Voilà un slogan rabâché ici et là par le Maroc officiel à l’intention des émigrés. Un dispositif de marketing lancé du 15 mai au 15 septembre. Mobilisation des administrations (police, douane…) et des ONG (Croissant rouge, Fondation Mohamed V…). Mobilisation des banques, des promoteurs immobiliers. Le 10 août de chaque année, des manifestations sont organisées dans différentes provinces. ON VOUS SOUHAITE LA BIENVENUE CHEZ VOUS. Les banderoles sont ressorties. La presse audiovisuelle et écrite est mise à contribution pour parler ou écrire tout et son contraire. Pour décourager les prévisions les plus pessimistes, des chiffres des zmagrias sont annoncés. Décidément chaque année ces chiffres sont en augmentation (plus N% par rapport à l’année précédente). Certains soulignent la loyauté à la patrie, l’attachement à l’identité nationale. Les Conseils des Oulémas sont mis à contribution pour tenter de distiller un discours d’attachement aux valeurs musulmanes de tolérance et d’ouverture.

L’Etat projette de former des « Imams » pour encadrer ses migrants perméables aux multiples cultures. Le but étant à la fois de prévenir tout débordement subversif d’une part, et de tenter de maintenir, voir développer les transferts de devises indispensables au budget de l’Etat. Les banquiers surveillent de près les compteurs des euros qui affluent en cette période de crise. Faites des économies au détriment de votre bien-être et celui de vos enfants, épargnez même sur vos faibles revenus, mais envoyez vos euros, les banques marocaines adorent ses fidèles MRE. Hélas, les migrants connaissent de plus en plus de difficultés sociales Ils subissent la crise économique de plein fouet, avec pour conséquences des licenciements massifs. C’est une amère réalité qui les interpelle pour ne pas prendre la grosse tête et se laisser berner par les discours pompeux et le marketing des financiers.

Il faut rappeler à ces chers gouvernants du passé et du présent que  s’il y a des RME ou MRE , ces dénominations barbares qui désignent des citoyens marocains c’est parce qu’ils étaient contraints dans leur majorité à l’émigration pour des raisons sociales et économiques. Ils n’ont pas choisi de quitter leurs familles et leur pays pour le plaisir de travailler ailleurs que chez eux, que si d’année en année, il y a augmentation de ceux qui reviennent en période estivale au Maroc, c’est qu’il y a plusieurs raisons à cela ; le nombre de nouveaux migrants n’a pas cessé d’augmenter, notamment, à travers le regroupement familial. Les pays de résidence (Espagne, France, Italie, BENELUX) ne leur réservent pas un accueil conforme aux Droits des migrants et leurs familles, tels que stipulés dans la déclaration de l’ONU, et non ratifiée par ces mêmes pays européens. Avec le racisme, la discrimination et l’exclusion, que subissent les migrants, le Maroc, pays d’origine devient un refuge confortable d’autant plus qu’il y a du tapage médiatique autour des migrants durant la période estivale, que si les migrants sont nombreux à passer leurs vacances au Maroc, c’est aussi pour des raisons économiques. Une famille de 5 à 7 personnes qui a de faibles revenus (ce qui est le cas général des familles marocaines en Europe), ne peut pas se payer un mois de vacances ailleurs qu’au Maroc, où généralement elle possède une résidence. Le Maroc reste une sorte de refuge, où ses émigrés reviennent pour se sentir durant quelques semaines, enfin un peu chez eux, loin des stigmatisations, vexations, discriminations et autres déclarations haineuses de Ministres (Hortfeux / Besson en France…) ou de responsables politiques dans de nombreux pays européens. Ces déclarations font souvent la Une des médias. Comment un Etat peut prétendre réserver une attention particulière à ses émigrés, alors que dans les faits, il les traite comme des sujets et non des citoyens. Ils sont exclus du droit de vote de leurs représentants aux assemblées nationales, malgré les promesses faites. C’est une injustice faite aux marocains qui n’ont pas choisi de leur plein gré d’aller chercher un travail ailleurs pour faire vivre leurs familles. Les marocains vivants à l’étranger sont abandonnés à leur sort. Quoi qu’il leur arrive (problèmes sociaux, décès, emprisonnements, viols et autres injustices…), les consulats et les ambassades marocains font la sourde oreille.

Dans certains pays comme en France les consulats marocains coopèrent avec la police française pour expulser les sans papiers. Comment comprendre l’attitude de la police des frontières marocaines qui continuent depuis plus de 50 ans à accueillir les émigrants comme des suspects potentiels. Des files d’attente aux postes frontières terrestres et aéroportuaires (1h à 2h 30) pour subir le contrôle policier (fiches d’entrée et de sortie, passeport, CIN et des questions de type, tu viens d’où ? , tu vas où ?). L’administration marocaine ne cesse de répéter que cette procédure consiste à protéger notre pays d’éventuels terroristes ? Pourquoi les pays européens ne sont-ils pas plus menacés pour accueillir les voyageurs autrement que de potentiels terroristes ? Durant l’été 2008, il y a eu une panne des ordinateurs au port de Béni Nsar – Nador. Pas un seul voyageur ne passe sans contrôle informatique policier. Des milliers de personnes se bousculent dans l’attente de la réparation du réseau. Des bagarres entre les usagers sont déclenchées, évanouissement de personnes fragiles. Les policiers se réfugient dans leurs bureaux en rejetant la responsabilité sur le réseau informatique du Ministère de l’Intérieur. Après plusieurs heures d’attente, la police munie d’un ordinateur portable a repris tranquillement ses contrôles en laissant monter à bord des bateaux en compte-goutte des voyageurs épuisés alors qu’ils ont devant eux des jusqu’à 4000 km pour ceux qui se rendent aux pays- bas ou en Allemagne. Said Le 07/08/10