaghine ;
Deux communes intérieures qui sont Aït Maït et M’hajer.
Sur le plan physique, nous avons là un massif montagneux assez élevé, appartenant à la chaîne de Galaïa qui domine la Méditerranée, du côté nord, et les plaines du Kart et de Tiztoutine, du côté sud. La pluviométrie y est relativement importante, notamment sur les versants bien exposés aux vents humides, ce qui permet la pratique d’une céréaliculture et d’une arboriculture non négligeables. Dans certaines vallées et de petits bassins, les agriculteurs ont aménagé de petits périmètres d’irrigation avec des cultures fourragères, maraîchères et fruitières.
A l’instar de l’espace de projets contigu de Boudinar-Tamsamane, se trouvant à l’ouest, l’espace de Dar Kabdani se trouve aussi à la veille de transformations importantes qui devraient être générées par trois faits majeurs :
L’évolution que connaîtra l’émigration en Europe et ce qu’elle amène comme apports monétaires très appréciables, puisque le phénomène concerne pratiquement tous les ménages. Cette évolution aura des répercussions profondes sur tout le système socio-économique local.
La construction de la Route Méditerranéenne pour laquelle le budget est actuellement disponible et qui aura, comme principale retombée, le désenclavement d’une bonne partie de cet espace qui sera facilement relié à Nador-Mlilia à l’est, et à Al Hoceimah, Tétouane et Tanger à l’Ouest, désenclavement qui est de nature à influencer la répartition spatiale de la population et l’économie de la zone.
Les impératifs de reconversion de l’économie, imposés par l’évolution du contexte national et international, d’autant plus que la zone est fortement influencée par le commerce frontalier et les diverses activités induites qu’il génère.
2. Problèmes dominants
Trois grands problèmes dominent la vie humaine dans cet espace : l’eau potable, l’enclavement et l’érosion.
L’eau potable
En dépit de sa densité de population très élevée et de la multiplication des centres à caractère urbain dont certains sont de taille appréciable, et malgré les disponibilités virtuelles des ressources en eau permises par des précipitations non négligeables, l’espace de Dar Kabdani compte parmi les espaces les moins bien dotés en eau potable dans la Région de l’Oriental.
En effet, l’adduction d’eau potable ne concerne qu’une petite minorité de la population de certains centres émergents et se trouve pratiquement absente dans le monde rural.
Si l’électricité est relativement plus disponible, la majorité des ménages n’en disposent pas encore.
L’enclavement
La nature montagneuse de la zone et son relief accidenté, caractérisé par un réseau hydrographique dense et encaissé, rendent difficiles la communication entre les différentes parties de la zone et l’ouverture de celle-ci sur le monde extérieur, par manque de bonnes routes et d’ouvrages d’art. A ce titre, la construction de la Route Méditerranéenne devra ouvrir des horizons nouveaux. Cette réalisation d’envergure doit être appuyée par l’ouverture de voies de communication Nord-Sud, afin de mettre en relation cet espace littoral avec les zones intérieures.
L’érosion
Le problème de l’érosion se pose ici en termes extrêmement aigus, favorisé par l’altitude, la nature du matériau géologique (souvent tendre), l’agressivité des précipitations, le tout amplifié par un mouvement de défrichement pluri-séculaire et une densité de population très forte, qui tous aggravent les formes érosives.
3. Perspectives démographiques
3.1. Le recul continu et inégal de la population locale
La population actuelle de l’ensemble de cet espace de projets ne dépasse guère 38.000 personnes, c’est-à-dire un volume pratiquement égal à celui qu’il y avait quarante années plus tôt. Autrement dit, l’équivalent de tout le croît démographique réalisé ici depuis 1960 a été pratiquement laminé par une émigration particulièrement forte.
La population de cet espace semble avoir atteint son maximum au début des années 80 avec un effectif de 51.000 personnes, tournant à partir duquel elle a commencé à diminuer à un rythme accéléré, pour tomber à moins de 41.000 en 1994, soit une chute brutale de l’ordre de 20%, entraînant une régression de plus de 10.000 âmes, en chiffres absolus par rapport à 1982.
En fait, cette hémorragie démographique est beaucoup plus accentuée, puisqu’elle a emporté aussi le produit de l’accroissement démographique intervenu pendant cette période intercensitaire, sachant que les ménages de cette zone conservent encore un taux de fécondité assez élevé. Cela renseigne bien sur l’intensité de l’émigration qui frappe cet espace montagneux densément peuplé, devenu incapable de retenir davantage d’habitants. L’émigration est un phénomène ancien qui draine de forts contingents de jeunes et de moins jeunes vers l’extérieur de la montagne, se dirigeant soit vers les villes proches (notamment Nador et ses centres-satellites) ou lointaines, soit vers l’étranger.
Cette dynamique démographique régressive a touché beaucoup plus les communes intérieures, dont la population a chuté de 22% entre 1971 et 1994, passant de 18.000 à moins de 14.000, après avoir atteint son maximum au début des années 80, avec 20.000 âmes environ, alors que la diminution n’a été que 10% pour les communes littorales, dont la population est passée de 30.000 à près de 27.000, dans la même période.
Cela signifie que les conditions de vie se sont beaucoup plus détériorées dans les montagnes intérieures fortement enclavées que dans les parties littorales relativement mieux desservies par un réseau routier relativement assez fourni, articulé autour de la RR 610.
Dans cet espace, la proximité où l’éloignement par rapport à la puissante conurbation de Nador-Mlilia, semble pratiquement ne pas jouer, puisque les communes placées à l’ouest, relativement éloignées de la ville, et les communes situées à l’Est, beaucoup plus proches de Nador, ont gardé leurs poids démographiques respectifs au cours des quatre dernières décennies.
Au total, ce sont les communes littorales qui semblent retenir mieux leur population, dans le contexte actuel de déprise humaine, la densité moyenne ayant augmenté de 75 hab/km2 en 1960 pour atteindre 100 en 1994, alors qu’elle a diminué de 115 en 1971 à 88 seulement en 1994 dans les communes intérieures. Il faut insister sur le fait que le maintien de telles densités de population ne s’explique que par l’importance vitale des transferts monétaires considérables procurés par les MRE et les apports des activités commerciales et parallèles. Toute réduction de ces ressources exogènes et informelles ne pourra qu’avoir des répercussions profondes sur tout le système socio-économique local qui pourrait s’effondrer, à moins d’y apporter les aménagements appropriés.
Quoi qu’il en soit, il s’agit partout d’un sur-peuplement manifeste face à un milieu aux ressources globalement limitées et surtout en raison d’un contexte socio-économique très peu performant.
Par ailleurs, cet espace demeure encore pour l’essentiel rural, puisque les localités ayant acquis certaines caractéristiques urbaines, abritent à peine 1/5 de la population locale. En effet, sur les 40.000 personnes qui peuplent ces montagnes, on peut estimer la population de ces petits centres à quelque 8.000 personnes actuellement, les plus importants étant Dar Kabdani, avec près de 2.500 personnes ; Chamlalia, Alouana, Tifazouine, Qandoussi et Mhajer.
3.2. L’évolution attendue de la population
Considérant les tendances d’évolution actuelles, caractérisées par la diminution de la population, et qui devrait continuer tout au long de la présente décennie, d’un côté, et des projets d’aménagement et de développement qu’il est nécessaire d’enclencher, mais qui ne porteront leurs fruits qu’à partir de 2010-2015, de l’autre, il faudra s’attendre à une légère diminution de l’effectif de population, pour se redresser par la suite et monter vers 55.000 personnes vers 2025.
Evolution attendue de la population jusqu’en 2025
Population 1994 2000 2005 2010 2015 2020 2025
Population totale 41.000 40.000 38.000 40.000 45.000 50.000 55.000
Population urbaine * 6.000 8.000 10.000 13.000 18.000 25.000 35.000
Population rurale 35.000 32.000 28.000 27.000 27.000 25.000 20.000
Taux d’urbanisation(%) 15 20 26 33 40 50 64
* il s’agit de centres urbains, actuellement classés par l’administration en tant que douars et qui devront être érigés en centres urbains au cours de la période du SDAR.
Dans cette perspective, l’espace de Dar Kabdani s’achemine vers une situation diamétralement opposée par rapport à la situation actuelle, en ce qui concerne la répartition de la population entre le milieu urbain et le milieu rural.
Le taux d’urbanisation, qui est aujourd’hui de l’ordre de 20%, connaîtra sans doute, une augmentation de plus en plus significative, pour dépasser les 50% avant 2020, et s’approcher des 2/3 à l’horizon 2025-2030. Cela devra être le résultat à la fois de l’étoffement de la population des petits centres actuels, dont certains atteindront, sans doute, la taille de véritables petites villes, mais aussi en raison de l’émergence de nouvelles agglomérations qui prendront des allures d’urbanisation certaines. Partout, la propension à l’urbanisation est latente, ce qui nécessite la préparation du «terrain» pour la maîtriser et la structurer de manière rationnelle. Ici, plus qu’ailleurs, des mesures d’aménagement préventives sont indispensables à prendre au plus tôt.
Au total, sur les 55.000 âmes qui peupleront cet espace au terme des 25 années à venir, environ 20.000 se trouveront en milieu rural et près de 35.000 en milieu urbain.
Cela signifie qu’il est, dores et déjà impératif, de procéder à des aménagements de fond, à tous les niveaux, afin de régulariser au plus tôt, une situation déjà anachronique, et de consolider l’évolution de ces localités urbaines, qui changent tous les jours à une grande vitesse.
Il est certain que ce processus continu et accéléré d’urbanisation, qui devra se faire dans un contexte maîtrisé, allègera amplement la situation des campagnes actuellement surpeuplées, pour ramener la densité rurale moyenne à des niveaux plus acceptables de l’ordre de 40 hab/km2, c’est-à-dire beaucoup moins que la moitié des valeurs actuelles.
4. Potentialités et atouts de développement
L’espace de Dar Kabdani se partage plusieurs caractéristiques communes avec celui de Boudinar-Tamsamane qui le jouxte du côté ouest, étant donné la nature montagneuse du territoire et sa position littorale qui le favorise relativement aux plans climatique, halieutique et touristique. La densité élevée de population et l’importance de l’émigration sont également des facteurs d’appartenance à une aire socio-culturelle assez homogène.
Toutefois, cet espace possède ses atouts spécifiques et ses potentialités propres qui y constituent des facteurs de développement certains, si toutefois un certain nombre d’entraves sont levées. On peut y reconnaître quatre grandes catégories de facteurs favorables, relatifs aux ressources naturelles, aux données humaines, aux potentialités financières et à la situation géographique.
4.1. Les ressources naturelles
Les potentialités hydriques. La situation en bord de mer et le relief montagneux font que cette partie du Rif Oriental reçoit, en année normale, des précipitations relativement copieuses, pouvant parfois dépasser les 500 mm. Malheureusement, les importants volumes d’eau apportés par ces précipitations sont dans leur quasi-totalité perdus, en raison de l’absence d’ouvrages capables d’en retenir une proportion importante pour son utilisation dans l’alimentation en eau potable et pour l’irrigation.
Il y a donc là un potentiel appréciable d’eau superficielle qu’il s’agit de mobiliser par la construction d’une série de barrages généralement de petite dimension, parallèlement à l’exploitation des ressources souterraines qui se présentent sous forme de petites nappes dispersées. Pour l’instant, seule une fraction minime de ces ressources est mobilisée et souvent à l’aide de techniques rudimentaires, à des fins agricoles notamment dans certaines vallées et quelques sites de piedmont, mais également pour l’approvisionnement des ménages en eau potable.
Le littoral. L’espace de projets de Dar Kabdani bénéficie d’une côte méditerranéenne qui s’étire sur une bonne cinquantaine de kilomètres, offrant, ça et là, de multiples sites pour l’installation d’abris de pêche qu’il faudra aménager, mais aussi de plages pour développer l’activité balnéaire. La rocade méditerranéenne prévue longera ce littoral dans les quelques années à venir. Elle constitue un atout de taille pour développer à la fois l’activité halieutique, le tourisme balnéaire et les sports liés au plaisir de la mer.
Le climat relativement doux et la présence de petits bassins intérieurs et de vallées, favorisent le développement d’une agriculture méditerranéenne de montagne à caractère vivrier, basée sur une arboriculture diversifiée, où le vignoble, l’olivier, le figuier et certaines rosacées peuvent donner des résultats assez intéressants.
4.2. Les potentialités humaines
Les densités de population fort élevées, constituent, sans doute, une lourde charge et une pression pesante sur le milieu naturel, mais elles constituent également des facteurs qui peuvent stimuler l’économie locale, dans la mesure où le volume de populations locales permet de :
mobiliser une importante force de travail, pour soutenir les projets de développement agricole, touristique, agro-industriels et de services socio-collectifs et privés,
constituer un marché de consommation appréciable, d’autant plus que la majorité des ménages bénéficient de revenus assez consistants, générés par les activités commerciales et, surtout, par les transferts des MRE.
Les populations locales, à l’instar des gens du Rif Oriental, se caractérisent par un esprit d’initiative et d’entreprise aigu, que leur a conféré un milieu naturel relativement difficile, mais surtout une histoire particulière qui a aiguisé continuellement leur patience et leur habileté, et profondément développé leur capacité de lutte et de débrouillardise.
L’enclenchement précoce du mouvement migratoire à l’étranger (dès la seconde moitié du 19ème siècle) et son intensification tout au long du siècle écoulé, notamment au lendemain de l’indépendance, parallèlement à une émigration interne massive, constitue une réponse à la difficulté du milieu local, mais témoigne surtout d’une volonté d’insoumission à une quelconque fatalité matérielle et un désir tenace d’amélioration des conditions de vie.
Par ailleurs, la sédentarité ancienne des populations bien ancrée dans son terroir, leur a conféré un savoir-faire agricole affirmé et une recherche inlassable de ressources complémentaires les uns aux autres pour nourrir une population nombreuse (commerce, activités informelles, pêche…).
La capacité d’ouverture sur le monde extérieur, imposée sans doute par le caractère limité des ressources sur place et, donc, la recherche de revenus à l’extérieur de la zone. Cet esprit d’ouverture est également en bonne partie le résultat d’une émigration ancienne interne et externe qui a pratiquement touché tous les ménages. Aujourd’hui encore, et sans doute plus que jamais, les populations locales sont largement tournées vers le monde extérieur, d’où elles reçoivent l’essentiel de leurs avoirs monétaires, tout en étant en contact direct avec les nouveautés et les innovations émanant tout aussi des grandes villes que de l’étranger, avec une influence particulière de Mlilia.
4.3. Les ressources financières
C’est justement de l’émigration généralisée que la quasi-totalité des ménages tire une bonne partie de leurs revenus. Les émigrés à l’étranger, tout comme ceux qui sont partis vers d’autres régions du Maroc, représentent des investisseurs potentiels dans leurs régions d’origine, à condition, bien sûr, que l’environnement foncier et infrastructurel puisse être sérieusement amélioré pour leur permettre de fructifier leurs économies. L’activité commerciale informelle, encouragée par la proximité de Mlilia et de Nador, procure également des ressources financières appréciables, qu’il s’agit de capitaliser en vue de la canaliser vers l’investissement productif. L’importance de cette activité commerciale est attestée par les flux intenses qui animent l’ensemble des petits centres de la zone où la présence des produits émanant de Mlilia est particulièrement évidente.
4.4. La situation géographique
La situation particulièrement favorable à proximité de la grande conurbation de Nador-Mlilia, pour laquelle cet espace constitue un arrière-pays immédiat, pouvant se développer en zone de grande banlieue agricole et récréative de premier ordre, représente un atout fort important dans la stratégie d’aménagement de cet espace. De même, cette proximité géographique représente un facteur inestimable pour la zone qui pourrait plus amplement bénéficier des services d’encadrement que possède la grande agglomération urbaine proche.
