Home»Economie»L’espace de projets de Barkane – Zaïo

L’espace de projets de Barkane – Zaïo

0
Shares
PinterestGoogle+

LA ZONE DE

LA MOULOUYA-MEDITERRANEE

L’espace de projets de Barkane – Zaïo

L’espace de projets de Saïdia – Ras AL Ma

L’espace de projets du Massif des Kabdana

L’espace de projets de Barkane – Zaïo

Les périmètres irrigués de la Basse Moulouya occupent la partie extrême Nord-Est de l’Oriental. Ils s’étirent sur une centaine de kilomètres, depuis la frontière avec l’Algérie à l’Est jusqu’à l’Oued Zghane (affluent du Kart) à l’Ouest, et sur 25 à 30km du Sud au Nord, selon les endroits, depuis le barrage de Machraa Hammadi jusqu’à la bande littorale méditerranéenne qui s’étend de Saïdia à Nador. Ces périmètres  occupent ainsi une aire vaste de 3350 km² environ.
 
Cet espace est composé d’un ensemble de plaines qui s’étendent de part et d’autre de la Moulouya, cloisonnées par certains reliefs plus ou moins saillants, dont le plus important est le massif des Kabdana, qui constitue un espace de projets bien particulier, en raison de ses spécificités physiques et socio-économiques.

Les plaines sublittorales ou intérieures sont celles des Trifa à l’Est du fleuve (appartenant à la province de Barkane), et celles de Zabra, Bou Arg et Garet à l’Ouest (comprises dans la province de Nador).

Le climat de cet espace est globalement semi-aride. Franchement méditerranéen, ce climat est caractérisé par la grande irrégularité des précipitations, qui peuvent varier du simple au double, soit de moins de 200mm à plus de 400 mm, selon les années.

Cet espace est composé de 10 communes rurales appartenant à 3 cercles administratifs : celui de Louta (avec les communes de Tiztoutine, Bni Oukil Oulad M’hand et Oulad Sattout), celui d’Aklim (avec les communes de Boughriba, Chouihiya et Zagzal) et celui d’Ahfir (comprenant les communes d’Aghbal, Fazouane, Laatamna et Madagh). Il comprend également 6 centres urbains d’inégale importance, dont 5 relevant de la province de Barkane (Barkane, Ahfir, Aklim, Aïn Arragada et Madagh), le sixième se trouvant dans celle de Nador (Zaïo).

Bien qu’il s’agit là d’un espace globalement caractérisé par l’irrigation moderne au moyen d’ouvrages de grande hydraulique mais aussi par pompage dans la nappe, les données physiques et humaines autorisent de distinguer deux sous-espaces s’étendant de part et d’autre de la Moulouya : l’un à l’Est, les Trifa, qui s’organise autour de la ville de Barkane par laquelle il est très fortement polarisé ; l’autre à l’Ouest du fleuve, spatialement plus éclaté, avec une bipolarisation par rapport à Zaïo et Nador.

En dépit de ces grandes potentialités de développement, que représentent son économie en bonne partie modernisée et sa remarquable localisation entre les deux pôles de croissance les plus importants de la Région (Oujda et Nador-Mlilia), cet espace connaît de nombreux problèmes d’aménagement qui limitent fortement son dynamisme et réduisent ses fonctions économiques, problèmes qu’il est nécessaire de résoudre globalement par l’entreprise de grandes actions d’aménagement territorial et la mise en œuvre de projets économiques et socio-éducatifs structurants, susceptibles d’en augmenter la capacité compétitive et le niveau de rendement à tous les plans.

1. Les grands défis de l’aménagement territorial

La Basse Moulouya se caractérise par l’existence de deux grandes questions très intimement liées : celle de la production agricole, fortement tributaire de l’irrigation, d’un côté, et celle d’une urbanisation diffuse et majoritairement spontanée, générée, en grande partie, par cette même économie agricole, de l’autre. Les autres aspects du développement sont très largement conditionnés par l’évolution qui interviendra dans ces deux grands domaines.

1.1. L’irrigation et le problème de la ressource hydrique

L’organisation de l’irrigation moderne est la principale raison d’être de cet espace de projets, du fait de l’aridité du climat et de la grande irrégularité des précipitations. L’évapo-transpiration y est fort élevée, en raison des hautes chaleurs estivales et de la fréquence des vents desséchants (malgré le rôle d’écran topographique joué par le massif des Bni Znassene qui protège en quelque sorte ces plaines), venant du sud et de l’est (chergui) ; ce qui oblige les agriculteurs à disposer de volumes d’eau importants pour les plantations et même pour les cultures annuelles.

Dans ces conditions, la zone se trouve confrontée à un défi majeur qui consiste à fournir les quantités d’eau suffisantes pour garantir une production agricole abondante et diversifiée, alors que parallèlement les besoins en AEPI ne cessent de croître pour répondre au développement d’une urbanisation galopante et une industrialisation naissante, le tout dans un contexte caractérisé par l’aridification patente du climat et, partant, la raréfaction des ressources hydriques tout aussi bien locales que régionales tant superficielles que souterraines.

Hormis les efforts consentis par l’ORMVAM dans le sens d’améliorer l’efficience des réseaux de distribution de l’eau et d’atténuer le déficit hydrique de plus en plus ressenti, la superficie irriguée par des systèmes localisés demeure très faible par rapport à la superficie totale irriguée, en majeure partie, par le système gravitaire et, accessoirement, par aspersion. Ceci est dû  à plusieurs facteurs, de natures diverses, qui ne favorisent guère l’adoption des techniques économes en eau, relatives essentiellement aux méthodes d’irrigation localisée. Parmi ces facteurs, on peut citer les plus saillants :

la faiblesse du prix actuel des droits d’eau qui favorise la viabilité du système d’irrigation gravitaire,

la méconnaissance de la plupart des agriculteurs en matière de techniques d’irrigation localisée, de leurs atouts et leur impact positif sur les rendements culturaux,

l’élévation du coût d’investissement nécessaire à la réalisation de bassins d’accumulation d’eau pour procéder à l’irrigation localisée,

la faiblesse des subventions accordées par l’Etat qui ne dépassent guère les 12 % du coût total de l’installation,

le morcellement accentué des exploitations des vergers.

En plus de l’effet négatif de la conduite de l’irrigation par les agriculteurs sur la gestion des ressources en eau dans l’espace de projets de Barkane-Zaïo, d’autres contraintes techniques et climatiques se présentent, les unes liées au bassin-versant, les autres concernant les périmètres irrigués eux-mêmes.

·    Contraintes liées au bassin-versant :

écrêtement des crues, du fait que les ouvrages ne sont pas bien protégés ;
envasement des retenues, qui provient du transport solide effectué par la Moulouya, et qui est de l’ordre de 12 g/l. Il faut signaler, à ce propos, que ce phénomène d’envasement se trouve accentué du fait que le barrage Mohammed Al Khamis ne dispose pas de dispositif de vidange de fond à capacité suffisante ;
variabilité inter-annuelle des apports au barrage, en raison de la grande variabilité des précipitations, mais aussi de leur caractère souvent brutal entraînant une érosion agressive sur des versants en bonne partie dénudés, non protégés par une couverture boisée convenable ;
évaporation et fuites d’eau qui représentent une bonne partie des volumes stockés par les ouvrages de retenue ;
salinité excessive de la majeure partie des eaux souterraines qui sont de plus en plus sollicitées pour pallier la diminution des eaux de surface.

·    Contraintes liées au périmètre irrigué :

envasement continu du lac de barrage, ce qui se traduit par la réduction du niveau de régularisation du barrage Mohammed Al Khamis ;
diminution des apports d’eau à cause des sécheresses récurrentes, de plus en plus prolongées ;
vétusté des infrastructures hydrauliques ;
défaillance des systèmes de régulation des adducteurs principaux ;
difficulté d’exploitation de la station My Ali, due au faible débit d’étiage en période de pointe, au problème de régulation dans le canal principal et aux charges  énergétiques ;
tarissement des puits, provenant du rabattement du niveau de la nappe des Trifa ;
sur-plantation des superficies par rapport au programme prévu, d’où la mobilisation d’un volume d’eau plus important ;
morcellement des exploitations ;
usage mixte des canaux principaux pour l’irrigation et l’adduction d’eau potable, ce qui rend difficile la programmation des travaux de maintenance de ces canaux.

En conséquence, l’incontournable voie à suivre pour lever ce défi vital consiste, bien sûr, à mobiliser le maximum de ressources en eau, mais surtout à prendre des mesures draconiennes, dans la gestion et l’économie de l’eau, sachant bien que l’un et l’autre volets nécessitent des actions multiples, intégrées et de longue haleine, relevant non seulement du domaine technique, mais également de celui du social et du culturel.

1.2. L’urbanisation

Comme dans tous les périmètres de grande irrigation au Maroc, l’urbanisation constitue un sous-produit essentiel de l’irrigation moderne d’abord, puis de l’économie agro-industrielle qui s’ensuit. Cette urbanisation non conçue et non planifiée au départ, s’effectue, le plus souvent, de manière spontanée, engendrant des formes de croissance en grande partie non réglementaires.

Les efforts fournis, a posteriori, pour maîtriser le mouvement d’urbanisation s’avèrent souvent être des actions de rattrapage et d’essai de restructuration de l’existant, au détriment d’actions planifiées visant à produire un environnement urbain harmonieux.

C’est précisément le cas dans la Basse Moulouya où se sont multipliées des agglomérations urbaines avec un sous-habitat partout envahissant. Ces entités souffrent, ainsi, d’un manque flagrant en équipements de base et en établissements socio-collectifs, sans parler de la déficience notoire en matière de voirie et d’assainissement, de  l’absence presque complète de base économique viable et du déficit navrant d’un environnement sain et attractif.

1.3. Perspectives démographiques

La population actuelle de cet espace est de l’ordre de 350.000 personnes, dont près de 58% résident en milieu urbain. Cet effectif de population est destiné à augmenter de près de moitié au cours du prochain quart de siècle pour se situer autour de 515.000-520.000 habitants, parmi lesquels plus des 3/4 vivront en ville.

Cette évolution soutenue de la population, sous-tendue par une croissance économique à base agricole et agro-industrielle, devra conforter sensiblement le poids démographique de cet espace dans l’ensemble de la Région, le portant de 17,9% en l’an 2000 à 18,8% en 2010 et près de 21% en 2025.

Perspectives démographiques (en milliers)

 
Sous-espace    1994    2000    2010    2025      
    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total      
Rive droite    138    94    232    164    90    254    215    84    299    290    75    365      
Rive gauche    26    57    83    34    55    89    53    52    105    103    48    151      
Total    164    151    315    198    145    343    268    136    404    393    123    516     
Source : Elaboration Edesa

Par ailleurs, un certain réajustement démographique, tout relatif, se produira entre les deux aires d’irrigation, de part et d’autre du fleuve, consécutivement à une meilleure mise en valeur des terres cultivées dans les plaines de Zaïo-Tiztoutine, comme résultat d’une utilisation et d’une gestion plus rationnelles de l’eau d’irrigation.

Ainsi, la part de la rive gauche dans l’effectif total de population pourra augmenter de 3 points en 3 décennies, pour passer de 26% à 29% (1994-2025).

Cela sera dû essentiellement à l’étoffement de la population urbaine, notamment à Zaïo. Le poids de la population urbaine de la rive gauche de la Moulouya devra monter ainsi de 10 points, en passant de près de 16% en 1994 à plus de 26% en 2025, au sein de la population urbaine totale de l’espace de projets. Au niveau local, le taux d’urbanisation connaîtra plus du doublement, sautant de 31% en 1994 à 68% en 2025, sur la rive gauche du périmètre, alors qu’il passera de 60% à près de 80% sur la rive droite, déjà fortement urbanisée.

Évolution de la population urbaine et rurale (en %)
sur les deux rives de la Moulouya

 
Sous-espace    1994    2000    2010    2025      
    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total      
Rive droite    84,1    62,3    73,7    82,8    62,1    74,1    80,2    61,8    74,0    73,8    61,0    71,7      
Rive gauche    15,9    37,7    26,3    17,2    37,9    25,9    19,8    38,2    26,0    26,2    39,0    29,3      
Total    100    100    100    100    100    100    100    100    100    100    100    100     
Source: élaboration  Edesa

Toujours est-il que l’essentiel de la population, sur l’une et l’autre rives, résidera en ville, à raison des 4/5 pour la plaine des Trifa et pour près des 7/10 pour la zone de Zaïo-Tiztoutine. Autrement dit, la rationalisation de l’utilisation de l’eau et le développement de l’économie agricole et agro-industrielle qui devrait en résulter, auraient pour conséquence l’amélioration des niveaux de rentabilité et donc allégeraient la charge démographique des zones rurales dont le volume globale  de population pourrait diminuer de 15 à 20% par rapport à l’actuel, portant la part de cette population à moins d’un quart de la population globale, vers 2020-25, contre près de la moitié en 1994.

Perspectives d’évolution de la population par sous-espace
et par milieu de résidence (%)

 
Sous espace    1994    2000    2010    2025      
    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total    Urbain    Rural    Total      
Rive droite    59,5    40,5    100    64,6    35,4    100    71,9    28,1    100    79,5    20,5    100      
Rive gauche    31,3    68,7    100    38,2    61,8    100    50,5    49,5    100    68,2    31,8    100      
Total    52,0    48,0    100    57,7    42,3    100    66,3    33,7    100    76,2    23,8    100     
Source: élaboration  Edesa

En milieu rural, comme généralement presque partout dans les campagnes marocaines, la situation reste fort critique à tous les niveaux et ce, en dépit d’une situation globalement meilleure par rapport à d’autres zones dans la Région. De fait, on relève ici des taux d’alphabétisation et de scolarisation assez importants, comptant parmi les plus élevés dans les campagnes de l’Oriental. Ceci s’explique, bien sûr, par le meilleur équipement en établissements scolaires, par une accessibilité plus facile dans un milieu de plaine mais aussi par le niveau de revenu relativement élevé des populations rurales, généré par des cultures modernes irriguées et les retombées de cette économie agricole. Mais cela n’exclut nullement la persistance de certaines poches de pauvreté, toutefois limitées.

2.  Les potentialités de développement

La Basse Moulouya, structurée autour des villes de Barkane et de Zaïo, constitue un véritable pôle de développement dans l’Oriental. Il occupe une place de choix dans la Région, grâce à son potentiel de production agricole élevé et ce que cela peut engendrer comme emploi, comme matières premières pour l’industrie et comme surplus à l’exportation; le tout animant une activité commerciale assez importante et induire des services bien diversifiés.

La superficie irrigable peut être portée à 95.000 ha dont les 2/3 par grande hydraulique à partir des eaux de la Moulouya (barrages de Mohamed Al Khamis et Machraa Hammadi) et le 1/3 par PMH au moyen de pompage dans les nappes locales.

En plus de ces potentialités fondamentales, on peut souligner les atouts ci-après :

La situation géographique privilégiée dans le Nord-Est marocain, entre les deux grands pôles économiques et urbains de la Région, que sont Oujda et Nador-Mlilia, en plus de la proximité de grandes zones à potentiel touristique important : le littoral balnéaire de Saïdia-Ras Al Ma ; le complexe Nador-Mlilia-Sabkha Bou Arg et les hauteurs environnantes ; les montagnes des Bni Znassene ;

L’existence de plaines irrigables qui représentent un potentiel de richesse agricole exceptionnel dans la Région de l’Oriental, bénéficiant de sols ayant une grande valeur agronomique, et de disponibilités en eau considérables pour améliorer et moderniser l’activité agro-pastorale ;

Les ressources importantes en eau, assurées par les apports de la Moulouya, d’un côté, et les nappes souterraines, de l’autre ;

L’environnement écologique assez diversifié et la beauté des sites naturels offrant de grandes possibilités touristiques encore non ou très peu valorisées ;

Les potentialités de l’agriculture et les activités industrielles, commerciales et de services qu’elle engendre, présentent de véritables opportunités d’emploi et d’investissement ;

L’existence d’une population active relativement étoffée, représentant un marché de consommation considérable, notamment dans des villes en continuelle expansion ;

L’ouverture de l’économie locale sur le marché, national et international, en raison d’une production agricole orientée en bonne partie vers l’exportation extra-régionale et extra-nationale ;

L’intégration de la majorité des agriculteurs dans les systèmes modernes de production, de crédit et de commercialisation.

Malheureusement, la plupart de ces potentialités naturelles, économiques et sociales ne sont qu’insuffisamment ou très faiblement valorisées, alors que certaines restent encore inutilisées ou ignorées.

De même, plusieurs ressources vitales, comme l’eau et l’environnement, sont l’objet de gaspillages inconsidérés ou d’atteintes graves. La pression démographique et, son corollaire, la demande d’emploi, de services et d’équipements de plus en plus nombreux et complexes, d’un côté, les impératifs du changement et de l’intégration accélérée dans le Système Monde, de l’autre, obligent à opérer dans cette partie de l’Oriental des reconversions tangibles et des améliorations concrètes, afin de garder et de consolider la compétitivité économique et sociale de la zone et lui permettre de jouer la fonction d’espace moteur régional qui lui est dévolue.

Il est évident que le renforcement de ces structures économiques, sociales et culturelles devra se faire en harmonie avec ce qui est prévu dans les espaces de projets alentour ou contigus (Oujda, grand Nador, littoral balnéaire, massif des Kabdana, hauteurs des Bni Znassene…), afin de générer le maximum d’effets de synergie entre les composantes fondamentales économico-spatiales de l’Oriental et permettre ainsi à la Région de se qualifier au mieux pour affronter la concurrence des autres régions du pays et du monde extérieur.

