Home»Débats»Les professeurs, le marchand de médicaments et le recensement

Les professeurs, le marchand de médicaments et le recensement

0
Shares
PinterestGoogle+

Tayeb Zaid

Le président de l’association marocaine des droits de l’homme croit que ce titre et ce statut lui confèrent le droit de foncer toutes cornes baissées contre les professeurs pour la simple raison qu’ils ont exprimé leur vœu de participer au recensement. Il a traité les professeurs de ‘’attacha’’, terme forgé à partir d’une structure empruntée au français ’’ travailleurs à la tâche’’. Si dans cette langue elle désigne de manière tout à fait neutre tout travail rémunéré sur la base des efforts fournis pour son exécution, traduite dans notre langue, elle désigne une manie, celle de trimer à n’importe quelle tâche pour gagner un peu plus d’argent.
Il en a toujours été ainsi. Le recensement s’effectuait par les professeurs et au mois de septembre. J’ai moi-même participé au recensement des nomades des hauts plateaux de Tendrara, Maatarka et régions en 1982. J’ai passé une dizaine de jours à aller de point de rassemblement des nomades à un autre point. Où était le marchand de médicaments à cette époque ? Il se mouchait encore dans les manches de sa chemise, si toutefois il portait une chemise dans les manches de laquelle il pouvait vider ses narines.
La place du professeur est dans sa classe, cela est vrai en temps normal, mais le professeur peut aussi répondre à l’appel de la patrie pendant les inondations, les incendies de forêt, les tremblements de terre, les guerres…A présent, le professeur répond à l’appel du devoir national. Il est le mieux qualifié pour accomplir ce devoir dans la LEGALITE et d’être rémunéré dans la LEGALITE.
Chose abjecte : on en veut au professeur pour une petite prime cyclique de recensement qui revient UNE FOIS TOUS LES DIX ANS !!! Comme si elle allait lui permettre de s’acheter une voiture, une maison, se marier, voyager, vivre dans le luxe et partant, faire de lui un petit bourgeois !!!
La place du pharmacien est derrière sa caisse à recevoir les billets de banque et à rendre les pièces de la petite monnaie aux malades qui soupirent, geignent, toussent, refoulent leurs larmes, se lamentent beaucoup plus à cause du montant de l’ordonnance qu’ils vont débourser qu’à celle de leur maladie qu’ils peuvent supporter par la patience et les prières. De plus, le marchand de médicaments, dans son arrogance et sa fierté contre les professeurs, a certainement un œil fixé sur la caisse et la recette du jour et un autre sur le tableau des pharmacies de garde. Quant au recensement, il a ses hommes ! Et ses hommes sont les professeurs !!!
Beaucoup de blagues, d’anecdotes, d’histoires drôles qui commencent le plus souvent par ‘’ Gallak hada wahad lmou3allim..’’ ‘’Il était une fois un instituteur…’’ et qui se terminent le plus souvent par des éclats de rire joyeux et bruyants, ont été tissées autour des enseignants, à tel point qu’ils sont devenus la risée de la société dont on disait d’eux ‘’msakine…’’ ‘’les pauvres’’ ou « les misérables ». Le marchand d’onguents continue à alimenter le discours honteux contre les professeurs.
Quand, à une certaine époque l’enseignant allait à son travail à pied, les autres fonctionnaires ou agents avaient des bicyclettes, quand il avait enfin acquis un vélo, ils avaient une moto et quand enfin il s’est acheté une motobécane, ils avaient des voitures particulières ou de service avec des ‘’J’’ et des ‘’M’’ rouges. Qu’importe ! Le professeur avait la tête dans les livres !
Le professeur traîne le pas bien derrière les autres et ce n’est pas une honte, c’est une fierté pour lui, pour la profession et pour les générations qu’il doit former, car dans son cartable il n’y a pas ‘’ le sceau’’ qui lui confère le pouvoir mais un stylo et un morceau de craie qui lui permettent de distribuer le savoir et de l’évaluer.
Pour finir, je serai toute ma vie redevable à tous les professeurs, les bons et les moins bons, qui m’auront appris un mot. Paix à l’âme de ceux qui sont morts et longue vie à ceux qui sont encore en vie.
Dites à ce marchand de médicaments que Dieu ‘’Il apprit à Adam tous les noms’’(Al Baqara ; 31) et que le professeur continue à perpétuer cette mission.

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

Aucun commentaire

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *