Les actions STRUCTURANTES d’aménagement du territoire régional / Introduction
PREMIERE PARTIE
Les actions STRUCTURANTES
d’aménagement
du territoire régional
Oriental
Introduction
Huit grands domaines d’action représentent les véritables «fondamentaux» de l’Aménagement du Territoire dans la Région de l’Oriental. On peut les ventiler en trois grandes catégories :
– Les fondamentaux liés au site lui-même et qui en déterminent la compétitivité physique par rapport au reste des sites, se trouvant tout aussi bien dans la zone d’aménagement à laquelle il appartient, que dans la Région de l’Oriental, voire même par rapport à d’autres sites localisés dans différentes régions marocaines ou même à l’étranger ;
– Les fondamentaux relatifs à l’élément humain et qui constituent le levier du développement et le levain de l’investissement ;
– Enfin, les fondamentaux liés au contexte socio-spatial qui composent l’enveloppe et l’assiette de tout projet d’investissement et en conditionnent la rentabilité.
1- Les fondamentaux liés au site
Le niveau de compétitivité d’un site donné se détermine, avant tout, par les éléments physiques et techniques qui le caractérisent. Tout projet de développement dépend évidemment des avantages particuliers qu’offre le site sur lequel il est préconisé par rapport à d’autres sites. On retrouve là les différents facteurs de localisation liés à ce que peut offrir sa situation comme avantages, au niveau :
– du foncier, en termes de statut juridique, de superficie disponible et de coût du terrain ;
– de la desserte exprimée en termes de mode de transport et de communication, de distance par rapport aux lieux d’approvisionnement, d’écoulement ou de services, ainsi que des possibilités de recrutement et de mobilisation de la main-d’œuvre ;
– de l’équipement en termes d’infrastructure de base relative à l’adduction d’eau, d’électricité, d’assainissement, etc.
Parmi ces déterminants liés au site, celui du foncier représente la pierre angulaire du système dans la mesure où toute entrave à ce niveau entraîne l’avortement de l’initiative et/ou l’annulation de tout le projet. La question du foncier, comme cela a été démontré, prend un relief exagérément prééminent en s’imposant comme la condition fondamentale de l’initiative de projets et notamment de projets d’envergure qui nécessitent de grandes superficies de terrain d’un seul tenant, totalement assainis et convenablement apurés, bénéficiant de la garantie inattaquable que représente un titre foncier établi en bonne et due forme.
Si le foncier s’impose ici comme facteur inhibitif de premier ordre au niveau de l’investissement, le classement ou le déclassement du site est tributaire également d’un facteur tout aussi discriminant à savoir la disponibilité de la ressource hydrique en quantité suffisante et en qualité requise.
Au regard des enseignements des théories traditionnelles de la localisation et des travaux modernes sur la compétitivité territoriale et compte tenu des conditions particulières de la Région de l’Oriental, la valeur d’un site sur le plan du drainage de l’investissement productif se mesure à l’aune de son «patrimoine localisationnel» que déterminent la situation, l’accessibilité et le niveau d’équipement.
2- Les fondamentaux liés à l’élément humain
Il s’agit là de deux facteurs essentiels qui viennent appuyer la décision d’investir, dans la mesure où ils conditionnent le succès du projet et sa durabilité. Nous parlons ici des ressources humaines, d’un côté, et de l’environnement culturel, de l’autre.
La notion de ressources humaines doit être interprétée ici dans son acception évolutive. Les orientations sur le plan des transformations des secteurs traditionnels et des besoins des secteurs de la nouvelle économie exigent une nouvelle teneur en ressources humaines qui s’expriment beaucoup plus par leur niveau de qualification et leurs capacités de réadaptation et d’innovation que par leurs effectifs bruts et leurs acquis ‘définitifs’.
L’environnement culturel est exprimé par le niveau d’instruction de la population, sa propension d’intégration à la modernité, sa capacité d’assimiler et de faire prévaloir ses valeurs patrimoniales, son degré de civisme et de participation à la gestion de la chose publique, son sens de la solidarité intergénérationnelle et inter-territoriale et son mode de consommation et de vie au plan matériel et culturel.
C’est par ces différentes dimensions qu’une société favorise ou défavorise la capacité de production de tout territoire en biens et en services et, du coup, conditionne le degré de compétitivité de l’espace sur lequel elle se trouve.
3- Les fondamentaux liés au contexte socio-spatial
L’ensemble des fondamentaux précédents, qu’ils soient physiques, humains ou institutionnels s’expriment différemment dans les deux milieux tout à fait distincts et extrêmement différenciés que sont les villes, d’un côté, et les campagnes, de l’autre.
Cette dichotomie, qui reste malheureusement partout très vivace au Maroc, devient particulièrement tranchée dans l’Oriental, justement en raison de conditions climatiques défavorables, de statuts fonciers fossilisés de modes de vie tenaces et de niveaux de pauvreté accusée qui cantonnent le monde rural dans une situation de quasi-blocage, alors que le phénomène urbain, pour l’essentiel tout récent, n’a pas d’ancrage bien affirmé dans son arrière-pays.
Le développement de la Région de l’Oriental nécessite ainsi des actions d’aménagement intégré capables de mettre fin à une situation paradoxale et paralysante caractérisée par :
– des coupures multiformes entre les villes et les campagnes qui, le plus souvent, se tournent le dos au lieu de travailler en symbiose et en complémentarité, ce qui, le plus souvent, réduit les rapports entre les villes et les campagnes de l’Oriental à leur plus simple expression ;
des polarisations externes qui affectent tout aussi bien les villes que les campagnes et qui sont commandées par deux grands facteurs qui sont le commerce frontalier qui fonctionne avec l’Algérie et avec l’enclave coloniale de Mlilia, d’un côté, et l’émigration en Europe, phénomène qui touche pratiquement tous les ménages, générant des transferts monétaires importants et des comportements nouveaux, le tout se traduisant par des rapports plus ou moins étroits qui se sont tissés entre les zones d’émigration et les régions d’accueil au nord de la Méditerranée, de l’autre.
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