5. Les options stratégiques d’aménagement et les projets de développement
L’objectif essentiel devra être, ici, le désenclavement interne et l’ouverture externe de la zone. Les options de développement concernant cet espace de projets doivent revêtir, ici plus qu’ailleurs, un caractère foncièrement stratégique, dans la mesure où la zone se trouve dans une situation «subfrontalière», vivant dans des conditions franchement paradoxales :
Une situation d’enclavement multiforme par rapport à l’espace régional et national, résultant de la conjugaison de facteurs, certes géographiques (cloisonnement du relief), mais aussi historiques et ethniques.
Une ouverture précoce sur l’Europe, sous-tendue par les relations étroites avec l’enclave coloniale de Mlilia, d’une part, et une forte et ancienne émigration transméditerranéenne, d’autre part.
Ce paradoxe est d’autant plus saillant que l’espace de Dar Kabdani appartient à la zone la plus proche de l’Europe au sein de la Région de l’Oriental, faisant face à la côte andalouse qui se profile à quelque 200 kilomètres, au nord. Cette situation de proximité européenne devra se renforcer et surtout se concrétiser par la conjugaison de deux facteurs complémentaires, à savoir l’intensification des liaisons maritimes et aériennes entre le port (Bni Ançar) et l’aéroport (Al Aroui) de Nador avec l’Europe, ainsi qu’avec l’aéroport proche d’Al Hoceimah (le tout devant faciliter l’arrivée des MRE et des touristes européens), d’un côté, et l’achèvement de la rocade méditerranéenne devant ouvrir le littoral sur la Péninsule Ibérique, via Sabta (autre enclave coloniale) et Tanger, de l’autre.
Ainsi, la stratégie d’aménagement à retenir, doit être constamment fondée sur les données particulières du milieu et par la situation de paradoxe précitée qui devra disparaître progressivement pour éviter un quelconque choc sociétal et économique.
5.1. L’indispensable désenclavement du territoire
Il s’agit de la priorité des priorités pour cette zone, dans la mesure où il est plus qu’urgent de réaliser les voies de communication pour établir des liaisons faciles entre les différentes composantes spatiales de la zone, d’un côté, et avec les autres parties de la province et le reste du pays, de l’autre. L’amélioration de l’infrastructure routière devra permettre de surmonter le cloisonnement physique de la zone et d’améliorer son niveau d’accessibilité, d’autant plus que les densités humaines y sont très fortes, que la population y est caractérisée par un taux de motorisation très élevé et que la zone accueille chaque année des dizaines de milliers d’émigrés avec leurs véhicules. Tout cela explique l’existence d’un trafic intense, sans cesse croissant, soutenu par des flux commerciaux consistants.
Le développement économique et socioculturel de cet espace est, donc, largement tributaire de l’amélioration de son réseau routier et du renforcement des moyens de transport et de communication. Cela devra passer par quatre grands types d’actions relatives à la réfection du réseau existant, le percement de voies d’accès et de liaison, l’aménagement des pistes et l’achèvement de la rocade méditerranéenne.
La réfection des routes existantes
Les routes sont dans leur quasi-totalité dans un état de praticabilité très médiocre, ponctuées le plus souvent d’ornières et comportant beaucoup de points dangereux (virages…) avec l’absence quasi totale de signalisation. Il s’agit donc de procéder d’abord à l’élargissement et au renforcement de la RR 610 qui constitue ici la colonne vertébrale de l’activité de communication et de transport, dans la mesure où c’est cette artère ombilicale qui relie l’espace de Dar Kabdani à la fois à la conurbation de Nador, vers l’Est, et à l’espace contigu de Boudinar-Tamsamane et au-delà à Al Hoceimah, vers l’Ouest. C’est aussi sur cet axe vital que se greffent, pour l’instant, les différentes voies qui descendent vers le littoral au Nord, ou vers la plaine du Kart, au Sud. L’aménagement de cette artère capitale revêt donc un aspect prioritaire qui ne pourra que contribuer à l’amélioration du trafic et des échanges, ceci bien sûr en déployant les mêmes efforts des côtés de l’espace de Boudinar-Tamsamane, et sur les communes de montagne de l’espace de Nador-Mlilia, pour lui assurer la continuité requise.
L’aménagement et la construction de routes latérales
L’optimisation du rendement de la RR 610 est tributaire de l’amélioration des routes latérales qui s’articulent à cet axe et qui relient la partie centrale du massif montagneux à ses versants nord et sud. Le désenclavement de ces versants dépend ainsi, à la fois, du renforcement et la multiplication de ces voies méridiennes et de l’amélioration de leur desserte par rapport aux agglomérations humaines.
La densification et l’amélioration du réseau de pistes carrossables
L’aménagement de pistes carrossables est indispensable pour appuyer les programmes routiers puisqu’elles permettent de débloquer des douars isolés dans des conditions moins pénibles et à des coûts relativement acceptables. Si les départements ministériels concernés et les collectivités locales sont instamment interpellés par l’amélioration du réseau routier ; celle du réseau de pistes devra mettre aussi à contribution les capacités des ménages et celles des associations locales pour mobiliser la force de travail et disponibiliser les matériaux nécessaires.
L’achèvement de la rocade méditerranéenne
Le projet de construction de la Rocade Méditerranéenne s’inscrit dans cette même optique et arrive à point nommé pour répondre à un besoin urgent et une attente pressante.
Il est hautement souhaitable que le tracé de cette route, qui est d’un intérêt incommensurable, soit étudié minutieusement de manière telle à répondre aux quatre objectifs essentiels suivants :
desservir le maximum d’agglomérations humaines se trouvant sur sa trajectoire;
constituer un facteur catalyseur de regroupement de l’habitat dispersé;
contribuer au développement touristique de la zone et ce, en facilitant l’accès aux sites d’intérêt;
aider au développement des activités de pêche et à la commercialisation des produits halieutiques ;
éviter que la construction de la route entraîne la défiguration du paysage naturel ou contribue à activer les phénomènes érosifs.