Ceci appelle la mise en œuvre d’actions d’aménagement dynamisantes et structurantes, que l’on peut ventiler en deux grandes catégories : celles qui sont destinées à consolider et à moderniser l’économie ; et celles qui visent à améliorer le contexte culturel et social.

3. Actions de reconversion et de consolidation du secteur agricole

S’agissant de périmètres de grande hydraulique, l’espace de Barkane-Zaïo est, et restera longtemps encore, tributaire du développement du secteur agricole, dont le volume, la nature et la qualité de production rejaillissent directement sur les niveaux de revenus des agriculteurs et sur les autres secteurs économiques liés à l’agriculture, en amont et en aval, d’un côté, et conditionnent le processus d’urbanisation local, ainsi que le poids de la zone dans l’économie régionale, voire même nationale, de l’autre.

A ce titre, le développement de l’agriculture peut être considéré comme la clé de voûte du développement de la zone, en raison des retombées vitales que sa promotion peut avoir sur la consolidation de la base économique et sociale de l’espace de projets en question et, de là, celle de l’Oriental tout entier.

La promotion et la consolidation de ce secteur doivent être recherchées à travers trois voies intimement liées et complémentaires : l’amélioration du système d’irrigation en vigueur ; la massification, la diversification et l’affinement de la production agricole ; la réorganisation et la réforme des circuits commerciaux.

3.1. La valorisation optimale de l’eau d’irrigation

3.1.1. Des disponibilités hydriques limitées et menacées de réduction continue

La Basse Moulouya est certainement l’espace le mieux doté en eau dans toute la Région parce qu’il dispose d’importants volumes hydriques que lui procurent les grands équipements hydrauliques, érigés depuis longtemps sur la Moulouya, ainsi que certaines ressources souterraines parfois abondantes.

Le Barrage Mohamed Al Khamis (d’une capacité initiale de 730 Mm3) constitue la pièce maîtresse de l’aménagement hydraulique, étant destiné à l’irrigation et à l’alimentation en eau potable.

Suite à l’envasement continu du lac de barrage, la capacité de ce dernier s’est réduite à  moins de 380 Mm3 aujourd’hui. Non seulement la réserve diminue, mais les apports en eau sont particulièrement fluctuants d’une année à l’autre, en fonction de la pluviométrie, ce qui se répercute lourdement sur les volumes d’eau que peut fournir le barrage.

A partir de 1996, les fournitures en eau d’irrigation ont marqué une nette tendance à la baisse atteignant ainsi 70 Mm3 seulement pour l’année agricole 1999/2000.

Ainsi, la pérennisation de l’irrigation renvoie à la nécessité de procéder à des aménagements de protection des sols dans les divers bassins-versants du Rif Oriental et de la Moulouya Amont, afin de réduire au minimum les effets de l’érosion et, du coup, la charge solide alluviale drainée par les cours d’eau et le ruissellement vers les ouvrages de retenue d’eau.

Par ailleurs, les eaux souterraines représentent un appoint non négligeable pour l’irrigation, notamment dans la plaine des Trifa, en dépit de leur taux de salinité qui se trouve presque à la limite du niveau acceptable ; ce qui n’est pas le cas des eaux des nappes de rive gauche (Gareb et Bou Arg) où la teneur en sel peut aller jusqu’à 16 grammes par litre, ce qui les rend inutilisables pour l’irrigation.

Le premier souci est donc d’augmenter les disponibilités hydriques pour l’irrigation afin de compenser les réductions occasionnées par les déficits de plus en plus ressentis au niveau des précipitations, ainsi que celles qui découlent de la diminution de la capacité de retenue des barrages soumis à un implacable processus d’envasement et de l’augmentation des taux de salinité des eaux souterraines.

Dans ce sens, il devient tout à fait indispensable de mobiliser de nouvelles ressources, en construisant des ouvrages de retenue d’eau de différents gabarits, partout où cela est possible. Différents sites ont déjà été identifiés et les barrages qu’ils devront comporter ont été nommés par le Ministère de l’Equipement. Il s’agit notamment d’ouvrages qui devraient entrer en action à moyen terme, et dont les plus importants sont :

le barrage de Sidi Saïd sur la moyenne Moulouya ;
le barrage de Targa ou Madi sur l’oued Malloulou, affluent de rive gauche de la Moulouya .

La stratégie prévoit également la construction, à long terme, d’un grand barrage au site dit Safsaf, an aval de Machraa Hammadi. Elle insiste aussi sur la construction d’une série d’ouvrages plus modestes pour mobiliser les eaux de cours aux débits non négligeables, pouvant parfois gonfler considérablement en période d’averse : Aghbal, Msounda et Tanabdourt notamment, en vue de développer la petite irrigation et améliorer les revenus des agriculteurs.

Un autre créneau pourrait être exploré, celui de la possibilité de transférer les eaux de bassins limitrophes (Sebou, Rif occidental) vers le bassin de la Moulouya, ce qui n’est ni techniquement évident, ni institutionnellement facile, dans la mesure où chaque Région aura tendance à réserver ses propres ressources hydriques pour son propre développement, dans un contexte économique et social qui sera de plus en plus conditionné par la « lutte pour l’eau ».

La mise en œuvre de ces investissements aura pour objectifs de réguler les eaux au niveau des différents barrages, surtout celui de Mohammed Al Khamis, d’assurer la sécurité des ouvrages existants, d’apporter un supplément de régularisation et permettre l’écrêtement des crues sur les trois branches Moulouya, Malloulou et Za. Ces investissements assureront également la durabilité et la valorisation des potentialités productives agricoles, industrielles et touristiques de la Basse Moulouya, ainsi que l’amélioration de son environnement urbain où devront vivre les 4/5 de la population de la zone 2025.

3.1.2. Gestion des ressources en eau existantes

A cet égard, l’ORMVAM mène plusieurs actions visant l’amélioration des procédures de gestion de l’eau, axées sur :

l’amélioration des méthodes de programmation, de distribution et de facturation de l’eau,
l’augmentation de la fréquence d’irrigation et la réduction de la dose d’arrosage, afin d’éviter les pertes au niveau des décharges,
l’exploitation optimale de la station de pompage My Ali,
l’incitation des agriculteurs à la meilleure exploitation de la nappe des Trifa. Toutefois, il faut, souligner que l’exploitation intensive de cette nappe, conjuguée à la faiblesse des précipitations au cours des dernières années, ont conduit à son rabattement rapide et au tarissement de plusieurs puits. Seule une suite d’années pluvieuses pourra améliorer la recharge de cette nappe et en augmenter les capacités de production.

Rappelons aussi que pour l’instant, seule la nappe des Trifa est exploitable. Les autres nappes présentent un taux de salinité élevé qui en exclut leur utilisation à des fins d’irrigation. Deux actions sont prioritaires à mener pour faire face aux déficits hydriques croissants :

Reconnaissance et prospection de nouvelles nappes souterraines ;
Etudes de l’exploitation des nappes actuelles (qualité, volume, piézomètrie).

A moyen terme (2010), les projets prévus pour l’espace de Barkane-Zaïo en la matière sont :

Projet d’application intégrale de la loi sur l’eau pour inciter, en cas de pénurie d’eau, les arboriculteurs à s’équiper en système d’irrigation localisée;
Institutionnaliser la procédure de récupération de la subvention par les entreprises pour assurer l’exécution totale des travaux d’équipement;
La création d’un centre de recherche d’agronomie appliquée, étant donné les caractéristiques particulières du milieu naturel de la zone, tant au point de vue climatique et hydrique, qu’au niveau des données édaphiques.

3.1.3. Réhabilitation et maintenance de l’infrastructure               hydro-agricole

Le bilan ressources-besoins en eau dans l’espace de projets de Barkane-Zaïo fait apparaître un grave déficit en eau, de plus en plus croissant, accentué par :

l’évolution croissante de la demande en AEPI et en eau d’irrigation,
la sécheresse de plus en plus affirmée,
la diminution de la capacité de stockage des barrages,
la subsistance de modes d’irrigation n’économisant pas l’eau,
les pertes énormes d’eau enregistrées sur les réseaux de distribution d’AEPI et d’irrigation.

Des actions de restructuration et d’amélioration de la situation sont programmées ou en cours, notamment :

le projet de réhabilitation du réseau d’irrigation dont le but est d’en améliorer le rendement, de conserver les équipements hydro-agricoles et de répondre aux desiderata des agriculteurs ;

l’achèvement du projet de réhabilitation du matériel hydro-mécanique du canal principal pour améliorer le rendement du réseau d’irrigation et conserver le flux transporté par le canal vers la plaine des Trifa ;

la rénovation du canal A2G6 sur une longueur de 1850 m, dont le but est d’éliminer les pertes d’eau et d’assurer l’irrigation de 900 ha dans la commune rurale de Tiztoutine ;

le projet d’étude relatif à la transformation de l’irrigation gravitaire en irrigation par procédé du goutte-à-goutte dans la plaine des Trifa ;

la réhabilitation des petits périmètres irrigués d’Aghbal et d’Ajdir couvrant 60 ha dans la commune de Fazouane ainsi que du périmètre de Kijjou, dans la commune de Boughriba ;

le projet de recherche et de développement agricole pour introduire les nouvelles technologies agricoles. Ce projet se concrétise dans les stations expérimentales agricoles de Slimania, Boughriba et Sabra.

Dans le but de maintenir, voire d’améliorer, l’efficience d’utilisation de l’eau d’irrigation, des travaux de réhabilitation et de maintenance du réseau d’irrigation et des stations de pompage sont nécessaires, notamment par :

la réparation et la protection des canaux principaux et ouvrages d’art à court et à moyen termes ;
le curage des canaux d’irrigation et d’assainissement ;
la réparation des points de fuite sur les conduites à gros diamètres et la maintenance des chambres de vannes ;
la fourniture et la maintenance des bornes d’irrigation et de l’appareillage hydro-mécanique ;
la maintenance des stations de pompage.

Dans le même sens, il est important de rappeler que l’Office de la Moulouya a procédé à la réalisation de plusieurs études, avec comme objectifs essentiels :

assurer la pérennité des infrastructures hydro-agricoles ;

augmenter l’efficience du réseau d’irrigation ;

renouveler les bornes d’irrigation et créer une zone pilote dans la plaine du Garet, en incitant les usagers à s’organiser en associations, pour prendre en charge la construction des abris de protection des bornes et assurer l’entretien du matériel mobile d’irrigation ;

améliorer les services rendus aux usagers.

3.1.4. Amélioration de l’application de l’eau à la parcelle

Face à la rareté de l’eau de plus en plus ressentie dans la zone, il s’avère nécessaire d’utiliser cette denrée précieuse de manière rationnelle et parcimonieuse, tout en adoptant des techniques plus économisantes telles que l’irrigation localisée. Ainsi, il faudrait prévoir la reconversion progressive en irrigation localisée du système gravitaire actuellement en place, la constitution de bassins de réserve et le suivi des techniques d’irrigation assurant l’économie de l’eau. Par ailleurs, il est nécessaire d’envisager et de programmer des essais de démonstration de l’irrigation localisée, pour montrer aux agriculteurs l’impact positif de ce mode sur le rendement des différentes cultures et sur la baisse des coûts de production.

3.1.5. Aménagement et équipement des périmètres de mise en valeur dans le bour

Dans le secteur bour, couvrant encore de très larges superficies dans la zone, les actions suivantes sont préconisées :

exploration des nappes et détermination des paramètres de leur exploitation,
mobilisation et stockage de l’eau,
aménagement des réseaux de distribution,
aménagement foncier : épierrage, défrichement, remembrement, défoncement, nivellement,….

3.2. Intensification et diversification de la production agricole

3.2.1. La nouvelle donne de l’activité agricole

Le système de production agricole dominant jusqu’ici dans les périmètres irrigués au Maroc était conditionné par un triple objectif : garantir la sécurité alimentaire du pays, notamment pour les produits de base ; fournir de la matière première pour l’agro-industrie ; dégager une marge appréciable de la production réalisée à des fins d’exportation et d’apport de devises. Cela a nécessité l’implication directe et indirecte de l’Etat, par différents biais et différents moyens d’intervention d’aide et d’encouragement, à tous les stades de la mise en valeur et de la production, voire même de la commercialisation des produits.

Le désengagement progressif de l’Etat de la plupart des niveaux d’intervention, met le secteur devant de nouvelles conditions de production qui font de plus en plus appel à l’initiative des agriculteurs eux-mêmes.

La libéralisation des programmes et des plans de cultures, imposés par le passé, devra entraîner une modification profonde dans la nature des spéculations pratiquées et des paysages agricoles.

Ceci est particulièrement valable pour la basse Moulouya où l’ORMVAM devra orienter son action à assister les agriculteurs pour opérer la reconversion souhaitée du système de production par l’intensification des cultures et leur diversification, en vue d’augmenter la production de qualité et d’améliorer la capacité compétitive des agriculteurs, tout en veillant à une utilisation rationnelle et optimale de la ressource en eau et des sols.

Ainsi, l’ORMVAM préconise un certain nombre d’actions restructurantes de la production agro-pastorale des espaces agricoles dont il a la charge d’encadrement, en insistant sur deux objectifs principaux : l’amélioration du taux d’intensification culturale et l’augmentation des rendements des différentes cultures et du cheptel.

·    L’amélioration du taux d’intensification culturale

Cet objectif est recherché à travers plusieurs canaux, notamment par :

la sensibilisation et l’encadrement des agriculteurs pour mettre en valeur le maximum de superficies équipées, tout  en les exploitant par des cultures peu exigeantes en eau ;
l’assainissement du contentieux particulièrement handicapant au niveau de la mise en valeur ;
la facilitation des procédures d’octroi des crédits, notamment pour les petits exploitants ;
l’optimisation de l’économie de l’eau depuis le barrage jusqu’à la parcelle.

·    L’augmentation des rendements des cultures et de l’élevage

A cet effet, il est nécessaire de :

inciter les agriculteurs à utiliser des techniques culturales adéquates,
renforcer les actions d’appui aux pratiques culturales et pastorales,
encourager la fertilisation et la protection phyto-sanitaire de façon appropriée,
renforcer le système d’avertissement anti-parasitaire,
mettre en place un système d’avertissement à l’irrigation,
renforcer la recherche appliquée en tenant compte des spécificités locales,
créer des pépinières pour la production de plants certifiés de qualité,
distribuer des plants certifiés aux agriculteurs à titre gratuit,
limiter les superficies des cultures et des espèces grandes consommatrices d’eau (notamment les agrumes et la canne à sucre).

Des actions spécifiques sont arrêtées pour chaque grand secteur de production : agrumiculture, maraîchage, arboriculture diverse, céréaliculture, cultures fourragères et élevage.

3.2.2. Les améliorations sectorielles

·    L’agrumiculture et le maraîchage

Ce secteur clé de l’économie agricole de la Basse Moulouya nécessite la mise en œuvre d’actions de restructuration fondamentales, parmi lesquelles il faut insister sur les suivantes :

mise en application du plan de mise à niveau agricole dans l’espace de Barkane-Zaïo programmé sur 8 ans (amélioration de la productivité et de la compétitivité agricoles). L’opération pilote doit concerner 7080 ha, dont les mesures d’accompagnement doivent être prises ;
rajeunissement du verger de la Moulouya et adaptation de nouvelles variétés pour répondre à la demande du marché national et international ;
encouragement de la création de vergers en prolongeant la prime d’investissement jusqu’à 2010 et en la généralisant aux autres espèces fruitières (vigne et rosacées) ainsi que la subvention d’achat de plants certifiés (espèces fruitières autres que les agrumes) ;
adaptation de la production aux nouvelles normes et réglementations de l’Union Européenne, afin de répondre au marché de plus en plus exigeant de cette aire de consommation privilégiée ;
restructuration des circuits commerciaux de la production d’agrumes pour aboutir à une meilleure commercialisation des produits ;
encouragement de la création de pépinières agréées, pouvant livrer des plants de bonne qualité aux agriculteurs, en nombre suffisant et aux prix incitatifs ;
octroi de subventions pour aménager les bassins de stockage de l’eau et l’achat d’équipement de matériel d’irrigation localisée ;
orientation vers les cultures maraîchères d’automne, qui demandent moins d’eau d’irrigation (période pluviale), notamment pour les légumineuses potagères (petit-pois, fève,…).

·    L’arboriculture diverse

Ici, il s’agit de procéder surtout à :

la production de plants certifiés,
la création et le rajeunissement des vergers,
la transformation et la valorisation des écarts de triage,
la transformation et la valorisation de l’olive et de l’abricot.

·    La céréaliculture

Les cultures céréalières devront rester, pour longtemps encore, une composante importante du système de production agricole en basse Moulouya, non seulement dans le secteur bour, mais aussi en irrigué. Le développement de ces cultures requiert un ensemble d’actions qui peuvent se résumer ainsi :

renforcement de la mécanisation des travaux du sol, de semis et de moisson,
généralisation de l’usage de semences sélectionnées,
augmentation des superficies cultivées, car les céréales sont peu exigeantes en eau, demandent une conduite facile et permettent de bien valoriser l’eau d’irrigation.

·    Les cultures fourragères

L’élevage qui représente un volet fondamental du système de production, nécessite :

l’augmentation de la superficie cultivée pour réduire le déficit en matière d’alimentation du cheptel,

l’encouragement et l’orientation vers des espèces fourragères peu exigeantes en eau, comme l’orge fourragère, le bersim, le maïs, le ray-grass italien et le soudan-grass.

