suite2 – de l’article/ Taourirt : BON ANNIVERSAIRE
Mardi 03 mai 2011
*Le dit projet de la création de l’A.A.E.T avait comme objectif de combler un vide culturel dans le but de participer à vacciner les jeunes contre l’ignorance, phénomène qui n’a jamais servi personne, et de faire réveiller leur ville et sa région de leur somnolence, une ville affrontée à la naissance d’une multitude de problèmes sinon à des fléaux sociaux.*
D’abord revenons un peu à notre enfance et à celle de notre ville et essayons de rappeler à ceux qui ont ouvert les yeux un peu avant ou un peu après l’indépendance ou je serai l’un des acteurs qui n’a pas échappé à quelques beaux et mauvais moments, souvenirs qui l’ont bien marqué pour laisser leurs séquelles et que je citerai d’une façon brève si vous me le permettrez. Quelques images reflèteront les années 70 pour ne pas les ignorer, période de transition entre l’ancienne et la nouvelle époque, période féconde aussi qui a permis à une progéniture de se développer et par conséquent de développer son environnement, car mon modeste écrit repose surtout des aspects et des images de l’avant et l’après indépendance, qui ces dernières sont le thème de ce sujet, elles pourront ainsi illustrer certains concepts pour les jeunes d’aujourd’hui et concerner certains d’entre eux. Ils devront l’analyser et méditer sur certains points dans le but d’en tirer quelques enseignements tels que la fierté d’appartenir à une ville riche sur le plan socio-culturel et le regret peut être de ne pas avoir eu la chance de vivre ces évènements et surtout s’estimer heureux de la nouvelle ère qu’ils vivent présentement. Quant aux plus vieux, j’espère que malgré le manque de structure de mon récit ils m’accompagneront dans cette petite balade un peu fragmentée, un travail basé sur mes connaissances personnelles et sur une collecte d’informations collectées auprès de quelques vieux camarades et amis taourirtis qui m’ont précédé dans la vie, sur du vécu, une promenade qui relate tout un parcours dans le temps et dans l’espace et qui va durer près de 40 ans (!!) elle a évoqué en moi des souvenirs enchainés exprimés d’une façon impulsive qui sans doute ont traduit mes émotions.
J’insisterai aussi sur des aspects traditionnels que je vous prierais de savourer avec moi pourvue que vous reviviez une nostalgie lointaine, en soulignant quelques détails que je trouve fondamentaux et qui caractérisent notre environnement qui vous permettra aussi de déguster ce plaisir, de vous y retrouver, un environnement auquel ils lui sont spécifiques et ce afin d’exprimer le niveau de sa qualité et la « valeur de ses valeurs ».
Ce travail ne devra être soumis ni a des critiques de forme de la part des hommes de lettres ni à d’autres commentaires de la part de certains si je dois me permettre de m’arrêter à certains endroits de ma ville natale qui me serviront de stations pour collecter quelques souvenirs et retrouver certaines personnes et personnages avec qui j’avais des liens très étroits ou d’autres qui m’ont marqué en priant le Bon Dieu de garder dans sa grande miséricorde ceux qui l’ont rejoint et en souhaitant à leurs descendants une fructification d’un héritage moral et à celles qui sont encore en vie une bonne santé et de la prospérité.
En définitive, ce modeste écrit n’est pas d’un style purement littéraire car j’avoue que je ne suis pas un littéraire de vocation, et à cette occasion je remercie Si Mohamed MASTFI un ancien camarade de classe au collège ALLAL B. ABDALLAH et ancien prof de lettres à la fac de lettres de casablanca pour ses remarques et conseils. Il est constitué en trois chapitres distincts qui seront publiés en un enchainement de paragraphes que nous allons parcourir ensemble jusqu’au 11 mai s’il plait à Dieu et ce afin de répondre à mon aspiration, pourvue que vous ne vous ennuyiez pas. Je l’ai intitulé si ça vous fait plaisir :
LA COLLINE DU ZA
A/ QUELQUES ASPECTS DE LA VILLE
DE L’AVANT ET DE L’APRES INDEPENDANCE.
