1975-2020: le retour d’un sinistre «anniversaire»
1975-2020 : le retour d’un sinistre «anniversaire»
Benallah Mohamed,
Au lieu d’applaudir et d’étayer son frère et compagnon de route sur la voie de la liberté et du salut, l’Algérie, dans une sombre et bizarre « reconnaissance » des bienfaits tourne le dos au Maroc et commet l’irréparable ! « La Marche noire » en réponse à l’épopée de la Glorieuse «Marche Verte», l’Œuvre d’un Roi ingénieux que Dieu ait son âme en sa sainte miséricorde.
Répondre au bien par le mal oblige ! Il y a ceux sèment le grain de la vie et, hélas, ceux qui sèment le vent !!
Nous sommes en 1975.
A quelques courtes semaines du 6 novembre, les marocain-e-s, en parfaite symbiose entre le Trône et le peuple…En liesse ! On fête les exploits, l’épopée d’un Roi et d’un Peuple qui réussissent à récupérer, pacifiquement mais combien majestueusement, la terre des ancêtres, les provinces du sud marocain jusque-là spoliées par les espagnols colonisateurs.
Oui, à quelques courtes semaines de l’épopée marocaine, le 8 décembre 1975, le président algérien Houari Boumediene, «cogite» et ordonne, dans un acte pathologique injustifié, la déportation de 45 mille familles marocaines, soit 350 mille marocain-e-s ou d’origine marocaine vers les frontières maroco-algériennes.
Voilà une preuve plausible, peut être la première, que l’Algérie est un Etat qui défend, partout à travers le monde, les causes justes, les droits des peuples à s’autodéterminer !!!
Il y a ceux sèment les grains de la vie et, hélas, ceux qui sèment le vent !! Et à chaque déporté-e-s son histoire.
Bribes d’histoires vraies : Miloud, Zoulikha et Yasmina
« A Oran, j’avais 12 ans, j’étais à l’école quand deux flics en civil entrent en salle de classe. La leçon s’arrête, on met fin au savoir, adieu la raison !
Ils commencent l’appelle d’une voix rauque. D’abord, c’était moi, un, deux, trois, quatre autres noms. Ils firent le tour des salles de classes en procédant de la même façon. Nous étions une douzaine de pauvres mioches obligés à monter dans une grande bagnole qui nous attendait au seuil du portail de l’école…De notre école !
En route, nous avions eu peur ! Nous ne savions pas ce qui se passait ni ce que nous avions fait pour finir coincés dans un véhicule de la police.
J’avais laissé à la salle de classe mon pull laineux, mon cartable, mes cahiers…J’avais très froid…Très peur !
Au commissariat, une foule immense était dans la cour : des femmes, des hommes, des jeunes et des vieux. J’accourus vers ma mère qui essayait de faire taire mon petit frère âgé à peine de six mois. « Ecoute Miloud, nous retournons au Maroc ».
Dans ma p’tite tête, mille interrogations se bousculaient. Le Maroc, mais où ça ? Moi, je suis né ici, à Oran, j’y ai grandi…Moi, je ne connais pas le Maroc !!
Tout le monde autour de nous paraissait fatigué, exténué… Des visages crispés, regards hagards ! Des cadavres, quoique debout ou accroupis « jonchaient la place ».
Tout ce beau monde égaré a été acculé à monter dans des cars sans préavis, sans avoir la possibilité de retourner chez soi récupérer quelques affaires, la moindre affaire, en direction de la frontière. On nous transporta dans des conditions douloureuses et en pleine route, les véhicules délabrés ont été agressés par des jets de pierre. Quelle rancune !
Nous vivions aisément là-bas, mon père gagnait bien sa vie ; nous avions une belle demeure, une bagnole…Nous avons tout laissé là-bas, nos biens, notre argent, nos affaires, tout, tout a été spoliés…une fois arrivé à Oujda, nous nous sommes installés dans une tente, nous étions acculés à repartir à zéro »
Voilà une petite brèche de l’histoire de Miloud, le môme de 12 ans déraciné de sa terre natale où il a abandonné son pull laineux, ses cahiers et son cartable ; Miloud, à l’heure qu’il parle, n’est plus le môme de 12 ans, il est 3ami (L’oncle) Miloud, âgé aujourd’hui de 57 ans. Il résume son histoire ; il dit que son enfance a été volée. Il pleure, il n’en peut plus, il ne peut ajouter mot.