Pour que cette rocade soit totalement fonctionnelle, elle doit être appuyée par la construction d’un ensemble de voies d’accès et de liaison vers :
les agglomérations proches, actuelles et émergentes, non desservies par la rocade même;
les abris de pêche et les points de débarquement aménagés ;
les plages et installations touristiques littorales ;
les sites touristiques de montagne.
Il faut souligner que de tels projets indispensables pour améliorer l’accessibilité et permettre l’intégration de l’espace de Dar Kabdani dans son contexte sous-régional et national, constituent de vastes chantiers d’emploi sur plusieurs années, dans les activités de construction des chaussées, des ouvrages d’art et leur maintenance, la fourniture de matériaux…
La réalisation de ces programmes routiers demande la mobilisation de budgets consistants, qu’il s’agit de rechercher auprès des différents bailleurs de fonds (coopération, budget de l’Etat, collectivités, mécènes, migrants réinstallés, MRE actuels, etc).
5.2. Mobilisation des ressources hydriques et alimentation en eau
Pour mettre fin au paradoxe actuel et tenace entre l’abondance virtuelle de l’eau, du moins dans le secteur nord de la zone, relativement bien arrosé, d’une part, et les besoins largement insatisfaits de l’agriculture et de la population, d’autre part, il est urgent d’élaborer un plan intégré de mobilisation et de distribution d’eau pour couvrir la majeure partie du massif. Plusieurs réalisations s’imposent à cet effet :
Construction d’ouvrages pour retenir les eaux, parfois abondantes, véhiculées en période pluvieuse par les innombrables oueds et vallons qui dévalent vers la Méditerranée.
L’édification de barrages de retenue sur ces cours d’eau, permettra de mettre à la disposition des populations de l’eau potable et de fournir l’eau à l’irrigation dans plusieurs vallées, tout en créant des plans d’eau qui renforcent le potentiel touristique de ces montagnes littorales, bientôt traversées par la route méditerranéenne qui devra amener de grands contingents de touristes nationaux et étrangers.
Ces ouvrages d’eau permettent par ailleurs d’atténuer les risques de crues parfois catastrophiques et de réduire l’intensité de l’érosion qui détruit les sols rares, précieux pour l’agriculture.
Pour recueillir les eaux de pluie en saison pluvieuse, pour l’alimentation en eau potable et pour le cheptel, il est nécessaire de construire des réservoirs d’eau. De même qu’il est nécessaire de procéder au :
creusement, l’aménagement et l’équipement de puits dans les secteurs isolés, afin de maintenir les populations sur place, le manque d’eau étant un puissant facteur de désertion des campagnes;
l’aménagement de points d’eau et de sources, pour une exploitation optimale des nappes existantes pour des besoins d’eau potable, mais aussi d’irrigation dans une montagne aux étés particulièrement secs ;
la construction de châteaux d’eau et de réseaux de conduite et d’adduction d’eau pour l’ensemble des agglomérations, en premier lieu pour les centres « urbains » qui ont connu une croissance démographique fulgurante et une extension spatiale importante, comme Dar Kabdani afin de sous-tendre leur aménagement et la maîtrise de leur extension.
5.3. L’assainissement
Le corollaire incontournable des aménagements préconisés en matière d’adduction d’eau est évidemment l’installation de réseaux d’assainissement adéquats s’adaptant à des sites de montagne, caractérisés par l’existence de pentes souvent fortes, qui impliquent des coûts importants et requièrent des techniques appropriées.
Les centres émergents de la zone doivent être équipés, dans les plus brefs délais, de réseaux d’assainissement. Cela est d’une urgence extrême pour la localité dynamique de Dar Kabdani.
S’agissant d’écosystèmes très sensibles, voire vulnérables, il est nécessaire de penser à établir des systèmes et dispositifs d’épuration des eaux usées en vue de leur réutilisation dans l’agriculture, la propreté urbaine et l’irrigation des espaces verts, mais aussi d’éviter la pollution d’un environnement fragile, densément peuplé.
La question de l’assainissement solide doit retenir l’attention dans cette zone très fortement peuplée et caractérisée par des modes de consommation où prolifèrent les produits d’emballage, les déchets de plastiques (produits de Mlilia et de l’émigration), les carcasses de voitures abandonnées, qui défigurent les paysages et polluent les petites agglomérations humaines.
5.4. L’urbanisme
Les plans d’aménagement
L’espace de Dar Kabdani compte parmi les territoires qui connaissent un mouvement d’urbanisation rapide, qui sécrète un nombre de plus en plus important de centres dont plusieurs sont destinés à devenir des villes de taille relativement appréciable, parmi lesquels on citera Dar Kabdani, mais aussi Chamlala, Tifazouine, Alouana, Qandoussi, Mhajer.