·    L’élevage

L’objectif consiste à  atteindre l’autosuffisance en production laitière et ses dérivés, d’un côté, et augmenter la marge de production à exporter vers d’autres régions du Maroc. A cet effet, les actions suivantes sont envisagées :

amélioration des rations alimentaires des ovins et des bovins ;
amélioration génétique du cheptel par l’introduction de races améliorées ;
organisation des éleveurs en coopératives et en associations pour mieux valoriser les produits, tout en diminuant les coûts de production ;
encadrement sanitaire et renforcement des mesures d’hygiène au niveau de la collecte des produits ;
investissement dans le domaine du traitement industriel du lait et de sa transformation en dérivés et sous-produits ;
développement du petit élevage pour l’exportation (autruche, canard), mais aussi pour répondre à d’éventuelles demandes du marché régional et/ou national ;
construction d’abattoirs dans les grandes agglomérations urbaines.

3.3. Commercialisation des produits agro-pastoraux

S’agissant de produits périssables, le plus souvent, et orientés vers le marché interne et externe, les denrées agricoles sont particulièrement sensibles au système et aux circuits de commercialisation qu’il s’agit de restructurer et de réadapter en fonction du nouveau contexte de production, et en vue d’améliorer les revenus des agriculteurs et d’appuyer l’agro-industrie locale.

A ces niveaux, la basse Moulouya bénéficie d’atouts remarquables qui peuvent se résumer comme suit :

proximité d’un port de commerce assez bien équipé pour effectuer les expéditions des produits pondéreux à l’étranger ; il s’agit de celui de Bni Ançar dont la capacité de trafic est loin d’être utilisée en totalité ;
proximité des deux aéroports (voire de trois) d’Oujda-Angad et Al Aroui (plus celui d’Al Hoceimah) pour expédier les produits les plus périssables ou ceux qui ont des destinations lointaines ;
proximité des centres urbains les plus importants de la Région qui représentent des marchés d’écoulement notables, étant donné l’augmentation rapide de l’effectif de leur population ;
un réseau routier relativement convenable pour atteindre les ports d’expédition et les foyers de consommation régionaux ou nationaux.

Considérant ces atouts, le processus de commercialisation des produits doit bénéficier de :

l’encouragement de la production des primeurs sous serre particulièrement dans les plaines de Saïdia et de Bou Arg ;
l’amélioration de la production d’une gamme diversifiée de fruits et de légumes dont la saveur est ici particulière, en raison de conditions pédo-climatiques locales favorables ;
la mise en place de structures de commercialisation modernes et bien organisées, notamment la plate-forme de commercialisation de fruits et légumes à Barkane ;
l’amendement de la réglementation actuelle qui régit la commercialisation des fruits et légumes (plate-forme) ;
le développement et la dynamisation de l’organisation professionnelle ;
l’institution d’un organisme régional de contrôle de la qualité des produits agricoles et agro-industriels à la fois pour la protection de la production et des consommateurs internes et externes.

4. Dynamisation des secteurs économiques extra-agricoles

4.1. L’industrie

La relance et le développement des activités industrielles dans cet espace de projets seront amplement favorisés par les actions suivantes :

aménagement de la zone industrielle de Fazouane, avec 241 lots (route d’Oujda), destinée à recevoir les grandes, moyennes et petites industries, dotée des services de proximité nécessaires (transport, douane, administration…),
aménagement d’une zone industrielle à Barkane,
aménagement d’une zone industrielle à Zaïo,
aménagement d’une zone économique à Ahfir,
étude de faisabilité du projet d’une zone industrielle à Oulad Sattoute.

Au niveau sectoriel, l’espace de Barkane-Zaïo semble avoir une meilleure propension à exceller dans certaines branches où il peut être particulièrement compétitif. Il s’agit essentiellement de :

·    L’agro-industrie, favorisée par les mutations profondes qui devront affecter le secteur agricole, dans le sens de la massification et de la diversification de la production.

Le secteur de l’agro-industrie pourra bénéficier grandement des transformations qui atteindront la production en l’orientant vers l’intensification et la diversification. Cela devrait ainsi s’appuyer sur :

le développement de relations de partenariat entre les agriculteurs et les industriels, par des systèmes de contrats ou de conventions pour la fourniture de matières premières ;
l’encouragement des industriels à investir dans l’agriculture, afin de s’assurer la fourniture régulière de leurs entreprises en produits bruts, d’un côté, et réorienter la production en fonction de l’évolution de la demande, de l’autre ;
l’aménagement d’une zone industrielle qualifiée à Barkane et une autre à Zaïo, notamment ;
le développement de petites unités de transformation dans les centres urbains satellites ou dans les grandes agglomérations rurales, ce qui pourrait contribuer amplement à fournir de l’emploi dans des campagnes où sévit un chômage important, tout en diffusant le savoir-faire industriel à travers le territoire.

·    Les industries annexes de l’agriculture, parmi lesquelles on devra insister sur :

la fabrication de produits phytosanitaires ;
la production d’articles et de pièces destinés à l’aménagement des systèmes d’irrigation localisée ;
la production de matériaux d’emballage (caisses, sacs,…) ;
la production de matériaux de construction ;
l’installation de grands ateliers de réparation du matériel agricole.

Dans le domaine de l’artisanat, la réalisation d’une zone artisanale intégrée à Barkane devra être accélérée. Ce projet vise l’encouragement des jeunes promoteurs, à travers l’octroi de diverses facilités pour l’obtention de locaux, ainsi que l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs dans le secteur de l’artisanat, avec la promotion de l’emploi des jeunes. Ce projet est financé par le Fonds pour la Promotion des Jeunes, les collectivités locales et des dons dans le cadre de la coopération internationale.

4.2. La promotion du secteur du tourisme

Le développement de l’activité touristique en Basse-Moulouya bénéficie d’une panoplie d’atouts d’ordre naturel et agricole qui prédisposent cette zone à offrir des produits intéressants venant compléter ceux qui sont fournis déjà par les espaces limitrophes : littoral balnéaire, Nador-Mlilia, Oujda et les montagnes des Bni Znassene.

A cet égard, une série d’actions de protection et de valorisation des sites sont nécessaires, parmi lesquelles il faut insister sur les plus urgentes :

protection du SIBE de l’embouchure de la Moulouya qui s’étend sur une superficie de 2.700 ha environ. Ce site comprend les marais de Chrarba, qui constituent de superbes étendues d’eau douce, provenant de l’accumulation des précipitations pluviales et des résurgences, cernées par une dense végétation palustre qui les rend quasiment inaccessibles. Ces zones abritent une avifaune riche et diversifiée comprenant des espèces endémiques d’importance mondiale, notamment la Sarcelle marbrée et le Goéland, ainsi que d’importantes populations d’oiseaux nicheurs, tels que les Poules sultanes, le Héron pourpré, le Busard cendré et plusieurs espèces de fauvettes aquatiques ;

protection du SIBE de la Cigogne blanche à la sortie de la ville de Barkane, sur la rive droite de l’oued Charâa à proximité du ‘Darih’ de sidi Ahmed Aberkane. Il contient une trentaine de nids juchés en haut de vieux et grands eucalyptus, témoins silencieux de l’évolution et de l’extension de cette agglomération. Cette colonie est l’une des deux plus importantes au Maroc, après celle des murailles de Dar Lakbira à Meknès (une quarantaine de nids). Ce site constitue, d’ailleurs, l’un des points de concentration où les cigognes se reproduisent normalement, ce qui a permis son classement comme Site d’Intérêt Biologique et Ecologique ;

aménagement de la source thermale de Fazouane, située sur le piémont nord des Bni Znassene. Ses eaux de bonne qualité sont appréciées pour leurs propriétés curatives notamment dans le traitement des maladies des reins. Cela nécessite un aménagement tout à fait approprié, notamment pour des besoins touristiques ;

la mise en valeur des hauteurs Bni Znassene qui porte sur deux zones. La première (6.150 ha) comprend de magnifiques paysages (grottes, falaises, escarpements) recouverts principalement de forêts de thuya. La seconde (600 ha) renferme la très belle chênaie du Jbel Foughal, habitat naturel doté d’une riche faune zoologique et ornithologique (sangliers, lièvres, lapins, perdrix, pigeons, tourterelles, etc..). Ces ressources sont susceptibles de constituer des atouts importants pour l’écotourisme de montagne. Les projets de reboisement portent avant tout sur l’aménagement du massif en procédant à des plantations forestières pour la protection des sols. Les intervenants dans la réalisation de ce projet sont : l’Administration des Eaux et Forêts, les collectivités locales, les ONGs et les propriétaires privés ;

valorisation de la grotte karstique dite « Grotte des Pigeons » située dans la vallée du Zagzal, à 2 km à l’est du village rustique de Tafoughalt. Elle tire son nom du fait de la présence de nombreux pigeons qui s’y réfugient. La grotte est un gisement préhistorique mondialement connu ;

valorisation de la Grotte du Chameau, qui est un site historique et archéologique et, en même temps, un haut lieu de spéléologie où les stalagmites et les stalactites forment un rempart de multiples colonnes.