(TAOURIRT DES ANNEES 40 JUSQ’AUX ANNEES 60)
*AUX TAOURIRTIS POUR MEMOIRE
Avant que le quartier LAMSSALLA n’existe (plateforme à ciel ouvert pour prière), d’où s’est identifié le 13 mai de l’année dernière notre cher Mohamed/(c.sme), un ressortissant, et ce à travers un site se montrant dans un texte qui était bien fait, attaché à sa ville natale et surtout et aussi pour rendre hommage au défunt ABDELAZIZ MEZIANE BELLEFKIH au lendemain de ses funérailles qui ont eu lieu le mardi 11 Mai 2010 à Taourirt, ville de quelques 30 000 habitants qui s’étend sur une superficie de 6 km2 à peu près, portant cette appellation berbère désignant « colline » était auparavant une KASBAH, une forteresse construite sur un versant de colline au temps du premier Roi Alaouite Moulay ISMAL pour abriter les chevaux de son armée et pour qu’elle soit un point de relaie de communication et d’acheminement de courrier à cheval, il faisait construire une tous les 50km à peu prés, mais qui sera occupée par la suite par les habitants de la tribu arabe des KRARMAS, des sédentaires vivant de l’agriculture et de l’élevage sur des terres fertiles longeant la rive sud de l’Oued ZA( ou SA de son appellation initiale) qu’il irrigue par des petits barrages en terre et des séguias sur quelques km, en se dirigeant vers le fleuve de la MOULOUYA qui trouve sa source dans la chaine montagneuse de l’ATLAS et qui déverse dans la MEDITERRANEE. Je profiterais aussi pour partager avec lui ce profond chagrin.*
*« Conformément au traité du protectorat signé à Fès en 1912, le Maroc oriental fut divisé en deux zones séparées par l’oued Moulouya : l’une espagnole au Nord autour du préside de Melilla (occupé depuis le XVème Siècle), l’autre française s’étendant au Sud jusqu’à l’oasis de Figuig ».*
* On appela durant les temps qui suivent cette citadelle et les groupes d’habitations qui l’entouraient TAOURIRT LAKDIMA( la vieille Taourirt). A partir de là est né le nom de la ville qui a été construite sur un plateau de quelques hectares de forme triangulaire limité au nord- est par l’oued ZA, au sud- est par la route nationale Taza-Oujda et au nord-ouest par l’accès qui mène depuis l’entrée de la ville en arrivant de Taza vers cette colline appelée JORF( la falaise) située sur la rive gauche ( ou sud ) du ZA ou se trouve un vieux relaie sans fil reliant le Maroc à PARIS au temps du protectorat français , le point le plus élevé point trouvé adéquat à cette fin et dont deux antennes géantes existent toujours, la TSF.*
UN PEU D’HISTOIRE D’ABORD POUR NOUS SITUER.
Le Maroc oriental de l’établissement du protectorat à la décolonisation :
les mutations d’un carrefour ethnique frontalier
Abdelkader GUITOUNI
Faculté des Lettres d’Oujda – MAROC
*« Au cours du protectorat français au Maroc, de 1912 à 1956, le Maroc orientale fut un véritable creuset ethnique groupant des populations marocaines arabe et berbère, des Algériens musulmans, des Israélites, des Français et des Espagnols ».*
« L’immigration étrangère s’est manifestée à partir de 1907 :
Une immigration européenne concernant plus de pieds-noirs d’Algérie que de
métropolitains français et espagnols, caractérisée par une colonie européenne qui était composée de militaires, de fonctionnaires, de colons, de techniciens des mines et de commerçants. ( j’ajouterai des techniciens de voix ferrée et de routes ). Parmi les Français qui arrivaient en tête des immigrants européens, seule une minorité provenait de la métropole. La plupart d’entre eux étaient nés dans l’Oranie. Les Espagnols représentant la deuxième nationalité européenne dominante étaient issus, soit d’Espagne (dans la zone d’influence espagnole), soit de l’Oranie, en particulier d’Oran qui était occupé par les Espagnole de 1732 à 1792. En outre, un grand nombre d’immigrants de
l’Oranie, francisés par la loi de la « naturalisation automatique » de1889, était de souche espagnole »
« Les Algériens musulmans, immigrés, en quatre étapes :
– lors de la conquête de l’Algérie par la France : immigration d’exil.
– lors de l’occupation d’Oujda (1907) et l’établissement du protectorat.
– au lendemain de la deuxième guerre mondiale à la suite de difficultés économiques
Dans l’Oranie (pression démographique, arrêt de l’émigration vers la France du fait de la guerre, crise de l’artisanat concurrencé par l’industrie).
– de 1954 à 1962 : afflux de réfugiés de la guerre d’Algérie ».
« Les Juifs qui étaient naturalisés européens étaient ceux d’Algérie, assimilés politiquement aux Européens et naturalisés en bloc par le décret Crémieux du 24 Octobre 1870, et de Juifs espagnols établis à Melilla ou immigrés d’Oran ainsi que d’Espagne où les Séfarades obtinrent la citoyenneté espagnole en 1924 ».
« Si le milieu urbain était dans son ensemble un territoire de convivialité où cohabitaient des groupes ethniques et confessionnels divers, il était aussi un espace de discrimination socio ethnique.