Nous avions beau espérer écouter d’autres histoires, d’autres témoignages sur le déchirement douloureux qu’ont vécu nos compatriotes sauvagement expulsés par l’Algérie, mais khalti Zoulikha, âgé actuellement de 75 ans, qui nous a promis de dire tout ce qu’elle sait sur cette tragédie humaine, a renoncé à sa décision sous l’effet des pleurs, vu la profonde et incurable blessure qu’elle porte jusqu’à présent. Néanmoins, le peu de choses que nous a révélées Khalti Zoulikha en disent long sur ce crime abject !!
C’était le jour de l’Aid El Adha (Décembre 1975), pendant que les musulmans célèbrent, à travers le monde, l’une des plus importantes fêtes de son culte, la fête du Sacrifice, une cohorte de militaires vient à la demeure conjugale à cinq heures du matin et tape fort à la porte. On l’a « arrachée » par force à son mari algérien et immédiatement conduite avec d’autres femmes et enfants aux frontières. Le couple qui était très jeune n’avait pas d’enfant, et depuis ce jour, Khalti Zoulikha qui n’avait sur elle aucun papier d’identité ni d’état matrimoniale, n’a eu de nouvelle sur son mari.
Plus encore, Khalti Zoulikha nous révèle le cas d’une ses amies originaire de la ville de Meknès. Un peu plus âgée que Khalti Zoukha, la dame était mariée elle aussi à un algérien ; elle s’appelait Yasmina et avait trois enfants dont un nouveau-né. Après l’avoir séparée de tous ses enfants car de nationalité algérienne, la malheureuse Yasmina a été expulsée seule vers Oujda. Et après de maintes tentatives, elle n’a pu rejoindre sa petite famille en Algérie ni en avoir aucune nouvelle. Et c’est tout naturellement qu’elle sombra dans une profonde démence et mourir au bout de quelques années.
C’est l’histoire de trois âmes persécutées parmi 350 mille autres par une junte militaire aliénée, ingrate et rancunière.
En revanche, sous le règne du généreux Feu Hassan II, et malgré l’ampleur des exactions commises par le pouvoir algérien à l’encontre des déportés marocains, pas un poil touché des algériens vivant en terre marocaine! Dieu merci, chez nous, on sème le grain de la vie, on cultive l’espoir et la fraternité !
Il faut dire, malheureusement, que les déportés martyrisés n’étaient ni sans-papiers ni immigrés d’une quelconque conjoncture économique. Ils étaient les proches et la progéniture des marocains Moudjahiddines qui ont combattu l’occupation française à coté de leurs frères et sœurs algérien-n-e-s !!!!
Décembre 1975-Décembre 2020 : encore et toujours, ils sèment le vent, ils sèment la haine !
Quarante-cinq ans après la tragédie humaine perpétrée en terre algérienne, la même junte militaire, beaucoup plus assoiffée à la violence et à l’effusion du sang, maintient le Maroc, son voisin et frère dans sa ligne de mire, et ce pour toujours et à chaque instant.
Hier encore, on était côte-côte entrain de combattre l’ennemi colonisateur, unis par «Je jure qu’il n’y a de dieu que Dieu et je jure que Sidna Mohammed son Prophète », précepte fondamental des musulmans. Or, aujourd’hui, ironie du sort, on use perfidement de notre religion pour attaquer son frère et compagnon d’hier, le Maroc dans la mesure le Ministère des affaires religieuses algériennes, au travers d’une « sale » correspondance datée du 17 décembre 2020 sous numéro 306, ordonnent aux imams à travers tout le pays de s’attaquer aux intérêts d’un pays frère, en l’occurrence le Maroc, oui de prêcher, à l’occasion du prêche du vendredi 18 décembre 2020, la haine et d’endoctriner les populations contre un peuple voisin et frère !!!
Tôt ou tard, «Qui sème le vent, récolte la tempête», Allez-y, continuez votre «Marche noire».
Benallah Mohamed,
OUJDA, le 18 décembre 2020.
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