5. Les actions de développement socio-culturel

5.1. L’alimentation en eau potable

·    Des besoins en très nette augmentation

Parallèlement aux énormes besoins en eau d’irrigation que demandent les cultures maraîchères, arboricoles, fourragères et même céréalières, les besoins en eau nécessaires pour satisfaire l’alimentation des populations, ainsi que les activités industrielles et touristiques devront connaître un accroissement spectaculaire dans les villes relevant de cet espace de projets.

Les prévisions effectuées font passer les seuls besoins en eau domestique de 472 litres/seconde en 2000 à 546 litres en 2010 pour avoisiner les 700 litres/seconde en 2025 ; c’est-à-dire, une augmentation de près de moitié, en l’espace de 25 ans. Cette évolution est basée sur l’hypothèse d’une réduction sensible de la consommation quotidienne des populations, puisque l’ONEP la fait baisser de 205 litres/jour par habitant à 152 litres/j/habitant en moyenne, ce qui représenterait une baisse de l’ordre du quart.

Prévision de la demande en eau potable

 
Centre    Capacité de pointe l/s    Besoins de pointe (l/s)      
        2000    2005    2010    2015    2020    2025      
Barkane et centres satellites    290    252    270    295    322    348    375      
Zaio    50    57    63    69    72    76    80      
Ahfir et centres proches    205    137    144    155    169    186    205      
Aklim    18    18    18,5    19    19,5    20    20,5      
Aïn Arragada    10    7,5    8    8,4    9,2    10    11     
Source: élaboration  Edesa

Il faut noter que dans le cas où cette baisse de la consommation moyenne par habitant n’interviendrait pas et que les villes garderaient leur niveau de consommation actuelle, les besoins s’élèveraient alors à près d’un millier de litres/ seconde en 2025, auxquels il faudrait ajouter la demande qui sera exprimée par l’activité économique, notamment l’industrie et le tourisme, demande qui dépendra évidemment du pouvoir des villes et des campagnes de ces plaines à drainer l’investissement productif dans ces deux domaines économiques tout à fait nécessaires pour accroître le niveau de compétitivité de la zone et créer de l’emploi.

Dans tous les cas de figure, la demande sera de plus en plus importante, formulée non seulement par l’augmentation de la population des villes existantes, mais également par celles des nombreux centres urbains émergents qui ponctuent déjà les plaines de la Basse Moulouya. En outre, il est nécessaire de prendre en compte les besoins non négligeables des populations rurales en eau potable, même si le volume de cette population va en décroissant. Les estimations faites à ce sujet aboutissent à des besoins de l’ordre d’une centaine de litres/ seconde pour satisfaire la demande des habitants des campagnes, auxquels il faudrait ajouter la consommation du cheptel et de l’aviculture.

·    Les projets en matière d’alimentation en eau

Le principal projet en matière d’AEPI est celui de l’alimentation des villes de cet espace à partir du barrage de Machraa Hammadi, renforcée par les eaux de celui de Laghrass.

Il est nécessaire par ailleurs de mener les actions suivantes :

étude des nappes phréatiques pour déterminer les normes de leur exploitation (volume, piézomètrie, qualité de l’eau…);
octroi d’une subvention pour l’équipement des puits par des stations de pompage;
réalisation du réseau de distribution d’eau potable par l’ONEP au centre de Tiztoutine;
forage et prospection des eaux profondes des nappes pour les différents douars de la commune de Oulad Sattout (Ministère de l’Equipement), ainsi que l’approvisionnement en eau potable des douars de la commune de Boughriba;
construction d’un réseau de distribution d’eau potable dans la CR de Zagzal;
équipement du forage Amizaght (CR Chouihiya);
équipement des puits des douars en pompes solaires dans la commune de Boughriba;
réalisation d’un forage à Talazart (CR Chouihiya);
aménagement de sources et de points d’eau des communes rurales de Oulad Sattout, Fazouane et Chouihiya.

D’autres actions sont programmées ou en cours de réalisation :

achat de moto-pompes pour les douars dans la périphérie de Barkane,
remplacement des pompes existantes et des équipements de traitement par le chlore à Barkane,
renouvellement du canal passant par Oued Charraa,
alimentation en eau potable de 12 douars autour de Barkane. L’étude de ce projet a été achevée. Les différents travaux d’accompagnement de cette opération se résument en :

·    l’installation de conduites d’adduction sur une longueur de 26 km,
·    la construction d’un réservoir d’une capacité de 50 m3,
·    la construction et l’équipement d’une station de pompage d’eau.

Alimentation en eau potable de 9 douars relevant de la commune Oulad Sattout (installation de conduites sur 30km, aménagement de 14 bornes-fontaines).

5.2. L’amélioration de l’état d’assainissement

5.2.1. Une situation diversement préoccupante

La situation de l’assainissement dans l’espace de Barkane-Zaïo est particulièrement préoccupante, ce qui pose des problèmes épineux de pollution des nappes, en raison de l’absence de traitement des eaux usées. Ceci résulte de l’urbanisation incontrôlée et fougueuse et de l’augmentation des besoins d’utilisation des eaux souterraines et des eaux du fleuve, à la fois pour l’irrigation et pour la consommation domestique.

La situation de déficience ne touche pas seulement les petits centres dont la plupart sont dépourvus de réseau d’assainissement, mais aussi les grandes agglomérations de Barkane, Zaïo et  Ahfir où le réseau est souvent en moyen ou en mauvais état, ne couvrant que partiellement l’espace urbanisé qui s’étend rapidement et souvent anarchiquement par multiplication et extension de quartiers spontanés prolifiques.

État de l’assainissement liquide dans les principales villes
de l’espace de projets de Barkane-Zaïo
 
 
Municipalité    Existence de réseau    Type    Etat du réseau    Taux de branchement    Milieu récepteur    Observations      
Barkane    Oui    unitaire    Moyen    70%    Oued Charraa     – pas de traitement
– odeurs en ville      
Zaio    Oui    unitaire    Mauvais    60%    Oued Safsaf    – Pas de traitement
– Pollution importante (rejet de la sucrerie Sucrafor)      
Ahfir    Oui    unitaire    Assez bon    95%    Oued Kiss    – pas de traitement
– Kiss sur frontière et vers Méditerranée     

Des volumes considérables d’eaux usées, d’origine domestique ou industrielle, sont rejetés sans traitement aucun dans la nature, contribuant à la pollution des oueds, des nappes phréatiques et du littoral.

5.2.2. Les projets d’assainissement

Les projets déjà identifiés dans ce cadre, et dont certains sont en cours d’exécution, sont :

assainissement liquide des différents quartiers du centre de Zaïo. Ceci nécessite l’établissement d’un Schéma Directeur avec station de traitement. Le coût du projet est de 24 millions de Dh dont 30% sont assurés par un crédit du Fonds d’Equipement Communal et 70% par un crédit de la KFW,
création du réseau d’assainissement du centre de Tiztoutine : construction d’égouts et de station de refoulement,
étude du Schéma Directeur d’Assainissement liquide de la ville d’Ahfir,
travaux d’assainissement aux douars Tazaghine et Oulad Al Haj bas, dans la commune de Zagzal,
aménagement et construction de réseaux d’assainissement dans la commune Sidi Slimane Charaa, relevant de l’agglomération urbaine de Barkane.

Quant à l’assainissement solide, la situation est également préoccupante et se situe au niveau de la collecte, la décharge et le traitement des ordures et des déchets :

la collecte : équipement des communes en moyens de ramassage et de transport adéquats, avec le personnel approprié,
la décharge de Zaïo doit être aménagée convenablement,
le réaménagement des décharges actuelles des différents centres doit intervenir dans les meilleurs délais,
dotation des centres émergents de décharges publiques obéissant aux normes acceptables en la matière, afin d’éviter des pollutions dispersées dans la plaine.

Le SDAR propose de mettre en place une grande décharge pour Barkane et l’ensemble des centres qui gravitent autour, afin d’éviter l’éparpillement des efforts et des moyens financiers, techniques et humains, et assurer au site le contrôle et le traitement nécessaires.

Il faut souligner fortement que l’amélioration de l’état d’assainissement dans cette zone est une condition sine qua non pour y valoriser un environnement urbain et rural qui est, pour l’instant, globalement dysfonctionnel pour la population résidente, peu attrayant pour les élites et pour les investisseurs potentiels.

La situation se trouve même fortement compliquée par la récurrence d’inondations, parfois catastrophiques, que provoquent des pluies torrentielles se produisant dans les massifs de Kabdana et Bni Znassene, et qui s’abattent sur la plaine en empruntant les multiples ravins qui entaillent les versants de ces montagnes. Les nombreuses agglomérations de piémont, parmi elles les deux plus grandes, Barkane et Zaïo, sont constamment menacées d’inondations dévastatrices. L’oued Charraa constitue une épée de Damoclès pour Barkane, qu’il s’agit d’écarter de manière définitive.