Toutefois, ce mouvement effréné s’effectue de manière totalement spontanée, encouragée par le statut administratif de ces centres émergents qui les considère encore paradoxalement comme de simples agglomérations rurales, au moment où certaines d’entre elles abritent plusieurs milliers de personnes, avec l’installation d’institutions bancaires, l’existence d’un trafic automobile très intense, posant déjà des problèmes de circulation et de stationnement aigus notamment en période estivale qui correspond au retour massif des MRE…
Aussi, et au-delà de leur indispensable promotion au niveau de centres urbains, avec tout ce que cela implique comme prérogatives et comme compétences, et ce que cela génère comme ressources, ces centres doivent être dotés de documents d’urbanisme, susceptibles d’en restructurer le tissu, d’en maîtriser la croissance, et de préparer les conditions d’amélioration de leur équipement et de leur base économique. Cela leur donnera la capacité de participer à l’encadrement de leur arrière-pays et à la dynamisation de son économie.
Les programmes de restructuration
L’ensemble de ces centres émergents et de ces petites villes ont un besoin urgent de plan de restructuration du tissu existant, afin de dégager les places publiques, d’organiser la voirie et l’alignement, de régler la circulation, de définir les normes appropriées de construction et d’aménager les espaces verts.
Un programme de lotissements et de constructions devra être conçu pour chacun de ces centres, dans le but d’en assurer un développement normal. Les établissements publics, tels l’ANHI et l’ERAC notamment, sont interpellés pour prendre part à ces programmes. Le secteur privé devra bénéficier d’encouragements et de facilités afin de s’intégrer dans ce mouvement et participer dans la promotion immobilière dans un cadre réglementaire. Le milieu se prête bien au mouvement associatif sous forme de coopératives, d’amicales et d’associations d’habitat, qu’il convient d’encourager.
Ces actions sont faciles à réaliser en raison de la qualité acceptable du bâti actuel et de l’absence quasi-totale de formes de sous-habitat, car les traditions de la zone utilisent des matériaux de construction en dur, que favorisent les revenus des ménages issus du commerce et de l’émigration, celle-ci maintenant ici des flux de vacanciers MRE qui dépensent une grande partie de leur épargne dans des constructions bien soignées. L’encouragement de la promotion immobilière privée bénéficie ici d’atouts de taille, tant sur le plan financier que sur celui du comportement entrepreneurial. Toutefois, il reste à assainir la situation foncière relative au statut khalifien des terrains.
5.5. Les secteurs sociaux
Dans le domaine des équipements socio-collectifs, cet espace souffre d’un sous-équipement inacceptable ; ce qui ne manque pas d’entraver l’effort de développement actuel et celui que nécessite l’intégration effective de cet espace dans les contextes sous-régional, national et méditerranéen.
L’enseignement et la formation
Un autre paradoxe qui ne manque pas de choquer est celui de la prolifération de l’analphabétisme parmi des populations dont les revenus sont loin d’être médiocres.
Les taux de scolarisation restent faibles par rapport aux possibilités et aux exigences, et ce justement parce que cet espace, administrativement considéré jusqu’à présent comme rural dans sa globalité, n’a pas bénéficié de l’attention nécessaire dans ce domaine et dans bien d’autres, sachant bien les différences de traitement qui est réservé aux espaces reconnus urbains par rapport à ceux qui ne le sont pas et qui se trouvent, de surcroît, en zone enclavée.
Afin de réparer cette injustice, un effort conséquent doit être fourni pour doter les populations en établissements scolaires, en nombre suffisant et en qualité requise, qu’elles soient rurales ou urbaines : écoles, collèges, lycées et établissements de formation professionnelle. Les cartes scolaires concernant cet espace devront être totalement reconsidérées pour tenir compte d’une réalité souvent insoupçonnée, et qui change de manière rapide.
En effet, il faut considérer que la majeure partie de ces populations sont des ruraux malgré eux, et que leur résidence dans les campagnes ne traduit nullement leur véritable statut de citadins potentiels, qui vivent en étroite symbiose avec la conurbation de Nador-Mlilia, en ce qui concerne l’activité commerciale et la prestation de certains services, d’un côté, et avec l’étranger en ce qui concerne l’emploi et les transferts de revenus, de l’autre.
En conséquence, il est nécessaire de reconsidérer les besoins de ces populations, en matière d’enseignement et de formation, afin d’assurer aux habitants des centres actuels et futurs, ainsi qu’à ceux des autres agglomérations plus modestes et des ménages dispersés, un enseignement et une formation tout à fait appropriés.
La bonne qualification de ces populations, appelées à prendre part activement et positivement au processus de développement, ne devrait plus être axée essentiellement sur l’agriculture et le commerce informel, mais plutôt sur des activités modernes, créatrices de richesses.
Pour faire face au problème de l’analphabétisme et, de manière tangible, réduire ses effets, il est important de programmer en collaboration avec le Ministère de l’Education, des programmes très élaborés d’alphabétisation en faveur des populations les plus touchées par ce fléau qui traverse les décennies sans rien perdre de sa force et de sa capacité de dissémination au sein de la société.
Dans le même sens, des actions concrètes de sensibilisation en faveur de la scolarisation des enfants doivent être menées, en particulier celle concernant les filles. Cette action devra s’accompagner de certaines mesures d’encouragement, comme la distribution de fournitures scolaires (cartables, livres, cahiers…), pour le compte des populations les plus vulnérables, sachant qu’une bonne partie des habitants est relativement solvable. L’action de sensibilisation devra donc convaincre sur le bien-fondé de l’entreprise de scolarisation, ce qui n’est pas toujours évident dans un contexte où l’école est de moins en moins considérée comme une voie menant à un emploi suffisamment rémunérateur.
Parallèlement, de grands efforts doivent être fournis ici pour développer la formation professionnelle pour les jeunes, sachant que les populations de la zone se caractérisent par un sens pratique assez élevé, aiguisé par les traditions commerciales et migratoires. Cette formation professionnelle devra donc profiter des traditions locales, tout en s’orientant vers des spécialisations capables d’appuyer et de servir l’effort de conversion de l’économie qui est indispensable.
Les équipements de santé
En matière de santé, les retards observés sont tout à fait injustifiables.
Là aussi, le niveau des revenus des ménages et la grande ouverture sur l’étranger militent en faveur de l’installation d’établissements de santé pouvant répondre aux besoins d’une population dense, mais parfois dispersée.
En effet, l’élargissement de l’accès de la population aux services sociaux de base constitue un préalable à tout développement humain durable. Les services de santé figurent donc parmi les priorités de toute action sociale dont la réalisation doit se faire dans un cadre intégré. L’extension de la politique actuelle du Ministère de la santé, en milieu rural, à travers le premier programme des priorités sociales, serait dans ce cadre très souhaitable, afin d’améliorer la couverture médicale et paramédicale, renforcer les activités de planification familiale et mettre en place des programmes de prévention et de lutte contre certaines maladies.
Encore une fois, il est tout à fait indispensable de reconsidérer l’équipement de santé conçu pour cette zone, en fonction du reclassement des agglomérations humaines, dont un certain nombre d’entre elles ont acquis des caractéristiques urbaines indéniables et doivent, en conséquence, bénéficier d’équipements sanitaires appropriés.
A cet effet, il est nécessaire de réaliser les projets suivants :
un hôpital de niveau sous-régional à Dar Kabdani ;
des centres de santé dotés d’unités d’accouchement et de services de planification familiale ;
des dispensaires dans les agglomérations rurales importantes ;
prendre des mesures d’encouragement en faveur des médecins privés pour les inciter à s’installer dans cette zone ;
des salles de soins dans les agglomérations éloignées.
Les autres secteurs sociaux
Là aussi, il existe un retard considérable qu’il convient de rattraper en construisant les sièges des juridictions nécessaires aux différents niveaux requis, que devra identifier la reconsidération de la carte judiciaire dans la Région.
Pour assurer l’encadrement des jeunes, le Département de la Jeunesse et des Sports est appelé à doter les centres urbains et les agglomérations rurales en croissance, d’équipements nécessaires, notamment à Dar Kabdani, mais également dans les autres centres émergents. En matière culturelle, il faut combler le vide quasi-total actuel, par l’aménagement de bibliothèques et de maisons de culture, en les dotant des techniques et des équipements informatiques qui s’imposent.
De même qu’il est nécessaire de procéder à l’aménagement de parcs récréatifs pour agrémenter les environs des agglomérations, ce qui consoliderait la vocation touristique de la zone.
6. Les projets d’aménagement et de développement économique
S’agissant d’une zone de montagne, se trouvant dans l’arrière-pays d’une grande conurbation urbaine, d’un côté, et de vieilles populations sédentaires bien ancrées dans leur territoire, mais largement ouvertes sur l’extérieur, de l’autre, les actions d’aménagement et de développement qui doivent concerner cet espace ont à prendre compte ces différents atouts, sans pour cela oublier qu’il s’agit d’un milieu fragile qui nécessite beaucoup de prudence dans le lancement de tout projet économique.
Quatre grands volets doivent être consolidés pour asseoir une base économique convenable :
6.1. La vivification de l’activité agricole
Compte tenu des potentialités naturelles du milieu, exposées plus haut, des possibilités offertes par la proximité du grand marché de consommation que représente le Grand Nador, mais aussi l’émergence et le développement de centres urbains locaux, ajoutés au pouvoir d’achat appréciable qui caractérise les populations rurales recevant des transferts MRE importants, d’un côté, et les exigences de reconversion des économies traditionnelles imposées par le processus implacable des échanges économiques, de l’autre, l’espace de Dar Kabdani devra voir l’enclenchement d’un certain nombre d’actions structurantes et de projets concrets pour promouvoir son agriculture et son élevage. On insistera ici sur les orientations suivantes :
Développer des périmètres d’irrigation modernes en mobilisant les ressources hydriques nécessaires, souvent disponibles ;
Réaménager les petits périmètres d’irrigation traditionnelle, en vue de la rationalisation de l’utilisation de l’eau ;
Assurer l’encadrement des agriculteurs dans le sens de l’introduction de cultures appropriées pour alimenter les centres urbains et satisfaire la demande touristique que devra générer la construction de la rocade méditerranéenne et les aménagements connexes (maraîchage, arbres fruitiers, produits laitiers) ;
Réaliser un vaste programme de plantation d’arbres fruitiers à but productif et anti-érosif;
Encourager l’élevage par l’installation d’équipements pour le traitement du cheptel et son encadrement sanitaire;
Mener une action d’aménagement foncier avec la généralisation de l’immatriculation collective, opération indispensable pour libérer les capacités productives de la terre soumise au statut ambiguë et peu sécurisant du système «khalifien».
6.2. Les activités urbaines de production et de services
La modernisation de l’agriculture par le biais de l’irrigation (produits maraîchers et fruitiers), ainsi que l’extension des plantations d’oliviers et d’amandiers devraient assurer un surplus de production pour une petite agro-industrie axée sur la transformation et le conditionnement. Cette production pourrait fournir une part non négligeable d’articles de substitution aux produits provenant actuellement de Mlilia surtout. De même que l’intensification de l’élevage pourrait fournir des matières premières pour des activités de transformation (produits laitiers notamment). Ce même élevage est susceptible de sous-tendre des activités artisanales diverses, tournant autour du travail de la laine, des peaux, de la corne…
Pour favoriser cette évolution, il est nécessaire d’aménager dans les agglomérations urbaines en puissance, des zones d’activité convenablement équipées (à Dar Kabdani tout d’abord). La promotion de la petite industrie et de l’artisanat de production bénéficie déjà de l’existence sur place d’établissements de crédits pouvant faciliter l’accès au financement et les transactions commerciales.
Dans le même ordre d’idées, ces zones d’activités polyvalentes pourraient accueillir les divers ateliers et petits établissements actuellement dispersés dans le tissu urbain et travaillant essentiellement pour le secteur du bâtiment (ferronnerie, menuiserie, briqueterie, travail du plâtre, mosaïque…) appelé à connaître un dynamisme certain.
Il en est de même des innombrables ateliers de mécanique destinés à devenir de grandes unités de réparation et d’entretien dans une zone où le trafic routier est déjà intense, où le parc automobile est nombreux et où l’ouverture de la rocade méditerranéenne et l’amélioration du réseau routier actuel devront entraîner une circulation touristique importante.
6.3. Le tourisme
Les aménagements routiers, destinés à désenclaver la zone, sont de nature à contribuer au développement de l’activité touristique de la part des nationaux, des MRE et des étrangers.
Ce littoral méditerranéen, riche en plages et en sites pittoresques, ainsi que les hauteurs qui le surplombent, pourra devenir le théâtre d’un développement touristique progressif, axé sur l’aménagement de sites de montagne et surtout des plages. On peut retenir, en priorité, la réalisation des projets identifiés suivants :
Aménagement de la plage de Chamlala dans la commune rurale d’Amejjaou, permettant le développement du tourisme d’été ;
Réalisation des unités d’aménagement touristique de Sidi Hsaïne et de Kallat à Iaazanène qui jouxte l’espace de Dar Kabdani ;
Aménagement d’une zone touristique dans la commune de M’hajer, avec l’appui de l’Agence de la Promotion et du Développement économique et social des provinces et préfectures du Nord .
Le développement de l’activité touristique, tout comme celui de l’agriculture, appellent le lancement de vastes programmes d’actions destinées à la réhabilitation de la forêt dans les endroits qui ont été dégradés et qui jouent un rôle d’écran protecteur contre l’érosion des sols, en plus des sites menacés de dégradation. Des programmes de reboisement spécifiques doivent intéresser les abords et les bords des barrages à construire, d’une part, et constituer des bosquets le long de la future rocade méditerranéenne afin d’en égayer le trajet, d’autre part. Un traitement particulier est à réserver aux aires de repos et de détente qui devront jalonner cette rocade.
La création de réserves biologiques dans les sites les plus intéressants et qui se prêtent au sport de chasse, aux randonnées pédestres et équestres, avec des gîtes et des aires de camping ;
L’aménagement des lits de certains oueds traversés par la rocade, avec le traitement paysager des berges ;
L’aménagement d’espaces verts pour égayer les centres urbains émergents, où le mouvement de construction, sous-tendu par une spéculation foncière aiguë, a tendance à occuper le maximum d’espace, dans des sites souvent impropres à la construction.
6.4. La pêche
Il y a là un créneau fort intéressant à développer par des actions souvent peu coûteuses, dont notamment :
Réalisation de villages de pêche et de points de débarquement aménagés (PDA) dans 5 sites déjà identifiés, et particulièrement à Tazaghine et Sidi Hsaïne ;
Création de coopératives de marins-pêcheurs pour moderniser leurs embarcations, acquérir du matériel nécessaire, mieux commercialiser leurs produits (unités de congélation…) ; ce qui suppose l’équipement de ces villages en eau potable et en courant électrique ;
Faciliter aux jeunes diplômés de la formation professionnelle l’acquisition de locaux professionnels à des conditions préférentielles (projet Agence de Promotion et de développement des Provinces et Préfectures du Nord et l’ONG Movimento Africa 70..).
Il est évident que le développement de l’activité de pêche sur le littoral aura des répercussions nombreuses, à plusieurs niveaux :
la valorisation de ressources halieutiques encore peu exploitées ;
la création d’emplois ;
l’amélioration des revenus des ménages pratiquant la pêche ;
la diversification et l’enrichissement des produits de consommation des populations locales ;
l’animation de l’activité touristique par le biais de l’amélioration du secteur de la restauration ;.
Conclusion
Il faut souligner l’importance des potentialités et ressources qui se trouvent encore non exploitées dans cette zone, en raison surtout de l’insuffisance, voire parfois du manque, de réseaux de communications, qui représentent ici un facteur clef de développement et d’ouverture de cet espace. C’est là une mission qui échoit normalement à l’Etat, avec comme fer de lance l’Agence de Promotion et de développement des Provinces et préfectures du Nord, qui devra déployer des efforts consistants afin de rattraper tous les retards cumulés des décennies durant. En attendant, plusieurs initiatives individuelles ou associatives opèrent sur le terrain, mais leurs actions restent évidemment limitées, sporadiques et intermittentes.
Il y a donc lieu d’harmoniser ces initiatives privées et ces efforts dispersés, tout en les consolidant par une action collective plus rentable, en accord avec les programmes et projets publics arrêtés ou préconisés aux différents niveaux de l’aménagement territorial et du développement socio-culturel, afin d’assurer la promotion réelle de cet espace et son intégration effective dans le contexte sous-régional, régional et national.
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