La France et le dérapage du Parlement européen
Par Mohamed INFI
Il ne faut pas une grande intelligence pour comprendre que la France est derrière le dérapage de cette institution dont la fonction devrait être de légiférer pour l’Union européenne, et non pas de s’immiscer dans les affaires internes des pays non européens, souverains et convaincus de leur plein droit d’être traités et de traiter avec leurs partenaires d’égal à égal.
L’implication de la France dans ce dérapage est devenue publique. Grâce au développement technologique, les tractations secrètes et les manigances sont facilement et plus vite dévoilées. La presse internationale a déjà levé le voile sur le rôle joué par des groupes parlementaires français au sein de cette institution européenne qui a voté une motion condamnant le Maroc, pour une affaire fallacieuse et bidon car ni la défense des droits de l’homme ni celle de liberté de la presse ne peuvent la justifier ou la soutenir, d’autant plus que les pays qui frôlent au pied les droits de l’homme et les libertés fondamentales individuelles et collectives ne sont ni condamnés ni avertis ; à titre d’exemple l’Algérie.
En effet, comment peut-on soutenir, par exemple, la demande de libérer un journaliste qui a été condamné non pas pour ses opinions mais pour avoir violé une collègue ou une autre victime ? Le Parlement européen veut-il que le journaliste soit au-dessus de la loi ? N’est-ce pas là une violation flagrante des droits de la victime de viol ? Le Parlement européen doit savoir qu’il a offensé par son vote absurde et insensé un certain nombre victimes de viol.
Il n’est plus un secret que c’est le groupe parlementaire du Parti du Président français Emanuel Macron, qui a mené une campagne au sein du parlement européen pour mobiliser des députés à voter la motion en question, préparée évidemment par le groupe instigateur sur l’ordre de son chef. L’on comprend facilement que le Président français cherche, par le biais de cette mascarade, à tirer profit du conflit algéro – marocain.
Je ne parlerais pas du gaz algérien dont l’odeur remplit l’air de certains pays européens dont la France en premier lieu. Je ne parlerai pas non plus de la corruption de certains députés qui ont vendu leur conscience et leurs principes. Il y a déjà des voix européennes qui se sont élevés contre eux et contre leurs manigances condamnables.
En tout cas, le Parlement européen et ceux qui étaient derrière son dérapage, doivent savoir que le Maroc n’a pas de leçons à recevoir de qui que ce soit en liberté d’expression et de la presse et en droits humains. Seules les instances onusiennes peuvent être entendues en la matière car c’est le Maroc qui est en mesure, depuis plus d’une décennie, de donner des leçons en droits humains et en liberté de presse à un certain nombre de pays européens, y compris la France. Celle-ci est condamnée par la Commission des droits de l’enfant, par le tribunal européen des droits de l’homme et par l’O.N.U, pour la torture car elle refuse le retour de femmes et d’enfants séquestrés dans des camps en Syrie dans des conditions lamentables, alors qu’elle est obligée de les protéger selon la décision des Nations Unies. Par ce refus, elle viole les articles 2 et 16 de la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Je me contente de faire une allusion au traitement inhumain et dégradant infligé aux immigrés clandestins en France. Je fais de même à propos de la violence qui a été abusivement utilisée contre les gilets jaunes.
Le Président français, Emanuel Macron, doit savoir que le partenariat avec le Royaume du Maroc nécessite respect mutuel, sincérité, fiabilité, loyauté… Le Maroc n’accepte pas qu’on joue avec lui sur deux tableaux ou qu’on ait à son égard deux poids et deux mesures. L’hypocrisie n’a pas de place dans les relations bilatérales qu’il noue avec ses partenaires.
A mon humble avis en tant que citoyen marocain, monsieur Macron doit comprendre qu’il lui faut revoir, à l’égard du Maroc, ses calculs qui semblent mesquins (inciter une certaine presse française à attaquer les intérêts suprêmes du Maroc ; à titre d’exemple le journal le Monde, malheureusement !) ; ses comptes stratégiques à la fois sur le plan politique, économique et géo- politique doivent être revus s’il veut conserver le partenariat traditionnel qui liait les deux pays. Il doit accepter la réalité du Maroc actuel qui vole de ses propres ailes. L’arrogance, l’ingérence dans les affaires du pays, le chantage, la provocation et n’importe quel autre geste ou attitude qui peuvent être interprétés comme manière de porter atteinte à la souveraineté du pays, peuple et Etat, ne peuvent que provoquer une rétorque ferme de même nature, sinon plus virulente.
Je renvoie monsieur Macron et les instances de son pays aux différents communiqués émis par des institutions constitutionnelles marocaines condamnant l’ingérence dans leurs prérogatives et compétences juridiques et constitutionnelles. C’est donc au Président français de choisir le genre de relations qu’i veut avoir avec un partenaire traditionnel. En tout cas, la tension entre les deux n’est plus silencieuse.
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