Ainsi, la protection des villes et des localités de piémont, ainsi que des cultures et des infrastructures, contre les risques d’inondation, d’un côté, et la retenue des eaux pluviales pour l’irrigation et même l’alimentation des agglomérations urbaines et rurales en AEP, de l’autre, nécessitent l’édification d’ouvrages de stockage des importantes eaux de ruissellement qui descendent de la montagne.

5.3. Améliorer les conditions d’habitat et soigner l’urbanisme

5.3.1. Une situation actuelle peu satisfaisante

La ville de Barkane se caractérise par un tissu urbain mal organisé, avec un sous-habitat constitué de quartiers clandestins qui se développent à travers différents secteurs de la ville.

La ville de Zaïo, pourtant érigée en centre urbain depuis plus de 30 ans et bénéficiant du statut de municipalité depuis une bonne décennie, reste dépourvue des infrastructures de base. Son extension s’effectue en direction de Barkane, sur la Nationale 2, au détriment de terres irriguées de bonne qualité.

Sidi Slimane Charraa et Bouhdila constituent d’énormes extensions périphériques de Barkane et se caractérisent par la prolifération de l’habitat non réglementaire.

Le centre frontalier d’Ahfir, qui constitue une étape vers Saïdia, Barkane et Oujda, connaît un important problème d’assainissement (évacuation des eaux pluviales).

Aklim qui présente quelques aspects urbanistiques, souffre également d’un grand manque d’équipements et d’infrastructures de base.

Les petits centres de Aïn Arragada, Madagh, Chouihiya, Boughriba, Ouaoulout, Lamris, Aghbal, Tiztoutine, qui doivent jouer un rôle de plus en plus important dans l’encadrement des ruraux et de l’activité agro-pastorale, en vue de moderniser la production, demeurent des bourgades sans équipement significatif, souffrant de l’absence de document d’urbanisme pour en orienter la croissance et en consolider la nature et la qualité des services.

L’urbanisme demeure vraiment le parent pauvre de l’action publique dans les plaines de la basse Moulouya, au moment où cela devrait représenter une préoccupation centrale dans l’aménagement de ces espaces destinés à jouer le rôle de tracteur pour l’économie régionale, épaulant sérieusement les grands pôles de Nador-Mlilia et d’Oujda.

5.3.2. Les actions de restructuration des tissus et de  maîtrise de l’urbanisation

La hiérarchie actuelle des agglomérations urbaines de la basse Moulouya et les tendances d’urbanisation en cours, recommandent de mener l’action, en matière d’urbanisme et d’habitat, au moins à quatre différents niveaux : la grande ville de Barkane, les centres moyens de Zaïo et Ahfir, les petits centres en développement et, enfin, les multiples centres émergents.

·    Barkane : structuration d’un pôle urbain performant

Capitale des périmètres de la basse Moulouya et troisième ville de l’Oriental, devant abriter 150 000 personnes vers 2010 et un effectif supérieur à 200 000 à l’horizon 2020-2025, Barkane appelle, et de manière tout à fait urgente, l’élaboration d’un document d’urbanisme à la hauteur des problèmes actuels et des défis futurs, consécutifs aux bouleversements de l’activité agricole, qui se profilent au cours des toutes prochaines années.

Ce document, qui ne peut être autre chose qu’un Schéma Directeur d’Aménagement Urbain, aura à tracer les grandes orientations de croissance de la ville et s’articuler autour des points structurants suivants :

La maîtrise de l’urbanisation rampante actuelle qui ronge, de manière insidieuse et implacable, le sol agricole autour du tissu existant, entraînant ainsi la perte d’un capital pédologique particulièrement précieux. Ainsi, l’urbanisation verticale est à privilégier de façon volontaire, afin de réduire l’impact de la croissance horizontale qui disperse l’agglomération, augmente les coûts des infrastructures, des équipements et des différents réseaux, tout en gâchant un espace agricole qu’il s’agit de préserver à tout prix ;

La restructuration du tissu urbain, dont la croissance s’est effectuée au coup par coup, sans orientation claire et sans souci de fonctionnalité de l’organisme urbain, ce qui pose des problèmes aigus au niveau du raccordement des différents quartiers qui composent l’agglomération à la fois entre eux et par rapport au centre-ville ;

L’organisation du système de circulation, sachant que la ville est traversée par la Route Nationale 2 qui la coupe en deux, alors qu’elle constitue la grande artère de la ville et son « boulevard » principal autour duquel devra s’articuler le centre-ville. La construction d’une voie d’évitement est absolument inévitable afin de rejeter la circulation de transit, et notamment de poids lourds, vers l’extérieur et permettre, ainsi, une restructuration du centre et des quartiers limitrophes ;

L’établissement d’un zoning fonctionnel qui prend en compte la diversification en cours de la formation sociale et surtout l’évolution potentielle de celle-ci, d’un côté, et les exigences de réserver des aires d’activités économiques et d’équipements sociaux importants, de l’autre ;

L’organisation et l’ouverture de lotissements appropriés et suffisamment équipés, en ciblant les différentes couches sociales actuelles et potentiellement résidentes, afin de lutter contre le mouvement de construction non réglementaire et l’habitat insalubre ;

La protection de la ville contre les risques d’inondation, en procédant aux aménagements adéquats au niveau des oueds provenant des Bni Znassene et notamment l’Oued Charraa particulièrement fougueux en cas de fortes pluies.

·    Zaïo et Ahfir : consolider les centres d’encadrement des ailes occidentale et orientale de la Basse Moulouya

Ce sont des organismes urbains de taille plus réduite, mais qui devront abriter respectivement autour de 60 000 et 40 000 habitants, c’est-à-dire le double de l’effectif de la population actuelle, et ce dans deux décennies seulement.

Ces deux centres ont besoin de Plans d’Aménagement tout à fait capables d’en orienter la croissance future, sachant que :

Zaïo est une ville qui encadre la partie occidentale des périmètres de la basse Moulouya, ce qui lui confère des fonctions de gestion d’un espace agricole moderne et de prestations de services pour des populations en augmentation rapide et dont les besoins deviendront de plus en plus importants et diversifiés ;

Ahfir est une ville frontalière sujette aux aléas qu’entraîne une telle localisation, mais bénéficiant de sa situation au croisement de deux grands axes routiers reliant Oujda, la capitale régionale, au littoral touristique de Saïdia, d’une part, et à Barkane et Nador, d’autre part. Cette situation avantageuse lui permet de bénéficier à la fois des flux qui animeront ces axes de communication, en même temps que des transformations attendues dans l’économie agricole du périmètre irrigué limitrophe.

·    Les petits centres urbains et centres émergents. De plus en plus nombreuses, ces agglomérations ont besoin d’être dotées toutes de plans d’aménagement sommaires, à leur mesure, pour en maîtriser et orienter le développement urbanistique et socio-économique. Un effort important est à fournir en matière de voirie, d’alimentation en eau potable et d’assainissement, ainsi qu’en ce qui concerne l’organisation de l’habitat. Des opérations sont déjà préconisées ou lancées, dans ce sens, par les grands organismes spécialisés, notamment l’ERAC, la SNEC et l’ANHI, à la fois dans ces petits centres et les villes de la zone. On peut mentionner notamment :

restructuration de l’habitat non réglementaire,
projet Assalam à Barkane,
opération Ryad II à Aklim, de 918 lots,
opération INBIAT I à Ahfir, de 230 lots viabilisés,
opération INBIAT II à Ahfir, de 66 lots,
opération Al Amal à Aïn Arraggada, de 87 lots,
opération Lamris, de 267 lots,
opération My M’hamed à Sidi Bouhria, de 182 lots,
opération Charraa, de 353 lots (SNEC),
opération Boudhila, de 1122 lots (ANHI),
opération  Waoulout à Zagzal, de 2039 lots (ANHI),
opération Trifa- Laatamna, de 732 lots (ANHI).

Au total, l’urbanisation de cet espace de projets est restée, comme nous l’avons démontré plus haut, un sous-produit de l’irrigation et de l’économie agricole moderne. Ces dernières ont polarisé, jusqu’à présent, l’essentiel de l’attention des aménageurs. Mais dorénavant, la question urbaine devra bénéficier d’une attention particulière afin de rattraper les énormes retards enregistrés à ce niveau et de préparer les villes de la zone à remplir les fonctions essentielles qui leur reviennent au niveau de l’encadrement de leurs propres populations et de celles de l’espace rural, dont le volume total dépassera nettement le demi-million de personnes vers 2020-2025, d’un côté, et de fournir les services nécessaires à l’activité agro-pastorale, industrielle, commerciale et touristique qui devra animer ces plaines, de l’autre.