Selon les principes d’urbanisme appliqués par Lyautey, résidant général au Maroc
(1912-1925), la ville européenne devait être séparée des quartiers musulmans. Les Marocains habitaient soit l’ancienne médina intra-muros, soit la nouvelle médina à côté des Algériens musulmans. *Les Israélites marocains occupaient des mellahs qui, loin d’avoir un statut de ghetto dans les médinas ou les kasbas (Oujda, Debdou, Taourirt …) étaient contigus et mêlés aux quartiers musulmans. Par contre, les Juifs algériens, français et espagnols résidaient dans les quartiers européens.* A la ségrégation spatiale de l’habitat s’ajoutait la faiblesse des rapports entre les communautés due aux disparités des conditions juridiques et sociales des groupes et aux différences ethniques, confessionnelles et linguistiques. »
Quelques chiffres :
* « En 1951 taourirt comptait 4 655 habitants dont 3 220 marocains musulmans, 420 marocains
Israélites, 1 015 européens et algériens ». *
« Les autochtones : Musulmans et Juifs marocains au bas de l’échelle sociale.
Dans les campagnes, l’économie agro-pastorale des tribus qui perdirent les terres collectives était en crise et était fragilisée par le contact avec l’économie moderne : besoins nouveaux dus à l’introduction de produits fabriqués, absence de réserves monétaires due à la faible commercialisation de la production. Les sécheresses conjuguées aux difficultés de la conjoncture internationale (effets de la crise économique de 1929 et de la deuxième guerre mondiale) provoquèrent un exode rural intense qui contribua à l’urbanisation des centres anciens (Oujda, Taourirt, Guercif …) et récents (Nador, Berkane …) où la population active marocaine était occupée dans le commerce de détail et les petits métiers d’artisanat et de services.
Quant aux Israélites marocains, ils avaient un niveau de vie inférieur à celui de leurs
coreligionnaires européens. Ils restèrent juridiquement sujets du Sultan. Minorité citadine douée pour certains métiers (bijouterie, artisanat), elle vit sa condition s’améliorer. Vers la fin du protectorat, les rapports entre les marocains musulmans et les anciens Dhimmi* occidentalisés se détériorèrent, à la suite de la création d’Israël le 14 Mai 1948. Le passage d’émigrants clandestins sionistes venus de différentes régions du Maroc pour se rendre en Palestine via l’Algérie contribua au déclenchement d’émeutes
anti-juives en Juin 1948 à Oujda (5 morts) et surtout à Jerada où un pogrom fit 37 morts. Ces événements marquèrent le début des départs définitifs des Israélites marocains.
Avec la recrudescence du mouvement nationaliste, on assista dans les villes de l’Oriental à une tension entre les communautés marocaine musulmane et européenne aboutissant, le 16Août 1953, à des émeutes sanglantes à Oujda ».
*Dhimmi : non musulman en terre d’Islam, soumis au paiement d’une capitation et dont la personne et les biens étaient protégés.
«- L’exode des Juifs marocains
Il commença dès 1948 et se déroula en plusieurs étapes : en 1955, émigration organisée par le mouvement sioniste qui prévenait les Juifs des « périls » qu’ils allaient courir après le départ des Français; de 1956 (indépendance du Maroc et guerre de Suez) à 1960, les organisations sionistes interdites eurent recours à l’émigration clandestine; à partir de 1962, les départs furent autorisés et s’accrurent lors de la guerre des 6 jours (1967) ? Alors que la plupart des émigrants partirent pour Israël, d’autres se dirigèrent vers la France ou le Canada.
*-Le départ échelonné des Européens et des Juifs algériens.
Contrairement à ce qui se passa en Algérie en 1962, le reflux des Européens qui vivaient au Maroc fut étalé dans le temps. Dans l’Oriental, les propriétés agricoles relevant de la
colonisation privée furent vendues de gré à gré. Dans les villes, Européens et Juifs d’Algérie vendirent leurs biens avant de partir.
– Le départ massif des Algériens musulmans en 1962
En 1960, plus de 50 % des 95 000 Algériens du Maroc vivaient dans l’oriental. Avec
29 300 Algériens, Oujda se plaçait au deuxième rang au Maroc pour le nombre d’étrangers après Casablanca. En juillet 1962, un mouvement massif de reflux se produisit vers l’Algérie indépendante.
Avec les indépendances du Maroc et de l’Algérie, le Maroc oriental se vide de sa population étrangère. Il en résulte une homogénéisation de sa population, à la fois du point de vue des nationalités que des confessions, se traduisant par la hausse du pourcentage des Marocains musulmans, qui passa de 75 % en 1960 à 97 % en 1971 ».* A suivre…
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