Banque et institutions de Microfinance : Partenaires ou concurrents ?
Pr. Mme Samira RIFKI
Enseignant Chercheur de sciences de gestion
Université Mohammed Premier
Banque et institutions de Microfinance : Partenaires ou concurrents ?
La microfinance n’aurait pas connu un tel succès si le professeur Yunus n’avait pas démontré que les pauvres étaient bancarisables et que le microcrédit pouvait être une activité rentable.
* Dans la littérature théorique :
La microfinance s’est construite comme un outil d’inclusion des exclus du système bancaire classique : jeunes, femmes, analphabètes, offrant des services aux « non-bancables », à ceux qui ne peuvent offrir des garanties physiques (travailleurs précaires : pas d’actifs et incertitude dans leur emploi, journaliers, paysans sans terre) ou qui résident dans des zones reculées, enclavées, isolées des services financiers.
Au Maroc, L’activité du microcrédit est régie par la loi 18/97 dans le cadre des associations. Cependant, cette loi est jugée aujourd’hui restrictive sur le plan réglementaire puisque les associations ne sont pas autorisées à collecter de l’épargne sachant que le taux de bancarisation de la population défavorisée reste très faible.
Pour augmenter le nombre de bénéficiaires du microcrédit, il faudra :
* mettre en place un système de refinancement adéquat ;
* réviser les contraintes de rentabilité prévues par la loi, qui à terme pousseront ces structures à s’éloigner de leur champ socioéconomique destiné à éradiquer la pauvreté et à devenir des sociétés de financement à part entière ;
Partant de cette idée
* Les associations de microcrédit (AMC) au Maroc suffisamment rentables et en stade final de développement clament aujourd’hui pour se glisser dans le système financier formel en changeant de statut (statut de banque ou de société de financement)
* Toutefois, Si elles sont appelées à faire évoluer leur statut en sociétés de financement, toutes les AMC ne disposent pas forcément des assises financières comparables à celles des banques. Ces dernières garantissent leurs crédits via des sûretés personnelles ou réelles, alors que les AMC ne peuvent compter que sur la garantie solidaire d’un groupe d’emprunteurs.
Par ailleurs, sur treize AMC, seules cinq d’entre elles (Al Amana, Zakoura, Ardi, Fondep et La Fondation Banque Populaire) ont la capacité de se convertir.
À elles seules, ces cinq associations représentent 96% du secteur du microcrédit. Quant aux huit restantes, elles préfèrent jouer la carte de la prudence en nouant des relations de partenariat avec les institutions voisines (Etat ou bailleurs de fonds internationaux).
En fait l’institutionnalisation et l’indépendance vis-à-vis des subventions ont souvent été présentées comme des fins en soi. Toute organisation devait avoir pour vocation de se pérenniser en devenant autonome financièrement et en envisageant un processus de transformation en de véritables intermédiaires financiers.
Pour celles qui sont de grande taille, on peut effectivement montrer que la recherche d’une certaine indépendance vis-à-vis des subventions est non seulement salutaire mais nécessaire si on veut éviter qu’après une phase de croissance, le mécanisme ne connaisse d’importantes difficultés.
Et les avantages pour les banques résultant de cette transformation des AMC ?
Selon le représentant du Fonds international de garantie, les banques vont chercher à compenser une partie des pertes en redirigeant une fraction de leurs investissements vers le microcrédit, avec quelques produits spéculatifs.
Le microcrédit offre en effet, un retour plus élevé que d’autres segments du marché. Refinancer les Institutions de microfinance et leur laisser le soin de travailler avec leurs méthodologies appropriées serait une activité très rentable pour les banques au Maroc à l’image de ce qui c’est passé dans des pays africains, latino américains et asiatiques.
Les Institutions de microfinance qui disposeront d’une épargne suffisante seront moins pénalisées que les autres. Et les fonds de garantie seront plus sollicités par les banques qui les refinancent.
Il s’agit pour les institutions de microfinance :
* de continuer à travailler dans l’économie réelle et ne pas entrer dans la spéculation ;
* de se concentrer sur leurs points forts, démontrer la capacité du microcrédit à être un instrument de lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté en appuyant la création d’activités productives de leurs clients.
Le résultat de cette organisation :
* les banques continueront à fonctionner suivant une logique financière de rentabilité,
* les institutions de microfinance poursuivront une double mission : sociale et financière.
Traditionnellement, la microfinance s’est surtout développée au travers des :
o crédits de fonds de roulement de court terme et,
o dans une moindre mesure de petits crédits d’investissements.
Tous ces éléments nous laissent penser que les deux types « d’intermédiaires » seront de nature purement complémentaire. Encore faut-il que théorie soit maître de la réalité du terrain.
La dynamique de la relation Banques/Institutions de microfinance dans les zones à forte maturité du secteur de la microfinance (Asie, Amérique Latine par exemple) montre que la relation entre les banques et les IMF s’amorce sur des liens de complémentarité pour déboucher souvent sur des rapports de compétition.
Depuis que l’ONU a reconnu l’outil « microfinance » comme instrument de lutte contre la pauvreté, l’observation de la réalité fait susciter au sein de la communauté scientifique des interrogations et des réactions quant à l’efficacité de celle-ci dans la lutte contre la pauvreté :
* La micro finance lutte t- elle vraiment contre la pauvreté ?
* N’est-elle pas parfois source d’exclusion ?
* Ne contribue t- elle pas à accroître les inégalités entre les plus pauvres et les classes moyennes ?
En effet, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, le microcrédit, comme tout crédit d’ailleurs, doit être remboursé : il nécessite donc de l’emprunteur une bonne capacité de remboursement, aptitude qui bien entendu s’amoindrit si la personne est très pauvre, sans revenus fiables pour lui permettre de rembourser un prêt.
Octroyer un prêt à de tels individus risque plutôt d’aggraver leur situation d’endettement et donc de pauvreté. Sans oublier que les IMF appliquent des taux d’intérêt si élevés à leur clientèle : En effet, Les coûts de gestion d’une multitude de petits prêts sont très importants, ce qui oblige les institutions à appliquer un taux d’intérêt généralement plus élevé que celui du secteur bancaire.
1 Comment
bravo samira rifki sur votre recherche en microfinance ‘ mais j’aime bien tu fait la meme recherche mais cette fois islamique.