Dans cette perspective, il faudrait penser à élaborer un document global qui traiterait  la question dans son intégralité, pour produire le Schéma Directeur d’Aménagement Urbain et Economique de la Basse Moulouya, dans toutes  ses composantes.

5.3.3. La consolidation et l’adaptation des réseaux de transport

La topographie globalement plane de la basse Moulouya, d’une part, et la croissance relativement précoce de l’économie agricole irriguée moderne, orientée vers les marchés intérieur et extérieur, d’autre part, ont favorisé le développement d’un réseau routier assez étoffé dans la zone, comparativement à d’autres parties de l’Oriental. La densité territoriale et sociale du réseau est la plus élevée de la Région, abstraction faite de la catégorie et de la qualité des routes en question.

Toutefois, la stratégie de développement de l’économie agricole, avec la massification attendue de la production et la diversification des produits, d’un côté, l’intensification du trafic de transport qui devra s’ensuivre vers les sites d’exportation, les unités de transformation, les lieux de commercialisation et les foyers de consommation, de l’autre, est obligée d’aménager un réseau de communication et de transport de haut niveau.

Cela est également exigé par le développement de l’industrie, du tourisme et des différents services qu’appelleront les divers secteurs de l’économie. Enfin, l’intensification des flux de transport et de circulation découlera de l’accroissement important qu’enregistrera l’effectif de population, la multiplication des centres urbains et l’accélération des échanges internes et externes.

L’ensemble de ces transformations, en cours et attendues, nécessitent l’amélioration tangible du réseau de circulation et de transport à l’intérieur des plaines, avec les zones qui leur sont contiguës, avec le reste de la Région et du Maroc, ainsi qu’avec l’étranger.

Afin que la question du transport ne constitue pas un facteur de blocage au bon fonctionnement de l’économie, au déplacement aisé des personnes et au resserrement des liens avec les espaces extérieurs, plusieurs types d’action s’avèrent indispensables, que l’on peut classer en trois grandes catégories :

·    Le renforcement et l’habilitation du réseau actuel, au moyen des réalisations suivantes  à court et moyen terme :

renforcement de la RN2 entre Ahfir et Barkane pour améliorer le niveau de service  et de la sécurité routière (tronçon de 20 km passant par Zagzal et Aghbal) ;
extension et renforcement de la Route Provinciale (RP) entre Ahfir et Saïdia, avec construction d’un pont sur Oued Aghbal (tronçon de 14 Km) ;
élargissement et renforcement de la RP6010 entre Barkane et l’embouchure de la Moulouya (13 km, passant par la commune de Madagh) ;
renouvellement du revêtement de la RP 6008 entre Barkane et Machraa Hammadi (tronçon de 15 km passant par Barkane et Chouihiya) dont l’objectif est l’amélioration du niveau de service et de sécurité routière ;
aménagement de la RP 6010 entre Zagzal et Fazouane, sur 13 km ;
renforcement de la RP 6015 entre la RN2 et Fazouane (sur 2 km) ;
aménagement de la sortie de la ville de Barkane vers Oujda ;
reconstruction d’ouvrages d’art sur différentes routes dans les communes rurales ;
aménagement d’une piste non classée reliant Bni Oukil et Sidi Moussa ;
entretien des pistes desservant les différentes communes rurales ;
aménagement d’une piste et construction d’un pont (Oulad Al Haj, commune rurale de Zagzal).

Ces améliorations des voies de communications internes devront répondre à celles qui intéresseront les espaces de projets contigus et notamment l’achèvement des tronçons de la Route Méditerranéenne qui s’inscrivent dans la Région de l’Oriental, d’un côté, et les grands axes routiers, autoroutiers et ferroviaires qui draineront le couloir de Taza-Oujda et qui relieront Taourirt à Nador, devant être réalisés à moyen ou à long terme. Elles devront aussi être couronnées, à partir de 2015, par la construction de l’Autoroute de la Méditerranée reliant Oujda à Nador.

·    La circulation

Si la dynamisation de l’économie locale est grandement tributaire des projets qui seront réalisés en matière de réseau routier, elle l’est tout aussi bien des performances qui seront atteintes au niveau de l’organisation des mouvements de transport de marchandises et de la circulation des personnes, à la fois entre les villes et à partir du milieu rural. On insistera ici sur les actions suivantes :

élaboration d’un Schéma Directeur de Circulation pour l’ensemble de la zone ;
ouverture de voies d’évitement des importantes agglomérations urbaines ;
réalisation d’aires de stationnement adéquates dans ces mêmes agglomérations ;
aménagement de gares routières fonctionnelles ;
organisation d’un système de transport en commun autour de Barkane, reliant cette ville aux différents centres-satellites, mais également à Ahfir, Saïdia et Zaïo, afin de mettre en phase l’ensemble des agglomérations de la plaine et ses bordures et faciliter la mobilité des personnes en fonction des foyers d’emploi et de service.

5.3.4. Les secteurs socio-éducatifs

Les actions à entreprendre à ce niveau concernent deux domaines essentiels : l’enseignement et la formation professionnelle, puis la santé.

·    L’enseignement et la formation professionnelle

La vocation de la zone en tant qu’espace agricole et agro-industriel avant tout, indique qu’il y a lieu d’installer ici des enseignements et des formations adaptés, axés sur :

la création d’un Institut d’Enseignement Agricole de type Ecole d’Agriculture de Meknès et/ou du Complexe Horticole d’Agadir, afin d’appuyer le secteur agricole des techniciens et des cadres nécessaires, ainsi que de l’assistance scientifique que va exiger la reconversion de l’agriculture et de ses activités dérivées ou annexes ;

L’ouverture de filières de formation professionnelle en agriculture, agro-industrie, mécanique agricole, etc ;

La création d’un établissement de formation dans les métiers du tourisme, étant donné la proximité de l’espace balnéaire le plus important de la Région, promis à un développement d’envergure, d’un côté, et afin d’assurer la formation de  professionnels pour le tourisme de montagne (Bni Znassene) ou du thermalisme (Fazouane et Gtetere) de l’autre.

Si Barkane semble tout indiqué pour abriter les établissements d’enseignement agricole et touristique, les centres de Zaïo, Ahfir et Aklim devront accueillir des établissements de formation professionnelle bien ciblée.

·    La santé

La ville de Barkane, chef-lieu d’une riche province et où vivent actuellement quelque 125.000 personnes (ce qui la met sur la liste des «grandes» villes marocaines), mérite d’avoir un établissement hospitalier de son niveau. Ceci est plus valable encore si l’on sait que la ville abritera plus de 200.000 âmes vers 2020, et que les centres de la zone et les campagnes environnantes en auront plus de 300.000 autres. Cet établissement hospitalier devra offrir les services nécessaires, avec la qualité requise, à une population de plus d’un demi-million de personnes, dans un contexte d’amélioration indispensable du niveau de santé pour une zone qui aspire à drainer l’investissement, à fixer des élites et à attirer les promoteurs.

Il va sans dire que les villes de Zaïo et d’Ahfir requièrent des établissements moins complexes, mais qui devront toutefois bénéficier d’équipements et de services sanitaires tout aussi performants. Les formations de santé existantes dans les petits centres nécessitent une sérieuse amélioration pour bien encadrer leurs propres populations et celles des campagnes, avec les services de planification familiale et d’accouchement notamment. La modernité économique exige la modernité sanitaire.

Conclusion

L’espace de projets de Barkane-Zaïo présente des potentialités de développement solides et bien diversifiées, mais dont la valorisation rationnelle est loin d’avoir été bien conduite. Il est le théâtre de transformations profondes dans tous les domaines, sous-tendues par une activité agricole importante et une urbanisation fougueuse qui nécessitent, l’une et l’autre, la mise en œuvre d’actions d’aménagement fondamentales destinées à redynamiser l’économie locale, à restructurer les espaces de production et à qualifier les environnements destinés à abriter plus d’un demi-million de personnes avant 2025.

Ces actions doivent cibler avant tout la protection et l’utilisation optimale de la ressource hydrique qui constitue la base vitale de tout le développement de la zone, mais également la maîtrise de la croissance urbaine et l’amélioration des équipements collectifs

— ASUIVRE —

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

1 Comment

  1. wachrayassinor
    19/11/2008 at 20:27

    il est vrai que le développement de notre région est tributaire d’une intervention économique qui encourage l’investissement et crée des emplois…. mais faut-il aussi rappeler que la mise en valeur des potentialités dont dispose le région nécessite un dynamisme social et politique en paralléle, le premier consiste à consolider le développement humain de la population locale, le deuxième interpèle l’intervention de tous les élus dans un cadre de civisme et de transparence, en bref la région dans l’ére du régionalisme a besoin de ses hommes, mais ou sont passées les personnalités élites qui ont boudé la région pour aller s’installer ailleur? et ou sont les épargnes des émigrés de la région dont elle est la premiére au niveau national?

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *