Le suicide au Maroc : une réalité amère
L’émission télévisuelle « Mobachara maakom » animé par le talentueux Jama Golahssan est devenue en l’espace de quelques années un portail largement suivi et apprécié par des téléspectateurs férus de débats passionnants. Hier, j’ai suivi avec un intérêt accru l’émission de la deuxième chaîne qui portait essentiellement sur un phénomène social qui commence à prendre de l’ampleur au sein de notre pays. Il s’agit en l’occurrence du suicide, ce drame qui touche de plein fouet les enfants, les jeunes, les adultes et qui ne néglige aucune classe sociale.
Dans cette participation, je ne vais pas m’atteler à redire ce que les invités ont avancé ,néanmoins, je trouve que le parterre du plateau s’est penché sur les troubles psychiques du suicidaire, des problèmes socio-économiques et des difficultés d’ordre financier qui contraint la victime, tout de go, à mettre fin à sa vie, cependant, les professeurs ont omis de mettre l’accent sur la faiblesse de la foi et le vide spirituel qui est aussi un maillon fondamental qui peut inciter un homme ou une femme dans un cadre pourvu de désappointement et pessimisme à passer à l’acte irréparable et répréhensible.
Nous avons toujours présent en mémoire l’acte irréfléchi d’Amina Filali, à peine 16 ans, obligé par la loi et par les coutumes a épousé son agresseur. Cette jeune fille a recouru à la mort aux rats pour mettre un terme à une série de rêves et d’ambitions. Ce geste puni par la loi et banni par notre religion a suscité un tollé général et beaucoup d’acteurs associatifs ont monté au créneau pour dénoncer avec force cette loi dévastatrice et ont appelé de leurs vœux l’abrogation de cette disposition juridique inique et inadmissible au sein d’une société qui a renoué avec le droit et la justice.
Le 26 /3/2014 le Figaro a publié un article au titre parlant : « Maroc : heurts après une tentative de suicide » ce quotidien français a mis en avant la tentative de suicide à Tifalt, une ville qui jouxte la capitale administrative, d’un jeune homme, vendeur de téléphone de son état, qui accuse un policier de maltraitance. Un sentiment de mépris qui a incité le jeune dans une fraction de seconde à commettre l’irréparable .
Il est vrai que tout le monde a suivi le suicide du délégué provincial du ministère de la santé à la ville d’Errachidia en se pendant à un arbre à l’intérieur du jardin de sa demeure. Avec ce geste, ce cadre administratif a voulu tiré la sonnette d’alarme et mettre en garde les responsables sur l’état déplorable de la santé au niveau régional et national, afin de contraindre les hauts commis de l’Etat à quintupler les efforts en vue de réhabiliter un secteur stratégique et lui accorder la portée qu’il mérite, au moment où la coalition gouvernementale a positionné ce secteur parmi ses priorités.
Dans ce contexte, on ne peut pas omettre de souligner le suicide du petit Réda à l’âge de 13 ans, un geste qui a suscité l’émoi et l’amertume, car personne n’attendait de ce gamin un tel acte, eu égard aux conditions optimales dans lesquelles il a vécu . Une fois, cet événement tragique est passé, une association a vu le jour en 2009, du nom de « Sourire de Réda » qui a lancé des campagnes de sensibilisation et de mobilisation nationale pour briser le silence et rompre avec le tabou.
Il est clair, que les motifs derrière le suicide sont multiples et variés. Mais une réalité tangible qui frappe nos esprits est la suivante : le suicide au Maroc est un fléau qui s’impose et une réalité au goût amer qui frappe de plein fouet les enfants, les jeunes, les femmes et les hommes sans distinction aucune. Même si ne nous disposons pas de chiffres fiables et précis, la médiatisation des victimes nous a forcé à ne pas se voiler la face et c’est le professeur Driss Moussaoui , chef de service psychiatrique à CHU Ibnou Rochd qui le rappelle avec des termes simples et émouvants « le suicide est un phénomène qui a commencé à prendre de plus en plus d’ampleur au Maroc. La fréquence de suicide parmi les individus de plus de 15 ans est de 16% ».
Le chiffre avancé par ce professionnel doit nous interpeller et nous amener à mieux réfléchir conjointement à ce mal-être qui pousse les marocains à se pendre, à se noyer, à avaler des insecticides …bref à se suicider.
BARKAOUI KHALID
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